Le président français Jacques Chirac en visite d'Etat en Algérie, 2-4 mars 2003
Chirac en Algérie réfute la thèse du choc des 
civilisations   ORAN (Algérie) (Reuters), mardi 4 mars 2003, 
18h23  - Jacques Chirac a achevé mardi sa visite d'Etat en 
Algérie en dénonçant les tenants du "choc des civilisations", alors que la crise 
irakienne avive les tensions internationales, et il a mis en garde contre une 
guerre qui renforcerait "le camp de la haine et de l'obscurantisme".  "Le monde est aujourd'hui menacé d'une terrible cassure. (...) Avec la 
tragédie du 11 septembre 2001, une certaine vision du nouveau millénaire s'est 
effondrée. Mais pas l'espoir. C'est le sens de l'engagement de la France", a 
déclaré le chef de l'Etat lors d'un discours à l'université d'Oran, la deuxième 
ville d'Algérie.  "Nous récusons, d'où qu'ils viennent, les tenants d'un choc des civilisations 
qui serait inéluctable, ceux qui voudraient qu'aux guerres entre nations, qu'à 
la confrontation des idéologies, succèdent maintenant les oppositions 
irréductibles entre cultures et religions", a-t-il souligné.  Une référence croisée aux terroristes d'Al-Qaïda et aux stratèges qui, au 
sein de l'administration américaine, épousent la thèse d'un "choc des 
civilisations" théorisée en 1993 par Samuel Huntington et assimilent le dossier 
irakien à la lutte contre le terrorisme international.  "Cette théorie du choc peut apparaître convaincante à qui se contente d'une 
analyse simplificatrice, en vérité simpliste", a lancé Jacques Chirac.  Pour le président français, la crise irakienne est emblématique de ces deux 
visions géopolitiques conflictuelles.  "Le respect et l'égale dignité des cultures et des peuples" inspirent les 
engagements de la France sur la scène internationale", a dit Jacques Chirac au 
terme d'une visite triomphale qui aura permis de mesurer la popularité de la 
France au Maghreb pour ses prises de position en faveur de la paix face aux 
visées américaines.  Contrairement à ce qui s'est passé au Maroc, la rue algérienne ne s'est pas 
mobilisée sur la crise irakienne mais mardi à Oran quelques manifestants ont 
crié leurs remerciements à la France "pour l'Irak et pour Bab el-Oued", le 
quartier d'Alger où le président français s'était rendu en décembre 2001 après 
des intempéries meurtrières. Une adolescente oranaise avait écrit "droit de 
veto" sur un petit drapeau algérien, allusion aux discussions au Conseil de 
sécurité des Nations unies.    "ALLUMER DE NOUVEAUX BRASIERS"  La France, a martelé Jacques Chirac, "se bat pour que soient respectés le 
droit international, le principe de responsabilité collective et le rôle central 
des Nations unies qui incarnent l'idéal démocratique à l'échelle de la planète".
 "C'est tout cela qui est en jeu et que la France défend à l'occasion de la 
crise irakienne. (...) La guerre est toujours un aveu d'échec, avec toujours des 
conséquences désastreuses, qui peut allumer de nouveaux brasiers et renforcer le 
camp de la haine et de l'obscurantisme", a répété le chef de l'Etat, reprenant 
l'une des antiennes de son voyage de trois jours.  S'adressant à plusieurs centaines d'étudiants répartis dans un auditorium et 
quatre amphithéâtres, il a exhorté la jeunesse algérienne à oeuvrer pour "un 
monde meilleur et plus fraternel, un monde en paix".  Un message ambitieux venu se superposer aux attentes plus concrètes des 
jeunes Algériens, majoritairement touchés par le chômage, qui affecte 30% de la 
population. Soixante-dix pour cent des 31 millions d'Algériens ont moins de 30 
ans.  "Les doutes de cette jeunesse sont également les nôtres", a assuré Jacques 
Chirac. "Une jeunesse qui se pose mille questions, une jeunesse révoltée par 
l'injustice, incertaine de son avenir, traversée de doutes sur sa capacité à 
s'épanouir librement".  Aux "Visas! Visas!" entendus à Alger, le président a répondu lundi que la 
France instituerait un système "plus rapide, plus confortable" pour les 
demandeurs de visas, sans s'engager plus avant.  Aux aspirants à l'exil, il a expliqué mardi dans la ville d'Albert Camus 
qu'ils étaient "les architectes de l'Algérie de demain", "un pays à la mesure de 
vos rêves".  La France, a-t-il assuré, "est prête à les accompagner" dans le cadre de la 
"refondation" franco-algérienne dont les bases ont été jetées au cours de cette 
visite historique. "La refondation, c'est très bien, on espère que ça suivra 
dans les actes", confiait lundi un jeune Algérois.  Jacques Chirac a quitté Oran peu avant 18h00 pour regagner Paris.  Bernadette et Jacques Chirac posent aux côtés d'Abdelaziz Bouteflika et 
    de trois écoliers vêtus aux couleurs de l'Algérie lors de leur visite à 
    Oran. La visite d'Etat du président français s'achève mardi soir. /Photo 
    prise le 4 mars 2003/ REUTERS/Zohra Bensemra  DISCOURS DE MONSIEUR JACQUES 
CHIRAC, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ALGER, LUNDI 3 MARS 2003 Monsieur le Président de la République,  La France est heureuse et fière de faire entendre 
sa voix sur le sol d'Algérie, dans la capitale de votre grand pays, au sein de 
ce Palais des Nations, lieu-symbole où vous m'avez invité à parler en son nom.
