G8 : accords, promesses et 60 milliards de dollars contre les pandémies en Afrique

 

 


G8: accord à l'arraché sur le climat, offre surprise de Poutine à Bush


 

Le G8 promet 60 milliards de dollars contre les pandémies en Afrique

HEILIGENDAMM (AFP), 08/06/2007 11:48  - Les pays du G8 se sont mis d'accord vendredi pour débloquer 60 milliards de dollars en faveur de la lutte contre les pandémies en Afrique, et ont réaffirmé leur engagement à fortement augmenter leur aide au continent noir dans les années à venir.

Le dernier jour du sommet à Heiligendamm (nord-est) est consacré au continent africain, avec six chefs d'Etat invités, dont ceux du Nigeria, de l'Afrique du Sud, du Sénégal et de l'Algérie, ainsi qu'aux économies émergentes comme la Chine et l'Inde, également représentées.

Le président américain George W. Bush n'a pas participé vendredi à la première séance de travail du matin du G8 en raison d'une légère indisposition, selon la Maison Blanche, qui affirme qu'il n'y a "rien de grave".

Régulièrement accusés de négliger l'Afrique, les pays développés du G8 ont tenté de reprendre l'initiative en lui promettant une grosse enveloppe pour la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose: un communiqué du G8 publié vendredi parle de "60 milliards de dollars" appelés à être versés "au cours des prochaines années".

La moitié sera prise en charge par les Etats-Unis qui avaient déjà promis fin mai un doublement de leur aide dans ce domaine à 30 milliards de dollars. Un dixième de cette somme alimentera un Fonds mondial contre les pandémies créé en 2001 par le G8 avec le soutien de l'ONU.

Les pays du forum (Etats-Unis, Allemagne, Russie, France, Royaume-Uni, Japon, Canada et Italie) ont aussi réaffirmé leur engagement pris il y a deux ans à Gleneagles de doubler le montant de leur aide à l'Afrique en 2010 par rapport à 2004. Ce qui représenterait une enveloppe supplémentaire de 50 milliards de dollars par an à cette date.

Cet engagement est de nouveau mentionné dans le communiqué publié vendredi.

"Nous sommes conscients de nos obligations et souhaitons tenir les promesses", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, hôte du sommet de Heiligendamm.

"L'Afrique attend du G8 qu'il respecte ses engagements", a lancé pour sa part le président ghanéen John Kufuor, parlant au nom de l'Union africaine. Il a assuré qu'en retour le continent noir ferait des efforts pour bien gérer l'aide et ses fonds publics.

Le G8 est actuellement très en retard sur le calendrier, alors que l'économie mondiale connaît pourtant depuis quelques années une phase de prospérité comme elle n'en a pas connu depuis plus de trois décennies.

Les ONG et la Banque mondiale reprochent aux pays riches de ne pas tenir leurs promesses. Les militants de l'aide au développement redoutaient que le G8 revoient en baisse leurs engagements de Gleneagles à l'occasion du sommet de Heiligendamm.

La présidence allemande du G8 peut se targuer d'une avancée sur l'Afrique au lendemain d'un rapprochement de la communauté internationale sur la lutte contre le réchauffement climatique, avec un compromis a minima, et de signes d'apaisement dans les tensions entre Moscou et Washington autour du bouclier antimissile américain en Europe.

Les pays du G8 restaient en revanche divisés vendredi sur un autre sujet de discorde entre la Russie et l'Occident: l'avenir du Kosovo, dont Moscou refuse l'indépendance.

Ils discutent depuis jeudi d'une proposition visant à reporter de six mois le vote au Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution à ce sujet, pour permettre à la Serbie et à sa province de tenter de trouver un compromis.

Toutefois, "pour l'instant il n'y a pas les progrès nécessaires", a reconnu dans la matinée le président français Nicolas Sarkozy.

Le Kosovo est administré par l'ONU depuis 1999 après des bombardements de l'OTAN pour faire cesser la répression des forces serbes contre les séparatistes albanais.

 

 


 

Climat sur l’agenda du G8 : un accord a minima

En dépit de l'évolution positive de la position américaine, le consensus final du G8 sur le climat est un accord a mimima. Si les Etats les plus pollueurs ont reconnu la nécessité de s'engager dans la réduction d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, aucun objectif chiffré et daté n'a été défini.

En mettant le réchauffement climatique en haut de l’agenda du G8, qui se tient jusqu'au 8 juin en Allemagne, Angela Merckel a ravivé un débat qui fait rage. Difficile d’imaginer qu’un consensus pouvait être trouvé entre les pays européens qui affichent des ambitions fortes de réduction mais peinent à les mettre en oeuvre (Royaume-Uni, France, Allemagne) , ceux qui font des efforts encore modestes (Japon, Italie) et le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, qui n’a pas ratifié le protocole de Kyoto ni mis en place de politique de réduction fédérale (les Etats-Unis).

