Par Serge-Alain YABOUET-BAZOLY
Ministre, Directeur de Cabinet à la Primature
Certains Centrafricains de la diaspora, et singulièrement quelques vieux étudiants égarés en France, ont trouvé en loutil Internet, un instrument de désinformation. Dinjures en diffamations, ils excellent dans lart de détruire et de salir leur propre pays, comme pour se donner la possibilité dexister !
Larticle sur les " 300 milliards en quête de blanchiment ", pour le compte des autorités centrafricains, est révélateur de cet état desprit foncièrement négatif. Pire, il est surtout révélateur de la médiocrité de ceux qui prétendent donner des leçons de bonne gouvernance, loin des réalités du terrain, et en parfaite méconnaissance des principes élémentaires de fonctionnement des milieux bancaires et financiers.
I) Sur le prétendu transfert de 300 milliards de francs CFA par la Direction Nationale de la Banque des Etats de lAfrique Centrale.
La Direction Nationale de la Banque des Etats de lAfrique centrale (BEAC), aurait émis un certain nombre de garanties en 1998, de lordre de 500 millions de dollars américains chacune, pour une contrepartie quil faut élucider.
Cette opération est restée inconnue des autorités centrafricaines jusquà ce que, voulant confirmer ces garanties par messages " swift ", sur linsistance de leurs correspondants, ces messages sont simultanément tombés sur les appareils des Services Centraux à Yaoundé,(1) qui auraient ainsi été mis au courant de cette opération singulière.
Cest dans ce contexte quune Mission dinspection a été dépêchée à Bangui, afin de sassurer notamment de la non implication des autorités locales. Cest ce qui a permis à la BEAC dannuler ces garanties fictives. A aucun moment, il na été question dun quelconque transfert dargent de la République Centrafricaine, vers lextérieur !
Le Trésor centrafricain na reçu aucun centime. Les responsables de la Banque Centrale mis en cause dans cette affaire, auraient ainsi pêché par naïveté, eu égard à lénormité des sommes en jeu. En tout état de cause, il sagit dun dossier interne à la BEAC, dont lEtat centrafricain attend les conclusions pour prendre les décisions qui simposent quant à lutilisation du nom du pays dans ces garanties.
Nous sommes loin des affabulations quant à un prétendu transfert dargent sale, pour un montant qui excède de très loin les disponibilités et les possibilités de la Direction Nationale de la BEAC, voire de la Banque Centrale toute entière !
II) Sur le soit-disant irréalisme des 70 milliards de recettes fiscalo-douanières prévus dans le Budget de lan 2000.
Les deux compatriotes signataires de larticle en question,(2) qui annoncent que les 70 milliards de recettes dorigine nationale, prévues dans le Budget de lan 2000, auraient provoqué lhilarité générale dans les milieux financiers internationaux.
Ne leur en déplaise, ces 70 milliards ont été bel et bien votés massivement par les députés centrafricains, le 27 février dernier. Les voix de lopposition se sont ajoutées à celles de la majorité pour atteindre le score remarquable de 81 voix pour, alors que la majorité présidentielle ne dispose que de 57 voix , sur les 109 que comptent lAssemblée Nationale ! Cet exemple de patriotisme et de sérieux des élus du peuple devrait inspirer un peu plus, certains de nos compatriotes de lextérieur, qui font de la politique fiction.
Comme dhabitude, le Budget en recettes et en dépenses dun Pays en programme avec le Fonds Monétaire International (FMI), comme cest le cas de la RCA, est arrêté dun commun accord avec les institutions de Bretton-Woods. Un minimum de contacts avec ces milieux, contrairement à ce quaffirment les rédacteurs de cet article, leur aurait permis dacquérir une légère culture économique !
III) Sur la pseudo-promesse dapurement des arriérés de salaires avant la fin du mois de mars 2000.
Le Gouvernement Centrafricain na jamais pris lengagement de régler tous les arriérés de salaires des fonctionnaires avant la fin du mois de mars 2000. Il en aurait les moyens, quil aurait volontiers pris cet engagement. Ce nest malheureusement pas le cas, hélas ! Du moins, pas encore. Lors du débat relatif à la ratification du Prêt consenti par la Banque Mondiale, le Ministre délégué à lEconomie, au Plan et à la Coopération Internationale, a dexpliqué que le deuxième décaissement de lIDA serait assujetti à la vérification que sur les douze derniers mois, douze mois de salaires ont été effectivement payés. Autrement dit, aucun arriéré supplémentaire ne devait sajouter à ceux déjà recensés.
Cette explication a pu être mal comprise par quelques élus du Peuple, et surtout par des journalistes de la presse privée qui rêvaient ainsi de prendre le Gouvernement en défaut. Dommage que certains aient tenté des supputations malveillantes sur la foi dune telle incompréhension !
Sagissant du Premier Ministre, Monsieur Anicet Georges DOLOGUELE, est-il besoin de rappeler ici quil ne possède aucun mandat électif. Il se contente dappliquer avec rigueur et abnégation, une politique dont beaucoup de Centrafricains espèrent quelle fera évoluer certaines mentalités vers plus defforts collectifs, pour un véritable redressement socio-économique. Sa crédibilité na pas été acquise à travers des messages internet, mais à la suite defforts pour remettre notre pays sur les rails du progrès, dans lintérêt de tous les Centrafricains, quils vivent en centrafrique ou ailleurs.
Les compatriotes se dispersent donc quand ils se focalisent sur sa personne comme étant lhomme qui les empêche dexister en politique. La preuve, cest que beaucoup tentent vainement dexister en politique depuis quelques décennies.
Puissent nos donneurs de leçons venir simprégner des réalités socio-politiques, économiques et culturelles de la Centrafrique daujourdhui, loin du confort intellectuellement et politiquement obscurcissant du SMIC et autres RMI. Alors, des contributions critiques ancrées sur une maîtrise des problèmes aideraient, à nen point douter, à la saine émulation dont la démocratie centrafricaine naissante a tant besoin pour senraciner.
Affaire à suivre
Bangui, le 5 mars 2000
NDLR :
(1) Ce propos confirme l'information que nous diffusions sur sangonet : " Echec au circuit international de blanchiment d'argent sale au siège de la Banque centrale à Younde, Cameroun ", VB
(2) "Bangui serait-il devenu la capitale de l'argent sale ? - 300 milliards en quête de blanchiment", par H. GROTHE & J. KPIDOU