La Victoire des loyalistes appuyés par les alliés libyens, des forces MLC de Bemba et des services privés de sécurité - La ville de Bangui abandonnée à elle-même
Washington retire ses diplomates de Centrafrique
WASHINGTON, 31 oct (AFP) - 21h12 - Les Etats-Unis ont annoncé jeudi le retrait de leurs diplomates de République centrafricaine et la suspension sine die des activités de leur ambassade à Bangui en raison des troubles dans ce pays.
Le département d'Etat a annoncé dans un communiqué que la situation "incertaine" l'amenait à "ordonner le départ de tout le personnel gouvernemental américain de République centrafricaine et à suspendre les activités de l'ambassade américaine".
Washington, qui avait demandé le 25 octobre à ses ressortissants dans ce pays de redoubler de prudence, leur recommande désormais d'en partir. Les Américains qui voudraient se rendre en Centrafrique se voient quant à eux conseiller de reporter leur voyage.
"La situation à Bangui reste fluctuante et incertaine", affirme le communiqué, en soulignant que "des pillages ont été signalés, de même que des intrusions dans des domicile privés".
"Les communications téléphoniques ne sont pas fiables et l'aéroport de Bangui est actuellement fermé", ajoute le communiqué du ministère américain des Affaires étrangères.
Le Pentagone (ministère américain de la Défense) avait annoncé mercredi l'envoi d'un groupe de militaires américains à Bangui pour étudier les moyens d'assurer éventuellement la sécurité des Américains en Centrafrique.
Les forces loyalistes centrafricaines ont repris mercredi le contrôle de l'ensemble de la capitale, Bangui, à l'issue de six jours de combats contre les partisans de l'ancien chef d'Etat-major centrafricain François Bozizé soutenus, selon les autorités, par le Tchad.
Un correspondant de l'AFP sur place a constaté jeudi que la population regagnait en masse les domiciles abandonnés du fait des affrontements, et que la plupart des magasins étaient à nouveau ouverts.
Le gouvernement centrafricain, par la voix de son porte-parole, Gabriel-Jean-Edouard Koyambounou, a lancé un appel, demandant à tous "de reprendre dès lundi le chemin des bureaux, des ateliers et des champs".
Dans son intervention à la radio nationale, le ministre d'Etat à la Communication a affirmé que les forces armées centrafricaines avaient repris le contrôle "de toutes les zones et les quartiers" occupés par les "agresseurs".
Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a toutefois estimé "qu'on ne sait toujours pas clairement comment les rebelles vont réagir aux derniers développements et ce qui va arriver par la suite".
"Nous sommes très préoccupés par le fait qu'une semaine se soit écoulée sans que cette situation très incertaine ne soit résolue", a-t-il ajouté.
Des ONG suspendent leurs activités en Centrafrique en raison des troubles
PARIS, 31 oct (AFP) - 19h22 - Handicap International et l'organisation humanitaire italienne Coopi "ont dû suspendre leurs activités du fait des combats à Bangui" et souhaitent "attirer l'attention sur le sort des populations civiles" en République centrafricaine, selon un communiqué publié jeudi.
"Handicap International et Coopi ont dû suspendre leurs activités du fait des combats à Bangui, mais elles souhaitent reprendre celles-ci au plus vite", affirme Handicap International, symbole de la lutte contre les mines antipersonnel.
"Les équipes de Coopi et Handicap International sont pour l'instant à Pissa, près de M'Baiki (au sud de Bangui) et se préparent à répondre aux besoins les plus urgents des populations de Bangui", ajoute l'ONG, soulignant que "l'instabilité en République centrafricaine touche d'abord et avant tout les populations civiles".
Les deux ONG "déplorent le manque d'information sur la situation en Centrafrique dans les médias européens et souhaitent attirer leur attention sur le sort des populations dans ce pays une nouvelle fois plongé dans des troubles militaro-politiques".
