Être président ne permet pas
tout !
Ce titre anodin peut se décliner
de plusieurs manières :
-
Un président ne peut pas tout se
permettre ;
-
Un président ne se permet pas tout ;
-
Un président ne permet pas tout ;
-
Président ! Ne permets pas tout ;
-
Etc.
Du plus symbolique au plus
comminatoire, être président est une question d'éthique morale, de vision,
d’hauteur de vue, de comportement juste, d'attitude bienveillante, de respect
vis-à-vis des gens, des usages, des principes et du droit.
En laissant ses partisans et
ministres salir les institutions de la République, le président centrafricain
s'exonère trop facilement de ces contraintes à son bon vouloir.
Que n'a-t-il pas professé sa foi
de modifier la constitution du 30 mars 2016 lors de sa campagne électorale de
décembre 2015 ? Pourquoi n'avoir rien dit en décembre 2020 pendant la
campagne présidentielle ? Quelles dispositions constitutionnelles
l'empêchent de gouverner depuis ses deux serments
d'investiture ?
A la vérité, malgré toutes les
dénégations, ce qui intéresse M. Touadéra, c'est la perspective d'un 3ème mandat
présidentiel, à l'exemple d'un Paul Kagamé, d'un Alassane Ouattara, d'un Denis
Sassou Nguesso, d'un Obiang Nguema Bassogo, d'un Ali Bongo, d'un Paul Biya,
voire une présidence à vie, comme Jean-Bedel Bokassa.
Ce qui motive tous ces tyrans,
c'est la présidence dynastique, la volonté d'inscrire leur progéniture, clan,
tribu et ethnie, à l'abri des besoins, aux bons soins de la
République.
A regarder la marche des pays
concernés, on ne perçoit aucun progrès social, nul développement harmonieux.
Seul dominent les affres de la corruption et des règlements de comptes. Ce qui
prédomine, c'est le syndrome d'Ayiti – « la chute de tous », comme on
dit chez les Ngbandi - ! Et la tutelle de la Communauté internationale et
de ses Casques bleus, la forme contemporaine d'un nouvel esclavage. Sauf si
quelques militaires présomptueux viennent rompre le fil d’Ariane, et ne
s’installent pour de bon, comme Yoweri Museveni en Ouganda !
C'est devenu le lot de tous les
intellectuels africains en politique : le vertige du pouvoir, l'hubris.
Après le professeur Alpha Condé,
le tour du professeur Faustin Archange Touadéra. Les mathématiques sont une
science pure qui ne prédit pas les oracles.
« Est-ce que vous ne voyez pas le
barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce morceau
inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche
universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité,
l’Afrique. »
Victor Hugo :
« Discours sur l’Afrique », Paris, 18 mai 1879.
Paris, le 21 octobre
2022
Prosper
INDO
Économiste,
Consultant
international.
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Tribune – Point de vue.
Sangonet