La 
Présidentielle 2020 en Centrafrique ; Chausse-Trappe ou quête de rédemption 
populaire !
Gervais 
Douba
Enseignant 
en Sciences de gestion
 (Université de 
Rouen)
 La Présidentielle 2020 en 
Centrafrique se signale à la fois singulière et insolite pour un pays au 
niveau de conflictualité élevé : D’une part les retours de Bozizé et Djotodia 
ont été salués comme un triomphe de la démocratie alors qu’il s’agissait des 
retours des criminels sur le lieu du crime. D’autre part ces retours sont 
symptomatiques de la vacuité de canon politique favorable aux intérêts des 
populations. 
L’étendue et la profondeur de la 
vacuité idéologique de l’Etat face à la férocité des changements du monde 
appelle une profonde analyse du phénomène plutôt que de l’évènement qui 
s’annonce. Elle soulève à la fois étonnement et indignation pour peu que l’on 
adopte une démarche archéologique pour déraciner les mœurs et pratiques 
politiques en Centrafrique ; l’archéologie parce qu’il y a eu 
fossilisation. De l’histoire coloniale en passant par celle de la décolonisation 
et de la mondialisation néocoloniale, la culture politique en Centrafrique 
semble manquer de colonne vertébrale et n’est enracinée nulle part. Elle n’a ni 
digue ni rempart face aux excès de violences, aux déflagrations et aux 
conflagrations que, de connivence avec des puissances occultes, cette culture ne 
cesse d’infliger aux populations dépossédées du point de vue de leur 
personnalité et spécificités et démunies au sens instrument de défense face à 
l’ennemi.
La Présidentielle 2020 est 
particulièrement le bal des vampires de la pire espèce ; les retours des 
charognards. Au lieu de l’appréhender comme un évènement évanescent, c’est à un 
des versants d’un phénomène d’envergure auquel on assiste. A l’aune de ce 
prisme, une analyse objective et approfondie, sans impolitesse ni insulte 
s’impose tant du point de vue de sa conception que de sa construction, pour bien 
mettre en évidence les enjeux. A l’aube de cette importante consultation, se 
contenter des approximations du genre « mascarade » aurait des 
apparences des « starlettes » d’amphithéâtre. Osons un vrai 
diagnostic : Pourquoi un Bozizé ou un Djotodia reviendraient-ils sur les 
lieux de leurs forfaits sans rien redouter et, de surcroit solliciter le 
suffrage de ceux-là mêmes, dont le stigmate de leurs crimes continue de hanter 
les esprits. Le pays- qu’ils ont transformé en sanctuaire des entités chaotiques 
ingouvernables- doit-il rejouer le syndrome de Stockholm ! Quand Bozize 
soutient dans l’interview qu’il a accordée à une chaine de TV africaine 
« que rien ne fait obstacle à ce qu’il soit candidat à la 
Présidentielle », c’est faire mentir l’adage selon lequel « Nul ne 
peut se prévaloir de sa propre turpitude ». Assistons-nous à une 
représentation théâtrale de la scène de « rédemption ou 
d’autoamnistie »
A un moment où la stabilité 
politique et l’harmonie sociales sont mises à mal de façon cyclique, ne 
gagnerait-on pas à diagnostiquer – à l’instar des archéologues - toute 
l’architecture de cette culture politique, qui égorge comme on tue des animaux à 
l’abattoir [assassinat d’une rare cruauté du Colonel Charles 
Massy].
Les retours des triomphateurs de 
ceux, qui ont érigé le massacre de masse en doctrine politique et dont les 
régimes respectifs ont fait de l’Etat en Centrafrique, un Etat, ayant institué 
la dévalorisation, l’avilissement et l’humiliation de ses propres forces armées, 
l’Etat, qui détruit et ne répare jamais les préjudices qu’il 
inflige.
 Comme dans la Rome antique qui accueille 
les vaillants guerriers, les Centrafricains s’accorderaient à considérer que 
« l’intégrité » serait une vertu politique. Deux hommes politiques 
auraient été reconnus comme des hommes « intègres ». Tous deux ont été 
« Premier- Ministre ». L’un des deux est aujourd’hui le Chef de 
l’Etat. Tant mieux pour eux.
