La nouvelle Constitution de la République du Niger soumis au référendum le 04 Août 2009 par le Président Mamadou Tandja

 

 

La commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé vendredi 7 août 2009 que les Nigériens avaient approuvé l'adoption d'une nouvelle Constitution par 92,50% des votes, avec un taux de participation de 68%, lors du référendum organisé le 4 août. La nouvelle loi fondamentale rallonge par conséquent de trois ans le mandat du président Mamadou Tandja, âgé de 71 ans, et l'autorise ensuite à se représenter autant de fois qu'il le souhaite. La Cour constitutionnelle disposant de 2 semaines devrait officiellement publier le résultat de la consultation référendaire. Quant à l'opposition qui avait appelé au boycott du scrutin, elle dénonce un coup d'Etat et continue à défendre la Constitution de 1999.

 

Le texte de la nouvelle Constitution de la République du Niger soumis au référendum du 04 Août 2009

 


 

Le président Mamadou Tandja obtient par référendum le pouvoir de rester à la tête du Niger

LE MONDE.fr - 08août 20.09

Le président Mamadou Tandja est arrivé à ses fins. Selon les résultats annoncés vendredi 7 août par la commission électorale indépendante (Céni), 92 % des électeurs ont dit oui au référendum du 4 août sur la nouvelle Constitution permettant au chef de l'Etat, aux pouvoirs renforcés, de prolonger de trois ans son mandat - le deuxième - qui arrivait à échéance fin décembre. Le président, âgé de 71 ans, aura la possibilité ensuite de se représenter autant de fois qu'il le souhaite.

La commission a précisé que le oui l'avait emporté sur fond de participation élevée (68 %) exception faite de la capitale, Niamey, où il a été relativement faible. "Ce scrutin a été aussi bon que nous pouvions l'espérer", a commenté le ministre de la communication, Mohamed Ben Omar, un proche du président.

Jeudi, à la veille de la publication des résultats, des affiches placardées dans les rues de la capitale annonçaient déjà la victoire du chef de l'Etat. On y voyait une photo de M. Tandja accompagnée d'une phrase : "Pour votre confiance à tous, MERCI."

L'opposition a dénoncé un référendum plébiscite, selon elle, illégal. "Ce référendum viole la Constitution. Il est rejeté par le peuple nigérien et n'a aucune légitimité", a fait valoir la Coordination des forces pour la démocratie et la République (CADR). Selon elle, la participation n'a pas dépassé 5 % sur l'ensemble du territoire. Le fait est que, en organisant le referendum, le chef de l'Etat est passé outre l'avis de plusieurs institutions étatiques. Ainsi, le Parlement (pourtant contrôlé jusqu'alors par M. Tandja) s'était opposé au projet. Il l'avait payé d'une dissolution en mai. Depuis, le pays est gouverné par décrets. Le Conseil constitutionnel s'était également mis en travers du projet présidentiel en invalidant le décret convoquant le corps électoral. Fin juin, ses membres avaient été remplacés par des personnalités plus souples.

La communauté internationale - l'ONU, l'Union africaine, les Etats-Unis et la France, ancienne puissance coloniale - avait également critiqué le projet, mettant en garde contre ses conséquences.

L'Union européenne a déjà suspendu le versement d'une tranche d'aide budgétaire et mis en garde contre les "graves conséquences" d'une prolongation du mandat présidentiel pour les relations entre l'UE et le Niger. Mais le chef de l'Etat avait prévenu qu'il ne céderait pas aux pressions, qu'elles soient intérieures ou qu'elles viennent de l'étranger.

Pour justifier son maintien au pouvoir, qui contredit la promesse maintes fois répétée de s'effacer à la fin de l'année 2009, Mamadou Tandja, un ancien militaire, a mis en avant la volonté du peuple de le voir mener à bien les grands chantiers lancés par lui. Parmi eux figure un projet de raffinerie, la construction d'un barrage hydroélectrique et, surtout, l'exploitation en pays touareg d'une mine d'uranium par le groupe français Areva, qui devrait faire du Niger le deuxième exportateur mondial d'uranium en 2012.

Jean-Pierre Tuquoi

 


 

Niger: l'opposition rejette la nouvelle Constitution

NIAMEY, AFP, 08 Août 2009 — L'opposition au Niger a indiqué samedi rejeter la nouvelle Constitution qui doit permettre au président Mamadou Tandja de rester au pouvoir et va combattre "la dictature" que le chef de l'Etat veut instaurer dans le pays.

"Nous allons continuer à défendre la Constitution du 9 août 1999 parce que le peuple nigérien en a manifesté son attachement en rejetant la nouvelle que lui a proposée le président Tandja", a déclaré sur une radio privée Mamadou Issoufou, principal opposant et un des responsables de la Coordination des forces démocratiques de la république (CFDR).

C'est la première fois que l'opposition s'exprime depuis l'annonce vendredi par la commission électorale (Céni) que les Nigériens ont approuvé l'adoption d'une nouvelle Constitution par 92,50% des votes lors d'un référendum organisé mardi.

Cette nouvelle loi fondamentale rallonge de trois ans le mandat du président, âgé de 71 ans, et l'autorise ensuite à se représenter autant de fois qu'il le souhaite.

La Constitution en vigueur depuis 1999 impliquait qu'il se retire au terme d'un second quinquennat consécutif le 22 décembre.

"Nous allons combattre et résister contre ce coup d'Etat consommé par le président Tandja et contre ses intentions d'instaurer une dictature dans notre pays", a assuré M. Issoufou, se refusant toutefois à indiquer la stratégie qu'allait adopter l'opposition pour atteindre ses objectifs.

Depuis des mois, partis d'opposition, syndicats et ONG locales ont manifesté leur désaccord avec le projet du président et appelé à manifester. La communauté internationale a fait part de son inquiétude.

La CFDR, qui avait appelé à boycotter la consultation, estime que la mobilisation a été très faible.

Selon la Céni, dont les résultats annoncés vendredi doivent être validés par la Cour constitutionnelle, le taux de participation a atteint 68,26%.

"Sur la base des résultats portant sur 50% des bureaux de vote dont nous sommes en possession (...) le taux de participation est en dessous de 5%", a avancé samedi M. Issoufou.

A Niamey, où la presse avait constaté une faible affluence aux bureaux de vote, "il y a eu moins de 5% de taux de participation" a ajouté l'opposant.

Selon des résultats partiels communiqués par la Céni mercredi et jeudi, la mobilisation avait été faible en ville mais très forte dans les zones urbaines.

Pour arriver à ses fins, le président Tandja avait dissous le Parlement le 26 mai, puis fin juin la Cour constitutionnelle qui jugeait le référendum illégal. Depuis, il gouverne seul par décrets et ordonnances grâce aux "pouvoirs exceptionnels" qu'il s'est arrogés.

La nouvelle Constitution concentre l'essentiel des pouvoirs entre ses mains. Le nouveau texte stipule que "le président de la République est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif".

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