DECLARATION DE POLITIQUE GENERALE DU PREMIER MINISTRE ZIGUELE DEVANT LES DEPUTES, LUNDI 7 MAI 2001

Si je viens ici, au nom du Gouvernement, solliciter votre confiance pour conduire l'action du Gouvernement, ce n'est pas seulement pour obtenir un soutien formel, fût-il massif. Je viens ici solliciter votre engagement, pour créer la dynamique nécessaire au niveau de l'ensemble des forces vives, pour faire avancer les choses.

Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale, honorables députés, distingués invités,

Je vais peut être vous surprendre, mais je me dois de vous décrire très honnêtement, dans quelles dispositions psychologiques particulières je me trouve, au moment de prendre la parole devant cette Auguste Assemblée.

C'est la première fois que le Citoyen que je suis, prend la parole dans cet hémicycle, théâtre privilégié, s'il en est, de la vie démocratique de notre Jeune Nation.

Au delà de la Constitution, est-il besoin de rappeler que c'est dans cette salle que la réconciliation nationale a été scellée, en présence de nombreux, et illustres témoins étrangers, suite aux douloureux événements des années 1996 et 1997.

Pour le Patriote que je suis, cela a beaucoup d'importance, car j'ai longtemps vécu à l'étranger, avec toutefois la fierté d'appartenir à un Peuple uni, ce qui n'est pas toujours évident sur notre bon vieux Continent.

Vous comprendrez dès lors que je ressens une émotion et un plaisir particuliers, au moment d'accomplir cette heureuse obligation de me présenter à vous, pour solliciter la confiance nécessaire à la mise en oeuvre de l'action du Gouvernement que j'ai l'honneur de diriger.

Permettez-moi, avant toute chose, de vous remercier pour l'accueil que vous nous avez réservé, à moi-même, et aux membres de mon Gouvernement.

Permettez également, que j'exprime solennellement ici, à l'endroit de Son Excellence, Monsieur Ange Félix Patassé, Président de la République, Chef de l'Etat, ma profonde gratitude pour m'avoir confié la lourde charge de présider le Gouvernement de la République.

C'est un privilège énorme, mais il faut, ensuite, mériter cette confiance par les actes que nous allons poser, ainsi que par les résultats que tout un peuple en attend, pour améliorer ses conditions d'existence!

Je voudrais également, au début de cette déclaration, rendre hommage à l'ensemble de mes prédécesseurs à ce poste. Chacun ou chacune d'entre eux a contribué, malgré les difficultés, à faire avancer notre pays dans sa marche vers le développement. Je reste disponible à leurs conseils, pour capitaliser leurs expériences au profit de Notre Nation.

Monsieur le PAN...

Si le Citoyen que je suis ressens de la fierté face aux charges qui viennent de lui être confiées, l'homme d'Etat que je suis devenu depuis près d'un mois, tient à vous dire qu'il s'agit d'une émotion, et d'une joie graves, car l'état de Notre Nation est particulièrement préoccupante.

Il a suffi de quelques jours à la Primature, pour que cette conviction se confirme un peu plus, au fur et à mesure que j'essayais de cerner tous les contours de notre situation socio-politique et économique, à l'examen des différents dossiers du Gouvernement.

De manière générale, la situation économique d'ensemble, qui conditionne les capacités de réponse de l'Etat aux légitimes attentes de la population, est des plus fragiles.

La tension des finances publiques demeure forte, bien que la crise des carburants du second semestre 2000 ait été jugulée. Aussi, éprouvons-nous les pires difficultés à assurer non seulement le paiement régulier des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat, mais aussi le fonctionnement courant de l'Administration et de l'Etat.

En outre, la longue grève des fonctionnaires et agents de l'Etat, ponctuée par des opérations "Centrafrique-Pays mort", et motivée par les arriérés importants de salaires, est à l'origine d'une crise sociale aiguë, qui a généré, à un moment donné, des velléités conscientes ou inconscientes de déstabilisation des institutions républicaines.

Je suis conscient du fait que, même si une trêve de quatre mois a été signée entre le Gouvernement et les Centrales syndicales, la situation demeure fragile, tant que des solutions durables ne seront pas apportées au problème récurrent de ces importants arriérés de salaires.

Pire, cette crise sociale a accentué la léthargie d'un appareil administratif déjà sclérosé, mal organisé, sous équipé et fondamentalement gangrené par des maux qui ont pour noms: corruption, gabegie, détournements des deniers et des biens publics, etc...

En d'autres termes, nous courons le risque, ni plus, ni moins, d'une institutionnalisation du désordre avec la déliquescence en germe de l'Administration, bras séculier de l'Etat!

Et comme si cela ne suffisait pas, les difficultés économiques structurelles et conjoncturelles, ajoutées à la désorganisation de l'Etat, sont à l'origine d'une crise sanitaire majeure, dont la progression de la Président de l'Assemblée nationaledémie du VIH/SIDA et l'épidémie actuelle de méningite, témoignent de l'acuité.

Avec un taux de prévalence de 14%, la République centrafricaine a la palme de la progression du VIH/SIDA en Afrique Centrale. Cela fait près de 350.000 personnes infectées ou malades du VIH/SIDA, qui vont mourir inexorablement, et contaminer d'autres qui connaîtront le même sort, à défaut d'une réponse médicale appropriée.

Monsieur le PAN...

C'est de la survie de notre nation dont il est question, lorsque j'aborde devant vous, ces épineuses questions de santé publique, et singulièrement celle du VIH/SIDA. A lui seul, ce problème cristallise tous nos dysfonctionnements institutionnels, et notre insuffisante volonté politique d'aller au développement.

Autant dire que notre Nation est malade, et qu'elle souffre de maux qui sont devenus quasiment récurrents, au point de menacer son existence physique, après avoir sapé ses fondements moraux et ses ressorts psychologiques. Mieux que toute autre rhétorique, ces problèmes permettent de toucher du doigt, l'étendue de la pauvreté qui fait le lit de leur progression, et qui constitue le principal adversaire contre lequel nous devrions tous ensemble pouvoir nous liguer, en dehors de toute considération partisane!

Ces quelques traits, loin d'être caricaturaux, expriment à merveille l'état préoccupant de la Nation centrafricaine d'aujourd'hui, ainsi que les principaux défis de l'action gouvernementale. Parce que vous êtes au contact du pays réel, vous mesurez mieux que quiconque, la gravité de la situation, l'étendue de la tâche à accomplir, mais également ses difficultés.

Ensemble, nous devons tracer une perspective réaliste, nous y atteler de manière sincère, afin d'offrir à notre Peuple, un espoir de redressement.

Honorables députés,

Chaque mot que j'utilise a son sens. Si je parle de réalisme et de sincérité, c'est pour vous inviter à partager, avec mon Gouvernement, les mêmes objectifs, pour ne pas faire résonner les mots comme de simples slogans!

Son Excellence Monsieur le Président de la République, a placé l'action de ce Gouvernement sous le sceau de l'Action et du Combat. Cette action et ce combat contre la pauvreté et contre la déliquescence de l'Etat, pour porter leurs fruits, exigent une grande mobilisation de tous.

Ce ne peut être l'oeuvre et la responsabilité du seul Gouvernement, encore moins du seul Premier ministre, même avec la meilleure volonté du monde! Il faut une adhésion sincère aux objectifs de ce redressement socio-économique, avec une remise en cause franche de certains privilèges et des mauvaises habitudes acquises au fil du temps, et grâce à l'impunité.

Monsieur le PAN...

Si je viens ici, au nom du Gouvernement, solliciter votre confiance pour conduire l'action du Gouvernement, ce n'est pas seulement pour obtenir un soutien formel, fût-il massif. Je viens ici solliciter votre engagement, pour créer la dynamique nécessaire au niveau de l'ensemble des forces vives, pour faire avancer les choses.

Les éléments du programme d'action qui seront déclinés ici, supposent la rigueur, la recherche de la transparence pour l'efficacité, l'engagement déterminé pour briser le mur massif de l'incompétence qui se dissimule souvent sous des rhétoriques pseudo-partisanes ou pseudo-régionalistes.

Ce soutien actif de la représentation nationale permettra d'infléchir une opinion publique facilement manipulable, qui s'aligne derrière des principes généreux, mais affiche également une compassion coupable à l'endroit d'individus malveillants qui n'hésitent pas à rechercher le martyre.

Je forme le voeu que l'esprit civique et républicain prenne le pas sur les logiques égoïstes, car c'est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pourrons re-crédibiliser nos institutions, en les rendant efficaces par des réponses appropriées aux problèmes de la population. Sinon, le prochain Premier ministre qui me succédera à cette tribune, développera le même constat d'échec de notre système de gouvernement!

Honorables Députés,

Mon propos ne sera pas long, car nous avons déjà circonscrit les défis qui attendent ce Gouvernement. Ce sont les défis liés à l'état de notre Nation, dans un environnement international de plus en plus exigeant, avec ses incertitudes. Ce sont les défis qui conditionnent notre arrimage réussi au train de l'intégration sous-régionale et régionale, si nous voulons profiter de la mondialisation.

Autant dire que dans mon esprit, le début de solution à nos problèmes dépend essentiellement de nous mêmes, car la dynamique de régression qui caractérise notre évolution trouve ses causes profondes dans nos incohérences et contradictions: nous manquons d'ambition, et nous ne poursuivons pas réellement les objectifs affichés.

Dès lors, nous manquons totalement de crédibilité vis-à-vis de nos partenaires extérieurs, qui ne trouvent aucune raison à appuyer plus particulièrement, nos efforts pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté, avec son cortège de désorganisation de la vie sociale et de désintégration des structures socio-économiques et institutionnelles pour sortir de ce cercle vicieux, nous devons donc conquérir une crédibilité, qui passe par la remise en ordre de l'appareil administratif. Assainir la gestion politique de l'Etat, par la lutte contre l'impunité et la restauration de l'autorité de l'Etat, sera un atout dans la stratégie d'assainissement des finances publiques, et nous permettra de lutter plus efficacement contre la pauvreté.

En effet, il s'agit de créer les ressources propres pour le redressement du système éducatif et l'amélioration du système de santé: il nous appartient de corriger les dysfonctionnements liés à la mauvaise gouvernance dans ces secteurs stratégiques, pour que l'aide extérieure développe un véritable partenariat propice au développement.

