La Centrafrique croit en «son» miracle Economique.

 

Le nouveau programme d’urgence d’investissement adopté par le gouvernement table sur une reprise économique avec une accélération de la croissance qui pourrait faire un bond prodigieux, passant de 1,3% actuellement à 5,1% en 2015, puis à 8,2% en 2016.

 

Engluée dans une crise politique et institutionnelle depuis quelques années, la Centrafrique dont la quasi-totalité des symboles d’un État souverain ont disparu depuis deux ans n’en croit pas moins à sa prospérité, bien qu’il soit difficile pour l’instant d’envisager la date exacte de la sortie de crise. Malgré cette situation peu accommodante, les dirigeants actuels ne cachent que peu leur optimisme, c’est dire que le déploiement en cours des Casques bleus à travers la Mission des Nations unies pour la Centrafrique  Minusca) commence déjà à avoir son effet. En attendant le retour définitif à la paix, «le pays, qui n’a pas arrêté de travailler», rappelle-t- on à Bangui, la capitale, vient d’adopter un programme d’urgence d’investissement, suite à la formation il y a quelques semaines d’un gouvernement dit «d’union nationale ».

 

Le ministère de l’Économie, du plan et de la coopération internationale qui pilote le projet entrevoit même une croissance de l’ordre de 5,1% dès 2015. Un chiffre qui traduirait un véritable miracle économique pour la Centrafrique tombée en désuétude du fait des agissements des groupes armés qui ont pris le pays en otage. Selon des chiffres actualisés, le taux de croissance qui se situait à 4% en 2012 tourne actuellement autour de 1,3%, traduction d’une décélération de l’activité économique.

 

Des indicateurs économiques font état d’une chute des investissements publics passés de 163 milliards de f CFA en 2013 à 124 milliards de f CFA en 2014, alors que des investisseurs privés ont pratiquement quitté le pays. Les autres bailleurs de fonds, en l’occurrence la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds international pour le développement agricole (Fida) ayant opté pour la suspension de leurs financements.

 

 

Un pays aux potentialités immenses

 

 

Dans ces conditions, peut-on s’attendre à une reprise économique si rapide, au point de s’attendre à une hausse vertigineuse du taux de croissance? Pari difficilement réalisable, d’autant que le défi sécuritaire n’est pas encore relevé. En tout état de cause, le programme d’urgence adopté par le nouveau gouvernement prévoit la mobilisation de 1 500 milliards de f CFA pour les trois prochaines années, soit 131 milliards de f CFA comme contribution de l’État centrafricain, ce qui représente 8,73% de l’enveloppe globale, le reste de la cagnotte devant être supporté par les bailleurs de fonds. Pour l’instant, le gouvernement table sur un accroissement des investissements de l’ordre de 3,8% en 2014, 5% en 2015, ce qui équivaudrait à une croissance économique de 1,3% et 5,1% respectivement pour les deux années, avant de voir ce taux de croissance bondir pour atteindre 8,2% en 2016. Au regard des potentialités économiques avec un sous-sol aussi riche en diamants, en or, en pétrole et d’autres types de minerais, il y a lieu de croire en un miracle économique centrafricain, ce pays si immensément riche étant en réalité un géant endormi; mieux, un géant qui souffre de la décapitation outrancière de ses dirigeants.

 

En tout état de cause, les financements des bailleurs de fonds sont de retour, à l’instar de la banque continentale qui a apporté un concours financier énorme à la République centrafricaine. D’ailleurs, la ministre de l’Économie ne s’en cache pas, car, à en croire Florence Limbio, «les bailleurs de fonds ne nous ont pas laissé tomber. Le dernier bailleur de fonds avec lequel nous avons commencé à travailler très sérieusement, c’est la BAD avec qui nous avons d’ailleurs signé beaucoup de conventions. Elle est en train de nous décaisser 11 milliards de f CFA dans le cadre de l’aide budgétaire», a-t-elle rassuré. Dans la même perspective d’une reprise économique figure en bonne place la normalisation des activités du corridor Douala-Bangui, tant il est vrai que plus de 80% du trafic des marchandises en direction ou en provenance de la Centrafrique passe par cette place portuaire camerounaise. À cause de l’insécurité qui règne dans ce pays, le nombre de mouvements des camions a énormément été réduit, provoquant assez souvent l’inflation en Centrafrique.

 

Achille Mbog Pibasso, Douala

Les Afriques. 16 octobre 2014