 Nous vivons aujourd'hui, je crois, un moment 
d'histoire, puisque c'est la première visite d'Etat d'un Président français en 
Algérie depuis l'Indépendance. Mais, au-delà de la solennité qui souligne la 
force et la rareté des heures que nous sommes en train de vivre, c'est l'émotion 
des retrouvailles qui nous étreint. Des retrouvailles chaleureuses, 
fraternelles, comme en témoigne l'accueil exceptionnel que nous a réservé, à mon 
épouse et à moi-même, le peuple algérien. Qu'il en soit remercié du fond du 
coeur.  Cet accueil, cette chaleur prouvent que les liens 
quasi charnels qui unissent l'Algérie et la France sont bien vivants. Ils sont 
le socle de la confiance, de l'amitié, de la solidarité que nous voulons 
construire et renforcer entre nos deux nations.  Merci, Monsieur le Président de la République, 
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, du grand 
honneur qui m'est fait de pouvoir m'exprimer devant vos deux Chambres réunies, 
afin d'approfondir encore notre amitié et surtout de l'ancrer dans l'avenir.
 * Il y a bientôt trois ans, votre visite d'Etat en 
France, Monsieur le Président de la République, a ouvert une ère nouvelle. En 
cet été de 2000, pour les Algériens et les Français, le temps était venu d'une 
refondation de nos relations, autour des principes et des valeurs qui nous 
rapprochent et qui fixent son cap à notre amitié retrouvée. Depuis lors, que de chemin parcouru ! C'est vrai, 
peu de pays entretiennent l'un pour l'autre des sentiments aussi forts et 
profonds que l'Algérie et la France. Pendant des siècles, la Méditerranée nous a 
séparés autant qu'elle nous a rassemblés. Ses flots ont porté vaisseaux de 
guerre et navires de commerce, depuis l'odyssée de Tarik jusqu'aux courses 
barbaresques. Au XIXème siècle, la révolution industrielle a donné à l'Europe de 
nouveaux moyens d'expansion. Nous connaissons la suite. Elle est écrite dans les 
archives et les livres. Elle est gravée dans les mémoires et dans les coeurs. Ce fut le temps de la conquête de 1830, de 
l'épopée de l'Emir Abdelkader, de la colonisation de peuplement, des révoltes et 
des répressions, des rendez-vous manqués, des dialogues avortés, des 
incompréhensions réciproques. Puis ce fut la tragédie de cette guerre qui, 
longtemps, ne voulut pas dire son nom. Elle fut meurtrière, parfois inexpiable. 
Avec son cortège de destructions, de souffrances. Avec ses innombrables 
victimes, ses familles déchirées, ses destins et ses rêves brisés. Avec l'exode 
douloureux d'une communauté de plus d'un million de personnes. Et quelle émotion pour moi de voir aujourd'hui 
les parlementaires algériens m'accueillir au Palais des Nations, à quelques 
kilomètres de cette baie de Sidi Ferruch où, il y a 173 ans, a commencé la 
présence française. Quelle preuve de notre volonté d'assumer ensemble notre 
passé commun !  Nos deux histoires ont été liées pendant 132 ans. 
C'est pourquoi je souhaite ici rendre solennellement hommage à tous ces enfants 
d'Algérie qui, en 1914-1918, en 1939-1945, ont participé, en sacrifiant leur 
vie, à la défense et à la victoire finale de la France, de ses alliés et du 
monde libre. Je pense à la glorieuse armée d'Afrique, aux héros de la campagne 
d'Italie de 1943-1944. La France sait ce qu'elle leur doit. Elle ne l'oublie 
pas. Vous avez touché bien des coeurs, Monsieur le Président de la République, 
en allant, en juin 2000, parcourir les cimetières de Verdun et rendre hommage à 
ces jeunes combattants d'Algérie et de France, tombés côte à côte au champ 
d'honneur.  Oui, nos deux peuples ont une histoire commune, 
avec ses ombres et ses déchirures, mais aussi avec ses pages de vie et 
d'harmonie. Ma pensée, aujourd'hui, va également vers ces millions de femmes et 
d'hommes, si différents par leurs religions, leurs origines, leur culture, qui 
ont vécu sous ce même ciel méditerranéen, et façonné ensemble cette terre à 
laquelle ils étaient si attachés. Ce passé, complexe, encore douloureux, nous ne 
devons ni l'oublier ni le renier. Marcel Proust écrivait : "Certains souvenirs 
sont comme des amis communs, ils savent faire des réconciliations". Laissons nos 
souvenirs parachever la nôtre.  D'un côté comme de l'autre, sachons regarder ce 
passé en face. Reconnaître ses blessures, sa dimension tragique. Accueillons 
ensemble les mémoires, toutes les mémoires. Respectons toutes les victimes de la 
guerre d'Algérie, toutes celles et ceux qui ont combattu dans la sincérité de 
leurs engagements. Celles et ceux qui n'ont pu voir se lever les jours de 
l'Indépendance, comme celles et ceux qui ont dû se résoudre à l'exil. Après l'Indépendance, des hommes de vision ont 
montré le seul chemin, celui de la réconciliation, du développement, de 
l'avenir. Malgré les obstacles et les hésitations, la coopération entre nos deux 
pays est devenue petit à petit une réalité. Le temps de l'indépendance ne fut 
jamais celui de la rupture. Le Général de Gaulle, pas plus que les dirigeants du 
jeune Etat algérien, ne la souhaitaient ni ne l'envisageaient. Au contraire, le 
mot-clé devint celui de "coopération". Le lien fut maintenu, à travers des 
milliers de jeunes Français qui ont participé à l'aventure de la naissance d'un 
Etat, à travers des milliers de jeunes Algériens qui sont venus étudier et 
travailler en France. Notre relation s'est peu à peu affermie, sous 
l'autorité et l'impulsion des personnalités qui, en Algérie comme en France, ont 
su se rencontrer, à l'instar de Houari Boumediene et de Valéry Giscard 
D'Estaing, de Chadli Bendjedid et de François Mitterrand. Pendant la tragique 
épreuve des années 1990, au cours de laquelle votre pays a dû surmonter une 
profonde crise intérieure marquée par la barbarie et la violence, le fil a été 
préservé. Avec la politique de paix civile, nos liens se renforcent grâce à la 
détermination du Président Abdelaziz Bouteflika. La France entend développer 
avec l'Algérie une même vision de l'avenir, une même ambition pour le monde de 
demain, une même volonté de créer un partenariat d'exception entre nos deux 
pays. Aujourd'hui, nous devons aller plus loin. Nous 
devons organiser notre communauté de destin, au service de la paix et de la 
stabilité en Méditerranée. Les destins de l'Algérie et de la France 
s'entrecroisent. Les âmes de nos deux peuples se mêlent intimement. Nous avons à 
disposition tellement d'atouts pour y parvenir. Privilégions ce qui nous unit, 
par le coeur et par la raison.  Le premier de ces liens, c'est naturellement une 
extraordinaire richesse d'hommes et de femmes. Un Français sur six vit un lien 
charnel avec l'Algérie, qu'il en soit originaire d'avant ou d'après 
l'Indépendance. Ce sont des millions de personnes. Première, deuxième, troisième 
générations de rapatriés ; première, deuxième, troisième générations d'immigrés. 