La communication pourrait alors jouer le rôle d'un instrument de modernisation de la société, pour que la République centrafricaine puisse s'accrocher au train de la mondialisation, et profiter d'une diplomatie rénovée, orientée vers le développement.

Si nous ne créons pas les conditions d'une restauration effective de l'autorité de l'Etat, il sera très difficile de remettre les Centrafricains au travail, et singulièrement les fonctionnaires et agents de l'Etat. De la même manière, il sera utopique d'impulser une véritable dynamique participative de développement, puisque l'Etat a une capacité de pilotage très réduite, pour ne pas dire insignifiante.

I - METTRE FIN A L'IMPUNITE ET LUTTER CONTRE LA CORRUPTION.

Monsieur le PAN...

Le chantier de la lutte contre l'impunité et contre la corruption me paraît crucial, après que j'ai fait le constat de l'impuissance de l'Etat, dans de nombreux secteurs de la vie sociale.

La République centrafricaine, Notre pays, possède tous les attributs classiques et reconnus de l'Etat; toutefois, il m'a semblé percevoir qu'il suffit de pousser le rideau des apparences formelles du drapeau, de l'hymne national, pour se rendre compte que l'Etat centrafricain est comme une masse informe, difficilement gouvernable.

Le Gouvernement n'ayant pas toujours la maîtrise de cet appareil difforme et ingouvernable, les dirigeants que nous sommes sont condamnés à décliner des discours généreux, parfois moralisateurs, mais très souvent inefficaces.

Le constat que je fais ici, après tant d'autres, est que nous glissons chaque jour un peu plus, vers le non-Etat, c'est-à-dire vers la disparition de toute forme de discipline, notamment le civisme, dans le comportement des citoyens.

A côté des règles et procédures instituées par la Loi, chaque citoyen, et le non-citoyen bien entendu, fait prospérer ses affaires selon son intérêt personnel, au mépris de l'intérêt général.

Il n'y a pas si longtemps, les barrières illégales mises en places par certains policiers, gendarmes, militaires et autres agents des Eaux et Forêts étaient démantelées, par une mission ministérielle. Je crois savoir que le long de la route de Mbaïki, pour aller à Berbérati, Bangassou... et j'en passe, ces barrières ont repoussé comme des champignons.

Les tracasseries à l'encontre des citoyens ont repris de plus belle, dans un exercice où il s'agit de trouver le bon prétexte pour rançonner les voyageurs. Comble de l'ironie, certains agents de la force publique laissent circuler de Sibut à Bangui, après 18 heures, des véhicules dépourvus de toute optique, et sans la moindre police d'assurances!

Si certains agents de la force publique méprisent si ouvertement la loi qu'ils sont censés appliquer et faire respecter, que dire des simples citoyens? Pire, que penser alors des citoyens "privilégiés" à qui l'argent et le pouvoir confèrent déjà des facilités?

Rien d'étonnant à ce que l'étranger qui sillonne Bangui et l'arrière-pays, spectateur et victime dans un premier temps, de l'inorganisation de l'Etat, s'emploie par la suite à contourner les lois et les règlements du pays.

Honorables Députés,

Je crois que nous ne pouvons tolérer plus longtemps, cet état de choses. J'ose croire qu'un sursaut d'orgueil et un sentiment de révolte vont vous conduire à appuyer activement la lutte que nous allons mener, pour que les institutions que nous incarnons, méritent enfin le respect!

L'exemple devant venir des agents de l'Etat, le Ministre de la fonction publique, avec l'implication énergique de ses pairs, veillera à faire respecter la discipline et la déontologie professionnelle par les fonctionnaires. De manière plus générale, la mise en oeuvre du nouveau Statut général des fonctionnaires connaîtra une nouvelle impulsion, et les sanctions disciplinaires seront appliquées avec la plus grande diligence.

Les Ministres de l'Intérieur et de la Défense nationale doivent observer la plus grande rigueur, pour que l'ensemble des forces de défense et de sécurité respecte la discipline qui doit rester leur force principale. Aussi, la "peur du gendarme", qui a disparu de nos jours, à cause de certaines pratiques répréhensibles et dégradantes, doit-elle être restaurée.

Même s'il s'agit d'une mesure symbolique, le démantèlement des barrières illégales est une urgence. Je dois même dire que leur autodémantèlement immédiat est un acte de salut pour leurs auteurs, qui risquent, dans le cas contraire, une éviction de la fonction publique civile ou militaire!

Aux Directeurs généraux de la Police Centrafricaine et de la Gendarmerie Nationale, je demanderais de veiller scrupuleusement au respect du Code de la Route, afin que des véhicules non admissibles à la circulation, ne mettent en danger la vie des paisibles citoyens.

Le Gouvernement considère que la poursuite de la restructuration des forces de défense et de sécurité est une priorité, en vue de garantir non seulement l'ordre public et la paix civile, mais également les conditions propices à la relance de la croissance économique. Cependant, la Police, la Gendarmerie et les Forces Armées centrafricaines ne pourront remplir leurs misions, qu'à la condition de disposer des moyens matériels et financiers adéquats. La mobilisation des soutiens extérieurs sera privilégiée par les départements de la Défense nationale, du Plan et de la Coopération Internationale, et celui des Affaires Etrangères.

La professionnalisation de l'Armée Nationale, et son implication dans l'oeuvre de redressement socio-économique et de consolidation de l'unité nationale, dans le respect des institutions républicaines seront intensifiées, pour atteindre l'objectif fixé par le Président de la République, Chef Suprême des Armées, à savoir, la constitution d'une armée d'élite, plurietnique et républicaine.

La poursuite de la reprise en mains de l'Administration et de la force publique est un impératif catégorique, si l'on veut restaurer l'autorité de l'Etat. Mais la lutte contre l'impunité, commande de restaurer également le prestige et l'autorité de la justice.

Le Ministre de la Justice, garde des Sceaux, devra veiller à la respectabilité du Corps judiciaire, en faisant respecter scrupuleusement la discipline et la déontologie professionnelle aux magistrats. Tout comme il devra veiller, en concertation avec ses collègues en charge de la Coopération, à mobiliser les soutiens pour résoudre les problèmes d'infrastructures et d'équipement qui entravent le travail des magistrats. La construction de Palais de Justice à Bangui, Bouar et Bambari est une priorité; il en est de même pour l'informatisation des services judiciaires: la lenteur de la justice sera réduite, et la conservation des archives judiciaires facilitée. Un effort particulier sera fourni pour essayer de résoudre les besoins en formation du corps judiciaire et des collaborateurs des services judiciaires.

La réforme de la Législation est également une priorité. Le Code pénal et le Code de Procédure Pénale qui datent de 1961, ne répondent plus aux exigences de la société centrafricaine. Le garde des Sceaux et le Ministre chargé des relations avec le Parlement devront veiller à ce que les projets de loi correspondants soient déposés dans les meilleurs délais, sur le bureau de l'Assemblée nationale.

Enfin, et ce n'est pas le moindre, l'absence de prisons en Centrafrique est perçue de manière surréaliste à l'étranger. N'importe qui peut commettre n'importe quelle infraction, étant assuré qu'il ne peut être mis en prison. C'est la priorité majeure de ce Gouvernement, que de trouver des solutions réalistes et durables à ce problème épineux.

Il y va de la crédibilité et de l'autorité de l'Etat, mais aussi des conditions de détention des prévenus et condamnés qui partagent les cellules des commissariats de police. Il me semble que nous ayons là, la plus grande atteinte aux droits de l'homme dans Notre Pays.

Tout progrès normatif dans la protection des droits de l'homme, est condamné à rester vain, tant que ce problème ne sera résolu. L'Etat va mobiliser ses maigres ressources, et solliciter l'aide de Pays Amis, pour offrir des conditions de détention humaines aux prévenus et prisonniers de Centrafrique.

Honorables députés,

Vous l'aurez compris, l'impunité est d'abord le fait d'une absence de volonté politique, pour faire respecter les lois et règlements de la République. Si le Gouvernement avance sur ce terrain, la Représentation Nationale doit le suivre et le soutenir, par un travail législatif approprié et une implication politique conséquente.

Si nous n'y prenons garde, son développement balaiera les institutions lorsque celles-ci auront perdu toute légitimité aux yeux des citoyens. Malheureusement, cette impunité se nourrit essentiellement de la corruption, qui désagrège chaque jour un peu plus, les institutions étatiques.

Les anecdotes que j'ai mentionnées à l'instant, à propos des barrières illégales ou des véhicules circulant sans polices d'assurances ni feux, participent de cette corruption dans sa forme la plus visible, et finalement, la moins choquante aux yeux de la population.

Monsieur le PAN...

Son Excellence Monsieur le Président de la République, m'a demandé de faire de la lutte contre la corruption, un axe d'action prioritaire de mon Gouvernement. L'ampleur du phénomène n'est pas à démontrer, et ce fléau très pernicieux est un véritable blocage au développement dans le cas de Notre Pays.

Outre les mesures tendant à faire respecter les règles et procédures par les agents publics, je dois mentionner ici la nécessité de contrôler le train de vie et le patrimoine de tous les fonctionnaires et agents publics qui occupent des positions stratégiques où leurs services peuvent être monnayés, au détriment de l'Etat.

Une commission spéciale sera mise en place pour proposer une législation spécifique de lutte contre la corruption, à soumettre à l'Assemblée nationale dans les meilleurs délais. Cette commission s'imprégnera des expériences menées dans d'autres pays africains, avec l'appui des Partenaires bilatéraux et multilatéraux, qui seront sensibilisés à ce problème. L'objectif recherché à moyen et long terme est de mettre en place un dispositif institutionnel qui réduise la captation illicite de ressources publiques.

Si la corruption prend de multiples formes, et participe d'autres comportements qui affectent négativement le patrimoine de l'Etat, il est possible de réduire son ampleur, en réformant les procédures de recouvrement et de dépenses de l'Etat.

Ainsi, au volet répressif et judiciaire, il faut ajouter une rationalisation des procédures de recouvrement des recettes et d'exécution des dépenses publiques. En d'autres termes, la lutte contre la corruption, qui s'attaque à l'un des fondements de l'impunité, doit participer de la promotion d'une meilleure gouvernance, par l'assainissement des finances publiques.

II - INTENSIFIER L'ASSAINISSEMENT DES FINANCES PUBLIQUES ET LUTTER CONTRE

LA PAUVRETE.

Monsieur le PAN...

