Il y a échec et faillite à tous les niveaux du système qui gouverne la Nation. Un statu quo semble ingérable. Toutes les filles et tous
les fils du pays doivent urgemment sous peine d'asphyxie et agonie s'asseoir autour d'une grande table ou autour d'un grand feu de bois un matin de cette saison sèche, parler sans détour inutile. Il en va de l'avenir de la jeunesse centrafricaine.Pas de dialogue en dehors de l'Assemblée (porte-parole du gouvernement)
BANGUI, 8 nov (AFP) - 23h50 - Le porte-parole du gouvernement centrafricain ne voit pas avec qui, en dehors de l'Assemblée Nationale, engager le dialogue réclamé une nouvelle fois par l'opposition à la suite de la dernière crise politico-militaire.
"De quelle opposition vous parlez? Tous ceux dont vous parlez dans cette opposition ont lamentablement échoué (...) Ils parlent au nom de quel peuple?", s'est demandé le ministre d'Etat à la Communication, Gabriel Jean-Edouard Koyambounou, interrogé par l'AFP.
"Nous avons un cadre approprié, constitutionnel (pour le dialogue), puisque nous avons une assemblée multipartite. En dehors de ce cadre, s'il s'agit de ceux qui ont échoué, nous refusons", a déclaré le ministre.
Treize sur quinze partis politiques d'opposition, dont plusieurs ne sont pas représentés à l'Assemblée, ont publié vendredi une déclaration commune dans laquelle ils réclament l'ouverture d'"un dialogue franc et sincère entre les fils et filles du pays" pour trouver une issue aux crises récurrentes que connaît la Centrafrique.
La majorité à l'Assemblée Nationale était jusqu'à présent détenue d'une courte tête par le parti du président Ange-Félix Patassé, le MLPC (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain). Mais les récents événements, comme la crise de fin octobre 2001, pourraient avoir bouleversé la donne, estime l'opposition.
L'Assemblée centrafricaine doit "demander la destitution" de Patassé
BANGUI, 8 nov (AFP) - 18h15 - L'Assemblée nationale centrafricaine doit "demander la destitution" du président Ange-Félix Patassé pour "trahison", en raison de ses décisions lors de la dernière crise politico-militaire, a affirmé vendredi à Bangui la Ligue Centrafricaine des Droits de l'Homme (LCDH).
L'Assemblée doit aussi exiger "le départ immédiat" des combattants du Mouvement de libération du Congo (MLC, rébellion), venus défendre le régime pendant la tentative de coup d'Etat du 25 octobre, a déclaré à l'AFP le vice-président de LCDH, Me Nganatouwa Goungaye Wanfiyo.
"L'assemblée nationale devrait demander la destitution du chef de l'Etat" pour "actes de trahison", en vertu de l'article 93 de la Constitution de 1995 qui stipule que "l'Etat doit assurer la protection des personnes et des biens", a déclaré M. Wanfiyo. "A l'Assemblée Nationale de prendre ses responsabilités", a-t-il lancé.
"Où était la protection de l'Etat durant les derniers événements? L'Etat a livré le pays à une bande de pillards et de bandits (...) Les populations ont été abandonnées à leur triste sort", a poursuivi Me Goungaye.
Il faisait référence aux exactions imputées aux milices du chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba. Mais aussi au contingent libyen qui assure la protection du chef de l'Etat centrafricain, et qui a bombardé les quartiers nord de Bangui "sous prétexte de viser des assaillants dilués dans la masse".
La LCDH, a-t-il dit, "exige le retrait immédiat des troupes rebelles du MLC", dont le nombre, jamais confirmé officiellement, est estimé à au moins un millier, selon divers recoupements.
Dans un communiqué, la Ligue, qui réclame une commission internationale d'enquête sur les derniers événements, invite également "les autorités politiques à ouvrir un véritable dialogue avec l'ensemble des forces vives de la Nation pour rechercher les solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux que traverse la RCA".