Et je saisis cette occasion pour saluer la communauté algérienne en France qui a 
fait souche dans mon pays, qui plonge aussi ses racines dans le vôtre et qui 
jette le pont le plus solide entre nos deux rives.  Ces liens sont également ceux de l'Islam, la 
deuxième religion en France. Et je voudrais dire combien nous partageons votre 
vision d'un Islam tolérant, ouvert aux autres religions, attentif aux Eglises 
chrétiennes d'Algérie, avec lesquelles vous avez su préserver des liens de 
confiance, de respect et d'amitié. En visite dans votre pays, je veux saluer les 
musulmans d'Algérie, mais aussi, bien sûr, les musulmans de France. Ils savent 
que la France tient au respect des consciences et à la sérénité des lieux de 
culte. A toutes ces femmes et à tous ces hommes qui vivent leur foi au travers 
d'un Islam ouvert sur le monde, j'adresse un message d'amitié, d'estime et de 
respect. Si nos convictions rendent plus riche notre 
parcours humain, il en est de même de nos langues. La langue arabe est intégrée 
dans les programmes de nos établissements scolaires. Elle est pour les uns un 
héritage précieux, pour les autres un atout de valeur. Pour votre part, tout en 
préservant votre identité, vous avez su donner au français une place en Algérie. 
Vos écrivains comptent parmi les plus talentueux des auteurs francophones. Vos 
dramaturges s'expriment fréquemment sur les scènes françaises. Tous ces 
créateurs ont su plier le français à leur propre génie. Ils lui ont parfois crié 
leur attachement. C'est Rachid Boujedra qui proclame : "Grâce aux écrivains 
français, je me sens en paix avec cette langue avec laquelle j'ai établi un 
rapport passionnel, qui ne fait qu'ajouter à sa beauté". Ils sont la partie la 
plus visible de l'appartenance de l'Algérie à la famille francophone. A tous 
ceux qui prônent la lutte entre les cultures et entre les civilisations, nous 
voulons répondre par la force et la densité de nos liens, de nos coopérations, 
de notre dialogue, fondement de notre compréhension et de notre respect mutuels. * Ces trois dernières années, nous avons donné une 
nouvelle vigueur à notre relation. Notre dialogue politique s'est enrichi. Nous 
avons multiplié visites officielles et rencontres informelles. Nous avons 
renforcé nos échanges. La France est le premier partenaire économique de 
l'Algérie, dans une relation équilibrée, solide et dynamique. Nos échanges 
représentent aujourd'hui près du double de ce qu'ils étaient en 1999. L'Algérie 
dispose d'atouts économiques considérables. De nombreuses sociétés françaises 
partagent cette conviction. Petites ou grandes, elles ont fait le pari de 
l'avenir en développant leurs investissements dans votre pays. Dans le secteur 
des hydrocarbures, nos entreprises sont actives. Au-delà, les opérateurs 
français ont renforcé leur présence dans des domaines aussi variés que 
l'agro-alimentaire, le pneumatique, le secteur bancaire, l'électricité, la 
distribution automobile, d'autres encore. La France veut continuer à contribuer 
ainsi à l'effort de diversification de l'économie algérienne, à la création 
d'emplois, à la formation des travailleurs. S'agissant de la circulation des personnes, des 
progrès très importants ont été réalisés au cours des trois dernières années. 
Des améliorations sensibles ont été apportées aux conditions de délivrance des 
visas. Nous avons réactualisé, dans un sens favorable, l'accord de 1968 relatif 
à la circulation, à l'emploi et au séjour des ressortissants algériens en 
France. Enfin, notre dispositif consulaire s'est redéployé, avec la réouverture 
du Consulat général d'Annaba en 2000. Et nous poursuivrons dans ce sens, car les 
échanges entre les hommes doivent être au coeur de la relation algéro-française.
