En Centrafrique, l'heure est à la
résistance !
Résistance ! Après le coup
de force constitutionnel au 25 octobre 2022, l'heure est à la résistance.
1 – Résister, c'est l'affaire
de la Cour constitutionnelle.
Il appartient aux membres de la
haute juridiction du pays, dont le mandat court jusqu'au 24 mars 2024, de se
déporter par solidarité avec la présidente qu'ils ont élue à leur tête, et de
recouvrer leurs fonctions d'origine.
Quant aux candidats qui postulent
au remplacement de Mme Darlan, ce 28 octobre 2022, ils doivent savoir que leur
nom sera inscrit en lettres rouges sur les tablettes de la trahison. En leur
qualité de juristes, ils seront frappés du sceau de l’infamie.
Rappelons qu'en ayant épousé la
même démarche en 2019, en décapitant la Cour constitutionnelle d'Haïti, le
président de ce pays a signé sa propre mort politique et a plongé son pays aux
mains des gangs armés. Il a signé de ce fait l'échec de l'Organisation des
Nations unies, obligée d'appeler au retour des Casques
bleus !
2 – Résister, c'est aussi
l'affaire de la France.
La France doit rompre les
relations diplomatiques avec la République centrafricaine. L'éviction de Mme
Darlan de la présidence de la Cour constitutionnelle est un pied de nez à la
Communauté internationale en général, et à la France en particulier ;
puisque c'est le rare pays occidental encore présent à Bangui à travers son
ambassadeur, M. Jean-Marc Grosgurin. Tous les autres grands Etats se sont
repliés sur le Cameroun ou le Gabon.
Que Paris rappelle son
ambassadeur, respecte le parallélisme des formes puisque la RCA ne dispose que
d'un chargé de mission diplomatique en France. On peut aller plus loin et rompre
les relations diplomatiques – les autorités de Bangui n'auront jamais ce courage
- c'est marquer définitivement la
défiance et prendre acte vis-à-vis d'un gouvernement qui ne protège pas les
intérêts de la France ni ne respecte l'intégrité physique et moral de ses
citoyens.
Il peut être question du retrait
de la citoyenneté française à celles des autorités complices de ce coup de
force, et qui cultivent leur double appartenance, en se réfugiant parfois
derrière la nationalité de leur progéniture née dans le pays de Molière, au lieu
d' « emmerder », pour prendre un terme consacré par le président
Emmanuel Macron, Kémi Séba et Nathalie Yamb qui défendent courageusement et
ouvertement l' « idée d'une France juste » !
3 – Résister, c'est l'affaire
de l'ONU.
Le secrétaire général
des Nations unies, Antonio Guterres, doit mettre fin au mandat de la MINUSCA en
RCA, et ne pas le prolonger jusqu'en novembre 2023, comme il en a exprimé le
souhait lors de l'assemblée générale de cette institution.
Dans sa composition actuelle et
le contenu de son mandat, la mission des Nations unies pour la stabilisation de
la Centrafrique sert d'otage au gouvernement de ce pays, coincée qu’elle est,
entre les troupes rwandaises qui constituent le fer de lance du président
Touadéra et les éléments de l'armée burundaise qui assurent la sécurité de la
présidente de la Cour constitutionnelle ; ces deux pays étant en conflits
quasi ouverts !
De plus, la
représentante personnelle du secrétaire général, installée depuis le 17 avril
dernier à la tête de la MINUSCA, Mme Valentine Rugwabisa, serait selon la rumeur
publique, une proche parente par alliance du président centrafricain, une
situation qui met l'ONU en conflit d'intérêts si elle est
vérifiée !
4 – Résister, c'est l'affaire
de la Fédération de Russie, de la Turquie et des Etats-Unis.
Le président Vladimir
Poutine doit comprendre et se rappeler son plaidoyer dans le mensuel Afrique
Éducation du mois de Mai 2022 : l'Union soviétique s'est toujours tenue
aux côtés des peuples en luttes pour leur indépendance et
autodétermination ! Il est temps pour lui, et surtout pour son ambassadeur
à Bangui, M. Alexander Bikantov, de se ranger du côté du peuple centrafricain et
non auprès des « élites » corrompues qui ne pensent qu'à s'enrichir
aux dépens des populations de leur pays. Une Fédération de Russie indépendante
et prospère ne peut s'accommoder du spectacle des oligarques mystiques
centrafricains qui se présentent sous des dehors de prédicateurs méthodistes
pour manipuler le peuple.
De son côté, la
Turquie se doit d'interdire à la société turque KOZA Gold Corporation d'investir
dans l'exploitation des mines d'uranium de Bakouma, lesquels minerais
appartiennent de droit à la société française ENGIE, ex AREVA, sauf à verser la
somme d'un milliard et demi d'euros de compensation à titre principal ;
elle se rendrait coupable d'une complicité de recel ou de tentative de
recel !
Il appartient d’autre
part au gouvernement des Etats-Unis de ne point inviter un quelconque
représentant du gouvernement centrafricain au prochain sommet USA-Afrique, prévu
le 13 décembre 2022 à Washington.
5 – Résister, c'est l'affaire
des partis politiques de l'opposition démocratique en
Centrafrique.
Réunis au sein du bloc
républicain de défense de la constitution (BRDC), une alliance de circonstance
qui vient une fois de plus démontrer les limites de l'exercice du genre, les
partis politiques de l'opposition démocratique doivent se dissoudre et se
rassembler en une seule entité : le Rassemblement du Peuple centrafricain
(RPC).
Chaque parti doit exiger de ses
représentants au Parlement de démissionner – qu'attend Simplice Sarandji, frappé
de la même décision de mise à la retraite d'office que la présidente de la Cour
constitutionnelle, pour se départir de sa fonction de président de l'assemblée
nationale ? - . En effet, les partis politiques doivent contraindre le
président Touadéra à organiser partout des élections partielles afin de redonner
une virginité politique au pays de Barthélémy Boganda, sinon il ne pourra pas
organiser son référendum constitutionnel.
6 – Résister, c'est l'affaire
des citoyens, tous les Citoyens.
Résister, c'est
d'abord voter NON au prochain référendum constitutionnel que se propose
d'organiser M. Touadéra, si jamais il a les moyens de le faire, lui qui n'a pas
réussi en cinq années pleines à mettre sur pied les élections territoriales,
préludes à la désignation des membres du sénat !
Il appartient à ceux
des Centrafricains établis à l'étranger, d'écrire à leurs députés respectifs
afin de les convaincre de voter une motion de défiance interdisant toute aide
financière de quelque nature à ce gouvernement apocryphe ; il
convient :
A titre personnel, je
m'engage à promouvoir toutes ces démarches en harmonie avec tous ceux,
Centrafricains et Amis de la République centrafricaine, qui se sentent le
courage d'accompagner la réussite de ces actions de résistance.
Paris, le 26 octobre
2022
Prosper
INDO
Économiste,
Consultant
international.
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Tribune – Point de vue.
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