Enfin, l'organisation "exige des autorités politiques de tout mettre en oeuvre pour faire cesser l'insécurité générale dans le pays" et demande "la libération immédiate de Prosper N'Douba", porte-parole de la présidence, pris en otage par les assaillants en fuite.
"Une élection n'est pas un chèque en blanc. Il ne suffit pas d'être élu démocratiquement", a souligné le vice-président de la LCDH, tout en rappelant la ferme condamnation par son organisation "de toute forme de prise de pouvoir par la force, quelles qu'en soient les motivations".
L'opposition accuse Patassé de "trahison", réclame un "dialogue national"
BANGUI, 8 nov (AFP) - 17h32
- L'opposition centrafricaine a rompu vendredi le silence qu'elle observait depuis la tentative de coup d'Etat du 25 octobre pour accuser le président Ange-Félix Patassé de "trahison" et "forfaiture", et réclamer la tenue d'un "dialogue national".Treize partis d'opposition ont publié une déclaration commune fustigeant l'attitude du président Patassé lors de la tentative de coup de force des partisans de l'ancien chef d'état-major François Bozizé, mise en échec il y a 10 jours par les forces loyalistes et leurs alliés étrangers.
M. Patassé s'est selon eux "rendu coupable de trahison et de forfaiture au regard du serment constitutionnel", en faisant "pilonner les quartiers nord" de Bangui par les forces d'un pays étranger, la Libye, dont 200 militaires assurent sa protection rapprochée du président depuis mai 2001.
Ils lui reprochent également d'avoir fait "appel aux troupes du rebelle congolais Jean-Pierre Bemba", accusées de violences envers les populations.
Les formations de deux opposants exilés en France, l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé et le député Charles Massi, se sont associées à cette déclaration, ainsi que des petits partis sans élus.
Le texte n'a pas été signé par la principale formation d'opposition, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC, 20 députés) de l'ancien président André Kolingba, accusé d'un précédent putsch manqué en mai 2001.
Les signataires ont appelé à la création d'une commission internationale d'enquête pour faire la lumière sur les exactions commises récemment à Bangui, et ont déploré la "vaste campagne de désinformation tendant à impliquer la République soeur du Tchad" dans le coup de force de M. Bozizé.
"Cette logique a conduit le pouvoir à envoyer un véritable escadron de la mort (...) assassiner de paisibles ressortissants tchadiens", estiment les opposants.
Selon N'Djamena, 150 civils tchadiens ont été "massacrés" au nord de Bangui, près du marché au bétail, au lendemain de l'échec de la tentative de coup d'Etat.
Conséquence de cette polémique, la viande de boeuf se fait de plus en plus rare à Bangui, où les éleveurs du marché et bouchers, souvent des musulmans tchadiens se terrent par peur d'exactions.
Le Premier ministre Martin Ziguélé leur a demandé jeudi de "reprendre leur activité sans crainte".
Pour l'opposition centrafricaine, "toute solution à la crise actuelle passe par un dialogue politique franc et sincère entre les fils et filles du pays".
Elle invite donc "toutes les forces vives de la Nation à se mobiliser en vue d'actions concertées" pour y parvenir, et demande à "l'Assemblée Nationale d'examiner la situation nouvellement créée" par les derniers événements.
Les crises à répétition que connaît la Centrafrique depuis 1996 "trouvent leurs racines profondes" dans de "graves déficits de gouvernance" depuis des années, estiment les signataires.
Ils citent pour principaux griefs "la politique d'exclusion, le non paiement des arriérés de salaires, bourses et pensions, et la fermeture à tout dialogue constructif entre les différentes composantes de la nation".
Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Mahamt Saleh Annadif, a par ailleurs annoncé jeudi soir à Yaoundé, après un entretien avec le président Paul Biya, que le Cameroun participerait à la force africaine de paix qui doit se déployer en Centrafrique prochainement.
Les 15 militaires gabonais composant l'état-major de cette force de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), sont depuis jeudi à Bangui pour préparer son arrivée.
Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12
Le calvaire des
habitants de Bangui Nord ordonné par les hommes de Jean-Pierre
Bemba : humiliation, viol, vol, tuerie (témoignages)