 En matière de coopération, nous avons mis tous 
nos outils d'aide au développement à la disposition de votre pays, au service 
des réformes qu'il a si courageusement entreprises. Le fonds de solidarité 
prioritaire contribuera à l'amélioration du dynamisme économique des PME/PMI, à 
la formation professionnelle, à l'enseignement, au développement agricole. Quant 
à nos échanges universitaires et de recherche, ils sont en plein renouveau. Des 
dizaines d'accords entre universités algériennes et universités françaises ont 
été réactivés ou conclus ; plus d'un millier d'experts universitaires et de 
chercheurs français se sont rendus en mission en Algérie au cours de la seule 
année écoulée. Autres signes de ce renouveau : la réouverture des Centres 
culturels français d'Alger, Oran, Annaba. Sans oublier bien sûr l'inauguration, 
en décembre dernier, du lycée international Alexandre Dumas qui, dès la rentrée 
prochaine, s'enrichira de nouvelles classes. Mais l'Année de l'Algérie en France est sûrement 
le plus fort symbole de ces liens nouveaux. Depuis deux mois, les manifestations 
culturelles se multiplient dans plus de deux cents villes françaises et dans 
toutes les régions de mon pays. Concerts, expositions, colloques, séminaires 
font ainsi alterner la création et le débat, le plaisir des découvertes et aussi 
l'émotion des retrouvailles. L'Année de l'Algérie en France, toutes les 
sensibilités, tous les talents qui s'y expriment, montrent l'extraordinaire 
effervescence créatrice de votre pays et ses racines si profondes et si 
diverses. Par le formidable écho réservé à ces manifestations, tant dans les 
médias que dans le public, en France, en Europe et chez vous, cette Année de 
l'Algérie s'avère un magnifique succès, la preuve la plus éclatante de notre 
amitié, le signe évident que le moment est venu d'une nouvelle alliance 
algéro-française. * Un champ neuf et immense s'ouvre devant nous. 
Nous nous y sommes engagés résolument. C'est le sens de la déclaration 
solennelle que le Président Bouteflika et moi-même nous avons signée hier. Elle 
scelle l'entente entre nos deux peuples et témoigne de notre vision partagée de 
l'avenir. Un traité viendra rapidement parachever ce rapprochement. Sachons accomplir les gestes politiques à la 
mesure de ce que nous sommes l'un pour l'autre. Cela passe notamment par des 
rencontres régulières au plus haut niveau de l'Etat, ce que nous faisons, le 
Président BOUTEFLIKA et moi-même, des rencontres entre les ministres de plus en 
plus fréquentes. Et j'observe d'ailleurs que nous n'avons pas attendu cette 
Déclaration pour renforcer systématiquement cette concertation : depuis octobre 
dernier, c'est la quatrième fois que le Président BOUTEFLIKA et moi-même nous 
rencontrons ! Déjà, nos Premiers ministres, nos ministres des Affaires 
étrangères et les autres membres de nos deux gouvernements multiplient les 
visites. Nous avons également décidé de poursuivre nos 
contacts permanents et informels. Ils porteront, notamment, sur la mise en 
oeuvre de l'Accord d'association à l'Union européenne, sur la construction d'une 
aire de paix et de stabilité en Méditerranée, sur les problèmes du continent 
africain. Contre la tentation du fanatisme et de 
l'extrémisme, l'ouverture politique, la réforme économique, la justice sociale 
offrent les meilleures réponses. Et vous pouvez compter sur le plein soutien de 
la France et de l'Union européenne dans les efforts en faveur de ces réformes. 
Je n'ignore pas les obstacles de toute nature qui se dressent sur cette voie. 
Mais je suis convaincu qu'il s'agit là, pour l'Algérie, à la fois d'une chance à 
saisir et d'une impérieuse nécessité dans la perspective du retour complet à la 
paix civile. Dans ce processus, je suis sûr que prévaudront le dialogue et 
l'esprit de responsabilité à l'échelle du pays tout entier. La prospérité économique de votre pays dépend 
bien sûr de vos immenses richesses naturelles, mais aussi de votre intégration 
dans la mondialisation des échanges. Le Président Bouteflika a engagé, il y a 
maintenant plus d'un an, un vaste programme de relance économique. Je tiens à 
vous assurer de l'entière disponibilité de la France et de l'Union européenne. 
Notre relation économique pourra s'approfondir dans deux directions : le 
développement des infrastructures et les investissements privés. Si vous le 
souhaitez, la France peut vous aider à relever de nombreux défis essentiels pour 
votre avenir et celui de vos enfants : celui de l'eau, du logement, des 
transports, d'autres. Les conventions signées hier par l'Agence française de 
développement, portant sur les secteurs de l'eau, de l'habitat et des banques, 
illustrent cet engagement. Par ailleurs, la France restera, soyez-en sûrs, votre 
avocat le plus ardent auprès des institutions financières internationales et 
auprès de l'Union européenne, pour qu'elles accompagnent vos projets. Nos efforts devront également se concentrer sur 
le développement de l'investissement privé, créateur d'emplois et de richesses. 