Le deux derniers, le Canada et la Russie, sont proches des Etats-Unis en terme de résultats puisque leurs émissions de GES sont en augmentation constante et que ni l’un ni l’autre n’ont mis en place de véritables politiques de réduction. En revanche, ils sont signataires du protocole de Kyoto.

 

Les ONG, qui demandaient un engagement sur le seuil de réchauffement - 2°c - à ne pas dépasser, ont de quoi être déçues. Pour Greenpecae, il s'agit d'une "occasion historique ratée ». "Ni le seuil de 2°C de réchauffement à ne pas dépasser, ni l’absolue nécessité de diviser par 2 les émissions globales et par 4 les émissions des pays du G8 n’ont fait l’objet d’un engagement du G8, déplore l'ONG. En outre, l’absence de référence explicite au protocole de Kyoto, seul cadre contraignant de réduction des émissions, de même que l’absence de mention de l’année 1990 comme référence pour le calcul des réductions ajoutent à l’ambiguïté du texte final."Par ailleurs, si les Etats-Unis sont effectivement apparus très isolés, ils sont réussi à maintenir un accord flou, renvoyant à des négociations ultérieures tout engagement précis.

 

L’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde et le Mexique, les cinq autres participants, associés depuis 2003 au G8, en raison de leur développement économique, ne simplifient pas ces positions. La Chine a martelé récemment sa ligne de conduite, elle ne sacrifiera pas sa croissance à la lutte contre le réchauffement climatique. Dans un dossier, sorti 48 heures avant la réunion allemande, elle rappelait que les pays industrialisés ont généré 77 % des émissions de GES entre 1950 et 2000 et qu’à ce titre, ils se devaient de fournir « une assistance financière et technique pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique »
Dans ce contexte, la préparation du sommet a été fiévreuse, entre les propositions des uns, les rapports des autres et les appels à la mobilisation des ONG mais aussi des investisseurs engagés dans la lutte contre le changement climatique.

Pas plus de 2 degrés

Au départ l’idée d’Angela Merckel était de partir sur un objectif de réduction de 50 % des émissions en 2050 par rapport au niveau de 1990, ce qui devrait permettre de limiter à 2 degrés le réchauffement planétaire. Sur cette base, les ONG environnementales sont montées au créneau pour rappeler les paradoxes de la situation actuelle. Le WWF a évalué la performance climatique des pays du G8 + 5 sur dix indicateurs qui vont de la distance entre le niveau des émissions en 2007 et les objectifs fixés par le protocole de Kyoto aux « émissions par tête », en passant par les politiques mises en œuvre sur le transport, l’habitat ou l’électricité. Il ressort de ce rapport fait par Ecofys Allemagne/Pays-Bas pour le WWF « qu’aucun des pays membres du G8 ne met aujourd’hui en application suffisamment de mesures pour être considéré comme en phase avec cette limite des 2 ° » , tandis que les Etats-Unis obtiennent la plus mauvaise note. La position du gouvernement Bush , qui a raturé dans le premier projet de communiqué commun tout ce qui concernait le réchauffement climatique et les émissions de GES, est toujours de refuser tout objectif chiffré. L'administration Bush propose une politique de réduction associant des pays comme l’Inde et la Chine, tout en espérant que les solutions techniques existantes ou à venir règleront le problème. Cette position isole les Etats-Unis sur un plan international mais aussi intérieur. Des sénateurs, républicains et démocrates, ont appelé George Bush à ne pas bloquer le G8 sur le réchauffement climatique, certains Etats américains mettant en place des systèmes d’incitation à la réduction. De grands patrons comme Bill Gates ou Rupert Murdoch se sont par ailleurs ralliés à la cause du réchauffement climatique.

Pression des investisseurs et des ONG

Au terme de ces 3 jours de négociations et de l'obtention d'un accord "tiède ", la voix de grands investisseurs institutionnels peut-elle alors peser dans la balance ? C’est ce qu’espèrent les membres de l’IIGC « Institutional Investors Group on Climate Change ». Ils sont 36, pèsent ensemble 3000 milliards d’euros et comptent dans leurs rang deux sociétés de gestion françaises BNP PAM et Crédit Agricole AM. Ils ont écrit aux membres du G8, fin mai, en tant qu’investisseurs à long terme pour « attirer leur attention sur l’importance de poser les fondations d’une politique de réduction post 2012 », date de fin de mise en œuvre du protocole de Kyoto. Il leur semble indispensable que les pays industrialisés s’accordent sur un objectif de stabilisation des températures, une politique ambitieuse de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, étendent le fonctionnement du « marché carbone » sur lequel s’échangent les quotas d’émissions et financent tous azimuts la recherche pour des techniques faiblement émettrices de carbone tout en généralisant le recours aux énergies renouvelables.

L’argument économique de ces investisseurs aura-t-il plus de poids que les arguments écologiques des ONG ?

A.C. Husson-Traore
Mis en ligne le : 06/06/2007

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