SOCATEL: télecom,  Internet, irresponsabilité et risques majeurs d'incendie à Bangui. Quels projets d'avenir?

Les télécommunications de la République Centrafricaine vont mal. Après avoir bradé le suffixe .CF du système Internet à un groupe de personnes dont l'identité reste mystérieuse à ce jour, voilà qu'on découvre avec effarement comment la SOCATEL est réglée et gérée. Le professeur Henri NGOBITO apporte un éclairage édifiant dans la compréhension du phénomène aux Kodronautes et à tous centrafricains qui ne cessent de s'interroger.

Des réactions et propositions viendront s'ajouter. Reste la question de l'avenir immédiat ou proche des télécommunication s en Centrafrique. Peut-on rester à la traîne et continuer avec une gestion cahotique d'un outil qui fait désormais partie intégrante de notre envoronnement? Jean-Pierre Mara s'interesse à la question "quel avenir, quel projet". D'autres contributions viendront alimenter le débat déjà largement ouvert. - Victor Bissengué


SOCATEL: télecom,  Internet, irresponsabilité et risques majeurs d'incendie à Bangui
par  Henri NGOBITO, Ingénieur principal en électronique

Bonjour très chers Kodronautes,

 

Depuis la fin de mes études, j’avais décidé de ne plus avoir de contributions à caractère patriotique que dans l’unique cadre de ma spécialité et dans mon travail. Il parait que beaucoup de Kodronautes semblent être intéressés par la situation des entreprises para-publiques en général et des SOCATEL en particulier

 

Je tiens d’abord à préciser que j’avais surtout essayer d’utiliser ce forum pour faire de la lumière sur certaines choses. Ce car certaines réalités sont très difficiles à être contournées. Il faut se rappeler que même le Dr Augustin YAMANDJAN est surveillé par le Conseil d’Administration ou France Telecom est fortement représentée et quelques fois très défendue par des ….Centrafricains. En effet SOCATEL appartient en grande partie (40%) à France Câble & Radio.

 

  1. Frais de Transit: l’expose de Mr Fred BENINGA ne colle plus à la réalité. En effet les grosses somment perdues à travers les frais de transit, pour la majorité du trafic de la RCA, ont été réduites avec la réalisation ( en partenariat avec INTELSAT) du Projet DAMA. Ce qu’il serait intéressant de noter est que cela n’avait été rendu possible que grâce à une implication personnelle du Président PATASSE. En effet le Conseil d’Administration de la SOCATEL avait refusé d’entériner ce Projet initié par la Direction des Etudes, sans la participation du célèbre cabinet parisien SOFRECOM. Mais il ne faut pas que cet arbre cache la foret. En effet c’est sous le régime du “Démocratiquement Elu” que la déconfiture de la SOCATEL s’est vraiment accentuée. Mais à mon avis, cela s’était beaucoup plus réalisée par un sabotage de l’intérieur, à travers une attribution clanique des postes à tous les échelons:

    a)- Présidence du Conseil: bien que Conseiller à la présidence de la République, le très compétent Eugène NZENGOU (cadre retraité de l’Union International des Télécommunications) a toujours été écarté de ce poste au profit d’autres “personnalités”  (J.-J. Demafouth, B. Likiti puis P. Ndouba).

    b)- Direction Générale: remplacement du brillant St-Cyrien Anicet SAULET (spécialiste du Traitement de l’Information) par l’ingénieur des travaux Joseph B.-Zouketia (spécialiste de l’installation des câbles téléphoniques).

    c)- Direction Technique: le polytechnicien Paul MAGONZI a été finalement remplacé par des parents et amis MLPCistes qui ont été places à tous les échelons (Chef de Division, Chef de Service, Chef de Section, Chef de Cellule) tant à  Bangui qu’en province.
     
