Politique Centrafricaine :
De Boganda aux Suivants… 
Sommes-nous en mode continu ou 
discontinu ?
par Barthélemy 
MANDEKOUZOU-MONDJO
Avant-propos
 
-   01.      
sur 
les sciences et les arts (1750)
-   02.      
sur 
l'origine et les fondements de 
l'inégalité parmi les hommes (1753)
Ce 
rapprochement veut indiquer que, parce que je n’en ai pas les moyens,  je n’ai et n’aurai pas non plus la 
prétention de faire œuvre d’historien. 
L’Abbé 
Benoît-Basile SIANGO, à propos de son livre : « Barthélemy BOGANDA, premier prêtre 
oubanguien, fondateur de la République centrafricaine », a pris les 
mêmes précautions :
« (Ce 
livre) s’apparente au genre qu’affectionnent les Anciens tel un Plutarque dans 
le « De viris illustribus ». C’est plutôt l’évocation d’un personnage 
de l’histoire que l’histoire même du personnage… » ‘(1),
J’ai entendu 
parler de Boganda  et  lu des livres écrits sur lui ; je ne l’ai 
ni vu ni croisé, ni, à plus forte raison, échangé quelques propos avec 
lui … 
J’avais 
des chances de le rencontrer et de le connaître puisque,    jeune prêtre, Boganda eut Bambari comme 
premier poste où il exerça son sacerdoce ; mais il faut croire que, 
« en ces temps-là » j’étais à peine né ; je n’étais pas encore 
bien éveillé et, dans tous les cas, je ne fréquentais la paroisse et les cultes 
que par parents interposés. 
L’Abbé 
Barthélemy Boganda n’en sera pas moins une figure familière pour beaucoup de 
personnes qui comme moi ne l’ont jamais rencontré. 
J’ai 
un souvenir précis de ce matin du 30 mars, le Lundi de Pâques 
1959..
 L’air triste, Michel Bangué-Tandet s’est 
dirigé vers moi pour me dire qu’il avait surpris la conversation de notre 
professeur de grec et de latin au petit Séminaire de Mbamou, le Père Leduc, 
annonçant à un interlocuteur que  l’avion ramenant l’abbé Barthélemy 
Boganda de Berbérati à Bangui dans l’après-midi du Dimanche de Pâques est porté 
disparu au-dessus de la Lobaye. 
Il 
a ajouté que le Père Leduc remarquant son émotion, s’est dépêché de le 
rassurer : 
« Les 
recherches sont en cours et rien ne permet de dire que Boganda est 
mort »…
Boganda 
était bien mort : comme le constatera la délégation conduite sur les lieux 
par le Vice-président Abel Goumba. Et les quatre pensionnaires oubanguiens du 
petit Séminaire saint Paul de Mbamou (2) 
en éprouvèrent le chagrin que l’on ressent lors de la disparition d’un parent et 
de tout être cher.
Six 
années après, j’ai participé à un des pèlerinages conduits tous les ans, au jour 
anniversaire, sur les lieux du crash. Il y était resté des débris éparpillés de 
la carlingue ; mais l’herbe folle avait complètement effacé les marquages 
au sol censés indiquer les endroits où avaient été recueillis des restes de 
corps humains dispersés : à identifier ultérieurement pour 
«personnaliser » les cercueils. 
Le 
corps de Boganda avait-il pu être reconstitué tout à fait ? Je ne pense pas 
qu’une réponse satisfaisante ait été apportée à cette question... Et il n’en 
fallait pas plus pour proclamer « l’immortalité » de Boganda : il 
s’est tout simplement volatilisé comme les illustres Patriarches qui, par la 
volonté de Yahvé, ont été « soustraits à la mort et à la décomposition de 
leur chair. »
Boganda 
n’est pas mort. Il est quelque part, au bagne de Cayenne, par exemple : 
victime de la haine et de la vindicte des abominables concessionnaires décidés à 
poursuivre leurs sales besognes jusqu’au bout : faire taire les 
« gêneurs » et continuer à « raser 
gratis ».
Boganda 
reviendra : Tout Centrafricain porte cette foi chevillée au 
corps…
Mais 
que restera-t-il et que retrouvera-t-il de la terre dont apparemment il avait 
tracé à la fois le contour et le destin ?
Boganda : 
sa vie et sa pensée politique…
La 
naissance d’un mythe
Deux 
anecdotes que m’a contées mon ami Edouard Fatrane :
1. «  La guerre pour Dieu contre monsieur 
Dieu »
Pour 
son Dieu et le salut de l’âme de ceux qu’il avait reçu mission d’évangéliser, 
l’abbé Barthélemy Boganda est entré en guerre avec l’Administrateur de Grimari, 
monsieur Dieu. Quand l’ouvrier de l’évangile passe et recommande aux païens de 
quitter leurs pratiques anciennes : le culte des idoles, la sorcellerie, 
l’anthropophagie, le mariage forcé, la polygamie, l’Administrateur, comme 
« l’homme ennemi semant l’ivraie dans le champ où le maître avait mis le 
bon grain », lui emboîte le pas et encourage ses administrés à refuser 
l’aliénation et à rester fidèles à des us et coutumes qui constituent leur 
identité.
Un 
cas de l’hostilité de certains administrateurs –quand ce n’était leur 
comportement majoritaire- vis-à-vis des missionnaires… jusqu’à l’intervention du 
Gouverneur général Félix Eboué pour « calmer le jeu » et faire droit 
au rôle des missionnaires comme participant de l’action civilisatrice de la 
France.