Après six jours de combats consécutifs à une tentative de coup d'Etat lancée par l'ancien chef d'état-major centrafricain, François Bozizé, la vie avait pratiquement repris son cours normal à Bangui, où la population regagnait en masse les domiciles abandonnés à cause des affrontements.
"Le calme est bel et bien revenu à Bangui", selon le gouvernement
BANGUI, 31 oct (AFP) - 12h40 - Le gouvernement centrafricain a déclaré jeudi dans un communiqué lu à la radio nationale, que "le calme est bel et bien revenu à Bangui", après six jours de combats entre forces loyalistes et partisans de l'ancien chef d'état-major François Bozizé.
"Le calme est bel et bien revenu à Bangui" car "les FACA (forces armées centrafricaines) viennent de récupérer toutes les zones et les quartiers lâchement et précairement occupés par les agresseurs", a déclaré à la radio nationale le porte-parole, Gabriel-Jean-Edouard Koyambounou, ministre d'Etat à la communication.
"Neutralisés par la puissance de feu de nos forces régulières, a déclaré le porte-parole, ces bandits n'ont plus eu le choix que de prendre leurs jambes à leur cou et de prendre la clé des champs. Ils ont été délogés et sont en train d'être pourchassés jusque dans leurs derniers retranchements".
Selon M Koyambounou, "dans leur fuite éhontée, les agresseurs ont abandonné des véhicules bourrés d'armes de guerre, matériels de communication haut de gamme, sac à dos, chaussures militaires et accessoires".
"Le gouvernement, a-t-il poursuivi, se fait le devoir dans les tout prochains jours d'exposer tout cet arsenal de guerre destiné à la destruction de notre belle capitale en vue de prendre à témoin l'opinion nationale et internationale".
Dans cette déclaration, le gouvernement remercie "tous les pays et organisations internationales qui ont bien voulu nous apporter leur soutien".
M. Koyambounou a fait état au cours de sa déclaration de la "persécution" et de la "souffrance" du peuple centrafricain, "programmées depuis un territoire voisin étranger", sans citer nommément un pays.
Enfin, il n'a donné aucune information sur le sort de Prosper N'Douba, porte-parole de la présidence, enlevé par les assaillants au premier jour de leur attaque.
BANGUI, 31 oct (AFP) - 9h22 - Le calme prévalait toujours jeudi matin à Bangui au lendemain de l'offensive des forces loyalistes qui leur a, selon elles, permis de reprendre le contrôle de l'ensemble de la ville, a constaté le correspondant de l'AFP.
Devant l'offensive des loyalistes, épaulés par le contingent libyen et des rebelles de RDCongo appartenant au Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, les partisans du général François Bozizé, qui avaient attaqué la capitale centrafricaine vendredi dernier, se sont enfuis vraisemblablement vers le nord du pays d'où ils étaient arrivés la semaine dernière. Selon des témoignages, certains d'entre eux se sont fondus dans la population.
La radio nationale lançait jeudi matin des appels répétés au personnel de santé pour qu'ils regagnent leur poste de travail, mentionnant principalement les blocs opératoires et les services de réanimation.
Aucun bilan de ces combats n'était encore disponible jeudi matin mais un communiqué officiel était attendu en cours de journée qui pourrait fournir des éléments à ce sujet.
Par ailleurs, la circulation a repris normalement jeudi matin dans la ville, y compris dans les secteurs paralysés ces derniers jours par les combats.
Les habitants des quartiers nord, qui avaient fui en masse ces derniers jours, en profitaient pour regagner leurs domiciles.
Reprise du contrôle des quartiers nord de Bangui
Le Monde, 30 oct 2002 - Les forces loyales au président centrafricain Ange-Félix Patassé ont repris, mercredi, le contrôle des quartiers nord de Bangui tenus, depuis leur offensive surprise vendredi dernier, par les partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé.