Mon propos n’est nullement d’en 
vouloir aux virtuoses de l’histoire politique de l’Etat en Centrafrique de 2013 
à 2020. A l’occasion de cette Présidentielle, je crois qu’il faut oser 
transgresser l’analyse des mœurs et pratiques politiques en Centrafrique. Ce 
sont ces mœurs et pratiques politiques périmées, obsolètes qui ont rendu 
tourbeux le territoire. Le pays s’est rapidement enflammé, les liens familiaux 
partis en fumée, non  parce que 
l’incendie est venu de l’extérieur surprendre, mais parce que le pays reposait 
sur un volcan en sommeil, que les mœurs et pratiques politiques ont 
réveillé.
Dès lors, j’ai cherché une boussole 
conceptuelle pour un diagnostic pertinent des symptômes du phénomène et j’en ai 
trouvé une : l’analyse des liens entre système politique et régime 
politique de Montesquieu. Rassurez-vous, je ne me livre pas ici à un cours de 
droit constitutionnel sur la séparation des pouvoirs. Néanmoins je vais 
m’inspirer de Montesquieu ; l’inégalé en la matière et dont on peut relever 
dans le traité qu’une autorité a toujours tendance à abuser de ses 
pouvoirs ([1]) : 
« C’est une expérience éternelle - notait-il que tout homme, qui a du 
pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites 
[…], il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le 
pouvoir ». 
A la veille de la Présidentielle, 
qui s’annonce, je vous propose de vous appareiller de lampe-torche d’explorateur 
et d’aller observer puis explorer avec moi les méandres et interstices des mœurs 
et pratiques politiques ; bref de notre la culture politique, pour 
identifier d’une part les racines profondes des insuffisances de nos 
pratiques ; génératrices de paralysie et de sclérose de l’Etat et d’autre 
part de mettre en évidence les rapports entre le système politique et le régime 
politique ; fabrique de notre incurable pathologie. Il est évident que je 
m’inspirerai du corpus analytique de Montesquieu sans faire une transplantation 
servile.
Cette invitation au travail de 
diagnostic va de soi pour nourrir les conversations dans les chaumières, les 
« Ngandas » et autres lieux de réjouissance populaire étant donné les 
enjeux ; les campagnes pour la Présidentielle ont déjà commencé, certains 
protagonistes font la reconnaissance du terrain. Le but de ce travail de 
diagnostic va consister à séparer ce que c’est qu’un système politique d’un 
régime politique ; même si cela confine à distinguer l’origine de la poule 
et de l’œuf. Faire un tel toilettage a un triple 
intérêt :
1)  
Identifier le système rend lisible 
la racine de la constitution et le positionnement politique et géostratégique du 
pays par rapport au reste du monde. Loin d’entretenir une polémique sémantique 
stérile, un régime émane d’un système et non le contraire et affiche clairement 
un canon ; un corpus idéologique.
2)  
Le second 
intérêt de la distinction est de reconnaître qu’il est facile de casser le 
régime sans casser le système. Le système est l’ensemble, qui fait la 
bâtisse : architecture, armature, murs et toiture.   
3)  
Quant 
au troisième intérêt de la distinction, c’est la problématique que soulève 
l’interdépendance entre le système et le régime. 
Dès lors, une première question nous 
taraude : Etat en Centrafrique a-t-il vocation à ne demeurer qu’une 
charogne pour les régimes ou, le mal, qui le gangrène, plonge-t-il sa 
racine dans l’esprit, l’âme et le corps du système ?  Pourquoi, à la lumière des mœurs et 
pratiques politiques, ce sont les régimes, qui font et défont l’Etat, avec les 
connivences et les coalitions ; pour ne pas dire les collusions de toutes 
sortes.