2.   
Prémonition ou vraie alerte ?
Une 
alerte sans équivoque serait arrivée ce jour-là de Bambari pour demander que 
Barthélemy Boganda fût dissuadé d’effectuer le déplacement de Berbérati 
programmé pour le dimanche de Pâques, le 29 mars 1959.
Lui 
a-t-on transmis le message ? Le lui a-t-on 
caché ?
L’alerte 
concernait l’attentat qui lui a coûté la vie ; car il est désormais acquis 
que Boganda a été victime d’un attentat. Au dernier moment, quand tous les 
passagers avaient embarqué, quelqu’un vint et remit au pilote un colis pour 
Bangui…
On 
connaît la suite. 
J’en 
arrive aux « Confidences » 
(3) 
enthousiastes et très attendrissantes de Monseigneur Joseph Marie NGOUI-AKANDJI 
rendant témoignage et hommage à son Maître : car « l’Abbé Barthélemy 
Boganda » fut chargé avec le Père Charles Muller d’encadrer l’embryon de 
séminaire que Monseigneur Grandin avait ouvert à Saint-Paul des Rapides. 
Il 
faut imaginer que le Maître et dispensateur très apprécié de leçons de vie a été 
lui-même, en son temps, un élève qui a appris et beaucoup retenu de ses propres 
maîtres : Mgr Jean-René Calloc’h, qui lui enseigna le français, le latin et 
le grec et tous les autres professeurs qui, à la suite, ont fait de lui le 
philosophe, le théologien et le « grand orateur » des chaires et 
assemblées diverses : ecclésiales et politiques. 
Le 
Père Carlo Toso, dans « Centrafrique : un siècle d’évangélisation » 
(4) 
indique que les Missionnaires comptaient dans leur rang, en ces temps-là, 
d’authentiques hommes de sciences et de culture : botanistes, ethnologues, 
linguistes, géographes. Tous les savoirs et techniques qui pouvaient se révéler 
utiles à la réussite de l’œuvre d’évangélisation étaient naturellement intégrés 
dans les programmes de la formation des prêtres, des religieux et religieuses. 
Et Monseigneur François-Xavier Yombandjé, Président de la Commission pour  la Culture, pouvait à juste titre et 
avec à-propos dire de Barthélemy Boganda et écrire dans sa préface ou 
introduction aux « Confidences…» 
: 
« Intellectuellement 
il a eu une forte formation classique. Bibliste, Théologien, Philosophe, il est 
suffisamment outillé pour commencer sa révolution douce. » (5)
Fatale 
érudition…
Car 
nous voilà tentés d’imaginer l’Abbé Barthélemy Boganda paré pour subir le destin 
de ces héros antiques que la colère des dieux condamna à des peines et 
souffrances terribles parce qu’ils ont eu l’audace de voler certains de leurs 
privilèges pour le bénéfice des humains. 
A 
l’exemple de Tantale, qui, pour avoir servi  aux hommes le nectar réservé aux dieux, 
fut puni à mourir de soif.  Il fut 
plongé dans un ruisseau, dont l’eau s’arrêtait au niveau de son  menton. Il n’y pouvait point tremper sa 
langue et étancher sa soif. 
A 
l’exemple de Prométhée attaché sur le Caucase,  qui ne pouvait se défendre contre un 
aigle qui lui dévorait son foie. Pire : le foie dévoré se régénérait pour 
être à nouveau et chaque fois dévoré.  
La 
faute de Prométhée ? Il a volé et transmis aux humains le feu et les 
techniques pour organiser leur existence et la rendre 
agréable…
Fatale 
érudition … 
 
Un 
des mythes autour de Barthélemy Boganda est né, qui  voudrait qu’il soit devenu, par ses 
connaissances et une érudition immense,  l’égal des Blancs et fût à même de leur 
disputer, à armes égales, les énormes privilèges qu’ils s’octroyaient dans la 
colonie. 
Cet 
homme est devenu dangereux à leurs yeux parce qu’il en savait trop et était 
surtout décidé à leur dire leur vérité.  
Et, comme le chante Guy Béart : 
« Le 
témoin a dit la vérité 
Il 
doit être exécuté. »
Et 
la légende de conclure : 
Barthélemy 
Boganda périt en effet d’avoir dit leur vérité aux Blancs 
Le 
climat, dans tous les cas, n’était point –ou pas encore-  favorable pour « la révolution 
douce » pronostiquée par Monseigneur François-Xavier Yombandjé 
(5).
 Sauver l’homme 
intégral
L’action 
missionnaire veut sauver l’homme tout entier : corps et 
âme.
« Un 
siècle d’évangélisation » 
(6) 
contant l’histoire de la « création des missions » indique un mode 
opératoire toujours le même : le choix du terrain idoine, la construction 
de la « maison de Dieu », la construction de la « maison des 
missionnaires (prêtres, religieux et religieuses), la construction d’internats 
pour les enfants préalablement rachetés, la construction des villages pour les 
premiers chrétiens… 
« il 
faut enfin penser à l’organisation pour faire face aux nécessités d’une famille 
en continuelle expansion car on ne pouvait compter que sur les ressources du 
pays » 
(6). 