Le manque à gagner dû à la mauvaise gestion des finances publiques s'évalue à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA; sa principale conséquence est l'accumulation des arriérés de salaires, bourses et pensions, qui fragilise considérablement le tissu social et hypothèque la paix civile.

A - La poursuite de la coopération avec les Institutions de Bretton-Woods et les réformes structurelles.

Je disais tantôt que si l'Etat ne se donne pas les moyens d'assurer ses obligations de manière correcte, nos institutions courent le risque d'une dé-légitimation qui serait grave de conséquence pour la stabilité du pays.

Il est donc impératif que nous poursuivons, avec rigueur et détermination, la politique de remise en ordre de notre économie, dont l'assainissement permettra à l'Etat de disposer des moyens de répondre aux attentes de la population, de manière satisfaisante.

Pour cela, la poursuite de la coopération avec le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale ainsi que l'Union Européenne, constitue un impératif catégorique, que Son Excellence, Monsieur le Président de la République, a jugé opportun de rappeler à l'attention du Gouvernement.

De ce point de vue, je tiens à souligner à l'endroit de nos Partenaires, que l'action du Gouvernement sera placée sous le sceau de la continuité, avec une intensification des mesures destinées à assainir l'économie et les finances publiques centrafricaines.

Une importante délégation ministérielle revient à peine de Washington, et nous allons accueillir dans quelques jours, l'équipe conjointe du FMI et de la Banque mondiale, chargée de la revue à mi-parcours, dans le cadre de la deuxième année de la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance.

Après la privatisation du système bancaire (UBAC et BICA) et pétrolier (PETROCA), le Gouvernement va s'attacher à finaliser les restructurations et privatisations des entreprises du second périmètre, selon le calendrier et la matrice convenus avec les Institutions de Bretton-Woods.

La SOCATEL, l'ENERCA, l'HOTEL DU CENTRE, l'HOTEL SOFITEL, la CENTRAPALM, la SOCOCA, la SEGA, la SOGESCA, l'IMPRIMERIE CENTRAFRICAINE et le BARC changeront ainsi de statut dans les mois à venir, après une restructuration pour certains d'entre eux.

L'objectif recherché, à travers cette deuxième vague de privatisation, est d'éviter à l'Etat de dépenser de l'argent pour soutenir des entreprises qui en perdent, ou n'en gagnent plus. Le contribuable sera moins sollicité, ou tout au moins, l'argent ainsi économisé servira à financer les dépenses de souveraineté au premier rang desquelles on compte les salaires. Par ailleurs, une gestion assainie leur permettra de payer des impôts à l'Etat et de maintenir de manière durable, les emplois.

Honorables Députés,

Ces mesures structurelles, qui consistent notamment en un désengagement de l'Etat des activités productives, seront pour ainsi dire, compensées par un renforcement de la capacité de pilotage de celui-ci. En d'autres termes, le Gouvernement doit améliorer ses capacités institutionnelles, de manière à réduire progressivement l'emprise de l'économie informelle, et son corollaire, la fraude.

Le Conseil des Ministres va examiner dans les jours à venir, le Projet de loi Statistique avant sa soumission à l'Assemblée nationale. L'objectif recherché sera notamment une amélioration de l'élaboration et du suivi des politiques macro-économiques. Le Conseil national de la Statistique qui sera créé grâce à cette loi, permettra au gouvernement de disposer d'un meilleur cadrage macro-économique de la loi de Finances, le suivi conjoncturel de l'économie nationale, et d'un choix plus avisé des stratégies de développement.

A travers ce Conseil National de la Statistique, nous pourrions disposer d'une équipe pluridisciplinaire qui aurait pour mission de proposer au Gouvernement, des réflexions économiques à même d'éclairer ces choix, notamment sur les questions sectorielles.

Avec le concours des Partenaires de développement, le Ministère des Finances et du Budget est en cours de restructuration, pour permettre une plus grande efficacité des régies financières dans la mobilisation des recettes, et la maîtrise de la chaîne des dépenses. Un nouvel organigramme de la Direction Générale des Douanes et de la direction Générale des Impôts, complétera ainsi les réformes en cours du Trésor Public.

B - La poursuite de l'assainissement des finances publiques.

La priorité de ce Gouvernement est, et demeure, le règlement progressif de l'épineux problème des arriérés de salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat. Pour ce faire, les objectifs généraux assignés au Ministère des Finances et du Budget, consistent à couvrir les dépenses de souveraineté par les recettes, avec une performance de l'ordre de 11% du Produit intérieur brut en 24 mois!

L'objectif ciblé, en matière d'impôts et de droits de douanes, c'est le montant des recettes inscrit au budget de l'an 2001. Les services compétents devront continuer la sensibilisation sur la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) et sur l'Impôt libératoire, récemment créés par la Loi de Finances.

Outre la poursuite du recrutement, des efforts particuliers seront consentis pour la formation et la spécialisation des agents.

Monsieur le PAN...

Si ces mesures visent à produire quelques effets sur les performances en terme de recouvrement des recettes publiques, je suis persuadé que seul un contrôle renforcé et continu par les Inspections de service et l'Inspection Générale des Finances, pourrait permettre une amélioration significative des résultats. Car l'enjeu principal de cette action, c'est de faire reculer les comportements de fraude, qui se sont banalisés chez bon nombre des opérateurs économiques, et les agents des régies financières!

Le contrôle des éléments du train de vie et du patrimoine des agents de l'Etat devient incontournable. S'il le faut, la législation anti-corruption qui sera proposée par la Commission spéciale que j'ai évoquée ci-haut, dérogera aux procédures actuelles du droit commun, afin de déplacer la charge de la preuve sur les personnes soupçonnées de malversations.

En ce qui concerne les autres recettes de l'Etat, l'objectif sera de rendre transparents les recouvrements de recettes effectués par les services hors du Ministère des finances et du Budget; nous voulons citer les Eaux et Forêts, les Mines, la Gendarmerie, la Police, la santé, le développement rural, etc...

Enfin, les responsables des régies financières recevront des lettres de mission quantifiées, avec obligation de résultat.

Honorables Députés,

Augmenter les recettes de l'Etat serait totalement vain, si nous ne nous attaquons pas au problème non moins crucial de la maîtrise des dépenses publiques. La vérité, c'est que l'Etat dépense mal, car il dépense beaucoup là où il pourrait réaliser des économies, de sorte qu'il est incapable de faire face à certaines dépenses incompressibles.

Le scandale des marchés publics constitue en cela une bonne illustration des failles par lesquelles les esprits malins détournent à leur profit, les moyens de l'Etat, par la surfacturation et la non livraison des travaux ou marchandises.

Afin de pouvoir lutter efficacement contre la mauvaise gestion des marchés publics, le Gouvernement se propose, en s'inspirant du modèle mis en place depuis longtemps et fonctionnant à merveille dans d'autres pays comme par exemple la Côte d'Ivoire, de créer, dans les meilleurs délais, une Direction Nationale des Grands Travaux de l'Etat, rattachée au Cabinet du Premier ministre.

Cette Direction nationale des Grands Travaux de l'Etat aura pour mission principale de défendre les intérêts économiques de l'Etat et de garantir la transparence dans la gestion des marchés publics. A ce titre, elle seule assurera désormais la maîtrise d'ouvrage de l'ensemble des marchés et chantiers de l'Etat, mènera les études de faisabilité y afférentes, procédera à la vérification de leur bonne exécution en conformité avec les cahiers de charge préalablement établis, et enfin, assurera leur réception ou livraison. Ses attributions s'étendront également à la mise en valeur des ressources minérales, articulée autour des projets de développement.

La première tâche à laquelle cette Direction devra s'atteler sera d'actualiser les dossiers techniques et économiques des grands projets pour lesquels l'Etat sollicite des financements extérieurs, et la recherche urgente de leur financement. Il s'agit, par ce biais, de jeter les bases rationnelles des projets de développement contenus dans la Profession de foi du Président de la République, Son Excellence, Monsieur Ange Félix Patassé.

Au delà de cette rationalisation des procédures d'attribution et de gestion de marché des travaux et des biens et services de l'Etat, et de l'étude préalable de projets de développement, il y a lieu d'intensifier la politique d'assainissement des finances publiques telle qu'amorcée par le Programme de Coopération avec les Institutions de Bretton-Woods.

Monsieur le PAN...

L'ordre des dépenses du Gouvernement sera le suivant:

1° le paiement régulier des salaires, pensions, bourses et vacations sera la priorité des priorités. A cet effet, un compte spécial sera ouvert à la Banque Centrale, destiné à recevoir une partie des recettes douanières et fiscales uniquement réservées au paiement de ces dépenses.

En même temps, l'Etat continuera à honorer ses engagements vis à vis des créanciers institutionnels afin de rester crédible auprès de la Communauté Financière Internationale. En effet, la poursuite du programme que nous avons librement conçu avec les Partenaires du développement, nécessite un effort soutenu de notre part, car de la réussite de ce programme dépend l'admission de notre pays, à l'initiative PPTE en vue de l'annulation de nos dettes et pour le financement d'investissements massifs.

2°) le paiement des autres dépenses prioritaires de l'Etat, dont notamment celles relatives à la sécurité, et à la couverture des obligations diplomatiques.

3°) l'investissement : les investissements nationaux seront sélectifs et feront donc l'objet de la troisième priorité.

Pour atteindre ces objectifs, des mesures draconiennes seront prises, ou l'ont déjà été, dès la mise en place du présent Gouvernement. Je mentionnerai ici, très brièvement:

- la suspension des missions intérieures et extérieures, sauf pour celles qui sont destinées à mobiliser des financements;

- la limitation des avances sur salaires: même s'il s'agit d'un droit prévu par le Statut général des fonctionnaires, il y a lieu de limiter les abus afin de ne pas déséquilibrer le plan de trésorerie;

- la réduction des caisses d'avance, qui doivent rester des procédures exceptionnelles dans l'exécution des dépenses publiques. Aussi, l'Inspection Générale des Finances devra effectuer, en liaison avec le Contrôle Financier et le Budget, un contrôle des caisses d'avance perçues et non apurées afin de mettre en débet les auteurs de ces infractions.

Le Gouvernement lancera une réflexion sur l'adaptation de la comptabilité publique au nouveau contexte international et national, afin de moderniser la gestion de la trésorerie de l'Etat et mettre fin aux archaïsmes qui favorisent les comportements de fraude!

