L'Esprit Saint n'est 
pas passé par Bangui.
La communauté Sant'Egidio a lancé une 
nouvelle initiative en faveur de la sortie de crise en RCA. Des délégués de cinq 
groupes armés de l'ex-Séléka (UPC, MPC, FPRC, 3R) et anti-Balaka (mouvance 
Mocome) participent à ces discussions qui doivent durer jusqu'au 20 juin 
2017.
Le gouvernement centrafricain sera 
représenté par le ministre conseiller politique à la présidence de la 
République, et l'opposition politique par ses chefs de partis : Anicet 
Georges Dologuélé, Martin Ziguélé, Ferdinand Alexandre Nguendet, etc. Le 
représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU ferait également le 
déplacement.
Ce n'est pas la première fois que la 
communauté Sant'Egidio intervient dans la crise centrafricaine. Ces conclaves 
étant secrets, quant à leurs objectifs et ordres du jour, on ne peut que 
formuler des supputations sur leur portée.
Cette nouvelle initiative survient dans 
un climat de pleine confusion, entretenue par la reprise des violences 
meurtrières à Bria, Alindao, Bangassou.
Il ne faut cependant pas se voiler la 
face, le voyage de Rome est un pèlerinage de pénitents. Il s'agit pour les uns 
de quérir les deniers de leur survie et, pour les autres, de solliciter le 
pardon du Vatican en vue de conforter leur demande d'amnistie afin d'échapper à 
la justice.
Cette nouvelle rencontre ne servira pas 
les intérêts de la RCA ; il suffit de considérer les précédents 
engagements, signés par les mêmes, à Libreville (janvier 2013), Brazzaville 
(juillet 2014), Bangui (mai 2015), pour s'en convaincre. En l'occurrence, 
« la folie, c'est de refaire toujours la même chose en espérant des 
résultats différents », disait Albert Einstein. 
La solution à la crise viendra du seul 
président Faustin Archange Touadéra, lorsque ce dernier prendra ses 
responsabilités en étant fort physiquement, intellectuellement et moralement, 
sauf à donner raison au révérend Ambrose : « Bien sûr que tu sais. 
C'est pour ça que tu me regardes de haut, parce que tu sais que je mens. Aux 
veillées mortuaires, aux enterrements, aux mariages – oui, je mens. Je mens aux 
veillées mortuaires et aux enterrements pour soulager la souffrance. Parce que 
la lecture, l'écriture et le calcul, ça ne suffit pas. Tu crois que c'est 
seulement pour ça qu'on t'a envoyé à l'école ? On t'a envoyé à l'école pour 
soulager la souffrance, la douleur ; et si tu dois mentir pour y parvenir, 
eh bien tu mens. Tu mens, tu mens, tu mens » (1).
Dans une prise de position datée du 12 
janvier 2016, je m'interrogeais alors sur les trois inconnues de l'équation 
Touadéra. Parmi ces trois interrogations, la seconde me paraissait singulière. 
Elle visait à connaître les propositions du candidat Touadéra pour rétablir la 
sécurité en RCA. J'indiquais ceci : 
« En déclarant ouvrir des 
séminaires pour convaincre les militaires à se réformer, il paraissait hésitant. 
Des séminaires, il y en a eu ; les conclusions des états généraux de la 
défense nationale et les recommandations du forum inter-centrafricain sont là 
pour en témoigner. Elles sont explicites, il suffit de les mettre en œuvre, et 
non point de tergiverser. Dans la même veine, en affirmant interdire aux hommes 
politiques de s'immiscer dans le domaine militaire, Faustin Archange Touadéra se 
trompe. Il convient au contraire d'affirmer que le militaire doit se soumettre 
au politique, et non l'inverse. C'est le principe de toute armée 
républicaine ». Nous y sommes.
Paris, le 16 juin 
2017
Prosper INDO
Économiste
(1) – Ernest J. Gaines : Dites-leur 
que je suis un homme. Édition Liana Levi, 1994, p.254.