« Sauver 
un Peuple », comme l’exprimera le projet politique de Barthélemy Boganda, 
« élu de Dieu » comme 
prêtre et « élu des 
Centrafricains » en entrant en politique intégrera toutes ces 
organisations des Missionnaires que nous pouvons ainsi décliner : 
Apprendre 
à vivre en paix entre elles  à des tribus qui pouvaient avoir des intérêts 
divergents et entretenaient en effet entre elles des relations 
conflictuelles ;
Apprendre 
à la Population la lutte contre la paresse,  leur donner à comprendre le sens de 
l’effort et la nécessité du travail ;
Apprendre 
à la Population à assurer le vivre au quotidien, mais aussi dans la 
durée ;  
Instaurer 
toutes les structures pour le meilleur épanouissement social et humain 
souhaitable : santé, école, éducation et formation aux techniques et 
métiers.
Une 
biographie de Barthélemy Boganda donne ce 
témoignage :
 
 « En octobre 
1941, 
il est affecté à la mission Saint-Joseph de Bambari 
avec la charge de christianiser la population banda[]. Il se voit pour cela 
confier la jeunesse des écoles et l’action pastorale dans la 
subdivision[]. 
Contrairement à ses supérieurs, pour qui la priorité est le catéchisme, Boganda 
conçoit son action religieuse comme inséparable de son action 
sociale.
À 
Grimari, il prend toute la mesure du rôle départi à l’œuvre éducative[]
Les 
résultats sont plutôt concluants : 
L'église 
est pleine les dimanches et jours de fête, 
Une 
économie embryonnaire se développe avec les plantations de maniocs 
et de bananes, 
et des ateliers de fabrication de meubles en rotin 
produisent régulièrement »
L’Abbé 
Barthélemy Boganda paraît à bonne école : celle du cadre et du modèle 
qu’offre l’action des Missionnaires et d’une œuvre à 
poursuivre.
J’incline 
à penser que ce contexte suffit pour circonscrire l’éclosion et le développement 
de sa pensée politique. Sans exclure que sa formation ait pu l’ouvrir, dès cette 
période déjà,  au catholicisme 
social : « un mouvement qui regroupe les hommes qui cherchent à 
réconcilier l’Eglise avec l’esprit nouveau, né de la Révolution de 1789» : 
comme l’écrit M. Jeannot Christophe GOUGA III :
Ø  En 
bonne compagnie « avec Villeneuve-Bargemont, auteur dès 1834 d’une Economie politique chrétienne, Ozanam, 
qui dispense en 1840 un cours social à 
Lyon, Lamennais, qui publie en 1848 un livre intitulé La question du travail, le Belge Huet 
qui écrit en 1853 Le règne social du 
christianisme, les abbès Naudet, Garnier et Lemire qui fondent à Lille la 
revue La Démocratie chrétienne avec 
pour programme le rapprochement de l’Eglise et du Peuple. » 
(7) 
Ø  
En 
bonne compagnie avec ceux que M. GOUGA III appelle « les Modèles de BOGANDA » qui écrit ceci  
lui-même :  
 « Avec tous les Apôtres de la masse 
et de vérité, avec Galilée, l’Abbé de Las Casas, l’Abbé Grégoire, William 
Wiberforde, Schœlcher, l’Abbé Lemire et le Christ lui-même, l’Ami et l’Apôtre de 
la masse, nous allons aux ennuis de toutes sortes : les calomnies, la 
haine, la persécution, la prison et la croix ». (8)
 
Le 
livre de Jeannot Christophe GOUGA III est d’une analyse rigoureuse. J’en retiens 
néanmoins que son auteur ne l’a souhaité, ni ne l’a conçu, pour le genre, ni 
comme une hagiographie, ni comme une biographie. Dès lors ne risque-t-il pas 
d’apparaître comme une simple construction intellectuelle qui n’aurait 
d’intérêt que dans la seule vérification formelle du préjugé qui l’a 
inspiré ? 
J’y 
lis pour ma part la démonstration d’une double constance. 
Aspirant 
au sacerdoce, puis prêtre, Barthélemy Boganda s’est voulu et s’est mis au 
service de son Peuple pour la défense des pauvres et des 
petits.
Autorisé 
par son Evêque et l’Eglise à entrer en politique, Barthélemy Boganda devenu 
homme politique n’a pas trahi l’engagement de l’homme de Dieu et est 
toujours resté   au service de son Peuple, défenseur des 
pauvres et des petits, de la veuve et de l’orphelin. L’attestation de la 
fidélité à son engagement premier nous est donnée par l’affirmation d’une action 
politique calquée sur le « catholicisme social » et 
complètement inspirée par lui.
L’attestation 
de la fidélité à son engagement premier nous est encore donnée par la 
déclaration de Barthélemy Boganda que nous lisons dans les « Confidences » de Monseigneur 
Ngoui-Akandji : « Je suis toujours prêtre ». 
C’est 
ce que disent le rite et les paroles mêmes de la consécration sacerdotale : 
 « Te voilà prêtre pour toujours comme 
le fut Melkisédek, le grand-prêtre »(9) . 
Et ceci n’est ni n’a pu être infirmé par la décision de son Evêque de le frapper 
de « suspense a 
divinis » : interdiction, comme il est indiqué dans le droit 
canonique, d’exercer son pouvoir d’ordre, c'est-à-dire 
d'administrer les sacrements, de dire la messe et de porter la soutane : 
dès lors qu’il eut décidé de prendre femme et de fonder une famille. 