Les quartiers nord de Bangui, contrôlé depuis l'offensive surprise vendredi dernier par les partisans de l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, ont été repris mercredi 30 octobre par les forces loyales au président centrafricain Ange-Félix Patassé. Au sixième jour du coup de force contre le pouvoir, "les hommes de l'USP (Unité de sécurité présidentielle) et ceux de (Jean-Pierre) Bemba maîtrisent maintenant tout le secteur nord", a affirmé un habitant de ces quartiers, confirmant d'autres témoignages.
Des habitants ont également fait état d'une "débandade" dans ces quartiers des éléments fidèles au général Bozizé dont l'objectif affiché est de "restaurer l'autorité de l'Etat" dans ce pays exsangue après une succession de crises politico-militaires ces dernières années. Cependant, il n'était pas possible de savoir mercredi en fin d'après-midi si les forces loyalistes avaient également pu reprendre le contrôle de la sortie nord de Bangui, par où sont arrivés les rebelles, et dégager ainsi la route permettant d'accéder au nord du pays.
De plus, les partisans de Bozizé, réfugié au Tchad pendant un an et très récemment en France, tiennent encore des positions entre les quartiers nord et le centre-ville. Cette reprise en main s'est effectuée lors d'une offensive, essentiellement à l'arme automatique, déclenchée en milieu de journée, avec l'appui des soldats libyens postés autour du palais et de la résidence présidentiels et présents à Bangui depuis dix-huit mois.
Environ 500 combattants de RDCongo, appartenant au Mouvement de libération du Congo du chef rebelle Jean-Pierre Bemba, sont progressivement arrivés à Bangui depuis samedi pour prêter main forte aux forces gouvernementales. M. Bemba a démenti toute implication de ses troupes. Des employés de sociétés de gardiennage privé, en nombre indéterminé, ont également été vus aux côtés des forces loyalistes.
FUITE PAR MILLIERS
En milieu de journée, les populations, le plus souvent accompagnées d'enfants de tous âges, continuaient à fuir par milliers à pied, avec des baluchons sur la tête dans lesquels ils ont rassemblé l'essentiel. Au sud de la ville, au kilomètre 9, un dispositif a été mis en place mercredi pour dissuader les gens d'aller au-delà de la périphérie urbaine, apparemment par crainte de problèmes sanitaires.
Des ONG présentes en Centrafrique, comme MSF (Médecins sans frontières) et Coopi (Cooperazione italiana), s'efforcent d'apporter une première aide à ces déplacés. Depuis dimanche, des barrages contrôlés par des éléments de l'USP ont été établis aux entrées sud-ouest de la ville. Ces contrôles ont été renforcés mercredi matin, les voyageurs devant désormais y présenter une pièce d'identité. Des patrouilles mixtes, armée-gendarmerie, arpentent également ces quartiers.
Le prix des produits de première nécessité - farine, lait, sucre - ont commencé à augmenter et le carburant se fait rare, la majorité des stations-service étant situées dans les quartiers nord où se sont concentrés les combats ces derniers jours. Le kilo de sucre est ainsi passé de 700/750 FCFA (environ 1,10 euro) en moyenne habituellement à 900 (1,37 euro), 1 000 (1,52 euro), voire 1 100 F CFA. (1,68 euro). La bière ordinaire est passée de 400 à 600 FCFA (0,61 à 0,91 euro).
Bien que les téléphones portables ne fonctionnent plus qu'exceptionnellement dans Bangui, les propriétaires de cellulaires font des réserves de cartes téléphoniques et celles-ci se vendent désormais largement au-dessus de leur prix normal. Enfin, le Vatican a lancé mercredi un appel au respect de "l'ordre constitutionnel". Rome a également encouragé "la communauté internationale à continuer son action en faveur de la paix et l'Eglise locale à insister dans ses activités en faveur d'une coexistence pacifique et fraternelle" en Centrafrique.
LEMONDE.FR avec l'AFP
Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12
En attendant le bilan des combats, les banguissois tentent de retrouver leurs habitudes