SONT-ILS 
DEVENUS FOUS A BANGUI ?                                                                                                                                                                           
    Le retour de Bozizé dans des 
circonstances non élucidées et dans une moindre mesure celui de Djotodja qui est 
reparti avec le titre ronflant d’ambassadeur de la paix et une bourse bien 
garnie, plus le virus couronné ( coronavirus ) sont en train d’accélérer à 
nouveau l’histoire de la RCA . Ils catalysent et révèlent simultanément les 
tares d’une « Suisse 
africaine » devenue une République bananière où règnent l’impunité, la 
lâcheté, l’incompétence, l’inconscience, l’irresponsabilité…Et pourtant, 
gouverner, c’est prévoir .  
   I . LA  FOLIE DU PREMIER 
MINISTRE
   Voila un homme qui a patiemment 
intrigué pour réaliser une révolution de palais et occuper une place longtemps 
lorgnée  .  On présuppose qu’il avait déjà concocté 
un plan de gouvernement différent de son prédécesseur pour donner un autre cap 
au pays . A l’épreuve des faits, on le découvre fort avec les faibles ( Anti 
-balaka, opposition ) et faible avec les forts ( Séléka, Bozizé, Djotodja, 
Minusca, Union Africaine, FMI …) . En fait, c’est la vacuité du poste et les 
honneurs y afférents qui l’ intéressent  .  Cette grille de lecture permet de mieux 
comprendre pourquoi il ne proteste jamais quand les mercenaires massacrent les 
Centrafricains à longueur d’année : il est objectivement leur 
complice depuis Khartoum !  
   Là-dessus, sa gestion  du coronavirus en Centrafrique nous 
montre un homme totalement inconséquent, irresponsable qui se précipite à 
l’hôpital où se trouve le patient zéro pour lui rendre visite après avoir 
endossé une légère protection ! Quel est le message politique derrière 
cette légèreté ? Une déclaration d’amour à l’Italie, patrie du patient ou 
au Vatican son employeur ? Un acte de bravoure ?  Dans tous les cas de figure, le 
comportement du Premier ministre et de son ministre de la santé les disqualifie 
à jamais  .  Dénoncer hier le père Aurélio de Bozoum 
pour se rapprocher spectaculairement et dangereusement aujourd’hui d’un autre 
prêtre italien contaminé  est un 
mode de gestion schizophrénique  .
   Ailleurs,  c’est en termes guerriers qu’on parle et 
traite du virus pour mobiliser l’opinion , on fait appel aux militaires, au 
civisme, à la science, aux mesures barrières, à l’éducation et …aux amendes . En 
RCA, le Premier ministre s’adonne à des gesticulations ridicules et dangereuses 
pour ses collègues, son patron le Président de la République, sa famille, son 
nombreux personnel et en définitive pour toute la RCA . Son collègue du Canada 
atteint du mal l’a déclaré et s’est confiné ! 
   La gestion par le gouvernement 
centrafricain du cas d’une chanteuse centrafricaine invitée pour les festivités 
 du 8 mars à Bangui est à l’avenant 
.  Mais je ne veux pas en rajouter à 
la cacophonie,  au chaos, aux 
contradictions, aux insinuations et aux noms d’oiseaux inhérents à ce « pays des paradoxes » . Gouverner, 
c’est prévoir .  La santé, la 
pauvreté, la liberté, l’éducation…en RCA sont les problèmes du gouvernement 
centrafricain : il ne peut pas s’en exonérer !  
   II . LE CAS DES GENERAUX 
CENTRAFRICAINS
   Est-ce le retour d’un des leurs, 
le général Bozizé, est-ce l’incurie du gouvernement ou est-ce simplement 
l’approche des élections qui a fait sortir les généraux centrafricains de leurs 
gonds ? On se le demande d’autant plus que ces hommes qui ont exercé des 
fonctions importantes qui les ont placés au cœur de l’Etat n’ont pas brillé par 
leurs prises de positions en faveur du peuple centrafricain  .  
Dans le passé, ils ont souvent servi  les pouvoirs en place . 
Certes 
il faut un peu de  courage pour dire 
ce qu’ils ont dit et écrit  .  Certes,  devant le silence assourdissant de 
l’opposition politique centrafricaine ce coup de gueule des généraux est  bienvenu pour la sortir de sa torpeur 
légendaire  .  Certes les généraux qui sont de dignes 
fils de la RCA  ont droit à la 
parole comme les autres  . 
Cependant, ce coup de gueule tardif ne risque-t-il pas d’apparaître purement 
opportuniste vu le contexte ?  
En effet, la situation sécuritaire de notre pays a commencé se dégrader 
depuis ce jour funeste où le premier « Séléka » a foulé la terre sacrée de 
nos ancêtres  .  Elle est pire aujourd’hui ; mais où 
étaient ces généraux ? Qu’ont-ils réellement essayé de faire pour atténuer, 
abréger ou stopper les envahisseurs recrutés, formés à l’extérieur et envoyés en 
RCA pour la détruire ? 
   Comparaison n’est pas 
raison ; mais leur collègue Giap du Vietnam n’a pas écrit sur un mur sa 
lettre de protestation avant de s’engager dans le mouvement de libération de son 
pays .  Il s’est d’abord engagé et 
l’histoire et le peuple vietnamien en ont fait un héros hors pair .  
   La RCA a envoyé ses fils dans les 
meilleures académies militaires du monde .  
Une fois rentrés au pays, ceux-ci  
ont assisté passivement à l’invasion de leur pays par une horde de gueux 
et de va- nus- pieds venus du nord  
.  La question est 
POURQUOI ? Par déception du régime en place ? Par détestation du 
général  Bozizé, un des leurs ? 
La réponse à cette question aidera à tracer le profil du soldat centrafricain du 
futur .  
    Les états sont comme les 
poissons : ils pourrissent par la tête .  Vous verrez que personne ne 
démissionnera du gouvernement après cette scandaleuse et  rocambolesque gestion du coronavirus  .  
Ainsi va la RCA et elle va mal . 
Quant 
aux généraux fâchés, l’avenir nous dira jusque où cette colère les conduira  .  
En 
attendant, le pays va mal . Comme un poulet sans tête .
      Que l’esprit de 
nos ancêtres veille sur la terre qu’ils nous ont 
léguée !
                           
Le 23 mars 2020
                           
David KOULAYOM-MASSEYO .