Le 
Gouverneur Sanmarco a été porteur d’un long Mémoire pour plaider sa cause que 
Barthélemy Boganda l’avait chargé de transmettre au Cardinal Eugène Tisserant, 
Doyen du Sacré Collège, « venu en Afrique pour instaurer les hiérarchies 
locales » (10) 
et de passage en Oubangui-Chari  sur les terres où était passé son frère, 
le Père Charles Tisserant,  
missionnaire, botaniste et linguiste reconnu.
Le 
Cardinal ne pouvait rien faire pour le couple.
Barthélemy 
Boganda savait qu’il n’était, ni ne serait facile de convaincre 
« Rome » et faire que les choses changent ; mais il n’en a pas 
été, pour autant, un militant pour la cause du mariage des prêtres ; il lui 
a suffi de laisser les autorités ecclésiastiques face à leur conscience et leur 
appréciation des disciplines romaines.  
Le 
Gouverneur Louis Sanmarco atteste que Monseigneur Cucherousset lui-même, le 
nouvel Evêque de Bangui, en convenait : 
« L’application 
des disciplines romaines aux nouveaux chrétiens d’Afrique était peu raisonnable 
Faire des prêtres et célibataires de gens qui étaient nés et avaient vécu 
jusqu’au séminaire dans une ambiance de libre sexualité et la retrouvaient 
après, c’était aller au-devant des risques… 
Mais 
si nous commençons à lâcher, ils deviendront polygames… » 
(10)
Et 
si nous revenons à la démonstration qui veut présenter Barthélemy Boganda 
constant et en tout et toujours fidèle à ses engagements, cette constance ou 
fidélité paraît ici mise à mal sur le plan précis où le vœu de chasteté qu’il a 
prononcé comme candidat au sacerdoce et qui lie le prêtre pour la vie se trouve 
irrémédiablement transgressé. 
Notre 
héros montre qu’il a, lui aussi, des faiblesses… 
Le 
modèle n’est donc pas parfait !
Et 
il y a fort à parier que Barthélemy Boganda a longtemps traîné, au plus profond 
de lui-même, une « mauvaise conscience » : parce que les 
critiques et quolibets des missionnaires, pour sûr,  ne lui ont pas été 
épargnés !
Car 
c’est bien un traitement de « banni » qui lui a été réservé en 
l’accueillant sur le parvis plutôt qu’à l’intérieur de la Cathédrale Notre-Dame 
de Bangui le jour de ses obsèques !
Comme 
Alexandre ou César…
A 
n’y prendre garde, tout ce qui s’est dit ou ou a été écrit sur Barthélemy  Boganda tend à épouser la logique des 
mythes sur les fondateurs de dynasties : Alexandre tranchant le nœud 
gordien ou César franchissant le Rubicon se sont envolés vers un destin qui ne 
peut être que  celui des héros et 
des surhommes. Mais il n’a jamais été dit que des humains ou des « hommes 
ordinaires » aient hérité des héros ou des surhommes ! 
A 
« Napoléon le Grand » a succédé « Napoléon le Petit », 
dépeint comme un pouvoir illégal et illégitime sous la plume satirique de  Victor Hugo, défenseur de la République. 
En 
République Centrafricaine la dynastie des Bobangui - (à supposer que Barthélemy 
Boganda en ait eu l’idée et en eût  
instauré une !) - ne semble pas avoir intégré Mokinda ni Bérengo. Et 
la légitimité d’un pouvoir dont MM. Dacko et Bokassa prétendent avoir hérité en 
ligne directe n’est, à aucun moment, démontrée. Aucune preuve de fidélité à une 
ligne politique que Barthélemy Boganda aurait tracée : leurs 
« performances » respectives sont demeurées désespérément loin des 
promesses de sauver le Peuple centrafricain en le sortant de la misère et du 
sous-développement.
Sous 
la plume de Louis Sanmarco…
 « (Mme Boganda) croyait à la mission 
de Boganda, à la nécessaire délivrance des opprimés oubanguiens , et participait 
elle aussi de la même mission. Et, comme elle était amoureuse,, elle n’imaginait 
pas l’accomplissement de la mission de Boganda sans la sienne.. Mais quand il 
est mort, elle a pensé longtemps maintenir le flambeau, à l’agacement des 
présidents successifs.» 
(11)
La 
petite histoire raconte qu’elle fut fermement invitée à quitter le Pays… et elle 
s’exécuta.  « Un euphémisme 
pour dire qu’elle fut expulsée », me susurra l’Ambassadeur 
Frisat.
Nous 
pouvons dire que  la magie ou 
mayonnaise dynastique n’a pas pris : à supposer que cette recette eût jamais 
existé ou fût essayée en Centrafrique.
Bien 
symptomatique, en revanche, l’allergie que les Centrafricains affichent en 
voyant des noms de « fils de.. » sur des listes de candidats à des 
consultations électorales ! 
Je 
me méfie des extrapolations 
Celles 
que ne rebutent pas certains anachronismes !