Nos entreprises sont prêtes à s'engager davantage en Algérie. Les longs 
plaidoyers ne sont pas nécessaires pour inciter les opérateurs économiques 
français à prendre le chemin de l'Algérie: c'est un chemin que la plupart 
d'entre eux connaissent bien. Nous ne ménagerons pas nos efforts pour encourager 
leurs investissements et faciliter le développement du secteur privé autant que 
vous le déciderez. Il faut aussi répondre à l'attente des entreprises, créer les 
conditions de leur installation, de leur épanouissement, de leurs succès, qui 
seront aussi ceux de la société algérienne tout entière. Nous avons confiance en l'avenir de l'Algérie, 
comme le montre la signature en décembre dernier d'un accord de conversion de 
dette en investissements privés ou la création prochaine d'une Ecole Supérieure 
algérienne des affaires. L'ouverture de l'Algérie sur le monde, qu'il s'agisse 
de son association avec l'Union européenne ou de la perspective d'adhésion à 
l'Organisation Mondiale du Commerce, doit aller de pair avec la poursuite 
nécessaire des réformes structurelles. Alors, notre partenariat ne sera plus 
seulement celui d'échanges marchands florissants mais aussi celui de grandes 
réalisations communes. De nouveaux chantiers s'ouvrent également pour 
notre coopération culturelle, scientifique, universitaire, technique. Nous 
allons procéder en 2003 à la réouverture des Centres culturels français de 
Constantine et de Tlemcen. Un Haut-Conseil franco-algérien de coopération 
universitaire et de recherche va être mis en oeuvre, afin de mobiliser nos 
meilleures institutions, donner un nouveau souffle à notre coopération et 
apporter le soutien déterminé de la France à la rénovation, par l'Algérie, de 
son système d'enseignement supérieur et de recherche, rénovation bien commencée. 
Dans le même esprit, nous contribuerons à vos initiatives dans le domaine de 
l'enseignement du français et en français. Nous allons développer notre 
collaboration avec l'Académie algérienne de langue arabe et maintenir, avec 
votre appui, l'excellence de l'apprentissage de la langue arabe au lycée 
international Alexandre Dumas. Nous renforcerons, bien sûr, nos programmes de 
coopération en faveur de la dynamisation de l'économie, de la modernisation de 
votre secteur agricole, de la rénovation du système éducatif et de 
l'approfondissement de l'Etat de droit. Tous ces nouveaux partenariats, que l'Année de 
l'Algérie en France aura tissés entre nos créateurs, entre nos institutions 
culturelles, nous les soutiendrons. De même, si vous le souhaitez, la France est 
prête à apporter sa contribution à la préservation et à la valorisation de votre 
exceptionnel patrimoine artistique, architectural, archéologique. Des ruines de 
Tipaza aux gravures du Tassili, des villes du M'Zab aux chefs-d'oeuvre 
d'architecture des années 1930, quel vaste et somptueux champ de coopération 
s'ouvre à nos experts et à nos chercheurs ! Notre partenariat doit être profond, solide, 
durable. Nos collectivités locales, nos sociétés civiles, nos forces vives 
doivent y jouer tout leur rôle. La coopération décentralisée est souvent la plus 
réactive, la plus inventive, la plus riche en relations humaines. Elle se 
déploie déjà entre Alger, Marseille et Paris, entre Grenoble et Constantine, 
entre Annaba et les régions Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Rhône-Alpes. Elle 
associera demain Oran et Bordeaux. Tissons un vaste réseau de solidarités entre 
collectivités locales et associations algériennes et françaises. Favorisons le 
dialogue entre nos jeunesses. Encourageons les échanges entre nos universités, 
l'accueil des jeunes dans nos entreprises, dans nos centres de recherche 
mutuelle. Aiguisons l'intérêt de nos familles, de nos enfants pour la culture de 
l'autre. L'ouverture, l'an prochain, du Consulat général 
d'Oran comme l'aménagement et la modernisation de notre Consulat général à 
Alger, traduisent notre volonté de faciliter la circulation des personnes et de 
mieux accueillir les Algériens souhaitant se rendre en France. Il faut, dans le 
même temps, permettre la libre circulation de tous les Français qui désirent 
revoir leur terre natale ou celle de leurs aïeux. Dans le même esprit, nous 
voulons, avec votre soutien, dégager les moyens qui permettront de préserver les 
lieux de sépulture de ces communautés, afin d'assurer le respect dû à ceux qui y 
reposent. Ce sont de telles initiatives qui contribueront à 
l'ancrage de notre relation, dont la dimension historique, la densité humaine, 
doivent être constamment présentes à nos mémoires. Enfin, Mesdames et Messieurs les parlementaires, 
permettez-moi de profiter de ma présence parmi vous pour plaider en faveur d'un 
rapprochement de nos Parlements. Il s'agit de montrer qu'à la relation entre les 
Etats s'est juxtaposée une multitude de liens entre les territoires, entre les 
élus, entre les citoyens. Echanges, jumelages, la liste est longue de ces 
initiatives communes auxquelles les parlementaires sont souvent associés et qui 
cimentent l'amitié. Grâce à vous, et à l'action que vous menez conjointement 
avec vos collègues français, nos deux pays vont se sentir encore plus proches et 
plus fraternels. * Enfin, devant la représentation nationale 
algérienne, je souhaite évoquer la situation internationale, en commençant par 
le sujet qui nous préoccupe tous : la crise en Iraq. La France, vous le savez, 
ne poursuit qu'un seul et unique objectif : désarmer l'Iraq, conformément à la 
volonté de la communauté internationale telle qu'elle est exprimée unanimement 
par le Conseil de sécurité des Nations-Unies. Mais le désarmer, dans toute la 
mesure du possible, par des moyens pacifiques, ceux des inspecteurs. Car la 
guerre est toujours, c'est vrai, un constat d'échec, c'est toujours un drame. 
C'est toujours la pire des solutions. Et le Moyen-Orient, aujourd'hui, n'a pas 
besoin d'un nouveau conflit aux conséquences incalculables.  Nous savons le prix du sang. Nous devinons les 
conséquences désastreuses, les ravages d'une nouvelle guerre dans une région 
déjà si meurtrie et si fragile.  C'est pourquoi la France veut donner toutes ses 
chances au désarmement dans la paix. Elle veut que les inspecteurs puissent agir 
en toute efficacité, en leur donnant tous les moyens prévus par la résolution 
1441 et en leur donnant le temps nécessaire au succès de leur mission. Mais 
l'Iraq, bien sûr, doit faire plus, il doit coopérer davantage, plus activement. 