A l’exception de ceux qui font la 
course au pouvoir tout en sachant qu’ils sont dépourvus de corpus idéologique, 
interrogeons-nous de savoir pourquoi cet ancien Territoire de l’Oubangui-Chari 
s’est installé dans l’abdication permanente. Interrogeons-nous de savoir, 
jusqu’à quelle génération perdurera cette situation de sidération notamment 
pour ceux, qui ont toujours été absents du projet politique des Bozizé, 
Djotodia, Cathérine Samba-Panza, Touadera et les autres apôtres ! Pour amener le 
Centrafrique sur le chemin de la transformation, faut-il se contenter de changer 
le régime sans changer le système ou faire le contraire ? Faut-il colmater 
le système politique - le Centrafrique est coutumier de la sémantique 
« badigeonner » et « ravalement des façades » 
chaque année à l’approche de la fête nationale - ou mettre en chantier les 
éléments de métamorphose du système politique ! 
Que retrouve-t-on dans l’esprit, 
l’âme et le corps du système totalitaire sinon la tyrannie ; chanteuse 
d’une démocratie sans pacte social et Républicain. A quelques encablures du 
premier centenaire des indépendances nominales ; le 13 Août 2060, le 
système politique en Centrafrique ne semble interpeller personne et même les 
partis politiques de l’après Discours de la Baule de Juin 1990 sont loin de 
passer d’interpellant à interpellés, d’inventer un pacte pour la Transition. Ils 
se sont installés et se battent, en vue davantage de continuité que de 
changement. Le déclassement international du pays le laisse de marbre. Et 
pourtant le caractère non inclusif du système politique est le corollaire des 
choix politiques hasardeuses, autoritaristes et tyrannisant.   
I)            
Mœurs et pratiques politiques ; 
système par nature totalitaire et tyrannisant.
« Traitez 
les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient-être, et vous les aiderez à 
devenir ce qu’ils sont capables d’être » John 
Wolfgang Goeth
Je rêve de voir cette réflexion, 
venir renforcer l’armoirie de la République… Elle laisse entrevoir l’attente de 
l’ensemble des populations et territoires du Centrafrique depuis l’accession aux 
indépendances nominales, les coups d’Etat successifs, les  périodes dites de Transition et les 
CNT successifs ! 
 C’est le cri de faim et de soif que ces 
populations et territoires lancent aux assoiffés de pouvoir, aux organisations 
se réclamant de la société civile, aux partis politiques, qui ne connaissent ni 
l’usure ni la date de péremption ni d’obsolescence programmée- mais que personne 
n’a jamais voulu entendre et interprété.
La marque de fabrique des mœurs et 
pratiques politiques de l’Etat, depuis l’ère coloniale- est la vacuité de canon 
idéologique dans ses rapport avec le reste du monde et la Communauté « dite 
internationale ». En revanche au niveau intérieur, des tornades de 
violences politiques ne cessent de s’abattre sur une population désarmée, 
démunie et déjantée. Volontairement ou involontairement, l’Etat a toujours 
participé insidieusement au détricotage minutieux du lien entre les 
collectivités territoriales tout en pervertissant et en falsifiant la mémoire de 
l’histoire de ce peuple. Cet entrelacement de phénomènes, ce faisceau de mœurs 
et pratiques- que j’appelle système- pour son esprit, son âme et le corps 
qui l’abrite ; c’est-à-dire la logique d’appui.
En tant qu’éléments organisés et en 
interactions complexes en vue d’une finalité et dans environnement supposé 
changeant, le système politique en Centrafrique a la particularité d’avoir conçu 
et construit un environnement qu’il a figé, qu’il a paralysé par 
autoritarisme. L’ethnie et la tribu ou timidement le régionalisme ne sont 
que des variables de l’autoritarisme. Le sens et les valeurs d’émancipation 
n'ont jamais existé au regard du pouvoir autoritariste.    Un pouvoir autoritariste use 
et abuse du pouvoir politique pour tout confisquer et tout mettre sous son 
emprise :
1)  
Les 
humains ne sont à ses yeux davantage des objets de protection, que 
des sujets de droits, dont le droit à la protection qu’induit la 
mission régalienne de l’Etat. A cet égard, sa tribu et son ethnie ne sont utiles 
qu’à des fins d’instrumentalisation et de propagande et lui-même se considère 
« messie » ou « rédempteur ». Ce n’est pas une révélation 
que de faire remarquer que le système politique autoritariste s’approprie le 
peuple comme on s’approprie un objet et récuse toute possibilité d’une 
opposition légitime sauf en cas de Convention de satrapie. Si vous observer le 
climat politique en Centrafrique, il est permis de récuser plutôt que de 
réfuter.  