L'aumônier des 
étudiants péruviens, Gustavo Guttierez, a créé en 1968  l'expression 
« Théologie de la libération » et en donne cette 
définition :
 «La Théologie de la libération dit aux 
pauvres que la situation qu'ils vivent actuellement n'est pas voulue par 
Dieu ; et que la création d'une société juste et fraternelle est le salut 
des êtres humains.. »
Frappante 
ressemblance avec les objectifs que Barthélemy Boganda fixe au MESAN ! Mais 
de là à proclamer que le MESAN a inspiré la « Théologie de la 
Libération » ou que le MESAN, c’est la « Théologie de la 
Libération »  : le pas a été vite franchi par un grand admirateur de 
Barthélemy Boganda.
Le 
combat de Barthélemy Boganda contre les affreux concessionnaires gagne en 
pertinence  à se situer sur son 
terrain propre et, à cet égard, particulier : tout entier dans la 
dénonciation de la trahison de la France par des gens qui ont pourtant reçu 
mission de la représenter dans la colonie et d’y promouvoir les valeurs de la 
République : la défense des droits, le respect de la personne humaine,  les valeurs de liberté, d’égalité, de 
fraternité, de justice et de paix pour tous les citoyens.
Une 
variante du combat de Barthélemy Boganda « pour sauver un Peuple » fut 
la dénonciation de la trahison de l’Eglise par les Missionnaires qui, 
ouvertement, ont conclu un pacte nauséabond avec eux et vivaient en totale 
collusion et compromission avec les colons. C’est cette lecture du combat de 
Boganda, qui a pu me conduire moi-même à établir un rapprochement tout aussi 
hardi avec le combat de Jérôme Savonarole parti en guerre contre  la dégradation généralisée des mœurs 
dans Florence et vouant aux gémonies les Médicis, la Papauté et une Eglise 
catholique totalement corrompue.
Mais 
ici comme ailleurs comparaison n’est pas raison ; et la vérité restera 
toujours du côté du maintien de chacun et de chaque chose dans sa 
singularité.
Boganda 
par Boganda…
C’est 
un mode d’approche qui a toute ma préférence
Jean 
Dominique Pénel a travaillé au recueil et à la présentation des Ecrits et Discours de Barthélemy Boganda 
en trois volumes (12).
Le 
mode de collecte des écrits et discours : écoute de témoins - qui, pour une 
bonne part ont aujourd’hui disparu -  
et consultation de ce que peuvent offrir les archives encore disponibles, 
 autorise à dire, je crois, qu’il 
nous est ainsi offert de « découvrir « Boganda par soi-même ». 
Même si essayer de décrypter et dégager une pensée politique de Boganda et d’en 
déterminer l’impact sur la société centrafricaine peut être une gageure et, en 
tout état de cause, une entreprise dont le succès n’est pas garanti a 
priori !
Cette 
approche demeure un discours sur le discours et il ne faut point exclure qu’elle 
fût  confrontée aux limites que 
signale le Gouverneur Louis Sanmarco : les écrits et discours de Barthélemy 
Boganda peuvent se révéler inaudibles et inopérants.
« Entre 
moi, loin de mon lieu de naissance, et lui, si loin intellectuellement de la 
masse de ses frères, c’est lui qui paraissait le plus exilé. L’usage, sinon 
l’abus du latin, renforçait cette apparence… » (13)
Boganda 
a été un bon élève : nous en avons été prévenus. 
Je 
connais cette tradition des meilleurs élèves dans les séminaires : ils ont 
tous aimé la classe de rhétorique et ont rêvé d’être Cicéron ou Démosthène, deux 
auteurs et deux grands orateurs inscrits au programme des cours de latin et de 
grec. 
Je 
cède à mon tour à la tentation d’imaginer Barthélemy Boganda retrouvant 
l’inspiration de Démosthène ou Cicéron,  
le ton des Philippiques ou des Catilinaires pour pourfendre la trahison 
de la France par les mauvais colons, la trahison de l’Eglise par les mauvais 
missionnaires…
Barthélemy 
Boganda : c’est d’abord un combat…
Le 
combat se déroule sur une arène qui n’est pas si mal nommée quand on dit que 
l’Oubangui-Chari est « la plus 
délaissée des colonies » (14) 
ou 
qu’il est « la Cendrillon de 
l’Empire » (15). 
C’est 
l’Afrique Equatoriale Française (AEF), précisent les historiens, que la 
Métropole, confrontée à des frais énormes de reconstruction sur son propre sol 
«a  laissée prendre un retard considérable sur toutes les autres colonies 
françaises » (16). 
Il 
faut croire que l’Oubangui-Chari a subi plus lourdement que les autres 
territoires le gel de la gestion directe et le passage à la gérance 
sous-traitée. 
Le 
pays a payé un bien lourd tribut au long règne et au triomphe des sociétés 
concessionnaires.
Les 
Sociétés concessionnaires
Pour 
répondre à la question : « Pourquoi les sociétés 
concessionnaires ? » 
et 
celle complémentaire : « Sociétés concessionnaires : Modes 
d’emploi ? »…
J’ai 
trouvé fort éclairante la parabole des talents  racontée dans l’Evangile de 
Matthieu :
« Un 
homme, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. 
Il 
donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa 
capacité, et il partit. 
Aussitôt 
celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna 
cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna 
deux autres. 
Celui 
qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent 
de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit 
rendre compte. 
Celui 
qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et 
il dit: Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres. 
Son 
maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de 
chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. 
Celui 
qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m’as 
remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres. 
Son 
maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de 
chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. 
Celui 
qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais 
que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu 
n’as pas vanné; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; 
voici, prends ce qui est à toi. 
