Centre de
retention de Vincennes: incendie, polémiques et garde à vue après le décès d'un
tunisien
Incendie de Vincennes: deux retenus toujours en garde
à vue
PARIS, AFP, 24 juin 2008 - La garde
à vue de deux hommes qui se trouvaient au centre de rétention (CRA) de Vincennes
dimanche lorsqu'il a été incendié, a été prolongée lundi soir de 24H00, a-t-on
appris mardi de source judiciaire.
Ces deux retenus pourraient avoir
"incité à l'émeute" après la mort la veille d'un autre retenu et qui a conduit à
l'incendie volontaire du centre, selon cette source.
Une enquête de flagrance sous
l'égide du parquet de Paris a été ouverte.
Dimanche vers 15H30, alors qu'une
manifestation de soutien aux étrangers retenus au CRA se déroulait aux abords du
centre, des retenus auraient commencé à dégrader les locaux, cassant portes et
fenêtres et rassemblant des matelas en plusieurs points du bâtiment en signe de
protestation, selon des sources proches de l'enquête.
A 15H35, plusieurs départs de feu
étaient enregistrés, les incendies, qui ont détruits les deux bâtiments du
centre, seront circonscrits à 19H30.
Au moment de l'incendie, le CRA de
Vincennes, le plus grand de France, comptait 249 retenus pour une capacité de
280 places.
Dix-huit personnes, victimes de
légères intoxications, ont été hospitalisées à la suite de cet
incendie.
Un retenu manquait encore à l'appel
lundi tandis que les autres ont été, selon
Des sans-papiers libérés
après l’incendie du centre de Vincennes
France Info - mardi 24 juin 2008 07:37
C’est une information France Info :
suite à la destruction du centre de rétention administrative de Vincennes,
dimanche, certains étrangers en situation irrégulière ont été transférés dans
d’autres centres... puis libérés. En cause : des vices de procédure.
Ils seraient au moins douze. Douze
étrangers en situation irrégulière, retenus à Vincennes dans l’attente de leur
expulsion, et disparus hier dans la nature. Parmi eux, l’un d’eux aurait profité
du chaos causé par l’incendie du centre de rétention de Vincennes pour s’enfuir.
Il est toujours recherché par les autorités. Quant aux autres... ils ont tout
simplement été libérés.
Suite au sinistre, qui s’est déclaré
dimanche et qui a détruit le centre, plus de 200 sans-papiers ont en effet été
transférés dans d’autres villes, à Lille, Nîmes ou encore Palaiseau. Un
transfert qui a connu des vices de procédure qui ont mené à la libération d’au
moins onze retenus.
Pendant ce temps, l’enquête
judiciaire sur les causes de l’incendie se poursuivent. Deux retenus maliens du
centre ont été placés en garde à vue, selon une source policière. Ils sont
soupçonnés d’avoir allumé l’incendie ou d’avoir incité à le
faire.
L’UMP attaque les
associations
Tandis que l’affaire rebondit au
niveau politique : le porte-parole de l’UMP a provoqué un tollé en accusant les
associations de défense des étrangers sans papiers, notamment RESF, d’être en
partie responsables du sinistre. "Il n’est pas tolérable que des ’collectifs’,
type RESF, viennent faire des provocations aux abords de ces centres au risque
de mettre en danger des étrangers retenus", souligne Frédéric Lefebvre dans son
communiqué.
S’en prendre aux associations, "quel
délire !", réplique le Parti communiste pour qui "l’aveuglement sécuritaire de
cette droite leur fait décidément perdre la raison".
L’incendie a presque détruit
dimanche après-midi les deux bâtiments du centre de rétention administratif de
Vincennes, le plus grande de France, où étaient enfermés 273 étrangers sans
papiers en instance d’expulsion.
Centre de rétention: l'UMP accuse RESF, tollé des
associations
Paris, Reuters, lundi 23 juin 2008 -
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a provoqué lundi un tollé en s'en
prenant aux associations de défense des sans-papiers, notamment RESF, qu'il
accuse d'être en partie responsables de l'incendie du centre de rétention de
Vincennes (Val-de-Marne) dimanche.
Dans un communiqué, le député des
Hauts-de-Seine demande que 'toutes les conséquences soient tirées y compris au
plan judiciaire si la responsabilité de membres de collectifs comme RESF était
avérée'.
L'incendie a presque détruit dimanche après-midi les deux
bâtiments du centre de rétention administratif de Vincennes, un des plus grands
de France, où étaient enfermés 273 étrangers sans papiers en instance
d'expulsion.
Le sinistre a été déclenché après le décès d'un Tunisien,
retrouvé mort d'une crise cardiaque dans sa chambre samedi.
Une quinzaine
d'étrangers auraient profité du chaos pour prendre la fuite.
Le reste
des internés administratifs ont été transférés en car ou en train vers les
centres de Palaiseau, Lille et Nîmes.
Selon plusieurs témoins, des
retenus auraient mis le feu à des matelas alors que se déroulait à l'extérieur
une manifestation de soutien.
'Il n'est pas tolérable que des
'collectifs', type RESF, viennent faire des provocations aux abords de ces
centres au risque de mettre en danger des étrangers retenus', souligne le
porte-parole de l'UMP dans son communiqué.
Il réclame 'la plus grande
fermeté contre les collectifs qui se livrent à ce type d'actions à proximité de
lieux où ils n'ont absolument rien à faire'.
