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BANGUI, 12 nov (AFP) - 11h43 - Viols, pillages: les habitants des quartiers nord de Bangui, les plus touchés par les combats de la dernière tentative de coup d'Etat, ont raconté leur calvaire à l'AFP, entre assaillants et rebelles de RDCongo venus défendre le régime.
"Les éléments de François Bozizé étaient nombreux et armés jusqu'aux dents", se souvient Louis, un habitant du PK12, la voie d'accès nord de la capitale centrafricaine, d'où ont surgi le 25 octobre les partisans de l'ancien chef d'état-major de l'armée centrafricaine, entré en rébellion.
"Ils sont allés saluer les gens qu'ils connaissaient dans les quartiers et ont tenu à rassurer la population. Le mardi 29, ils ont entamé leur repli. Les derniers ont quitté Bangui le mercredi, vers 16H30, après avoir emmené leurs blessés", poursuit-il.
Les combats ont cessé le mercredi après-midi après six jours d'intenses combats qui ont pris en étau les habitants des quartiers nord de Bangui, fiefs électoraux du président Ange-Félix Patassé.
"Le jeudi 31 octobre sont arrivés les gens de (chef rebelle congolais Jean-Pierre) Bemba. Ils sont venus à la maison, ont pris des choses", poursuit Louis.
Ils sont revenus le vendredi. Sous la menace des armes ils ont déshabillé ma femme pour prendre l'argent caché dans son slip. Ils ont violé ma fille enceinte, sur mon lit, devant moi. Ils m'ont tiré dessus mais ils m'ont raté", conclut-il, bouleversé.
Fernande a fui les combats avec sa famille, se réfugiant à une vingtaine de km de Bangui (PK22). "Le jeudi matin les gens de Bemba sont arrivés. Ils ont tué des gens, dont mon beau-frère, ils ont tout mis à sac. Ils ont violé des petites filles de l'âge de 7 ans. L'une est morte après. Les gens sont partis se cacher dans la forêt".
"Nous n'avons toujours pas pu effectuer les trois jours (traditionnels pour un homme) de cérémonie funéraire pour mon beau frère car on ne peut pas se réunir. Il n'y a pas de sécurité, tout le monde a peur", insiste-t-elle.
Jean habite le quartier Gobongo. "Les troupes de Bozizé sont entrées très facilement le vendredi 25. Ils nous disaient: +ne nous fuyez pas, nous sommes venus pour vous libérer car nous souffrons tous trop+. J'étais en train de boire du vin de palme avec des amis et on leur en a proposé. Ils ont refusé en disant: +sinon, nous risquons de mal faire notre travail+. Ma femme a voulu leur donner 300 francs CFA (0,45 EUR) pour acheter des cigarettes. Ils ont rendu 100F en disant: +200, ça suffit. Les temps sont durs, maman+".
"Le mercredi en fin de journée sont arrivés les Congolais, ils tuaient pour tuer, sans pitié. Ils pillaient, ils violaient, même des enfants! Au moins les Libyens sont une armée régulière qui ne fait de mal à personne. Mais ceux-là, ce sont des bandits, des délinquants, qui n'ont aucune discipline, ne respectent aucun code militaire. Et tant qu'ils sont là, on est toujours sur le qui-vive", assure-t-il, tendu.
Un contingent libyen, généralement estimé autour de 200 hommes, assure la sécurité du président Ange-Félix Patassé depuis 18 mois. Les rebelles Congolais sont au nombre d'au moins un millier. Aucune date n'a été fixée pour leur départ.
Selon une source humanitaire ayant enquêté sur le sujet, 95% des exactions répertoriées depuis la tentative de coup d'Etat sont le fait des miliciens de Bemba.
Le président Patassé assure que les enquêtes menées sur ces exactions ont démontré qu'il s'agissait "pour beaucoup, de mensonges". "Allez au PK12, a-t-il confié à l'AFP. Vous verrez, ils (les Congolais) sont en harmonie avec la population".
Le président de l'Assemblée Nationale, Luc Apollinaire Dondon Konamabaye, a affirmé à l'AFP que, dans leur fuite, les éléments du général Bozizé ont tué 57 civils au PK12, sur la route de Damara. Cette information n'a pu pour le moment être confirmée de source indépendante.