Nous devons maintenir sur lui une forte pression pour parvenir, ensemble et dans 
la paix, à l'objectif que nous nous sommes fixé : l'élimination des armes de 
destruction massive en Iraq. C'est notre responsabilité commune devant 
l'Histoire. Les pays arabes, réunis au Caire le 16 février 
dernier, ont exprimé la même vision et fait entendre la même exigence de justice 
et de paix. Nous avons une ambition commune, celle d'un monde plus pacifique, 
plus juste, d'un monde régulé par le droit, sous l'égide des Nations-Unies qui 
incarnent la démocratie internationale. D'un monde organisé, où la paix et la 
guerre ne peuvent être décidées qu'au sein de cette instance qui représente 
l'ensemble de la Communauté des nations. La tâche est immense. Je pense au Proche-Orient, 
où la crise n'en finit plus de produire ses ravages. Il nous faut soutenir 
inlassablement la recherche d'une paix juste et durable, d'une paix qui permette 
aux peuples de la région, aux Israéliens et aux Palestiniens, de vivre en 
sécurité et dans la dignité. Nous ne ménagerons pas, avec nos partenaires 
européens, nos efforts pour que cette région puisse sortir du piège de la peur, 
du ressentiment, de l'humiliation dans lequel elle s'est dangereusement 
enfermée. * Puisque je suis aujourd'hui parmi vous, sur cette 
terre dont vous portez les aspirations et les espérances, laissez-moi vous 
saluer, au nom de la France et des Français, laissez-moi saluer le courage et la 
dignité des Algériennes et des Algériens qui, dans les épreuves, ont su rester 
debout, fiers et dans l'honneur. L'Algérie et la France sont déterminées à 
joindre leurs efforts pour lutter, ensemble, contre le terrorisme international. 
Vous le savez mieux que beaucoup d'autres, nous faisons face à des incertitudes, 
des difficultés, des défis. Et nos meilleurs atouts, ce sont l'union et la 
solidarité. Unis, nous devons l'être aussi pour préparer 
notre avenir. La France et l'Algérie partagent le même espace méditerranéen. La 
Méditerranée, nous voulons qu'elle redevienne un trait d'union entre les 
peuples. Plus que jamais, nos deux pays doivent mettre à profit l'Histoire. Nous 
pouvons, nous devons proposer, innover, ouvrir de nouveaux chemins entre les 
rives de notre mer commune. Savoir trouver les solutions équilibrées que, dans 
beaucoup de domaines, nous avons vocation à définir et à proposer à nos 
partenaires.  Le grand chantier de l'espace méditerranéen s'est 
ouvert à Barcelone avec le lancement du partenariat euro-méditerranéen en 1995. 
Mais il reste beaucoup à construire et nous devons aller, ensemble, plus loin 
dans cette ambition. Déjà, la France et l'Algérie sont des animateurs engagés du 
dialogue "5 + 5", un cadre d'échanges informels précieux pour la Méditerranée 
occidentale. Je suis attaché à cette enceinte, qui réunira nos ministres des 
affaires étrangères les 9 et 10 avril prochain. Et je serai prêt à participer, 
le moment venu, à une rencontre des chefs d'Etat du "5 + 5". Nos deux pays prennent également une part active 
au partenariat de Barcelone. L'Accord d'association signé par l'Algérie avec 
l'Union européenne témoigne de la ferme volonté de votre pays d'être au coeur de 
cet espace euro-méditerranéen. Cela implique de mettre en oeuvre un modèle de 
société et de développement fondé sur les valeurs de la démocratie, des Droits 
de l'Homme, et sur une économie ouverte.  A l'heure où elle s'élargit à l'est, l'Union 
européenne n'oublie pas, au sud, ce rivage qui lui a tant apporté et qui invite 
aux projets les plus ambitieux. Pourquoi ne pas réfléchir à des coopérations 
renforcées entre l'Union européenne et le Maghreb dans le cadre du processus de 
Barcelone ? Nous sommes prêts à travailler pour la mise en oeuvre de ce grand 
projet, si vous y agréez. Mais la construction d'une aire de prospérité 
partagée en Méditerranée prendra tout son sens et toute sa portée si progresse, 
dans le même temps, l'intégration du Maghreb. Elle suppose le renforcement du 
dialogue entre l'Algérie et le Maroc, dialogue fondamental pour l'intégration 
maghrébine et dont je salue les développements récents. Enfin, l'Afrique, sa stabilité et son 
développement, sont aussi au coeur de nos préoccupations. Et je tiens à rendre 
un particulier hommage au rôle essentiel joué par le Président Bouteflika dans 
l'élaboration du NEPAD, ce nouveau partenariat fait d'engagements réciproques et 
qui doit permettre, si nous en avons la volonté et la détermination, aux 
Africains de maîtriser pleinement leur destin. Avec l'esprit de solidarité et 
d'amitié qui l'anime, la France est, comme l'Algérie, aux côtés des Etats 
africains. Nous l'avons dit, le Président Bouteflika et moi-même, il y a 
quelques jours à Paris, à l'occasion du sommet Afrique-France : nous 
soutiendrons toujours les efforts des pays africains vers la paix et le 
développement. * Monsieur le Président de la République, Mesdame, 
Messieurs, Voilà le message de confiance, de solidarité et 
d'amitié que je voulais porter au peuple algérien, avec cette ambition d'un 
partenariat d'exception pour nos deux pays. Ambition qui se nourrit de tant de 
liens étroits et forts, tissés entre nos deux peuples par la géographie, par 
l'histoire et par une vision partagée du monde de demain. Le temps et notre long dialogue, jamais 
interrompu, ont fait leur oeuvre. Nos deux nations cicatrisent les blessures du 
passé. Elles en assument la mémoire. Une ère nouvelle s'ouvre. De part et 
d'autre de la Méditerranée, Algériens et Français se tendent une main 
fraternelle. Dans notre monde secoué par les crises, traversé par le doute et 
