« Les Grandes amitiés » - Jean-Claude KAZAGUI (1937-2025)


Si
« Premier de Cordée » de Roger Frison-Roche m’a inspiré l’hommage que
j’ai rendu à Paul FOKY, le livre « Les Grandes Amitiés » me semble
venir ici à point nommé pour inspirer l’hommage et dire adieu à Jean-Claude
KAZAGUI qui vient de nous quitter.
« Les
Grandes Amitiés » : c’est l’histoire des souvenirs de Jacques et
Raïssa Maritain et un admirable exemple de ce que le rassemblement de belles
intelligences peut apporter au développement des valeurs dans une société.
« A Barthélemy
MANDEKOUZOU,
En souvenir de notre commun cheminement de Pédagogues et de notre
exaltant compagnonnage, naguère, dans les arcanes de l’enseignement et de la
formation. »
Ainsi
fut rédigée ce 17 octobre 2003 la dédicace du livre : « Education Scolaire et Education
Permanente. Une Approche interdisciplinaire. Les Défis du XXIème
Siècle » que m’offrait Jean-Claude KAZAGUI.
« Naguère »
-et il y a peu de temps en effet- tout le monde a vu en République
Centrafricaine, « bien en place » : Paul Foky Proviseur du Lycée
Barthélemy BOGANDA, Mandekouzou-Mondjo Proviseur du Lycée Jean-Bedel BOKASSA et
Jean-Claude Kazagui Directeur de l’Ecole normale
supérieure.
S’il
a pu être « exaltant » notre compagnonnage n’en fut pas moins engagé
dans des « arcanes » : ces secrets dont la pénétration est
réservée à un petit nombre d’initiés. Des « arcanes » qui ont pu être
des énigmes dont la résolution a échappé à ceux qui ont fini par « jeter
l’éponge ».
Jean-Claude
Kazagui est de ceux qui appellent à garder la lampe allumée et à avancer sans
mollir.
Je
rêve de présenter un jour une « réédition » du NUMERO SPECIAL des
CAHIERS du Centre Protestant pour la Jeunesse : une réédition des trois
premières du cycle des Conférences organisées avec le Pasteur François Coester,
Directeur du Comité Protestant pour la Jeunesse.
« J’avais ouvert le feu » avec « Entrée du Monde noir dans la Civilisation
de l’Universel » pour donner un écho et
informer les Centrafricains sur ce qui avait été dit à Dakar au Colloque sur la
Négritude où je m’étais rendu en février 1971 avec M. Philippe Bida-Siombo,
Professeur de Lettres et Proviseur du Lycée de Bambari. Il avait été spécifié et
fut rappelé dans le Discours inaugural que l’invitation du Président Léopold
Sédar Senghor était destinée aux Intellectuels.
J’ai eu la visite du Président dans la travée de la Délégation
centrafricaine et un petit échange sur une intervention que j’avais faite.
« Entrée du Monde noir
dans la Civilisation de l’Universel » :
cette conférence a été conçue comme un approfondissement de cet entretien avec
le Président.
Paul
Foky intervint dans la suite avec « L’image du Noir dans les Arts Européens de
l’Antiquité à nos Jours. Esthétique et Histoire ». Avec élégance mais aussi
avec la volonté non dissimulée d’offrir les armes d’une riposte sans concession
au racisme auquel le Noir est tous les jours confronté.
« L’Enrichissement du vocabulaire
français par la préciosité et les argots »
pour clôturer la série vit intervenir Jean-Claude KAZAGUI qui, par ce choix du
thème de son intervention a semblé marquer le pas, calmer le jeu et souhaiter
que le service de la culture fût assuré sans conflit ni polémique
excessive : inutiles parce que sans intérêts au bout du compte.
Ce
qui pouvait nous apparaître comme une lamentable sortie de piste est cette
volonté de l’homme de culture, en tout et toujours, de prendre de la
hauteur :
« Il
semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les
sentiments bas et terrestres, et qu’à mesure qu’on approche des régions
éthérées, l’âme contracte quelque chose de leur inaltérable
pureté. »
(Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse)
Nous
avons été appelés et sommes intervenus au Centre Protestant pour la Jeunesse.
Nous avons fait la démonstration que la culture est notre respiration, sa
diffusion notre métier et un devoir.
« Les
Grandes Amitiés » de Raissa Maritain est une merveille d’écriture comme
« Les Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar. Deux livres
consacrés à des amoureux des Lettres et des Arts : des diffuseurs ou
passeurs de culture en somme.
Spontanément
j’ai pensé que Jean-Claude KAZAGUI a fait le bon choix en s’engageant dans
« les arcanes de l’enseignement et de la
formation ».
Adieu,
cher Maître.
MANDEKOUZOU-MONDJO
Un Compagnon