DÉLIRE'
Le véritable
scandale n'est pas que quelques centaines d'hommes désespérés aient incendié
leur prison. Il est dans leur internement administratif, prélude à leur
expulsion', réplique RESF dans un communiqué.
L'explication aux
événements d'hier à Vincennes est là, dans le désespoir total de chacun des
enfermés et dans la concentration du malheur dans une centaine de cellules',
souligne Réseau éducation sans frontières.
S'en prendre aux associations,
'quel délire!', dénonce le Parti communiste pour qui 'l'aveuglement sécuritaire
de cette droite leur fait décidément perdre la raison'.
'L'incendie
regrettable du (centre de Vincennes) n'est que le symptôme d'une désastreuse
politique du chiffre ou l'essentiel est toujours plus de s'acharner sur les
sans-papiers coûte que coûte, l'humanitaire devenant quantité négligeable',
souligne le communiqué communiste, qui se joint à l'appel à manifester du Mrap
mardi soir devant ce qu'il reste du centre de rétention.
Pour le député
socialiste Pierre Moscovici, la politique d'immigration de Nicolas Sarkozy et
Brice Hortefeux 'risque d'aboutir à la multiplication de ce type
d'accidents'.
'Ce que montre cet accident très grave, c'est qu'on ne peut
pas traiter les immigrés, quelle que soit la situation légale, illégale, dans
des conditions humaines', a-t-il déclaré sur France Info. 'Il est important que
quelqu'un qui est immigré, qui vit sur notre sol, puisse voir ses droits
pleinement respectés', a-t-il ajouté.
Les Verts de leur côté s'adressent
au tout nouveau Contrôleur des lieux de privation des libertés, Jean-Marie
Delarue, nommé ces derniers jours, pour qu'il se saisisse 'en urgence' de la
situation des retenus de Vincennes.
'L'incendie du centre de rétention de
Vincennes est le résultat d'une situation explosive et indigne, connue et
provoquée par le gouvernement', estime la secrétaire nationale du parti
écologistes, Cécile Duflot.
Décès d'un Tunisien au
centre de rétention de Vincennes
PARIS, AFP - Samedi 21 juin 2008 - Un Tunisien
de 41 ans est décédé samedi en fin d'après-midi au centre de rétention
administrative (CRA) de Vincennes a-t-on appris de source concordantes, alors
que selon certains retenus des incidents ont éclaté, ce que la préfecture de
police a formellement démenti.
Selon une source proche de
l'enquête, la personne est décédée "d'une crise cardiaque, sans intervention des
effectifs de police".
La préfecture de police (PP), qui a
confirmé le décès, a indiqué que ce ressortissant tunisien était "sous le coup
d'une interdiction définitive du territoire français décidée par un arrêt de la
cour d'appel de Paris".
Un premier examen médical n'a décelé
"aucune trace suspecte sur le corps" a-t-on indiqué de source proche de
l'enquête.
La 2e division de police judiciaire
(2e DPJ) a été chargée de l'enquête.
Le député Jean-Pierre Brard (app PC)
s'est rendu sur place où il a été informé du décès.
"Le médecin m'a dit qu'il ne voulait
pas se prononcer sur les causes de la mort" de cette personne, "une autopsie
sera pratiquée demain (dimanche, ndlr) pour les déterminer", a-t-il déclaré à
l'AFP.
M. Brard a indiqué qu'on lui avait
rapporté que son compagnon de chambre s'était déjà "inquiété" de son état de
santé vendredi, trouvant qu'il "respirait mal".
Des personnes retenues, qui avaient
alerté l'AFP, ont fait état d'incidents une fois que la nouvelle s'est répandue
dans le centre.
Un retenu joint par téléphone par
l'AFP a expliqué qu'une personne était allée "dans sa chambre pour faire une
sieste. Son ami s'est rendu compte qu'il ne respirait plus et les infirmières
ont dit qu'il était mort."
Deux à quatre véhicules de pompiers
se trouveraient dans le centre de rétention, ainsi que des renforts de
CRS.
Un autre retenu du CRA
Un témoin, qui a requis l'anonymat
et qui se trouvait à l'extérieur du CRA, s'est vu interdire l'accès pour rendre
visite à un retenu.
Il a fait état d'un "début d'émeute"
dans le CRA avec dispersion de gaz lacrymogènes.
Selon un autre retenu, qui a
souhaité garder l'anonymat, il y aurait eu des bousculades et plusieurs retenus
auraient vomi à cause des gaz lacrymogènes.
Une représentante du Réseau
Education Sans Frontières, Florence Ostier, a évoqué auprès de l'AFP le
témoignage d'un retenu, selon lequel il y a eu du "grabuge dans le centre" après
l'annonce du décès, lui a-t-il raconté.
"La préfecture de police de Paris
(PP) dément qu'à l'annonce du décès des incidents aient éclaté à l'intérieur du
centre. Les retenus ont simplement voulu connaître la situation", a déclaré
Selon Mme Ostier, vendredi, toujours
selon sa source, trois personnes se seraient trouvées mal et auraient été
hospitalisées pour une raison indéterminée, sans que l'on dispose samedi de
nouvelles à leur sujet. Ces informations qui n'ont pas été confirmées
officiellement.
Le CRA de Vincennes, qui peut
accueillir 280 personnes en attente d'expulsion ou de libération, a été ces
derniers mois plusieurs fois le théâtre de tensions, certains retenus protestant
contre leurs conditions de rétention.
Actualité
internationale et africaine de sangonet