l'incertitude, où certains sont tentés par le repli sur soi, le refus de l'autre 
et la violence, puissent l'Algérie et la France faire entendre leur voix. Puisse 
leur volonté obstinée leur permettre de délivrer un message de solidarité et de 
paix tout autour de la Méditerranée et au delà ! Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs, je 
vous remercie.  ________________ (Présidence de la république française - Actualités - 03 
mars 2003) DECLARATION COMMUNE ET DE M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, 
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE "DECLARATION D'ALGER" ALGER, DIMANCHE 2 MARS 2003 Conscientes de l'extrême densité et de la 
richesse exceptionnelle des liens multiformes qui les unissent tout en assumant 
pleinement le legs du passé et soucieuses d'inscrire leurs relations dans une 
vision novatrice résolument tournée vers le progrès et l'avenir, adossée aux 
valeurs d'amitié, de solidarité et de coopération, la France et l'Algérie 
veulent s'engager dans la construction d'un avenir partagé. Les deux pays ont décidé, à l'occasion de la 
visite d'Etat du président de la République française, de donner un élan décisif 
et de consacrer l'oeuvre de refondation et de restructuration des relations 
bilatérales initiée au plus haut niveau des deux pays depuis la visite d'Etat en 
France du président de la République algérienne démocratique et populaire. Elles sont convenues en ce sens, sans oublier le 
passé, de jeter les bases d'une relation globale forte, confiante et résolument 
tournée vers l'avenir. Le processus de refondation de la relation 
d'ensemble entre la France et l'Algérie se pose, dans ce contexte, comme 
objectif et finalité, l'instauration de rapports privilégiés et d'un partenariat 
d'exception ayant vocation à se poser comme modèle de coopération dans la région 
et dans les relations internationales. Ce partenariat d'exception relève 
fondamentalement de l'action des deux gouvernements qui en fixent les contours 
et le contenu. Il s'enrichit également de l'apport essentiel des sociétés 
civiles française et algérienne dont la contribution et le dynamisme constituent 
un atout précieux dans les liens sans équivalent établis entre les deux peuples. A cet effet, et en vue de mettre en oeuvre ce 
dessein commun, la France et l'Algérie sont convenues des orientations 
fondamentales ci-après : 1 - Un dialogue politique renforcé au service 
d'une vision novatrice et ambitieuse des relations internationales : Dans un monde de plus en plus complexe où le 
dialogue, plus que jamais nécessaire, doit impérativement se substituer à la 
confrontation et aux antagonismes, la France et l'Algérie affirment leur volonté 
de renforcer à travers la promotion de leur dialogue politique, leurs actions 
communes au service de la paix, de la coopération et du développement. A cet effet, les deux pays envisageront de 
concert les actions à mener, tant sur un plan bilatéral que multilatéral, pour 
assurer la prévention et le règlement des conflits, faire prévaloir le droit 
international, lutter contre le terrorisme international, relever les défis du 
développement et faire face aux enjeux liés à la mondialisation. Ils coordonneront chaque fois que nécessaire, 
leurs positions et leurs initiatives dans ces domaines. A cet égard, le France et l'Algérie entendent : - Favoriser ensemble, et si besoin est en 
concertation avec les autres pays de la région, la construction de l'Union du 
Maghreb arabe, soutenir à cet effet les efforts d'intégration dans les pays du 
Maghreb, tout en encourageant un plus grand rapprochement et une coopération 
renforcée entre l'Union du Maghreb arabe et l'Union européenne. - Mettre en valeur la solidarité entre les deux 
rives de la Méditerranée à travers les enceintes de coopération régionale 
appropriées, en particulier le processus de Barcelone, le Forum méditerranéen et 
le cadre de dialogue et de concertation 5+5. - OEuvrer de concert en faveur de la préservation 
de la stabilité, de la paix et du développement en Afrique, notamment à travers 
une implication active des deux pays dans l'appui à la mise en oeuvre du Nouveau 
partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD). Dans ce contexte, la 
coopération entre la France et l'Algérie constituera un point d'appui essentiel 
à l'expression pleine et entière des relations d'ensemble entre les deux pays. - Renforcer à travers leur coopération, les 
valeurs essentielles de démocratie et de respect des Droits de l'Homme. A l'effet de conduire ce dialogue renforcé au 
plus haut niveau et de l'institutionnaliser, les deux pays décident d'une 
rencontre annuelle entre les chefs d'Etat et de consultations, deux fois par an, 
entre les ministres des Affaires étrangères. 2 - Partenariat économique : La France et l'Algérie, conscientes que les 
échanges économiques doivent concourir à la prospérité commune et au 
développement, décident d'établir un partenariat économique privilégié, fécond 
et mutuellement avantageux, fondé sur : - L'encouragement des investissements directs 
français en Algérie. - L'appui institutionnel aux réformes économiques 
entreprises par l'Algérie. - La mobilisation des instruments de financement 
adaptés pour les grands projets d'infrastructures programmés en Algérie et 
l'appui français pour la mobilisation d'autres financements concessionnels 
auprès des institutions financières internationales et leur mise en synergie. - Le transfert de technologies et de savoir-faire 
des entreprises françaises, notamment dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, 
