La sécurité dans 
les villes, nouvelle priorité de la coalition
BAGDAD, 12 avril 2003 (AFP) - La sécurité dans les villes irakiennes, 
livrées depuis deux jours aux pillages et aux règlements de compte, est devenue 
samedi la priorité des forces de la coalition américano-britannique en Irak, 
alors que Londres et Washington ont commencé à réduire leur dispositif militaire 
dans le Golfe.
Une intense fusillade a encore été entendue samedi en fin d'après-midi près de 
l'hôtel Palestine dans le centre de Bagdad, sans que la nature de cet incident 
qui impliquait des soldats américains ne soit établie.
"Nous ressentons l'obligation de contribuer à assurer la sécurité", avait 
déclaré vendredi soir à Washington le secrétaire américain à la Défense, Donald 
Rumsfeld.
Le département d'Etat américain a annoncé l'envoi en Irak dans les prochaines 
semaines de près de 1.200 responsables policiers, consultants en sécurité 
publique et experts judiciaires afin d'aider à restaurer l'ordre.
Des journaux arabes du Golfe ont pressé les forces américaines et britanniques 
de mettre fin au chaos en Irak, les accusant d'assister sans réagir à "la loi de 
la jungle" qui s'installe dans les villes sous leur occupation.
Samedi, des Bagdadis exprimaient leur colère à proximité du monumental ministère 
du Pétrole, gardé tel Fort Knox par une armada de chars américains, seul 
bâtiment public à avoir ainsi été protégé contre les pillards.
Au 24e jour de la guerre d'Irak, les Américains ont enregistré la reddition 
spontanée d'un conseiller présidentiel irakien, le général Amer al-Saadi, filmée 
à sa demande par la télévision publique allemande ZDF. Il a affirmé n'avoir 
aucune information sur le sort de Saddam Hussein, souligne ZDF.
Ils ont également arrêté un groupe de 59 militaires qui tentaient de quitter 
l'Irak par l'ouest en autocar et transportaient des avis promettant des 
récompenses à qui tuerait des soldats américains. Leur nationalité n'a pas pu 
être déterminée immédiatement.
Le sort de Saddam 
Hussein restait inconnu. Selon la presse américaine de samedi, les services 
de renseignement américains ont intercepté des communications entre anciens 
dirigeants irakiens suggèrant que l'ex-président a été tué lors du raid aérien 
mené lundi contre un bâtiment de Bagdad.
Après le retour à leur base en Ecosse vendredi d'un premier groupe d'avions de 
combat britanniques Tornado F3 qui étaient déployés dans le Golfe, c'était au 
tour du porte-avions américain Abraham Lincoln de quitter samedi la zone avec 
son groupe naval.
Le vice-amiral Tim Keating, commandant des forces navales de la coalition, a 
indiqué que, dans le cadre d'un retrait progressif des navires américains des 
environs de l'Irak, le Kitty Hawk pourrait suivre prochainement, de même que le 
Constellation et le Theodore Roosevelt, actuellement en Méditerranée.
A Bagdad, les forces de la coalition s'emploient à mobiliser les techniciens des 
services publics afin de rétablir notamment l'eau et l'électricité, coupées 
depuis des jours.
Suite à un appel lancé sur les ondes des radios étrangères en langue arabe, une 
centaine d'Irakiens, dont sept policiers conduits par un colonel en uniforme, 
sont venus samedi offrir leurs services aux Américains à l'hôtel Palestine où 
logent la presse et des militaires.
En fin d'après-midi, une voiture de police irakienne avec trois fonctionnaires 
en civil à bord a circulé dans les rues de Bagdad, pour la première fois depuis 
l'entrée des Américains dans le centre de la capitale.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève, la principale 
station d'approvisionnement en eau de Bagdad, menacée par des pillards, a pu 
être sécurisée par les forces alliées, et son grand hôpital "Medical City 
Hospital" l'a été partiellement aussi.
Les commerçants de la ville n'en ont pas moins gardé leurs boutiques fermées, 
tandis que des milices d'auto-défense faisaient leur apparition. Des pillards 
étaient encore à l'oeuvre samedi matin dans les décombres du ministère du Plan.
Sur le front nord, un début de normalisation était perceptible à Kirkouk, après 
une journée de chaos. Un comité civil représentant les principales communautés 
de la ville a été créé samedi pour administrer la ville et aider à y rétablir la 
sécurité.
Une vingtaine de soldats de la 173e division aéroportée américaine ont remplacé 
samedi après-midi les combattants kurdes en faction devant le gouvernorat de 
Kirkouk et en bloquaient l'entrée.
La situation était plus confuse à , où des règlements de comptes entre entre 
Arabes et Kurdes 
ont fait 15 à 20 morts et au moins 200 blessés depuis vendredi, et où les 
Américains étaient mal accueillis.
Les tirs d'armes automatiques qui avaient commencé vendredi se sont amplifiés et 
ont résonné toute la journée de samedi de façon sporadique. De nombreux 
bâtiments continuaient de fumer après une furieuse journée de pillage.
Les imams des mosquées ont appelé les citoyens arabes à s'organiser en milices 
civiles dans plusieurs endroits de leurs quartiers. Des postes de contrôle y ont 
été mis en place.
Sur le plan humanitaire, le coordinateur de l'Onu chargé des questions 
humanitaires (UNHCI) en Irak a annoncé à Amman qu'un premier groupe d'employés 
internationaux de cette organisation se rendrait lundi dans le nord de l'Irak.
A Saint-Pétersbourg, les présidents russe Vladimir Poutine et français Jacques 
Chirac, et le chancelier allemand Gerhard Schroeder ont souligné le "rôle 
central" qui doit revenir à l'Onu dans l'Irak d'après-guerre.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell leur a répondu sur la chaîne de 
télévision NBC que l'Onu aurait un rôle "vital" à jouer dans la reconstruction 
de l'Irak, mais "essentiellement dans le domaine humanitaire".
En Europe, des dizaines de milliers de pacifistes et militants 
anti-mondialisation se sont rassemblés notamment à Rome, Londres, Berlin et 
Paris pour dénoncer "l'occupation" de l'Irak.
Après la chute de Bagdad: controverses Europe-Russie-Etats Unis, et inquiétudes des bagdadis