C'est dans ce sens que nous saluons l'aide que nous apporte l'Union Européenne qui, dans le cadre d'une étude-diagnostic dont les termes de référence sont en cours d'approbation, auditera les chaînes de dépenses et de recettes de l'Etat, afin de revenir à l'orthodoxie dans ces domaines.

Ces quelques mesures n'épuisent pas l'éventail des actions qui seront menées pour l'assainissement des finances publiques, et l'amélioration de la gestion de l'économie par le renforcement des capacités humaines, techniques et institutionnelles. Mais je pense que leur mise en oeuvre urgente et énergique sera de nature à créer un climat favorable, pour entreprendre des actions en profondeur pour lutter contre la pauvreté, et promouvoir une croissance durable.

C- Lutter contre la pauvreté.

Honorables Députés,

L'action du Gouvernement, est-il besoin de le rappeler, est essentiellement orientée vers la lutte contre la pauvreté. Je voudrais que nous nous rappelions que lors du dernier classement du PNUD sur le développement humain dans le monde, Notre Pays était classé parmi les 10 pays les plus pauvres de la planète!

La poursuite et l'intensification de l'assainissement de l'économie et des finances publiques, n'ont pas d'autre ambition que de créer les conditions d'une croissance durable, capable d'améliorer les conditions d'existence de nos populations.

L'ajustement macro-économique et structurel recherché avec l'appui des Partenaires au développement, se prolonge ainsi dans la finalisation du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, et pourrait permettre une réduction sensible de la dette extérieure du pays.

C'est à cette condition que nous pourrions relancer et promouvoir les secteurs productifs et exportateurs, et dynamiser un secteur privé embryonnaire, bridé par la croissance perturbatrice du secteur informel.

Si les Premières Assises nationales sur l'Economie (P.A.N.E.) devront aider à une réflexion en profondeur sur les insuffisance structurelles et les contraintes de développement du pays, l'ambition profonde est d'arriver à une reformulation des axes stratégiques de développement de la RCA, sur une base consensuelle et participative. Aussi, les Programmes Triennaux d'investissement public seront-ils élaborés avec plus de rigueur, de manière à ce que les investissements réalisés avec des moyens limités, aient l'impact le plus élevé, notamment en termes d'emplois et de désenclavement.

Monsieur le PAN...

Dans la droite ligne de la Profession de foi de Son excellence, Monsieur le Président de la République, le Gouvernement mettra en oeuvre une politique volontariste et audacieuse afin de faire reculer la pauvreté dans nos villes et villages. Pour cela, plusieurs politiques sectorielles seront poursuivies avec détermination. 1°/ La Promotion du Monde Rural.

La RCA est un pays à dominante rurale, puisque 80% de sa population vit de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. Le Gouvernement, dans ces domaines, dispose d'ores et déjà de trois documents cadres, qui définissent les politiques à mener dans le court, le moyen et le long termes. Il s'agit du Plan Directeur Agricole, validé par un Séminaire Atelier en 1998, et adopté par le Conseil des Ministres en décembre 2000; du Plan national de Lutte contre la Pauvreté, validé en 1999, et du Programme Spécial de sécurité Alimentaire adopté lors du Sommet Mondial de l'Alimentation réuni à Rome en 1996. Ils visent tous trois à réduire la pauvreté par l'amélioration des conditions de vie des producteurs agricoles.

Dans un premier temps, le Département de la Promotion du Monde rural, procédera à la restructuration urgente des institutions d'encadrement des activités agricoles et d'élevage: l'organigramme du Ministère devra prendre en compte l'évolution de ses missions, qui vont au-delà de la seule agriculture et de l'élevage; les 7 Délégations Régionales de Développement agricole permettront un meilleur suivi sur le terrain et l'évaluation des programmes et projets contenus dans les trois documents cadres; redynamisation et restructuration des institutions agricoles telles que l'Office de Réglementation, de Contrôle et de Conditionnement des Produits Agricoles (ORCCPA), la Chambre d'Agriculture, l'Institut Centrafricain de Recherche Agronomique (ICRA), la SOCOCA et le Service Civique National de Promotion de la Jeunesse (SCNPJ).

Dans le cadre des mesures structurelles, il y a lieu de rappeler ici, la privatisation en cours des sociétés d'Etat qui ont besoin d'une reprise en mains énergique: la CENTRAPALM, la SEGA et la SOGESCA.

L'actualisation des données du Plan Directeur Agricole d'ici la fin du premier semestre 2001, permettra de mettre l'accent sur la relance des cultures traditionnelles (coton et café) et de l'élevage, mais aussi la promotion de nouvelles filières porteuses (oignon, piment, etc...).

La relance de la traction animale ou culture attelée sera poursuivie avec l'aide de la coopération française. La sériciculture constitue aussi un domaine d'exPrésident de l'Assemblée nationalesion que nous privilégierons.

Honorables députés,

Si la RCA peut se développer, ce sera d'abord grâce, et par l'exploitation de ses possibilités agricoles, avant le secteur minier. C'est pour cela que nous louons la qualité de la coopération bilatérale et multilatérale avec quelques partenaires privilégiés dans les domaines les plus variés: l'Union Européenne, la FAO, le Fonds Commun des Produits de Base, la France, le Japon, la République Populaire de Chine, l'Egypte et le Maroc, pour ne citer que ceux-là, qui accompagnent nos efforts de manière déterminante.

C'est dans ce cadre qu'il faut envisager le développement de l'Hydraulique villageoise, pour une maîtrise de l'eau à faible coût.

L'enjeu, c'est non seulement la couverture de nos besoins alimentaires, mais aussi et surtout, l'approvisionnement des pays de la sous-région qui ont une vocation agricole en deçà de la nôtre, et la promotion des industries agro-alimentaires comme base du développement socio-économique national. C'est ainsi qu'il faut comprendre la récente création du Haut Commissariat chargé de la promotion des Bio-Technologies et des Industries Agro-alimentaires.

La réussite de cette action suppose donc que les producteurs intensifient leurs efforts d'organisation, avec l'aide de l'Etat, afin de faciliter la défense de leurs intérêts et l'appropriation des politiques.

Par ailleurs, la question du financement des activités deviendra un sujet de préoccupation majeure du Gouvernement, car il faut que le système bancaire et financier centrafricain prenne davantage en compte, les spécificités de ce secteur, afin de le soutenir efficacement. Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté comporte un volet micro-finance pour lequel nous nourrissons de grands espoirs, en dehors de la mise en place du Crédit Agricole.

2°/ La Promotion du Secteur Privé et le Développement Industriel et Commercial.

Monsieur le PAN...

L'épanouissement du secteur privé constituera le socle de notre développement économique, dans le cadre de notre stratégie de lutte contre la pauvreté. Pour cela, quatre axes seront privilégiés pour la reconquête de l'économie nationale, dont les secteurs du commerce et de l'industrie sont pour l'instant, contrôlés en grande partie par des intérêts étrangers.

En premier lieu, il s'agit d'instaurer un climat de confiance, afin de sécuriser les opérateurs et soutenir leurs efforts: une Commission de concertation Etat/Secteur privé sera mise en place dans les meilleurs délais, de manière à faciliter le dialogue; le Gouvernement sera responsable des normes, et le monde des affaires, de la performance. Les syndicats y seront également associés, afin de faciliter le dialogue social et obtenir l'implication des salariés dans les objectifs poursuivis.

La mise en place d'un Guichet Unique, chargé de la facilitation et de l'accélération des formalités relatives à la création et au développement de l'entreprise est une priorité qui s'inscrit dans cette démarche.

La Chambre de Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat achèvera sa restructuration, avant qu'une élection transparente restaure son autonomie. Mieux représentés, ses adhérents utiliseront ce support comme structure de conseil, d'information et de formation.

La Charte nationale d'Investissement sera ratifiée dans les meilleurs délais, afin d'offrir aux investisseurs étrangers, un cadre de traitement égalitaire avec les nationaux, et des garanties conformes aux standards internationaux.

Enfin, le Décret d'application de la Loi n°92.002 du 26 mai 1992 portant libéralisation des prix et réglementation de la concurrence sera adopté, pour combler le vide juridique qui préjudicie hautement au libre jeu de la concurrence, au détriment des consommateurs, par la multiplication des comportements spéculatifs.

En second lieu, il faut professionnaliser les activités économiques, par un contrôle progressif du secteur informel, particulièrement dynamique dans Notre pays. Le Département du Commerce, de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé, proposera un projet de loi qui combattra les sociétés écrans, en interdisant notamment, l'exercice de toute activité commerciale, aux fonctionnaires et agents publics. Cette loi réintroduira les échelles des activités en respectant la différenciation des grossistes et des détaillants, et un contrôle de qualité pour la protection des consommateurs.

Honorables députés,

En troisième lieu, le Département du Commerce, de l'Industrie et de la Promotion du secteur Privé, développera la réflexion nécessaire à l'adoption d'une stratégie nationale de développement industriel permettant de promouvoir des industries compétitives.

Nous devons jeter les bases d'une petite industrialisation, qui s'appuierait sur la valorisation des produits agro-pastoraux (fruits et légumes, céréales, coton, viandes, cuirs et peaux, bois, produits de pêche...) Enfin, le secteur artisanal devra connaître une nouvelle impulsion, de manière à soutenir notamment les activités touristiques.

Voici donc quelques pistes qui devraient permettre, avec des moyens modestes, de dynamiser le secteur privé commercial et industriel, pour soutenir la lutte contre la pauvreté. Le dernier axe concerne la poursuite et l'intensification du partenariat avec les organisations internationales et régionales (OHADA, OAPI, OMPI, ONUDI...) et la restructuration du Département en charge du Commerce, de l'Industrie et de la promotion su Secteur Privé.

3°/ Le Secteur des mines, de l'énergie et de l'hydraulique:

Honorables députés,

Que n'a t-on pas dit ou écrit sur les potentialités du sous-sol centrafricain comme base d'un développement socio-économique? La triste réalité, c'est que le secteur minier, jusqu'ici, apporte une contribution marginale à l'économie nationale et aux finances publiques!

Pour inverser cette tendance, plusieurs axes prioritaires doivent guider l'action du Gouvernement. En premier lieu, la redéfinition de la politique minière doit être finalisée dans les meilleurs délais, avec la finalisation de la révision du Code Minier et l'élaboration de la Convention d'Etablissement qui demeurent les instruments stratégiques de cette action.

