Savez-vous
que la rareté de l’eau potable a été notée dès la fondation de Bangui en juin
1889 ?
Le
réseau d’eau traitée dans la ville de Bangui.
Selon des auteurs d’une
étude,
la rareté de l’eau potable a été notée dès la fondation de Bangui en juin 1889,
et elle s’exprime actuellement par l’insuffisance qualitative de la ressource.
Une source potable a été découverte le 22 février 1894 aux confins de la
mission, sur la rivière marécageuse Gbangouma, affluent de la rive gauche de la
rivière Nguitto, non loin de la confluence avec l’Oubangui (fig. 2), et elle
aurait fonctionné jusqu’en 1912 (Nguimalet, 2004, p. 28). D. A.
Balikouzou-Hinna (2004, p. 4) a montré qu’avant la création en 1948
d’un premier établissement chargé du traitement et de la gestion d’eau à Bangui,
on s’alimentait encore à une source. Les difficultés de ravitaillement en eau
avaient amené les prêtres de Saint-Paul à creuser un puits traditionnel dès 1895
(Nguimalet, 2000, p. 7). Ce contexte témoigne du difficile accès à
l’eau potable. Entre 1953, date de la création de la Société des Eaux et 1969,
seul le centre-ville bénéficiait du réseau d’adduction. Les quartiers
périphériques, d’implantation spontanée, ne disposaient pas d’infrastructures
adéquates. Le problème de l’eau potable à Bangui a été aggravé par la croissance
démographique, due à l’exode rural et à la réalisation des grands travaux. Les
aménagements collectifs n’ont pas soutenu la croissance spatio-démographique de
la ville.
L’insuffisance
de l’eau potable persiste encore à Bangui. Sur la période 1993-2002, on constate
que les volumes annuels et journaliers d’eau produits ne couvrent pas les
besoins de la population : les volumes extrêmes produits chaque jour ont varié
de 17 385 m3 en 1996 à 22 458 m3 en 2002, soit
respectivement 28 l.hab-1.j-1 et 36 l.hab-1.j-1. Le volume d’eau
produit en 2002 pour une population de 622 771 habitants (BCR,
2005, p. 5) semble erroné au vu des réalités quotidiennes. Ce ratio
masque les besoins en eau des gros consommateurs (commerce et industries,
administrations et institutions publiques…) dont la part n’apparaît pas
clairement. En réalité, la consommation réelle des citadins ne dépasserait pas
5 l.habitant-1.jour-1. Cette analyse conduit à penser que la quantité d’eau
potable consommée par citadin et par jour aurait été bien médiocre dans les
années allant de la fondation de Bangui jusqu’au début des années 1990. Si l’on
voulait offrir de l’eau propre sur la base de 50 l.hab-1.j-1 aux
623 000 habitants recensés en 2003 (BCR, 2005), la Société devrait produire
plus de 31 000 m3.j-1, soit près de 11 500 000 m3.an-1 (soit environ
1,5 fois plus qu’en 2002) ; pour 100 l. hab-1. j-1 par exemple, la production
d’eau serait de plus 62 000 m3.j-1 et de près de
23 000 000 m3.an-1 (3 fois plus qu’en
2002).
Ainsi,
le faible volume délivré aux consommateurs est à mettre sur le compte d’une
absence de politique volontariste visant à équiper et à intégrer les quartiers
populaires dans les processus effectifs de gestion urbaine. Aucune alternative
crédible n’est proposée par les décideurs : les quartiers “populaires”,
installés souvent sans aucune planification, constituent environ 80 % de la
superficie de la ville. Ce laxisme, couplé au sous-équipement des quartiers
périphériques de la ville, réduit l’accès à l’eau potable pour la majorité des
“citadins” et explique une forte consommation d’eau polluée tirée des puits
traditionnels, avec les risques connus. La gestion de la qualité de l’eau est
d’actualité dans la ville de Bangui.
Auteurs : d’une étude,Cyriaque-Rufin
Nguimalet, Diana Alisson
Balikouzou-Hinna, Marie-Céline
Rasoanantoandro
Gothard-Bassebe et Silla Semballa –
Géocarrefour,
2005.