Son 
maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne 
où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné; il te fallait donc 
remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est 
à moi avec un intérêt. Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les 
dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à 
celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le 
dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de 
dents. » (17)
«… 
Après Fachoda, l’Oubangui-Chari ne servait plus à rien. Son intérêt économique 
se révélant mince, cette colonie dégoûta les bureaucrates de la rue Oudinot au 
point que certains songeaient à s’en débarrasser.. La France ne voulut jamais y 
mettre le moindre centime… » (18). 
Puis elle décida de garder la colonie, en acceptant en même temps d’en confier 
l’exploitation à des compagnies privées.
« L’Administration 
déclare « biens de l’Etat » les terres constatées soi-disant vacantes, 
même si en réalité elles sont la propriété collective du groupe ethnique qui y 
réside et les exploite à sa manière. Puis on les attribue à des sociétés ou 
compagnies à qui on accorde pour une durée d’une trentaine d’années « tout 
droit de jouissance et d’exploitation agricole, forestière et 
industrielle ;  seules les 
éventuelles richesses minières se trouvent exclues de 
l’accord. » 
(19)
« Le 
cahier des charges de ces Sociétés prévoyait, entre autres choses, la création 
d’écoles, de routes, de plantations industrielles, des essais d’élevage. Sauf 
quelques plantations de principe, les autres clauses de l’accord demeurèrent 
lettre morte, et l’activité des cpncessionnaires se borna presque exclusivement 
à l’achat de l’ivoire et du caoutchouc de cueillette. » (20)
Comme 
dans la parabole les talents sont distribués avec toute faculté laissée à 
chacun de les fructifier. S’agissant des exploitations concédées la modicité du 
budget de l’Administration la laissait sans grand moyen pour garantir un 
contrôle vraiment efficace. La voie est dès lors ouverte à tous les abus qui 
seront, pour partie, sous la plume du Père Joseph Daigre, « les causes de la stagnation 
sociale » :
« Nous 
étions au cours des années 1914 et suivantes 
Les 
Noirs reprochaient amèrement aux Blancs :
les 
souffrances du portage et de la campagne du caoutchouc,
les 
abus des miliciens dans les villages,
l’arbitraire 
de l’impôt collectif,
la 
fréquence des emprisonnements et amendes, 
les 
corvées sans fin et souvent inutiles,
le 
transfert de travailleurs sur des chantiers très éloignés,
la 
maladie du sommeil apportée par nos troupes,
la 
réquisition de leurs maigres ressources. »
Il 
s’agit bien d’une entreprise tournée vers  la recherche de la  meilleure rémunération possible du 
capital investi par les sociétés concessionnaires, qui visait, par contrecoup à 
« déposséder » l’indigène de lui-même et  à lui interdire toute quête 
d’épanouissement.
Le 
bon missionnaire, curieusement, dira que cette organisation participe de 
« l’action civilisatrice » par laquelle « les Blancs » 
-auxquels il identifie la France sans le moindre état d’âme ni trouble de 
conscience- cherchent à sortir l’indigène de l’indolence, de la paresse et de ce 
que tout son être renferme de « force d’inertie » : les préjugés 
qui, longtemps encore, retarderont sa marche vers 
« l’humanisation ».
Il 
y a pire : tous ces excès qu’on a appelés –pour se résumer- :  « colonialisme blanc », en 
passant par le confessionnal de notre « bon missionnaire », seront 
complètement « pardonnés » parce qu’il a existé aussi un 
« colonialisme noir » :
« L’évolution 
actuelle, en multipliant les responsabilités africaines improvisées, semble trop 
souvent multiplier les tyrans : chefs de canton « mangeant » 
leurs villages, infirmiers des dispensaires vendant le dragenase et les 
piqûres ; interprètes vendant leur interprétation en justice ; commis 
de l’administration trafiquant de leurs fonctions, catéchistes des missions 
exploitant leurs « ouailles »… Petits drames quotidiens dont il est, 
semble-t-il, de mauvais ton de faire état. » (21)
Le 
combat de Barthélemy Boganda est dès lors circonscrit : 
Il 
ne faut pas pardonner à si bon compte !
Il 
ne faut pas oublier les souffrances qu’on a fait subir au 
Peuple !
 « C’est très instructif de 
surprendre les causeries des anciens à la veillée du soir. Avec quelle amertume, 
ils dépeignent aux enfants la servitude à laquelle, au nom de la civilisation, 
ils ont été soumis pendant plus d’un siècle et avec quelle force ils inculquent 
à leur postérité la méfiance et la haine de l’occupant. La réconciliation se 
révèle longue et difficile. Seule une révolution prompte et entière pourra 
redresser la situation. Il s’est commis dans l’Oubangui en général, et dans la 
Lobaye en particulier, des crimes non seulement contre le Peuple oubanguien 
qu’on a assassiné de moitié, mais aussi contre la France, contre la civilisation 
et contre l’humanité tout entière. Ces crimes ont dépeuplé l’Afrique pour 
longtemps et dégradé pour toujours l’Europe aux yeux des Africains. » 
(22)
Et 
Barthélemy Boganda, c’est uniquement ce combat
Le 
MESAN (Mouvement pour l’Emancipation Sociale de l’Afrique Noire) récapitule à la 
fois tous les discours et le combat de Barthélemy. A lire et à entendre comme la 
Déclaration de Martin Luther King : « J’ai fait un rêve » (23).