En effet, avant de chercher à optimiser les ressources fiscales de la filière diamant ou or, il y a urgence à améliorer les conditions de production et de développement de l'industrie minière, par un encadrement des artisans et coopératives minières, et la promotion des entreprises minières.

La réorganisation des structures de commercialisation et la lutte contre la fraude constitueront le deuxième axe de notre stratégie: un meilleur contrôle de la filière diamantaire et aurifère au niveau de la collecte, de l'expertise et de l'exportation est nécessaire, si nous voulons réduire sensiblement, la part des sorties frauduleuses et accroître la contribution du secteur minier à l'économie nationale.

La constitution d'un Corps de Police Minière Spécialisée, et l'équipement des brigades minières permettront d'assurer une présence effective sur le terrain.

Nous devrions finaliser un programme de prospection et de recherche, pour tous les autres minéraux pour lesquels des indices sont disponibles; il s'agit notamment du calcaire, du fer, du pétrole... Cela passe par un renforcement des capacités techniques et humaines des départements spécialisés de l'université de Bangui, du Laboratoire de Minéralogie, et de la mobilisation de partenaires extérieurs spécialisés.

Monsieur le PAN...

Le secteur de l'énergie, qui fait l'objet d'une attention particulière de Son Excellence, M. le Président de la République, ne sera pas négligé. La réforme du secteur énergétique, après la privatisation presque achevée de PETROCA, s'étendra au sous secteur de l'électricité, dont le retard de croissance explique pour une grande part, l'état de pauvreté de Notre pays.

La restructuration de l'ENERCA, préalable à sa privatisation, sera l'occasion de finaliser l'élaboration d'une Lettre de Déclaration de Politique d'Electricité, ainsi qu'un Code de l'Electricité. A cet effet, un Comité de mise en valeur des projets d'électricité sera mis en place dans les plus brefs délais. Nous devons favoriser l'essor de PME-PMI, dans la première phase de mise en place de six micro-centrales électriques.

Ces actions devraient permettre d'alimenter de manière permanente, six villes de province en sources d'énergie propre. Dans le même ordre d'idées, la première phase d'électrification rurale décentralisée par système photovoltaïque, permettra d'assurer aux Communautés rurales, des sources d'énergie renouvelables, qui aideront à relever le niveau de vie des populations.

Enfin, la recherche et l'exploration pétrolières seront intensifiées, afin de découvrir des champs pétrolifères commercialement exploitables. C'est dans cette perspective qu'un permis H d'exploitation pétrolière a été octroyé à la société américaine GRYNBERG.

Quant au secteur de l'hydraulique, le rapport d'analyse de la situation juridique et institutionnelle est en cours de finalisation, pour la préparation du projet de loi d'orientation sur l'eau. L'objectif recherché est la couverture en eau potable, d'au moins 50% de la population nationale. Par ailleurs, nous poursuivrons la coopération sous-régionale et régionale en matière de gestion des ressources en eau, afin de favoriser l'accès à l'eau à tous.

4°/ La promotion du tourisme, de l'Industrie forestière et la protection de l'environnement.

Monsieur le PAN...

Le patrimoine écologique centrafricain, par sa diversité, offre des potentialités de développement par la valorisation des richesses naturelles et la promotion touristique. Le Département des Eaux, Forêts, Chasses, Pêches, de l'Environnement et du Tourisme, intensifiera la politique menée depuis quelques années, par une gestion durable qui pérennise les écosystèmes tout en assurant la couverture des besoins exprimés par tous les utilisateurs potentiels.

Plus concrètement, les actions à mener tendront à préserver l'équilibre naturel du milieu forestier et à assurer la pérennité de la forêt par la maîtrise de la gestion et du développement du secteur. Le Gouvernement s'efforcera de créer les conditions pour une transformation plus poussée des ressources forestières en produits finis et semi-finis; il encouragera par ailleurs l'exploitation des essences dites secondaires et/ou peu utilisées.

Dans le domaine de la faune, le Gouvernement poursuivra et intensifiera les actions tendant à freiner le braconnage commercial, par la mise en place des associations villageoises de chasseurs, et l'utilisation des Forces de défense et de sécurité en soutien des gardes forestiers. Nous envisageons la création de nouvelles zones cynégétiques villageoises dans la région du Nord, tout en poursuivant l'étude de faisabilité d'un Parc zoologique.

S'agissant de la pêche, un Code centrafricain de pêches sera adopté à court terme, afin qu'un appui technique soit apporté aux activités de pêche artisanale.

La politique de protection de l'environnement sera finalisée grâce à l'adoption du Plan National d'Action Environnementale, la poursuite de l'élaboration de la Loi-cadre de l'Environnement ainsi que du Plan d'Action Nationale sur la Lutte contre la Désertification.

Ces diverses actions permettront de valoriser l'offre touristique dont les principales caractéristiques ont été arrêtées dans le Plan Directeur de Développement Touristique, adopté en 1999. L'image de la RCA à l'extérieur doit être améliorée, afin que la fréquentation du pays génère des revenus. Pour cela, la réhabilitation des hôtels de Bangui et à l'intérieur du pays ainsi que la formation du personnel travaillant aussi bien dans le secteur public que privé.

5°/ La politique de désenclavement, de l'équipement et des transports:

Honorables députés,

La promotion d'activités socio-économiques génératrices de revenus, pour lutter contre la pauvreté, est rendue difficile par la position d'enclavement de Notre Pays, et l'étroitesse du réseau de communications terrestres, aériennes et fluviales. Pour cela, l'amélioration de l'intégration régionale constitue à terme, l'un des meilleurs moyens de réduction des contraintes liées à l'enclavement de la RCA.

Le Département de l'Equipement, des Transports, de l'Habitat, chargé du Désenclavement, dans le cadre du PST 2, va intensifier: la libéralisation des transports amorcée en 1990; la coopération en matière de facilitation des transports avec les Etats voisins; les mesures en vue de protéger le domaine public routier; la restructuration du Fonds Routier afin que celui-ci assume pleinement les missions qui lui sont dévolues; la dissolution de l'ACCF et la libéralisation de l'espace aérien à partir de 2002.

La poursuite du bitumage de l'axe Bangui-Garoua Boulaï, sur financements japonais et européens, devrait permettre de sécuriser cette voie de communication où transitent 90% de notre fret! Sur divers financements français, allemands et d'autres à rechercher, de nombreux ouvrages d'art seront construits dans l'Ombella-Mpoko, l'Ouham-Pendé, la Lobaye, la Sangha-Mbaéré et la Mambéré-Kadeï. Enfin, la construction d'un terminal routier au PK 26, dont la recherche de financement est en cours, permettra de sécuriser les recettes fiscales et douanières.

S'agissant du sous-secteur fluvial, à moyen terme, l'acquisition d'un baliseur pour la Sangha et l'entretien de la voie navigable constituent des priorités, ainsi que l'étude de faisabilité d'un barrage de soutien d'étiage et de fourniture d'électricité sur l'Oubangui. L'entretien de la voie fluviale Bangui-Brazzaville étant assuré par le Service Commun d'Entretien des Voies Navigables (SCEVN), la recherche de financement concernera les trois Etats concernés (Cameroun, Centrafrique et Congo), auprès de partenaires multilatéraux.

L'ouverture sur l'extérieur par les liaisons aériennes est une priorité, notamment par la concertation avec les Etats voisins pour la création d'une compagnie régionale qui desservira l'ensemble des Etats de l'Afrique Centrale. Le Gouvernement reste vigilant quant à l'évolution de la Compagnie multinationale Air Afrique. En outre, il s'emploiera davantage à veiller sur les politiques tarifaires des compagnies aériennes, afin de rendre le transport aérien, qui demeure aujourd'hui encore un luxe, accessible à la population centrafricaine.

La recherche de financements pour les investissements nécessaires au renforcement de la sûreté aéroportuaire et à l'amélioration de la voie d'accès à l'aéroport Bangui-Mpoko constitue l'une des priorités du Gouvernement. Nous devrions également renforcer les capacités institutionnelles et techniques des services de l'Aviation Civile, et actualiser la réglementation y relative.

Honorables députés,

Parmi les actions structurantes, il faut mentionner ici la politique de l'Habitat et de l'Urbanisme, qui permettra d'améliorer sensiblement, le cadre de vie des Centrafricains. Il nous faut finaliser le cadre général et les orientations de la politique urbaine, afin de définir un nouveau cadre législatif et réglementaire dont le respect permettra de redonner à la ville de Bangui et aux autres villes, une esthétique moins dégradante, plus respectueuse de l'environnement.

Parmi les actions qui seront réalisées par le Gouvernement dans le domaine du Logement, je me permets de mentionner: la création d'une Agence centrafricaine de promotion immobilière et le lancement des travaux de construction de 100 logements au PK 16 route de Boali, sur financement de la République Populaire de Chine.

Toutefois, une politique plus ambitieuse de l'habitat social impose d'envisager la création d'une Banque de l'Habitat social, dont la constitution du capital pourrait intéresser des partenaires institutionnels, les salariés de l'Etat, etc...

Enfin, en matière d'urbanisme, le Gouvernement poursuivra les travaux d'aménagement fonciers à Bangui (Cattin et Damala), Carnot, Berbérati et Nola, sur financement du Fonds d'Equipement Urbain, tandis que l'Agence Française de Développement (AFD), continuera d'appuyer la restructuration du tissu urbain dans les quartiers de Bangui et quelques villes de l'intérieur. Dans quelques jours, nous assisterons à la réception et à l'inauguration du Monument des Martyrs qui a été entièrement financé sur le budget de l'Etat.

Ainsi, la transformation du cadre de vie apparaît comme un élément décisif de la lutte contre la pauvreté, car il permet de résoudre en amont, un certain nombre de problèmes qui sont la cause de la misère matérielle et morale des populations.

6°/ Promouvoir la solidarité nationale envers la jeunesse, les femmes et les personnes défavorisées.

Monsieur le PAN...

Lutter contre la pauvreté, au delà des actions et mesures structurelles définies ici, impose d'apporter un début de réponse à la détresse de ceux qui n'ont rien, et qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, ainsi que ceux qui sont susceptibles d'y plonger.

Cette action d'urgence concerne également les groupes de population vulnérables ou défavorisés, en raison d'handicaps spécifiques. C'est la mission du département des Affaires Sociales, de la Promotion des Femmes, des jeunes, chargé de la Réinsertion des Handicapés.

