RCA : Le gouvernement Moloua doit démissionner.

 

Les arguties juridiques des autorités de Bangui, capitale de la République centrafricaine, ne convainquent plus personne. Le dernier en date, proféré par le ministre chargé de la Communication et porte-parole du gouvernement, est d'une indigence, d'une indécence et d'une inélégance insignes :

« Mme Darlan a 70 ans et doit laisser la place aux plus jeunes » ! Sans doute plaide-t-il au nom de l'alternance ?

Pour la gouverne de M. Serge Ghislain Djorie, il convient de rappeler que M. Laurent Fabius, président de la Cour constitutionnelle française, a 76 ans. Sa collègue du Gabon, Mme Marie-Madeleine Mborantsuo, a 67 ans et est en fonction depuis 31 ans ; de son côté, le juge en chef des Etats-Unis, président de la Cour suprême M. John G. Roberts Jr, a également 67 ans et est en place depuis 2005. Bref, on choisit généralement des personnalités d'expérience, dégagées de toutes contingences matérielles et de toutes préoccupations de carrière, pour diriger une institution qui est la clé de voûte de la Nation. C'est à ce titre qu'ils et elles sont surnommés, les Sages ! Comme hier le collège des Anciens de nos villages.

 

1 – Le cabinet du premier ministre Félix Moloua doit démissionner.

Certains font de « l'affaire Darlan », un simple bras de fer entre le président de la République et la présidente de la Cour constitutionnelle. Ils ont tort, car c'est un faux débat. Le régime de Bangui a tenté un coup de poker perdant et se venge.

Malgré les insultes et les menaces de mort, proférées par des responsables de milices dissoutes par le ministère de l'administration du territoire, Mme Darlan est en droit d'accomplir son mandat jusqu'à son terme, le 24 mars 2024. Elle n'est ni démissionnaire, ni empêchée définitivement, et nul ne peut la débarquer. Foin de juridisme !

A l'inverse, le premier ministre Félix Moloua doit, ou démissionner ses trois ministres comploteurs ou se démettre, sauf à solliciter un nouveau vote de confiance des députés de la Nation.  En effet, l'épisode politique en cours est une crise majeure, qui nécessite un débat au parlement et non pas dans la rue.

A défaut, il appartient à l'opposition démocratique de déposer une motion de censure, en lieu et place de ses sempiternels communiqués de presse qui n'engagent personne.

 

2 – Madame Darlan est la victime d'une mauvaise rancune.

En essayant de fragiliser la Cour constitutionnelle en tentant de la décapiter, le président Touadéra se tire une balle dans le pied. Tel Judas, il trahit celle qui, dans des circonstances très difficiles pour elle-même et pour le pays, a permis sa réélection en décembre 2020, en rejetant la candidature de François Bozizé, comploteur compulsif et velléitaire ayant déjà effectué deux mandats présidentiels. A l'époque, tout le monde voulait que Bozizé soit candidat, pour acheter la paix civile, ne se doutant pas que ce dernier n'aurait pas accepté d'être éliminé, ni au premier tour ni même au second. La présidente de la Cour constitutionnelle a fait acte de courage et l'institution a pris ses responsabilités !

Aujourd’hui, en laissant ses sbires prendre Mme Darlan pour cible de leur vindicte irraisonnée, celui qui porte les stigmates d'un Weinstein centrafricain, se révèle sous son vrai visage, un homme sans foi ni loi.

On se souvient qu'il est intervenu pour faire libérer Francis Bozizé, arrêté par la MINUSCA pour crimes de guerre ; il a renoncé à faire exécuter le mandat d'arrêt international qui aurait permis de mettre François Bozizé sous les verrous ; son gouvernement s'est rendu coupable à plusieurs reprises de la vente de passeports diplomatiques centrafricains à des escrocs internationaux ; il a tenté de modifier la loi sur la nationalité en en faisant un produit d'appel sur la plate-forme de la monnaie éphémère Sangocoin, procédure invalidée par la Cour constitutionnelle ; le parjure de ses 2 serments d'investiture de protéger la loi fondamentale du pays, et l'actuel tentative de changer la Constitution du pays afin de briguer un troisième mandat présidentiel ; la nomination des membres de sa famille à la tête des institutions de la République et au gouvernement, etc.

Bref, le moment est venu de prendre acte de l'incapacité de M. Faustin Archange Touadéra à remplir les devoirs de sa charge de président de la République. Il est temps d’engager la procédure de sa destitution pour forfaiture devant l’Assemblée nationale.

A l’heure où le secrétaire général des Nations unies invite la communauté internationale à proroger encore d’un an, jusqu’au 15 novembre 2023, le maintien en RCA de la Mission intégrée des nations unies pour la stabilisation  due la Centrafrique (MINUSCA), il devient urgent, pour tout les Centrafricains, de se mettre d’équerre et contribuer à un respect méticuleux du droit et de la bonne gouvernance.

Ce ne sera jamais le cas avec M. Touadéra.

 

Paris, le 20 octobre 2022

 

Prosper INDO

Économiste,

Consultant international.

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Tribune – Point de vue. Sangonet