Quand 
« au nom de la France et de la Constitution de 1946…, au nom de l’Evangile 
et de la tradition chrétienne de la France… » Barthélemy Boganda part en 
croisade contre les injustices faites à ses frères, le rapprochement s’impose, 
-anachronisme mis à part-, avec ces mots de Martin Luther 
King :
« Quand 
les architectes de notre République écrivirent les textes magnifiques de la 
Constitution et de la Déclaration d’indépendance, ils signèrent un billet à 
l’ordre de chaque Américain. C’était la promesse que chacun serait assuré de son 
droit inaliénable à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur » 
(23)
S’il 
y a des « discours qui ont changé le monde » (24), 
c’est parce que…
 « Au commencement était le Verbe. 
Le 
Verbe n’a pas cessé de scander la longue marche de l’humanité… 
Il 
y a des mots qui portent celui qui les prononce et ceux qui les entendent 
au-dessus et au-delà d’eux-mêmes. 
Il 
y a des discours qui changent le cours des événements, le destin d’un pays, 
l’histoire du monde, l’âme humaine » (25)
S’il 
y a des « discours qui ont changé le monde », c’est parce que 
« la rencontre entre un homme, une attente, une sensibilité, un peuple et 
une histoire… » (25) 
a pu conduire à un contrat et, enfin, à la détermination d’une 
politique.
Mais 
le discours de Barthélemy Boganda devait encore s’affiner. 
Comme 
dans la création des concepts il y avait encore à déterminer le contenu ou la 
compréhension de la formule « Emancipation Sociale de l’Afrique 
Noire ». 
Il 
y avait ensuite à en déterminer l’extension ; car, chemin faisant, il 
semble qu’on a été contraint de réduire la voilure : le champ d’action du 
MESAN qui voulait embrasser toute l’Afrique noire, puis les Etats Unis de 
l’Afrique latine, ne concernera que le seul territoire de 
l’Oubangui-Chari.
L’histoire 
s’est accélérée un peu plus encore…
La 
France venait à peine de proposer à ses anciennes colonies une Communauté de 
destin et voilà que s’annonce le nouveau projet de la marche vers 
l’indépendance.
 « Français et 
Chrétiens » : voilà bien comment Barthélemy Boganda se voyait et 
voyait son Peuple. L’Indépendance, qui arrive à la hussarde, ne pouvait être 
vécue que comme une déchirure insupportable. 
« Boganda 
ne mettait pas vraiment d’ardeur à dissiper les équivoques. Ses ignorances et 
son peu de goût pour les matières administratives, financières et économiques le 
conduisirent à s’en remettre à des personnages sans scrupules, en particulier 
Roger Guérillot, qui rendirent un peu plus délicat encore le passage de l’état 
colonial à l’indépendance. » (26)
De 
Boganda aux Suivants… 
Sommes-nous 
en mode continu ou discontinu ?
La 
mort de Boganda survint donc sans qu’il eût le temps de définir une ligne de 
conduite des affaires pour l’avenir. Sans négliger la contribution qu’il apporta 
à la rédaction du texte constitutionnel : car « Barthélemy Boganda a 
tenu à introduire dans le Préambule de ce texte constitutionnel des grands 
principes auxquels il souhaitait que son Pays restât fidèle. » (27)
Abel 
Goumba était chargé de l’intérim dès le 30 mars 1959. 
Mais 
la succession de Barthélemy Boganda lui échappera à l’issue des élections du 5 
avril. Le choix définitif s’est porté sur David Dacko plus accommodant pour le 
Haut Commissaire Bordier et les Européens de la Chambre de 
Commerce.
David 
Dacko frappera un grand coup quand il obtint les pleins pouvoirs qu’il a 
demandés. Il a achevé le travail amorcé par Barthélemy Boganda lui-même qui, 
comme son « alter Ego » congolais, Fulbert Youlou, se méfiait des 
nationalismes qui sonnaient comme « socialisme » ou 
« communisme »… Il a définitivement écarté et relégué dans 
l’opposition -avant de leur ouvrir le chemin pour l’exil- tous ceux qui 
pouvaient lui faire de l’ombre : Abel Goumba, Maléombho, 
Fatrane…
La 
prise de pouvoir du Président Dacko a sonné le retour en force de la Chambre de 
commerce et la reprise de service des sociétés 
concessionnaires
La 
prise de pouvoir du Président Dacko est, à cet égard, plutôt rupture que 
continuité avec Barthélemy Boganda qui, par aillurs, n’a pas  formalisé un projet 
politique.
Et 
Bokassa, ultérieurement, n’aura point de repère pour prétendre « se 
positionner » dans la continuité de Boganda dont il prétendra, à son tour, 
être un neveu.
Le 
« Président démocratiquement élu », Ange-Félix Patassé a fait illusion 
en créant  son « Mouvement de 
Libération du Peuple Centrafricain » (MLPC) : un avatar plutôt qu’une 
reprise du MESAN et des combats de Barthélemy Boganda.
