Affaire Bayanga : tuerie du 22 novembre et vigiles suspectés
Nous apprenions par une dépêche que des troubles graves se sont produits à Bayanga le 22 novembre 2000. Des morts ont été dénombrés ("
GREVE, TROUBLES ET DECES DANS LA SOCIETE DE BOIS DE BAYANGA"). Il s'agirait d'une affaire très grave qui dépasse les seules limites de la localité. Une enquête de Kodro le confirme.<<
Le 22 novembre 2000, en exploitants forestiers et propriétaires de société de gardiennage et de sécurité, M. Patassé et ses complices se sont rendus coupables d'une trentaine d'assassinats lors d'une manifestation de travailleurs à Bayanga, une localité de la préfecture de la Sangha-Mbaéré, dans la pointe Sud/Ouest de la République centrafricaine.
Ce jour-là, le mercredi 22 novembre 2000, les ouvriers et autres personnels de la société d'exploitation du bois de Bayanga manifestent pour leurs droits mais face à l'ampleur du mouvement et la fermeté des travailleurs, le mouvement sera aussitôt réprimé par les vigiles de la société SCPS chargée de la sécurité des locaux de la société d'exploitation forestière de Bayanga. La SCPS est la Société Centrafricaine de Protection et de Sécurité.
La responsabilité des propriétaires de la société forestière de Bayanga et de la société SCPS est engagée dans la charge macabre de Bayanga. La société d'exploitation forestière appartient à MM. Ange-Félix Patassé, Ynifolo Vandenboss et d'autres actionnaires de nationalité française.
La SCPS est une société de gardiennage et de sécurité domiciliée à Bangui, à deux pas de la Villa Adrienne, résidence de M. Ange-Félix Patassé. Elle appartient à MM. Ange-Félix Patassé, Kofi (le beauf) et Lionel Gannes alias Lionel Ganbéfio.
Au stade actuel de ses investigations Kodro-Centrafrique accuse M. Ange-Félix Patassé, l'actuel président centrafricain, M. Ynifolo VandenBoss, député de Bayanga et ancien ministre de Patassé, M. Lionel Gannes (alias Ganbéfio), patron de l'Écho de Centrafrique et d'un night-club banguissois, M. Kofi de nationalité togolaise mais ministre d'État centrafricain (présenté comme un des beaux-frères togolais de M. Ange-Félix Patassé) et des actionnaires français de la société d'exploitation forestière de Bayanga pour s'être rendus coupables et complices d'assassinats de plusieurs dizaines de Centrafricains et d'individus de nationalité étrangère à Bayanga le 22 novembre 2000.
En appoint de l'Unité Présidentielle de Sécurité (UPS, ex-Forsdir), la SCPS veille aussi à la sécurité présidentielle sur le territoire centrafricain. C'est à ce titre que dans certains milieu banguissois, M. Lionel Ganbéfio n'hésite pas à se vanter d'être le nouvel homme fort au service de Patassé. Pour les observateurs, il serait en passe de devenir le "Mantion de Patassé ". IL est de toutes les festivités, très proche du président.
Excellant dans ses nouvelles prérogatives obscures, M. Lionel Gannes, alias Ganbéfio, s'est récemment illustré en débarquant à la Bourse du Travail de Bangui. Le vendredi 17 novembre 2000, en pleine réunion des leaders syndicaux, le "patron blanc de la Sécurité présidentielle a tenté de nous imposer une convocation du président Patassé. Ce que nous avons refusé malgré la proposition qui nous a été faite pour le choix d'une personnalité au poste de Premier ministre en remplacement de M. Anicet Georges Dologuélé. Nous avons compris que ce n'était qu'un grossier piège. Un autre attrape-nigaud à la Patassé".
La Société Centrafricaine de Protection et de Sécurité a déjà été impliquée dans plusieurs assassinats et actes de tortures de Centrafricains sur le territoire national.
A Nola, il y a an, cette société a tué un paysan après l'avoir battu et torturé. Deux vigiles en activité reprochaient au paysan d'avoir chercher du fagot sur un domaine privé sur laquelle ils veillaient. Une fois leur forfait commis, ils dissimulèrent le cadavre en se débarrassant du corps. Sur insistance de la famille et de la Gendarmerie locale, le corps sera retrouvé des jours plus tard dans un cours d'eau de la région de Nola.
Le domaine interdit de ramassage de bois mort (fagot) fait partie d'une exploitation minière& appartenant à M. Patassé.
Récemment, le 14 novembre 2000, les vigiles de la SCPS sont passés à l'acte en assistant les Services présidentiels de Sécurité dans la répression de la manifestation de la Jeunesse centrafricaine.
Au mépris des Accords passés entre les Nations Unies et la République Centrafricaine, les supplétifs de l'Unité Présidentielle de Sécurité, les vigiles du SCPS, assurent depuis plusieurs mois la protection des locaux du Bureau des Nations Unies pour la Centrafrique (BONUCA) à l'aéroport de Bangui M'Poko. Un contrat lie les deux parties.
A Bayanga, l'ONU vient de se rendre aussi complice de crimes envers le Peuple centrafricain. Le BONUCA finance aussi les activités criminelles du SCPS sur le territoire centrafricain.