  2. Privatisation: la suggestion de notre soeur Estelle NGUILE a été aussi reprise par Mr Joël B-KONGHONZO. Mais il faut noter que la SOCATEL est déjà une entreprise privée. La question serait plutôt celle du désengagement de l’Etat. En effet ce que l’on appelle la “déréglementation” demande une re-définition des rôles:
     
    a)- Exploitation: confiée aux entreprises ayant un actionnariat privé. C’est ainsi que l’une des “conditionnalités” de la Banque Mondiale concerne la SOCATEL. Vous n’ignorez certainement pas la docilité des Autorités centrafricaines face aux étrangers venant de l’extérieur. Mais toute fois, de plus en plus de voix s’élèvent contre cette pratique. Ceux qui veulent en savoir plus sur ce chapitre n’ont qu’a se procurer le dernier livre du prof. Joseph STIGLITZ (Conseiller Economique de Bill CLINTON, ancien Vice Président de la Banque Mondiale).

    b)- Réglementation: création indépendante du Pouvoir Public, l’Agence de Régulation des Télécommunications, existe sur le papier depuis une décennie. Mais jusqu’à ce jour n’a pas été résolu le problème de son fonctionnement. Tous les ministres qui se sont succédés depuis 1993 à la tête du Département des PTT ont, à chaque fois, proposé Mr Jean-Marie SAKILA comme Directeur Général de cette structure. En effet l’actuel Inspecteur Centrale des Télécommunications est le cadre que l’Union Internationale de Télécommunications a formé dans cette perspective. Mais toutes les propositions de décret portant son nom ne sont jamais ressorties du bureau de l’ancien Chef de l’Etat.

     
  3. Piraterie: sans me pencher spécifiquement sur ce fléau, je me permets de noter les quelques points ci dessous :

    a)- Internet : aujourd’hui les télécommunications modernes se résument à Internet. Le développement et la vulgarisation de ce qui représente la partie la plus importante des télécommunications actuelles sont très lies à l’existence d’un très bon réseau de câbles. En effet tous les bons spécialistes savent que si la téléphonie cellulaire permet un désenclavement certain, elle n’apporte pas autant de valeur ajoutée (unified messaging, formation a distance, commerce électronique, etc) aux Unités de Production locales que le réseau des réseaux. C’est pourquoi une atteinte à l’intégrité du réseau de câble doit être traitée comme un acte de terrorisme. En conséquence il serait peut être utile de se rapprocher de nos frères juristes pour voir si le texte initié par Jean-Bedel BOKASSA (bien avant Georges BUSH) n’a pas encore été rapporté.

    b)- Danger public: nous savons tous que les câbles téléphoniques volés sont utilisés pour faire des installations de courant électrique dans les habitations des quartiers populaires. Mais il faut se rappeler que le câble du réseau téléphonique n’a pas été conçu pour supporter un courant fort. Ainsi le jour ou une grande charge électrique atteindra le réseau de l’ENERCA, il y a des risques d’incendie généralisée  suite aux installations pirates. L’un des cauchemars du Responsable des Sapeurs-pompiers est ce risque de voir Pétevo, Gobongo ou Ouango enflammé par des câbles porteurs de mortelles décharges électriques.

 Bien a vous,


 

 Prof.  Henri NGOBITO
 
Ingénieur Principal en Electronique

(14 mai 2003, 03:50:07)


Quels projets d'avenir pour la SOCATEL ?

Je voudrais réagir aux propos du compatriote pour ne pas donner l'impression que nous sommes tous d'accord sur l'approche et kla façon d'aborder le débat autour de la SOCATEL.

J'apprécie à sa juste valeur que le compatriote cite des diplômes et parle des anciens responsables retraités. Cependant, je ne pense pas que se focaliser sur les cadres qui ont fait leur preuve en travaillant la SOCATEL nous aide à sortir de la problématique que j'ai soulevé au départ et qui est de savoir pourquoi la SOCATEL va mal.

Mon soucis était certe de comprendre ce ne va pas, mais n'était pas de faire le procès des anciens responsables même si on est en droit de leur demander des comptes.

Je trouve aussi trop déplacer de vouloir incriminer certaines sociétés étrangères tout en essayant d'en positionner d'autres.

La SOCATEL a un problème et tout le monde se positionne pour résoudre ce problème, chacun à sa façon, avec des diplômes adaptés ou pas.

La SOCATEL a toute fois des obligations envers des fournisseurs et des actionnaires. Ce volet est très important et ne saurait être négligé. Il faut absolument composer avec tout le monde ;les bailleurs, les fournisseurs, les actionnaires. Bref, garder la continuité des responsabilités de la SOCATEL est le point de départ.