« L’ex-Premier 
ministre de Bokassa, qui pousse jusqu’au mimétisme sa volonté de ressembler à 
son mentor, s’entoure d’une bande de courtisans, entre dans le capital des 
principales sociétés diamantaires et reprend à son service le négociant libanais 
Ali Hijazi, l’homme d’affaires de l’ex-empereur… » (28)
L’accession 
et les successions au pouvoir sont donc invariablement des retours des affaires, 
trocs et trafics en tous genres. Et cette constance-là ne peut que marquer une 
rupture avec ce que tout le monde, non sans cynisme, affiche ou a affiché comme 
un modèle à suivre « pour sauver le Peuple centrafricain » : 
Boganda et le MESAN.
Barthélemy 
MANDEKOUZOU-MONDJO
08 
mai 2016
Notes
(1) Appel à tous les anciens séminaristes de Centrafrique en France. 
Benoît-Basile SIANGO, Strasbourg le 5 Février 2003. L’Abbé Benoît-Basile a écrit 
et publié en 2003 un livre  sur « Barthélemy BOGANDA, premier prêtre 
oubanguien, fondateur de la République 
centrafricaine».
 (2) 
 Quatre 
pensionnaires oubanguiens du petit séminaire saint Paul de Mbamou : Charles 
BATA (classe de première), Michel Bangué-Tandet, Matthieu Gobanda et Barthélemy 
Mandekouzou-Mondjo (classe de seconde).
 (3) 
Abbé 
Barthélemy BOGANDA. 
Les 
Confidences de Monseigneur Joseph-Marie NGOUI-AKANDJI. 
Interview réalisée par l’Abbé Pierre LONG-GNAN. Bangui, Commission Episcopales 
pour la Culture
(4) Témoignage de Monseigneur Joseph-Marie Ngoui-Akandji (in Les Confidences…) : « Je vous dirais que non seulement j’ai connu l’Abbé 
Barthélemy Boganda, mais qu’il m’a enseigné au pré-séminaire saint Marcel en 
1940-1941 ici même à Saint Paul» : p.16
 (5) Abbé 
Barthélemy BOGANDA. 
Les 
Confidences de Monseigneur Joseph-Marie NGOUI-AKANDJI. 
Interview réalisée par l’Abbé Pierre LONG-GNAN. Bangui, Commission Episcopales 
pour la Culture. Préface, p. 5.
(6) « Centrafrique : un siècle 
d’évangélisation » par le Père Carlo Toso, OFM Cap, 
Bangui, Conférence Episcopale Centrafricaine, 1994.
 (7) 
Jeannot Christophe GOUGA III : Barthélemy BOGANDA . Sa 
pensée et son combat politique. 
PUCAC Yaound2, 2013. Lire : Chapitre I : La principale source 
d’inspiration de Boganda : la doctrine sociale de l’Eglise. p. 25 et 
sv.
(8) 
Jeannot Christophe GOUGA III : Barthélemy BOGANDA . Sa 
pensée et son combat politique . PUCAC Yaoundé, 2013. Lire Chapitre 3 : Les Modèles de 
Boganda : p. 45 et sv… Extrait du Journal « Pour sauver un 
Peuple » (1949) :  
n° 5 et 6
(9) 
Psaume 109 : « Le Seigneur l'a juré dans un 
serment irrévocable :  Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi 
Melkisédek. »
(10) Louis Sanmarco, Le 
colonisateur colonisé. Edition Favre. Afrique Biblio 
Club, 1983. p.  
165.
(11) Louis Sanmarco, ibid.  
p. 164
(12) J’en suis ici encore aux trois volumes ronéotés d’Ecrits et Discours 
que M. Jean-Dominique Pénel a  gracieusement offerts à un collègue 
quand nous étions tous les deux professeurs de philosophie dans les Lycées de 
Bangui.
Ecrits et Discours : 
Volume 1 (1947-1954), 
Volume 2 (1955-1957), 
Volume 3 et Correspondance (1955-1957).
(13) Louis Sanmarco, Le 
colonisateur colonisé. Edition Favre. Afrique Biblio 
Club, 1983. p.  
167.
 (14) 
Pierre Kalck, Histoire centrafricaine. Des origines à 1968. 
L’Harmattan, 1992. p. 221 et sq.
(15) Jean-Joël Brégeon : Un 
rêve d’Afrique. Administrateurs en Oubangui-Chari. La Cendrillon de 
l’Empire Denoël, 1998.
(16) Pierre Kalck, ibid. 221
(17) Matthieu 25, 14-30
(18) Jean-Joël Brégeon, ibid. 272
(19) Pierre Saulnier, Le 
Centrafrique : Entre mythe et réalité. L’Harmattan, 
1997. p. 81-82
(20) P. DAIGRE, CS.Sp., Oubangui-Chari, 
Dillen & Cie Editeurs, 1950. p. 162
(21) Pierre Ichac : Le Monde 
illustré : 23/10/48. Cité par P. Daigre, op. cit. 
p. 159.
(22) Barthélemy Boganda : Pour sauver un Peuple, n° 8, cité dans Pierre Kalck, ibid. 278.
(23) Martin Luther King, « J’ai fait un rêve », Lincoln Mémorial de Washington, 28 août 
1963.
(24) « Ces discours qui ont 
changé le monde choisis et présentés par Dominique Jamet ». L’Archipel, 2008.
(25) Dominique Jamet, ibid. Avant-propos
(26) Jean-Joël Brégeon, ibid. p.270
(27) Pierre Kalck, ibid. Lire note I de la p. 
301
(28) Géraldine Faes/Stephen Smith, Bokassa Ier, Un Empereur français, 
Calmann-Lévy, 2000. p. 369.