IMPRESSIONS DE BANGUI
    
Sont regroupées sous cette rubrique, les impressions ramenées de mon 
dernier séjour limité à Bangui. J’aurais voulu ramener des impressions plus 
globales de Centrafrique …Mais à l’impossible, nul n’est tenu ! Ce deuxième 
numéro des Impressions est consacré à :
        II 
.  LA REPUBLIQUE DES ORGANISATIONS 
NON GOUVERNEMENTALES   (ONG) 
    
C’est une lapalissade de dire que le Centrafrique est aujourd’hui sous 
tutelle de l’ONU et des ONG qui le codirigent avec le gouvernement 
centrafricain. Ce gouvernement tricéphale œuvre-t-il vraiment dans l’intérêt des 
Centrafricains ou est-ce encore un subterfuge pour gruger le peuple ? En 
tout cas, il n’y a jamais eu autant d’hommes en armes et de blancs en 
Centrafrique même pendant la colonisation. Alors pourquoi cette impression 
diffuse, lancinante, voire agaçante que plus il y a des médecins au chevet du 
malade Centrafrique et moins bien il se porte ? Cette question me taraude, 
me tarabuste et m’empêche de dormir . En définitive : le développement de 
la RCA peut-il reposer sur les ONG ?  
     
Une petite histoire personnelle pour illustrer ce qui se passe en 
Centrafrique . Je me rappelle que petit enfant,  c’est le grenier familial qui 
fournissait l’essentiel de notre nourriture et que les soins médicaux primaires 
étaient dispensés dans des centres de santé situés généralement à moins d’une 
journée de marche de nos villages. Seulement voilà : les greniers familiaux 
d’antan sont remplacés par les entrepôts du Programme Alimentaire Mondial ( PAM 
), ceux d’OXFAM et que les soins médicaux sont dorénavant prodigués par Médecins 
sans frontières, Médecins du monde ou une ONG quelconque . Tant et si bien que 
la RCA, à y regarder de près, est devenue de fait, une république des ONG. 
     
C’est ce qui frappe de prime abord dès que l’on sort de l’aéroport 
international Bangui M’Poko . Les innombrables véhicules quatre roues motrices, 
majoritairement de couleur blanche, avec des chauffeurs majoritairement noirs, 
alignés au cordeau sur le parking de l’aéroport sont la preuve tangible de ce 
que j’avance. Oh, j’ai déjà remarqué depuis l’aéroport de Roissy que les blancs 
en partance pour Bangui étaient plus nombreux que les Centrafricains ; que 
parmi eux, beaucoup étaient plus ou moins amortis déjà, que seule l’Italie nous 
envoyait ses jeunes...La plupart de ces hommes et femmes avaient des têtes 
d’anciens soldats reconvertis ou de barbouzes ! L’aéroport de Bangui, et 
par extension, la RCA sont ainsi devenus une sorte de tour de Babel où l’on 
entend des langues comme le géorgien, l’espagnol, l’italien, le danois, le 
norvégien, le suédois, le turc, le chinois, l’anglais évidemment et le français 
sans oublier les langues parlées par le conglomérat africain et asiatique des 
troupes de l’ONU qui forment la Minusca. 
     
Un proverbe chinois ne conseille-t-il pas d’apprendre à pêcher à 
quelqu’un que de lui  donner un 
poisson chaque jour ? Que l’Europe et l’Amérique, soucieux de leurs 
intérêts, déversent en Centrafrique leur trop plein de travailleurs ou des 
hommes et des femmes sincèrement dévoués à la cause humanitaire, cela peut se 
comprendre aisément. Que cette présence massive des ONG génère des emplois, nul 
ne peut le nier. Mais de là à tout attendre de ces ONG, presque toutes issues de 
la Triade, pour curer les caniveaux, nettoyer les villes,  creuser les puits dans le moindre 
village, construire les écoles et les maisons des paysans, distribuer les 
semences aux villageois, nourrir quotidiennement les Centrafricains, que sais-je 
encore…comme je l’ai entendu souvent durant mon séjour, il y a un pas dangereux 
que je ne franchirai pas . Il en va de la crédibilité de notre pays, de la 
souveraineté de notre nation et de la responsabilité de notre gouvernement. 
Comment faisaient nos grands parents sur cette terre bénie des Dieux et si 
mal gérée par les hommes depuis l’indépendance ? Eh bien ils comptaient sur 
eux-mêmes, première richesse du pays pour mettre en valeur le sol qui est notre 
deuxième richesse. 
      Alors il faut 
ramener la paix et la sécurité en Centrafrique, seules gages pour une reprise 
des activités agricoles, pastorales,  commerciales, touristiques, 
industrielles, universitaires. Cette noble tâche est dévolue à la Minusca, faute 
d’une armée nationale centrafricaine capable de sécuriser le territoire 
national. La Minusaca est une émanation de l’ONU dont je parlerai plus tard ( le 
machin du général de  
Gaulle qui n’a résolu ce problème nulle part ) . 
     
Loin de moi l’idée de dénigrer l’action des ONG, encore nécessaire de 
manière TRANSITOIRE, je réaffirme simplement que l’avenir de la RCA appartient 
aux Centrafricains. C’est à eux qu’incombe le devenir de leur pays. Nulle ONG, 
nulle troupe de l’ONU, nulle puissance étrangère ne viendra faire ce travail à 
leur place. Retroussons-nous seulement les manches à l’instar du Rwanda, ce 
pays qui couvre à peine une préfecture centrafricaine et qui dispose aujourd’hui 
de huit universités  et qui est l’un 
des pays les plus d’Afrique ! A bon entendeur, salut ! 
               
    La suite 
au prochain numéro.
    
                                                 David 
KOULAYOM-MASSEYO .
                                                     
16 septembre 2016 .