Compte tenu de nos spécificités nationales, et de la faiblesse des moyens matériels et financiers, le Gouvernement s'emploiera à mettre en place des réseaux d'action de solidarité dans tout le pays. Dans le même ordre d'idées, il renforcera les actions de prévention des dangers relatifs aux calamités et catastrophes naturelles afin de garantir la solidarité nationale.

Pour gérer les problèmes quotidiens, le Gouvernement, avec l'appui des Partenaires de développement et des ONG, va privilégier la méthode du développement communautaire pour une participation active de la population aux actions de développement économique et social.

En cela, il me paraît urgent de réhabiliter et de rendre fonctionnel le centre de formation des Agents de Développement Communautaire et des paysans, car l'Etat a besoin de ces interfaces privilégiés pour mobiliser les ONG et les populations de base.

S'agissant de groupes spécifiques, l'action du Gouvernement va privilégier la promotion des femmes et des jeunes, et l'insertion-réinsertion des personnes handicapées:

- la politique nationale de promotion de la femme, qui prend en compte les recommandations et résolutions de BEIJING, connaîtra une impulsion nouvelle grâce à l'adoption du Plan d'Action de la Politique Nationale de la Promotion de la Femme, qui comportera notamment la diffusion et l'application des instruments juridiques nationaux et internationaux en faveur de l'épanouissement des femmes - je pense au Code de la Famille, à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) et à la Convention des Droits de l'Enfant. La mise en place du Comité de suivi de la CEDEF constitue ainsi l'une des priorités;

- en ce qui concerne les personnes handicapées, un effort sera réalisé pour redynamiser l'organisation nationale des personnes handicapées et mobiliser les ressources nécessaires à leur prise en charge.

D'une manière générale, des programmes de réhabilitation à base communautaire et de proximité pour les enfants de rue, les personnes handicapées et celles du 3ème âge seront mis en oeuvre pour permettre à ces catégories défavorisées, de ne pas vivre en marge de la société.

Enfin, la promotion de la jeunesse constituera un volet important de l'action gouvernementale. Compte tenu de la structure démographique de Notre pays, la Jeunesse qui est estimée à plus de 62% de la population totale, constitue le pilier de toute stratégie de développement, car elle seule peut porter efficacement les valeurs modernes qui permettront à la RCA de profiter de la mondialisation.

Malheureusement, c'est cette même jeunesse qui est particulièrement exposée aux fléaux qui minent notre société, et hypothèquent gravement son avenir. Je veux parler du développement de la délinquance et de la criminalité, avec le problème de la drogue; de la progression des MST/SIDA, sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Si vous ajoutez en contrepoint, que le système scolaire et de formation professionnelle n'offre aucune perspective pour la masse des jeunes, alors vous comprendrez que la tâche est rude et cruciale pour le salut de Notre Nation.

Le Gouvernement propose la création d'un Observatoire pour les enfants de rue, en vue de mieux maîtriser le phénomène; le développement de centres de réinsertion et de formation de proximité, afin d'impliquer les communes des grandes villes dans la gestion du problème. Enfin, la contribution des jeunes au développement socio-économique passe par leur implication dans les activités agro-pastorales en milieu péri-urbain ou rural.

Si l'insertion socio-économique des jeunes est décisive, il est tout aussi impératif d'organiser plus efficacement, des activités socio-éducatives et sportives, qui permettent leur épanouissement physique et leur émulation mentale et morale.

Le Gouvernement va s'efforcer de traduire en actes, les résolutions pertinentes des Etats Généraux de l'Enfance et de la Jeunesse de 1995, afin de favoriser la vie communautaire par le développement d'infrastructures appropriées. A ce titre, je ne peux que louer ici, les efforts réalisés par la Coopération Française, pour créer un environnement récréatif dans les quartiers avec l'aide à la réhabilitation- construction de maisons des jeunes et de culture, des infrastructures devant favoriser le sport de masse par des activités de proximité.

L'Etat continuera d'apporter son appui, avec des moyens supplémentaires à mobiliser, pour que les organisations sportives développent les compétitions nationales, notamment scolaires et universitaires, afin que la jeunesse centrafricaine connaisse une véritable émulation au contact des jeunesses d'autres pays.

La réhabilitation du Stade Barthélémy Boganda et du Palais Omnisports en partenariat respectif avec la FIFA et le CIO constitue des priorités, de la même manière que la construction du Stade olympique avec le partenariat de la République Populaire de Chine.

Honorables députés,

L'ensemble de ces mesures et projets permettront, je n'en doute point, de répondre aux problèmes de l'aménagement du territoire, au développement harmonieux des régions, aux besoins des communautés locales, à l'augmentation des possibilités d'emploi et à l'amélioration des conditions de vie de la population tout en étant attaché au respect de l'environnement.

III - REPONDRE AU DEFI DU

VIH/SIDA ET MODERNISER

LE SYSTEME DE SANTE.

Monsieur le PAN...

Dans sa Profession de foi, le Président de la République a placé l'Homme au centre du processus de développement. Pour que ce dernier joue un rôle actif dans le combat pour le développement, l'Etat se doit de lui garantir le minimum, à savoir le droit à la vie.

Malgré les progrès accomplis depuis l'adoption et la mise en oeuvre du premier Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) à partir de 1994, le bilan sanitaire de la République centrafricaine demeure encore particulièrement préoccuPrésident de l'Assemblée nationalet.

Ce premier Plan étant arrivé à terme en 1998, la première priorité du Gouvernement sera de finaliser et d'adopter d'ici fin juin 2001, un Plan Intérimaire de santé destiné à gérer la période de flottement entre la fin du PNDS-1 et le début du PNDS-2, qui couvrira la période 2003-2012. Une large consultation sera organisée, à travers une table ronde, afin d'impliquer les populations, et intensifier les soutiens multiformes des partenaires bilatéraux et multilatéraux, déjà engagés aux côtés du Gouvernement.

Outre le PNDS-2, le Gouvernement va arrêter les actions prioritaires dans le cadre du Plan Directeur Pharmaceutique, récemment adopté, qui permet de gérer le secteur pharmaceutique et des médicaments, dans une approche intégrée.

Pour finir avec l'élaboration des politiques dans le domaine sanitaire, une attention particulière sera accordée à la santé de la Reproduction, afin de prendre en compte les besoins en matière de santé de la mère et de l'enfant.

Mon souci majeur est l'égalité de chance de tous les malades à se faire soigner et je me battrai pour rendre accessible le prix des anti-retroviraux à la grande majorité de nos malades.

En dehors de la redéfinition des politiques, la seconde priorité du département de la Santé Publique et de la Population, concernera le développement des Soins de Santé Primaires. Désormais, la Préfecture Sanitaire constituera le niveau opérationnel de système de santé, disposant d'une autonomie et chargée de définir et de mettre en oeuvre un schéma directeur de développement sanitaire de la Préfecture.

Ce schéma comprendra notamment la construction et la réhabilitation des infrastructures, le renouvellement des équipements et l'affectation du personnel qualifié. Est-il besoin de rappeler ici que le gouvernement a obtenu, dans le cadre du "Programme d'appui au secteur de la santé en RCA", un financement de 7 milliards de francs CFA de la part de l'Union Européenne, pour une durée de 4 ans. Les volets réhabilitation et équipements des infrastructures de base représentent un volet important de ce financement.

Enfin, le Gouvernement intensifiera les efforts afin que le besoin minimal en personnel de santé soit satisfait dans toutes les préfectures sanitaires, par un redéploiement conséquent du personnel médical et para-médical. Ce personnel bénéficiera de programmes de formation continue, afin de garantir la qualité des services et des soins fournis à la population par le système de santé.

Honorables députés,

Les moyens que l'Etat va mobiliser, pour améliorer les infrastructures et les équipements sanitaires, de même que les investissements réalisés pour perfectionner le capital humain dans les domaines médical et para-médical, n'auront d'impact sur la qualité des services et des soins fournis à la population, qu'à la condition qu'une gestion rigoureuse et transparente soit appliquée aux formations sanitaires.

La déliquescence de la conscience et de l'éthique professionnelles, les détournements des deniers, biens et produits, sont malheureusement devenus les caractéristiques essentiels du comportement de bon nombre du personnel en charge de la gestion des formations sanitaires.

Si nous voulons conserver un minimum de crédibilité afin de motiver les partenaires bilatéraux et multilatéraux qui nous accompagnent dans ce combat pour la santé, la remise en ordre du fonctionnement des Comités de Gestion doit se poursuivre. Des audits seront commandés, afin d'améliorer les politiques de restructuration en cours.

Monsieur le PAN...

Je ne pouvais pas parler de santé en Centrafrique, sans une mention particulière aux actions menées dans le cadre de la Lutte contre la Maladie.

Lors de l'installation de ce Gouvernement, à l'occasion du premier Conseil des Ministres présidé par le chef de l'Etat, celui-ci a mis un accent particulier sur la lutte contre la pandémie du SIDA. J'évoquais tantôt, le chiffre de 14%, relatif au taux de prévalence du VIH/SIDA en République centrafricaine, l'un des plus élevés en Afrique Subsaharienne, et le plus élevé en Afrique centrale!

Les ravages du SIDA sont connus chez nous; très récemment, les parlementaires ont été sensibilisés à ce fléau, dans le cadre des activités du groupe thématique ONUSIDA. L'Administration, et notamment la Haute administration est décimée par ce fléau; les enseignants, les éléments des forces de défense et de sécurité... et j'en passe, sont des victimes privilégiées, selon les statistiques disponibles. Les couches jeunes de la population sont également concernées, de telle sorte que la Président de l'Assemblée nationaledémie du SIDA hypothèque tout simplement, la survie de Notre Nation!

Les réformes institutionnelles récemment décidées seront intensifiées, de sorte que la stratégie nationale en cours de finalisation, avec l'appui de la Banque mondiale et de partenaires comme la France, permette rapidement de stopper la progression du VIH/SIDA, avant d'envisager une inversion de sa courbe.

Le Secrétariat technique du Comité National de Lutte contre le SIDA, que préside personnellement Son Excellence, Monsieur le Président de la République, sera définitivement installé dans les prochains jours, afin que l'équipe de coordination soit opérationnelle.