La SOCATEL est une société de télécommunication et son marché primaire est la RCA , un pays enclavé et dépourvu de toutes onfrastructures modernes.
Certe on parle d'Internet puisque nous communiquons par ce moyen. on parle du commerce électronique, on parle unified messaging, formation à distance, etc..par ce que c'est à la mode chez les gens dans les pays que nous envions.

Mais franchement, ce ne sont pas ces sujets qui devront nous préoccuper dans la recherche de solutions viables pour la gestion de la SOCATEL afin de satisfaire le marché Centrafricain dans son contexte actuel.

Nous sommes un petit pays et de surcroit un pays pauvre avec un grand taux d'analphabètes qui n'ont pas d'utilité pour un ordinateur. Que voulez-vous que les Centrafricains fassent du commerce éléctronique dès lors que même pas la moitié de la population Banguissoise à Accès au téléphone comme moyens de communication. Nous ne devons pas focaliser le débat sur les 5% de la population qui sont potentiellement en mesure d'utiliser un ordinateur pour faire le commerce éléctronique.

Nous devons plustôt parler de n'importe quel Centrafricain susceptible d'utiliser un téléphone fixe ou portable. Limitons donc tout d'abord le débat à la téléphonie simple, mobile ou fixe. Parlons d'abord de comment faire pour que le téléphone ne soit plus un objet de luxe mais juste un équipement de communication entre BIRAO et BANGUI, BANGASSOU et BOUAR.

Remettons le débat dans le contexte national, avec les difficultés que nous connaissons sans faire d'amalgame entre les aspects techniques et les questions politiques.
Un vrai connaisseur de la télécommunication sait qu'il y a des moyens pour rendre difficile le piratage d'une ligne, piratage généralement opéré par branchement parallèle pirate sur la ligne privé d'un abonné,au fin faire payer à ce abonné le prix d'une communication consommée par le pirate, comme il en est le cas à Bangui.
En tout cas, nous en matière de Télécommunication, il y a des solutions simples pour ermettre aux opérateurs de réduire la fraude. Je refuse donc de croire que c'est seulement en RCA que les spécialistes de la télécommunication ne connaissent pas ces méthodes.

Pour ma part, je résume les problèmes de la SOCATEL comme suit:

SOCATEL=Problèmes de gestion + problèmes politques

Si on peut proposer des solutions adaptées aux problèmes techniques, on aura resolu 50% des problèmes de la SOCATEL, et 50% c'est déjà un pas.
A mon avis, le vrai problème de la SOCATEL reste la multitude de personnes qui aimeraient bien diriger cette société mais qui n'ont en réalité aucune notion claire de la solution adaptée aux vrais problèmes auxquels fait face la SOCATEL dans le contexte centrafricain.

On a beaucoup d'aspirants qui se positionnent sans trop bien savoir comment un téléphone fixe ou cellulaire fonctionne et qu'est ce qui se passee réellement entre le décroché et le premier message >>ALLO ALLO>>

Je propose à tous ceux qui se positionnent par rapport à la SOCATEL de réfléchir plutôt à sur la nature du réseau câblé dans Bangui et au delà de Bangui, quel support pour une épine dorsale si on parle de transit, comment combiner toute démarche avec l'évolution future et comment ajuster les contraintes aux exigences fac aux partenaire France Télécom, Alcatel et Warsun puisque le compatriote signe son Email par warsun.com

Nous pouvons créer des pôles de compétences pour de telles discussions.
D'aileurs pour rester dans le même ordre d'idée, je demande à tous ceux qui sont intéressés par le sujet des sociétés à compétences techniques de me contacter directement par mon Email : jpmara@centrafrique.com
Je me propose de coordonner les pôles suivants:
- Débat Télécom (SOCATEL, CARATEL, TECEL, TELECOM PLUS, etc)
- Débat Informatique et Réseau (ACC7S Internet, ONI, .FC, Adresse IP, RIPE)
- Débat Logistique (TASPORT, POSTE, AVIATION)

NOTA:pour information, on cherche un Centrafricain capable de proposer un programme sur la relance d'une Direction Générale de la POSTE (Courrier Postal, Caisse d'Epargne Postal, CCP, merci de me contacter aussi)

Jean-Pierre MARA
15 May 2003 10:53:35 +0200


Autres points de vue sur la question de SOCATEL


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16