CENTRAFRIQUE : ETAT LAÏC OU THÉOCRATIQUE ? 
Dans l’après-midi du lundi 6 mai 
2013, les centrafricains ont été surpris par l’annonce par décret présidentiel 
d’une journée de prière, fériée, chômée et surtout payée prévue pour mardi 7 mai 
2013. 
Les Centrafricains contraints au 
jeune 
Qu’est-ce qui a motivé cette énième 
journée fériée qui ne figure pas dans la loi portant fêtes légales en République 
Centrafricaine. Depuis belle lurette, les agissements des différents 
gouvernements en matière religieuse font que la laïcité de l’Etat n’est que de 
nom. Les princes qui nous ont gouverné jusque là n’ont pas manqué d’inspiration. 
Bien que l’Etat soit laïc, chaque cérémonie commence toujours par une prière. 
Dans les années 80, le régime du général André Kolinga avait institué une 
Journée de prière le 30 juin et 3 décembre de chaque année. Ces journées étaient 
marquées par les prières obligatoires dans toutes les religions monothéistes que 
connait le pays. En ce temps, de nombreux citoyens ne cessaient de bouder cette 
journée de prière et de jeûne qu’on leur imposait. La tendance s’est atténuée 
sous le régime Patassé. Elle a repris de plus belle à l’époque Bozizé, surtout 
que la plupart des grandes institutions de l’Etat étaient dirigées par des 
Pasteurs, ministres. Vers les fins d’année, des journées de prière et de jeûne 
étaient décrétées, mais elles n’étaient pas fériées. Mais la fermeture des bars 
dancings et bistrots jusqu’au 31 décembre à 18h00 ne cessaient d’énerver les 
Centrafricains, qui en cette période de signe patent de ce ras-le bol, lors 
d’une journée de jeûne et de prière, un leader politique s’est acheté une 
baguette de pain et s’est mis à le croquer avec des cacahuètes. A côté de lui, 
il disposait d’une bouteille d’eau minérale pour se désaltérer. L’affront était 
à son comble, mais les sbires du général Bozizé, ayant compris le sens de la 
provocation ne dirent mot. 
Le 7 mai, date du décès de la mère 
de Mohammed 
Les banguissois, qui malgré eux ont 
été soumis à cette journée de prière, ont commencé décortiquer l’histoire pour 
savoir si cette journée du 7 mai revêtait une signification particulière. Pour 
les chrétiens catholiques qui constituent l’ossature de l’Eglise chrétienne en 
Centrafrique, ce 7 mai est la fête des Rogations –mentionnée dans le calendrier 
léthargique. Dans le calendrier profane, le 7 mai est consacré à la célébration 
de Gisèle. Mais pour le Centrafricain, ces motifs ne peuvent pas conduire les 
nouvelles autorités à prendre une décision aussi grave qui ralentit l’ardeur au 
travail, surtout en cette période de balbutiement pour la reprise des activités 
académiques. C’est finalement une musulmane très inspirée qui découvre le 
pot-aux-roses. Le 7 mai pour les musulmans n’est autre que la date du décès de 
la mère du prophète Mohammed. Ceux qui étaient surpris par cette journée de 
prière un 7 mai en cherchaient les racines, sont maintenant rassurés. Du coup, 
ceux qui sont exaspérés par cette découverte, ont commencé à dire que c’est le 
début de l’islamisme rampant. Pour ces Centrafricains, qu’en plus des fêtes 
légales qui figurent dans le texte de loi, on commence à imposer à l’Etat les 
fêtes musulmanes de la fin du Ramadan, de Tabaski, il n’y à qu’un pas. Ce que 
beaucoup redoutaient commence à pointer son nez. L’argument avancé est la 
parité. Si les fêtes chrétiennes sont célébrées en grande pompe, il doit en être 
ainsi pour les fêtes musulmanes. A ce rythme, la RCA battra tous les records des 
jours fériés. Ainsi, adieu le travail, puisque les Centrafricains ne travaillent 
pas beaucoup et brillent par la laxisme au travail et surtout adieu à la 
proclamation de l’Etat laïc, puisque dorénavant gouverné par les religions. 
Source : Mardi 14 Mai 2013 - 12:54 - 
bêafrika Sango