2)  
Le 
système autoritariste aggrave la falsification de l’histoire et s’appuie de 
façon systémique sur l’amnésie généralisée des organes politiques : ceux 
qui sont cooptés et ceux dont la vocation est de parodier. Ainsi il y a autour 
du détenteur du pouvoir deux à trois cercles : ceux qui ont participé à la 
conquête du pouvoir (la baronnie du premier cercle), ceux, qui par leur 
technicité aident à l’exercice du pouvoir (l’oligarchie civile) et ceux, qui 
aident à conserver le pouvoir le plus longtemps (les Castes ; seigneurs de 
guerre du Département de la sécurité présidentielle). L’ensemble des trois 
cercles permettent de pérenniser le système totalitaire des irremplaçables de 
l’aristocratie. L’aristocratie a toujours planer dans les mœurs et pratiques 
politiques ; ce qu’on disait naguère « Mouzou 
vouko » et que Frantz Fanon appelait « Peau noire, masques 
blancs » ([2]) 
 
Le credo du système autoritariste 
est l’absence de référentiel et la vacuité abyssale de corpus idéologique. En 
Centrafrique, la culture politique est tramée d’improvisation, d’exaltation, 
d’escroquerie politique et de charlatanisme politique. Le vide idéologique à 
laquelle je fais allusion tient à cet esprit davantage construit sur la 
récusation que sur la réfutation. Quant à l’escroquerie, il ne s’agit point de 
forfaiture mais de préconisation à l’emporte- pièce et des prises de position 
sans référentiel ni référence. Ce credo concourt à faire de l’univers politique 
un domaine où tout est approximatif et réducteur. Les partis politiques naissent 
de terre comme des champignons et tout le monde croit qu’il sait faire de la 
politique.     
3)      
Quant au 
schéma national d’aménagement du territoire il n’existe même pas. L’enclavement 
intérieur est plus sévère que l’enclavement géopolitique : pas de voies de 
communication entre les collectivités territoriales avec tout ce que cela 
induit.  
A ce sujet, ce qui suscite la 
curiosité de certains mais devrait engendrer la transgression des Centrafricains 
mais qui ne l’est pas, est la question du développement rural. Le système 
politique n’a jamais réussi à indiquer de quel développement il 
s’agissait ? Développement culturel : économique allant, du macro aux 
mésos puis aux micro-actions ? Depuis toujours le développement rural est une 
vaste escroquerie entretenue par le système : pas d’objectif, pas de 
contenu précis, concept vide et confusion entre concept et slogan pour mobiliser 
les populations démunies et vulnérables à des fins de vénérations sirupeuses. 
L’esprit du système politique 
autoritariste contrôle le pays dans toutes les dimensions et particulièrement 
les accès aux ressources financières. Les retours de Bozizé et Djotodia, que 
certains veulent marquant de légende, sont en réalité des morceaux choisis 
d’apologie de massacres de masse., afin de continuer à maintenir la population 
sous la tyrannie du statu quo.
Le changement de mentalité que 
certains « Oubanguinologues » considèrent comme la seule 
voie d’alternative susceptible d’irriguer le pays de valeurs et principes 
d’émancipation ne viendra ni de miracle ni de mirage mais par le déracinement de 
l’esprit du système politique. Il ouvrira la voie à l’ère post-colonial et 
permettra de mettre les populations et les collectivités territoriales en 
capacité de se reconnaître dans un dessein commun pour relever les défis des 
décennies à venir. La plus virulente des menaces de sécession ou de partition de 
l’intégrité  du territoire que 
d’aucuns redoutent et qui entrave déjà la balbutiante démocratie- se cache dans 
les gênes du système politique 
II)        
Confusion entre système et 
régime ; le péché originel.