des transports, de l'habitat et de l'urbanisme et les nouvelles technologies de 
l'information et de la communication, dans le cadre de la promotion de relations 
économiques et commerciales exemplaires.   3 - Une coopération culturelle, technique et 
scientifique rénovée : La France et l'Algérie entendent : - Renforcer leur coopération culturelle, 
technique et scientifique, dans le cadre du comité mixte des projets et des 
financements du Fonds de solidarité prioritaire. Cette coopération qui doit 
s'inscrire dans le cadre de l'appui aux réformes décidées et engagées en 
Algérie, contribuera à la modernisation et la mise à niveau du cadre 
institutionnel et répondra aux besoins de formation et de perfectionnement. - Envisager la conclusion d'une nouvelle 
Convention-cadre de coopération culturelle, technique et scientifique. - Encourager et promouvoir la coopération 
décentralisée. - Favoriser la coopération inter-universitaire, 
la formation supérieure et la recherche scientifique. - Tirer profit du déroulement de l'Année de 
l'Algérie en France, événement historique facteur de rapprochement et de 
promotion de la compréhension entre les deux peuples, par une coopération 
approfondie dans les domaines de la production culturelle et artistique et de 
l'audiovisuel. Dans ce cadre, les deux pays se félicitent des 
projets de mise en place : - Du "Haut Conseil franco-algérien de coopération 
universitaire et de recherche". - D'une "Ecole supérieure algérienne des 
Affaires" destinée à former les cadres et dirigeants d'entreprise. 4 - La coopération humaine et de la circulation 
des personnes : La France et l'Algérie - Se félicitent du climat de bonne coopération 
qui prévaut entre les deux pays, et de ce que le dialogue entretenu au plus haut 
niveau ait facilité les contacts et la concertation dans ce domaine si sensible. L'ensemble des questions relevant de ce volet des 
relations bilatérales sont examinées au niveau des groupes mixtes d'experts. Un 
groupe de travail franco-algérien de haut niveau chargé des questions 
consulaires, des relations et des échanges humains se réunira au moins une fois 
par an. - S'engagent à favoriser la circulation des 
ressortissants algériens en France et des ressortissants français en Algérie. - Rappellent toute l'importance qu'elles 
accordent à la communauté algérienne établie en France qui a toute sa place dans 
la société française, à la prospérité de laquelle elle contribue activement. Le travail de mémoire que la France et l'Algérie 
ont engagé sera poursuivi dans un esprit de respect mutuel. A cet égard, une 
attention particulière sera accordée par les deux pays à la sauvegarde de 
l'héritage du passé. Dans cet esprit, elles dégageront ensemble des solutions 
positives susceptibles de conforter le nouvel élan que connaissent les relations 
entre les deux pays. La relation d'amitié et de confiance que la 
France et l'Algérie entendent établir entre elles se doit d'être à tous égards 
exceptionnelle et exemplaire. Dans cette perspective, elles conviennent de 
l'élaboration et de la finalisation d'un Traité qui consacrera leur volonté de 
mettre en place un partenariat d'exception dans le respect de leur histoire et 
de leur identité. Fait à Alger, le 2 mars 2003 Pour la partie française : 
                           Pour la partie algérienne : M. Jacques 
Chirac,                                    M. Abdelaziz Bouteflika,
Par Sophie Louet
  
     
   
    
     
mardi 4 mars 2003, 16h02
     
  
DEVANT LE PARLEMENT ALGERIEN
Messieurs les Présidents du Conseil de la Nation et de l'Assemblée populaire 
nationale,
Monsieur le Chef du gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
DE M. JACQUES CHIRAC, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE
Président de la République                          Président de la République
ALLOCUTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
LORS DE LA REMISE
DU SCEAU DU DEY D'ALGER
ALGER, DIMANCHE 2 MARS 2003
Monsieur le Président, et cher ami,
En répondant à votre invitation, en effectuant cette première visite d'Etat d'un Président français en Algérie depuis l'indépendance, j'ai conscience d'ouvrir avec vous un chapitre nouveau de notre histoire commune, le chapitre de la confiance, de l'estime, du respect mutuel, de l'amitié et de la solidarité. Et ce moment exceptionnel, j'ai essayé de le concrétiser dans un geste qui soit un peu hors du commun : le retour à Alger du sceau du Dey Hussein Pacha.
Donnant force de loi aux décisions et traités du Dey d'Alger, ce sceau symbolisait le pouvoir.
Orné de versets du Coran, ce précieux pendentif d'argent et de cornaline avait été remis le 5 juillet 1830 au Maréchal de Bourmont, qui commandait les forces françaises.
Nous savons les conséquences de ces événements de 1830 sur notre destinée commune. Ils marquèrent un tournant dans notre relation à la fois si complexe, si riche, si douloureuse et, finalement, tragique. Mais ce temps appartient désormais à l'histoire.
Et le retour de ce symbole de souveraineté à l'Etat algérien vient sceller, dans l'esprit, les retrouvailles entre nos deux pays, entre nos deux peuples, ce nouvel élan dans nos relations, cette volonté de l'Algérie et de la France d'être solidaires, de se rejoindre pour avancer ensemble sur les chemins de l'avenir.

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| Accueil du Président de la République par M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République algérienne démocratique et populaire. | 
| Alger (Algérie) - Samedi 1er décembre 2001. (Visite d'Etat en Algérie du 2 au 4 mars 2003) |