Les enjeux sont trop importants, pour que je n'insiste pas une nouvelle fois, sur ce fléau. La régression de l'espérance de vie dans notre Pays, déjà si faiblement peuplé, sera grave de conséquences si aucune solution énergique n'est pas trouvée au problème du VIH/SIDA. Le SIDA pose ainsi un sérieux problème de santé publique, mais également de développement.

Malheureusement, il n'y a pas que le SIDA qui tue en Centrafrique! La politique de prévention par la vaccination devra être redynamisée, étant donné la faiblesse des structures sanitaires curatives. Le Programme Elargi de Vaccination (PEV) devra permettre à chaque enfant centrafricain, de recevoir toutes ses doses de vaccins avant de fêter son premier anniversaire.

Dans le cadre de l'initiative "faire reculer le Paludisme en Afrique au 21ème Siècle", le Gouvernement mettra en oeuvre le Plan stratégique qu'il vient d'élaborer avec l'appui de ses partenaires, notamment l'OMS. Enfin, un dispositif d'intervention rapide et efficace sera mis en place, pour lutter contre les épidémies et les calamités naturelles, pour éviter que la situation antérieure ne se reproduise.

Voilà, Honorables députés, quelques orientations et mesures qui me paraissent urgentes, pour relever le défi de la santé dans notre pays, menacé notamment par la pandémie du SIDA. Si nous apportons les réponses appropriées à ce problème, alors nous pouvons envisager de moderniser la société centrafricaine, avec des hommes et des femmes valides, afin de prendre le train de la mondialisation.

IV - MODERNISER LA SOCIETE CENTRAFRICAINE POUR BENEFICIER DE LA MONDIALISATION.

Monsieur le PAN...

La situation d'ensemble de Notre pays est si préoccuPrésident de l'Assemblée nationalete, qu'on ne peut envisager une perspective d'amélioration, qu'à la condition de remettre en cause, un ensemble de comportements sociaux qui déstructurent la société et limitent ses chances de développement.

Dans notre contexte national, moderniser la société, c'est non seulement moderniser les structures institutionnelles stratégiques, mais aussi créer les conditions culturelles et psychologiques de remise en cause des comportements et attitudes passés.

Cela passe par la poursuite de la réforme du système éducatif, la dynamisation des médias nationaux, tant publics que privés, mais aussi du fonctionnement de l'Etat de manière générale.

A - Réformer le système éducatif et faciliter l'accès à l'instruction pour tous.

Honorables députés,

La poursuite et l'intensification de la mise en oeuvre des recommandations des Etats généraux de l'Education et de la Formation, à travers la Loi d'orientation de l'Education et le Plan National de Développement de l'Education (PNDE), constituent les priorités de l'action du Gouvernement dans ce domaine.

La situation du système scolaire se résume en quelques chiffres, qui se passent de commentaires: à l'échelon national, le nombre moyen d'élèves par maître, est de 87; les filles ne représentent que 10% à peine des effectifs scolarisés; et le taux de déperdition scolaire, de l'ordre de 10%, est l'un des plus élevés d'Afrique!

Avec l'aide des partenaires qui nous ont aidé jusque là à améliorer l'offre pédagogique, je veux parler de la France avec les projets EDUCA 2000 et PRESCA, de l'Union Européenne, du Japon et de la Chine Populaire qui apportent un soutien décisif dans les domaines de la construction d'infrastructures scolaires et de l'équipement, et que le peuple centrafricain ne cessera jamais de remercier, le Gouvernement s'engage à améliorer les procédures de passation de marchés, de manière à décupler l'impact de leur assistance et faciliter ainsi les objectifs d'amélioration de l'offre éducative.

Le développement des filières scientifiques et techniques et de l'enseignement professionnel devient dès lors un impératif, si l'on veut soutenir la politique de promotion du secteur privé et du développement industriel et commercial.

Enfin, le Gouvernement, qui a réalisé des efforts particuliers en matière de recrutement d'enseignants, malgré un contexte macro-économique et budgétaire difficile, devra les intensifier, par une revalorisation progressive et attrayante de leurs rémunérations.

Pour permettre à l'Université de Bangui de jouer son rôle de creuset de l'excellence, une étude est en cours, pour lui conférer l'autonomie financière et la personnalité juridique d'un Etablissement public, pour développer ses missions d'enseignement et de recherche.

Dans un avenir proche, le Ministère du Plan organisera une réunion des bailleurs de fonds, qui devrait permettre de mobiliser les ressources supplémentaires pour la mise en oeuvre des recommandations contenues dans les documents cadres cités plus haut. La création du Fonds Spécial de Développement de l'Education marquera la volonté du Gouvernement d'aller de l'avant dans le combat pour l'accès à l'instruction du plus grand nombre!

B - Transformer le paysage médiatique national

Monsieur le PAN...

Notre pays, depuis longtemps déjà, est dépourvu de toute capacité d'innovation. On le constate dans le domaine productif, et on le relève également dans le domaine de la recherche et de la maîtrise de nouvelles technologies. Pire, le débat public est complètement vicié, au point que les questions d'intérêt général ne sont abordées que sous l'angle de la subjectivité, avec son cortège de suspicions et de rumeurs malveillantes!

On doit pouvoir s'éveiller à la modernité, apporter notre modeste contribution aux questionnements de ce monde, à l'orée du Troisième Millénaire. Pour cela, la communication doit se transformer, et devenir véritablement, un outil de développement. La synergie entre la communication et les nouvelles technologies de l'information, devrait aider des pays comme le nôtre, à rattraper plus rapidement, une partie de son retard en matière de développement économique et social, tout en protégeant la vie privée des citoyens.

Aussi l'Etat doit-il radicalement changer sa manière de gérer les médias, notamment la communication audiovisuelle dont l'impact formateur et informationnel est très grand. En premier lieu, le Haut Conseil de la Communication sera remis en place dans les meilleurs délais, afin qu'il puisse jouer son rôle de régulateur du système. Il doit pouvoir assumer sa mission de protection des libertés de la communication et de l'information, de respect de la déontologie professionnelle par les professionnels des médias et de garant du pluralisme.

Par ailleurs, les structures du Quotidien National d'Informations, le FORUM de l'UNITE, seront également mises en place à très court terme, afin que l'action gouvernementale soit relayée dans l'ensemble du pays.

Mais l'innovation majeure, à laquelle j'attache le plus grand prix, c'est la transformation du statut des organes de radiodiffusion et de radiotélévision. La gestion en régie par l'Etat encourage l'immobilisme et la médiocrité, de la même manière qu'elle ne favorise pas une bonne gestion.

Le Gouvernement étudie déjà la possibilité de créer un Office de la Radio et de la Télévision centrafricaines, doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, afin qu'une gestion financière autonome facilite la recherche de la performance et de la qualité! Les performances de certains pays qui pourtant ont créé leurs structures de télévision longtemps après la RCA, sont à rechercher dans cette organisation plus rationnelle et plus responsable.

Entre temps, un effort particulier sera réalisé, pour l'équipement de la Radio et de la Télévision nationales en petites fournitures, avant de mobiliser les soutiens financiers et matériels pour une modernisation des gros équipements. Les gros équipements doivent être renouvelés, afin de permettre non seulement l'émission et la réception de programmes plus nombreux, mais aussi la couverture de toute l'étendue de notre territoire.

Le développement des radios privées et locales sera poursuivi, afin de permettre un plus grand pluralisme, permettre une interactivité de proximité, et augmenter l'offre d'émissions de qualité pour un développement socioculturel participatif. La mise à disposition de stations de radio en modulation de fréquence, avec l'appui de RFI, est également à l'étude ;de même que la construction d'un nouveau centre émetteur à Boali.

L'ACAP doit jouer son rôle de producteur d'informations, afin que les autres médias puissent prospérer dans des conditions adéquates. La maîtrise de l'outil "Internet" et l'équipement informatique adéquats lui permettront de connaître un nouvel essor.

Honorables Députés,

Le secteur postal devra jouer un rôle de premier plan dans cette stratégie nationale. Le secteur des télécommunications en plein essor à l'étranger doit être redynamisé en RCA. Le cadre juridique et institutionnel sera révisé afin de permettre une meilleure régulation du secteur, où le jeu de la concurrence devrait servir les intérêts de la population en diminuant le coût d'accès aux services et en les diversifiant.

Avec l'aide de la Banque mondiale, la restructuration du secteur des télécommunications est en cours d'étude et de finalisation, avant la privatisation de la SOCATEL qui fait partie du second périmètre des entreprises privatisables. Néanmoins, l'objectif du Gouvernement est d'étendre la téléphonie à 22 villes avec la numérisation du réseau domestique de la SOCATEL, l'extension du réseau de Bangui et la desserte des villes et agglomérations environnantes. La reprise des relations financières internationales aiderait considérablement ce secteur qui est aujourd'hui dans une situation financière préoccupante;

Avec un programme d'investissements, nous pourrions envisager la modernisation du Centre des Chèques Postaux et de la Caisse Nationale d'Epargne, ce qui permettrait de désenclaver le pays au plan intérieur. Nous disposons là, en puissance de vecteurs importants de la collecte de l'épargne, et de concrétisation de la politique de décentralisation. Une reforme de l'ONPE, avec la transformation de son statut, pourrait permettre à d'autres acteurs, tels l'OCSS, les banques et d'autres institutionnels, de s'impliquer positivement dans la redynamisation du secteur postal, et lui apporter ainsi les fonds nécessaires à sa modernisation et restructuration.

Monsieur le PAN...

Vous l'aurez compris, la modernisation permettra de s'ouvrir au monde, et de profiter des bienfaits des nouvelles technologies, afin d'asseoir durablement le redressement socio-économique de Notre Pays.

S'agissant du domaine porteur des nouvelles technologies, le Gouvernement doit créer les conditions pour définir au plus vite, une véritable stratégie nationale de leur développement qui passe par le renforcement des capacités nationales, et l'accessibilité des nouvelles technologies à travers le système de formation. Le renforcement des structures de télécommunications aidera en cela la télé-enseignement, la télé-médecine et la visioconférence.

Honorables Députés

C'est à une véritable révolution culturelle, que j'invite nos compatriotes, dans leurs manières de produire, de vivre et de penser; en d'autres termes, c'est un profond changement de mentalités que nous appelons de nos vœux, pour saisir les opportunités de la mondialisation.