   « Avec 
l’argent, on peut rendre la vue à un aveugle » Proverbe de la Mafia 
Napolitaine
Par nature un régime est un système, 
qui permet d’établir et de réguler  
le fonctionnement de quelque chose. A ce titre il est l’ensemble des 
institutions et des lois, qui permettent l’organisation de l’Etat et l’exercice 
des différents pouvoirs. Par le biais du régime politique, on détermine les 
moyens d’accès au gouvernement et la manière dont les autorités peuvent faire 
usage de leurs prérogatives.
En matière de régime politique, le 
contexte Centrafricain a la spécificité d’être  tout en même ; une sorte de 
situation hybride. A l’image du système, le régime est totalitaire et est 
bicéphale. Il y a la tête « oligarchique » c’est-à-dire que le pouvoir 
suprême de l’Etat n’est exercé que par un petit groupe, une poignée de personnes 
appartenant à la même classe sociale. L’oligarchie tire sa force de la religion 
de la coercition et de l’injonction aveugle de sa police et, de la 
propagande ; redoutable instrument de pression et d’asservissement de la 
population. Il y a ensuite la tête « aristocratique ». Ce qui fait de 
l’Oubangui, le fleuve le plus infesté de crocodiles.
Pour avoir trempé dans le système en 
tant que second couteau ou avoir conquis le pouvoir au prix de la vie de 
nombreux innocents, la Présidentielle en vue est pour ces barons, oligarques et 
castes d’irremplaçables « moutons à cinq pattes »  l’occasion de 
tout entreprendre pour parvenir à construire leur régime à eux.  
Le péché originel de notre corpus 
politique jusqu’à ce jour est la confusion entre système et régime. Est-il 
nécessaire de dire, prosaïquement, que le régime est le parasite du système, il 
s’engraisse du sang et de l’inspiration du système et parfois- comme toute 
plante parasite - finit par le supplanter, par se substituer à 
lui.
Les régimes politiques que notre 
système a générés se caractérisent par la forme particulière de gouvernement, 
les manières étonnantes et déroutantes d’exercer le pouvoir. De Dacko ; 
père du parti unique à Touadéra ; le transfuge de KNK et fondateur du MCU, 
analyser ces régimes politiques ne se réduit pas à s’arrêter sur l’organisation 
technique du gouvernement : il faut aller au-delà, chercher à mettre en 
évidence les valeurs et principes, la doctrine du pouvoir, l’idéologie qui 
l’inspire, qui en est le moteur et le carburant. 
Si le système est la ressource 
commune ; le plus petit dénominateur commun à tous les régimes. Les 
régimes, qui vont puiser la même eau à cette même source, ne font pas tous la 
même sauce. Bozizé et Djotodia ont en commun d’incarner l’empilement d’oxymore : 
être tortionnaire et se présenter à des élections démocratiques, ou être 
notoirement et ostensiblement autocrate et prétendre se présenter aux élections 
démocratiques en ayant pour électeurs ; ceux- là mêmes auxquels on a fait 
subir les pires des sévices que l’humanité ait connus. C’est Bozizé et Djotodia 
les géniteurs des « bienfaiteurs ; la matière première de 
Séléka » et les « fournisseurs d’armes des « antibalaka », 
de l’humiliation du CNT par le Président du Tchad et le surgissement de nulle 
part ; Mme Cathérine-Samba-Panza en qualité de Présidente de Transition de 
la République. Le déficit idéologique du système politique et des régimes 
politiques ont fait exploser le pays. Le système politique et l’anomie de régime 
politique ont privé l’Etat de l’intelligence des choses. 
De qui veulent se moquer Bozizé et 
Djotodia. On ne va quand-même pas - au nom de je ne sais quels principes 
démocratiques- réintroduire les égorgeurs de moutons dans la bergerie ! A 
moins qu’on soit tous des moutons de Panurge pour certains ou des chiens 
de Pavlov, pour d’autres. Evitons d’être la risée de la communauté 
internationale en faisant- comme on le dit en Occident- « des dindes qui 
votent pour Noël ».
Ils ont en commun également d’avoir 
fait germer et bien ancrer en terre Centrafricaine deux phénomènes, qu’il 
faut des générations et des générations se dotant d’audace et d’instruments et 
de stratégies de démocratie pour les dessoucher :
· 
La graine 
de l’auto/proclamation. Ce sont eux ; les incubateurs de 
l’auto/proclamation. 
· 
L’exploitation quasi-proverbiale du 
déni des valeurs humaines 
         
L’Etat en Centrafrique a connu 8 Présidents depuis les indépendances en 
droit ; 9 si l’on cite David Dacko 2 fois. 
Restons dans le registre de 
diagnostic : la frontière entre système et régime politique est aussi 
cacophonique qu’inexistante. L’effondrement de l’un entraîne inévitablement 
celui de l’autre. Quand on questionne l’un, l’autre est  mécaniquement remise en question : les 
partis politiques se comportent comme des organisations de la société 
civile  et n’ont d’implantation que 
dans la Capitale. 
Poursuivant dans le diagnostic, 
chacun des huit régimes politiques qui se sont succédé ont en commun d’ériger 
des comptoirs de diamant, des confondre le trésor public avec leur argent de 
poche : sur l’ensemble du territoire le foncier leur appartient. Ils ont 
dans chacun de ces domaines leurs VRP et leurs réseaux de concessionnaires de 
pierre précieuse. 
Il y a une telle prolifération de 
régimes d’exception en Centrafrique, que le mot régime politique résiste à toute 
définition. Le régime qui devrait être la boîte à outils des instruments de 
conduite à terne d’un Etat ou d’une démocratie en voie de gestation est érigé 
par le système en une véritable poudrière, pour ne pas dire une usine à gaz. 
L’un dévoie, dénature l’autre et l’un et l’autre se pervertissent mutuellement. 
Il nous faut un corpus de doctrine 
visant à mettre le pays ; les hommes et les collectivités territoriales en 
capacité de relever les défis des années à venir. C’est à l’aune de cette 
doctrine qu’il faut jauger les programmes des candidats. 
A quel canon idéologique l’Etat et 
les organisations politiques actuels se réfèrent-ils pour rebâtir les Forces 
armées Centrafricaines et les FSI (Forces de Sécurité Intérieure). Dépourvu de 
ligne politique, économique et sociale fiable et crédible on assiste depuis 2016 
à la multiplication de sous-traitance du pays aux clusters d’ONG et d’autres 
œuvres philanthropiques aussi bien laïque que religieuse. La démocratie se 
réduit-elle à convoquer le corps électoral une fois tous les cinq ans ? 
Suffit-il de « panser » les blessures infligées aux intérêts humains 
et territoriaux ou faut-il « penser » le pays à court, moyen et long 
terme, tout en « pansant » les blessures ! Quelle est la doctrine 
de la Défense nationale afin d’éviter qu’à l’avenir l’armée ne soit la 
supplétive des forces de sécurité après le retrait de la MINUSCA ? Et la 
protection des intérêts de la génération future, où en est-on de son 
éducation, de sa formation aux différents qualifications professionnelles et 
surtout de son ouverture au monde ?  
  
Et les partis dits d’opposition, 
quel canon idéologique structure la colonne vertébrale de leur 
organisation ? Qu’est-ce qui fait leur différence : aller coûte que 
coûte à la conquête du pouvoir sans garantir la réalisation des promesses 
électorales ? Etant donné qu’ils ont tous- par commission ou par omission 
participé à la fracturation du territoire et au bâillonnement des Centrafricains 
dans leur approche de la gouvernance, quel signal de rédemption lanceront-ils à 
la population
A mon humble avis et sans faire de 
slogan creux, le thème de campagne dont le pays a besoin doit être construit 
autour de l’accompagnement de cette population ordinaire à devenir 
extraordinaire en terme de vigilance et de lui proposer de s’assigner le projet, 
le pacte socio-politique de passer d’un territoire entièrement à part à un 
territoire à part entière ; prêt à affronter la féroce et virulente 
mondialisation néo/coloniale de décennies à venir. 
Conclusion.
La campagne a commencé. Les acteurs 
sont sur la scène depuis un bon moment. 
Après tant d’année de fertilisation 
croisée de système et de régime totalitaires ; générateurs d’insécurité 
tous azimuts, le temps d’expérimentation de paradigmes est probablement 
venu : face à la misère, la pauvreté et l’insécurité l’exécutif bicéphale 
devrait coopérer en duo avec le législatif sans oublier l’autorité judiciaire 
que de travailler en duel. Ils devraient être davantage des protagonistes que 
d’être des antagonistes. Faire émerger de nouveaux paradigmes de changement 
plutôt de système que celui de régime seul ; ce ne serait que du 
replâtrage, du colmatage de trous béants, voire le maintien de la tyrannie du 
statu quo de délestage, de déficit d’accès à l’eau potable, de l’hygiène de 
base.
Imposer les activités d’émancipation 
comme moteur et carburant de lutte contre la grande pénurie et la précarité 
comme thème de campagne en lieu et place de distribution ponctuelle des pagnes 
et des Tea-shirt à l’effigie des candidats 
Imposer aux candidats de s’engager à 
trouver des instruments de réduction du déclassement de l’Etat. Etant donné 
qu’ils ne peuvent gager les promesses électorales qu’ils s’apprêtent à faire, 
qu’ils arrêtent de fabriquer de façon industrielle, de toutes pièces 
l’Homo/Centrafricanicus. Il faut entendre par 
homo-Centrafricanus, l’homme résigné, consentant à son asservissement 
par les incontournables oligarques de son pays, alors qu’il sait, en son âme et 
conscience, que ces derniers cherchent à préempter son droit de résistance au 
vacillement récurrent de l’Etat. L’homo/Centrafricanus fabriqué par la culture 
politique de type totalitaire admet, comme vérité biblique que tous les pouvoirs 
doivent être réunis entre les mains d’un seul homme ; un homme fort 
militairement et politico-religieusement et, qui se reconnaît seul à penser. Les 
institutions qu’il met en place, dirigées par les personnes dont il a la 
certitude de contrôler : souvenons-nous la C.E.I. (Commission Electorale 
Indépendante), le Conseil National de Transition (CNT), le D.P.I (le Dialogue 
Politique Inclusif) de François Bozizé. 
Comme si les partis politiques et 
les organisations se réclamant de la société civile et les Groupes armés étaient 
de connivence ; ils se croient tous des « rédempteurs », des 
« messies » - le système et les régimes totalitaristes, qui les 
animaient et les animent, ont abouti à rendre l’Etat déjanté et végétatif. Ils 
attendent tous le pétrole factice. Mais en attendant, ils distribuent les 
concessions de forages, d’exploitations de mines de diamant. 
C’est l’occasion ou jamais, il faut 
mettre terme au règne des poncifs et lieux communs auxquels on est accoutumé. 
Des poncifs et des lieux communs, qui foulent aux pieds les valeurs humaines et 
les principes les plus élémentaires de Dignité. Des poncifs et lieux communs, 
qui ont réduit la réflexion dans le champ politique à de l’escroquerie mélangée 
au charlatanisme.   
* Tourner la page des systèmes et 
régimes qui ont réduit l’émancipation des individus en véritables variables 
d’ajustement de leurs choix politiques et, entravé l’accès des collectivités 
territoriales et leurs populations aux produits de première nécessité. 
* Tourner la page des années sombres 
de l’abdication politique et de l’homo/Centrafricanus, s’impose comme une 
assignation venant des générations futures pour les décennies à 
venir.
 Donnons-nous l’audace de tourner la page 
du Totalitarisme pour se construire, enfin, un pacte social et politique. Ne 
nous laissons pas abuser par les Oubanguinologues qui ne 
garantiront la réussite d’aucune des promesses électorales. Ils n’ont ni la 
crédibilité ni la fiabilité pour en gager la réussite. Mettons à profit 
l’occasion de mettre terme aux ambitions de ceux, qui veulent préempter la 
démocratie et l’Etat, qu’ils sont eux-mêmes « des produits périmés », 
qu’ils sont atteints par l’obsolescence programmée par la démocratie et les 
exigences des intérêts des générations futures ; oui la date limite de leur 
consommation est arrivée. Si nous tenons à les consommer, nous finirons par nous 
consumer et consumer les générations futures.
[1] ) Montesquieu : De l’esprit des Lois, IX, 6)
[2] ) Fanon ; F. « Peau noire ; masques blancs » Essai Editions du Seuil. Paris 1952