A quoi servirait la vitrine "Internet"du Gouvernement, ou la promotion du tourisme si les productions culturelles centrafricaines ne se développent point? Le Gouvernement, d'ores et déjà, va s'employer à réglementer les projections vidéos pour la protection de la jeunesse et des bonnes mœurs; et à faire adopter la Charte Culturelle qui fixera nos objectifs en la matière, avec notamment la restructuration du Bureau Centrafricain de Droits d'Auteur(BUCADA), afin de protéger les œuvres culturelles nationales.

Enfin, la protection du patrimoine culturel national sera facilité par la création de musées provinciaux à Bambari, Mbaïki, Bangassou et Bossangoa, avec la participation des municipalités des villes concernées ; sans oublier la protection des sites archéologiques, avec l'appui de l'UNESCO.

C- Moderniser la gestion de l'Etat.

Honorables Députés,

Parmi vous, je sais qu'il y a des pédagogues, et mieux que quiconque, vous savez que la pédagogie la meilleure, est celle de l'exemple!

Je ne peux appeler de mes vœux une modernisation de la société, sans une remise en cause des manières de faire de l'administration. Trop centralisée, peu transparente, elle manque totalement de dynamisme et étouffe littéralement, ses cadres les plus brillants.

Le chantier de la décentralisation et de la régionalisation, qui figure en lettres d'or dans la profession de foi du Président de la République, devra connaître une nouvelle impulsion. Le Gouvernement, d'ici la fin de l'année, devra proposer à la représentation nationale, un calendrier opérationnel de mise en œuvre.

Les fonctionnaires et agents de l'Etat doivent s'habituer aux pratiques transparentes, par la promotion du dialogue social permanent avec la mise en place du Conseil National Consultatif du Travail, où l'Etat-employeur, discutera avec eux, de manière responsable, des conditions de leurs missions de service public.

La rationalisation du fonctionnement de l'Etat passe notamment par le respect rigoureux des plans d'effectifs et des horaires de travail, ainsi que l'informatisation du Fichier unifié de la solde. Les textes d'application du nouveau Statut général des fonctionnaires seront adoptés, et la législation du travail, enfin révisée.

La gestion des bourses et des pensions qui pose tant de problèmes, sera réformée dans les meilleurs délais, avec la mise en place d'un audit, et la création de structures qui facilitent le traitement des dossiers individuels. La création d'une Caisse autonome des pensions civiles et militaires est envisagée, de manière à libérer le Trésor Public de la charge de gestion de ce public très délicat!

Le site "Internet" du Gouvernement sera une tribune pour faire connaître l'action du Gouvernement, de la même manière qu'il permettra de solliciter l'administration pour les besoins d'information des citoyens et des étrangers intéressés au pays. Dans le même ordre d'idées, la relance du Journal Officiel redonnera à l'Etat, sa crédibilité perdue, en même temps que cette mesure participe de la transparence!

V-PROMOUVOIR UNE DIPLOMATIE DE DEVELOPPEMENT

Monsieur le PAN...

L'état actuel de notre diplomatie et ses performances, ne permettent pas à la République Centrafricaine de participer efficacement au jeu diplomatique international, et à notre Peuple de bénéficier d'opportunités supplémentaires pour son développement.

Autant le dynamisme de Son excellence, Monsieur le Président de la République, est reconnu sur la scène internationale et africaine, ce qui explique qu'il soit souvent sollicité pour aider au règlement des conflits et crises sur le continent; autant les chancelleries centrafricaines à l'étranger brillent par une certaine timidité.

Les conséquences de cette atrophie du système diplomatique sont perceptibles ici même: tandis que la coopération décentralisée a permis à beaucoup de pays africains de mobiliser des financements et des soutiens logistiques et matériels nouveaux, pour pallier à la diminution de l'aide publique au développement, les Collectivités locales centrafricaines survivent à peine avec les subventions de l'Etat.

Bamako, Ouagadougou, Dakar...sont des exemples dynamiques de villes qui se sont modernisées avec la diversifications des appuis extérieurs. Le réseau diplomatique constitue précisément cette interface qui permet aux collectivités locales et aux ONG de développement, d'accéder à de nouvelles opportunités.

Il y a donc extrême urgence à restructurer profondément notre système diplomatique, de manière à créer une synergie avec l'action d'autres structures gouvernementales ayant le développement comme objet principal.

Je pense notamment aux départements en charge de l'Economie, du Plan et de la Coopération Internationale; du Commerce, de l'Industrie et de la promotion du secteur Privé...Bien souvent, nos ambassades et le Département des Affaires Etrangères ne sont pas au courant des dossiers importants traités par les ministères en charge des questions du développement, ce qui ne permet pas un suivi efficace de ces dossiers. Il faut nécessairement une cohésion dans les actions de tous les départements intéressés par ces dossiers.

Cette nouvelle orientation qui devra se matérialiser dans l'organigramme de nos ambassades et les méthodes de travail du Département des Affaires Etrangères, complétera ainsi l'action traditionnelle de notre diplomatie, jusque-là, essentiellement axée sur une politique de bon voisinage avec les Etats limitrophes, la prévention et la résolution pacifique des conflits, notamment dans notre sous-région.

Monsieur le PAN...

Le rayonnement de la personnalité internationale de la République Centrafricaine dans le monde, et la recherche des moyens de développement appellent donc un certain nombre de mesures urgentes, que le gouvernement s'attellera à concrétiser dans les meilleurs délais. Il s'agit notamment :

- d'une réforme de la carte diplomatique centrafricaine, afin de prendre en compte les mutations intervenues sur l'échiquier international et africain;

- de redéfinition de l'organigramme de nos Missions diplomatiques à l'étranger;

- de la revalorisation de la grille salariale du personnel diplomatique et consulaire;

- de l'amélioration, d'une manière générale, des conditions de travail dans nos Ambassades;

- de poursuivre et intensifier l'ouverture vers les Pays Arabes et Scandinaves.

Pour que cette redynamisation porte ses fruits, il est impératif d'honorer nos engagements internationaux, et d'assurer une présence active de Notre Pays au sein des organisations internationales et régionales. Compte tenu de l'importance de nos arriérés de contribution vis à vis de ces institutions, il est nécessaire de négocier avec chacune d'elles, un plan d'apurement de ces arriérés. Ce qui permettra de recouvrer notre droit de vote dans certains cas, mais aussi, de faciliter le recrutement de nos compatriotes dans ces Institutions où nous sommes partout sous-représentés.

Enfin, il n'est pas superflu de mentionner ici le problème social et moral causé par les fonctionnaires du Ministère des Affaires Etrangères, rappelé à Bangui, mais jamais rapatrié, qui croupissent dans une misère indescriptible en raison de leur situation administrative irrégulière.

Si la profession de foi du Président de la République appelle "une diplomatie dynamique et préventive ainsi qu'une politique de coopération agissante", cette ambition légitime et raisonnable commande de faire évoluer les mentalités et les habitudes en cours chez nos diplomates, pour donner à la Diplomatie centrafricaine l'image respectable qui lui fait défaut!

VI-CONSOLIDER L'UNITE

NATIONALE RETROUVEE

Monsieur le PAN...

Je viens de vous développer le plan d'action que mon Gouvernement se propose me mettre en œuvre, pour répondre aux défis actuels de notre pays.

Les mesures proposées, pour certaines d'entre elles, ne brillent pas par leur originalité. En d'autres termes, j'aimerais rappeler ici, face aux représentants du peuple, que les solutions à nos problèmes viendront de nous-mêmes.

Le projet que je viens de développer est réaliste, car fondé sur une approche pragmatique des réalités centrafricaines, et de nos potentialités. Autant dire que si nous devons en attendre des résultats, cela exige de la part de tout un chacun, un engagement sans faille.

Le maître mot demeure le COURAGE. Sans courage, il n'y a pas d'action, et aucun combat ne peut être mené victorieusement. Nous devons donc nous remettre en cause, sur les plans individuel et collectif, et surtout, UNIR NOS EFFORTS POUR PLUS DE COHERENCE ET D'EFFICACITE.

Les grandes lignes de l'action gouvernementale, telles que tracées par Son Excellence, Monsieur le Président de la République, reposent sur le socle encore fragile de l'unité nationale retrouvée. Autant dire que les chantiers que je vous propose, exigent que les centrafricains se réconcilient avec eux-mêmes, c'est-à-dire, retrouvent la CONFIANCE sans laquelle aucune œuvre humaine n'est possible!

Je n'insiste pas sur cet impératif pour stigmatiser un danger irréel, pour réveiller les démons de la division et de la haine qui s'étaient emparés de nous au moment des mutineries des années 96-97. En effet, les plaies semblent refermées, et les esprits apaisés, puisque la vie s'est considérablement normalisée.

Chers Compatriotes,

Je persiste à croire que nous devons continuer à produire les efforts nécessaires, pour consolider un peu plus, notre unité nationale retrouvée! Je perçois par-ci, par-là quelques aigreurs qui fragilisent la confiance dont nous avons besoin pour redresser notre pays.

Comment voulez-vous remettre de l'ordre dans une Administration, où la suspicion frappe toutes les décisions prises dans la gestion des hommes? Comment voulez-vous apporter de l'efficacité à un système où chaque élément peut, sans choquer qui que ce soit, contester une affectation dans l'arrière pays , et ce d'autant plus légitimement qu'il serait affecté dans une "région dite hostile"?

Honorables députés,

Vous devez sentir, et admettre, que je n'ai pas l'intention de jouer à l'apprenti sorcier de la haine et de la division. Mais il y a aujourd'hui dans notre pays, des non-dits qui règlent les comportements des responsables que nous sommes, mais aussi des modestes citoyens.

Je dirais même plus: il y a un jeu malsain de l'apparence, où on fait semblant de dire que tout va bien dans le meilleur des mondes possible, en ce qui concerne ce problème crucial de la réconciliation nationale, alors que la moindre crise sociale laisse s'exprimer des velléités de déstabilisation!

Mon cri du cœur, est de vous dire que le programme le plus séduisant est voué à l'échec, si le ciment de la confiance est absent. Car c'est la confiance qui est au fondement de la Paix, qui elle-même conduit à la stabilité et au développement.

J'ose espérer que vous partagez avec mon Gouvernement, cette ambition de consolidation de notre Patrie commune, qui est au cœur de la Profession de foi de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, ambition qui conditionne la réussite de tout projet d'action dans Notre Pays, quelles que soient nos sensibilités politiques.

Monsieur le PAN...

Vous aurez compris que le Gouvernement que j'ai l'honneur de diriger, et pour lequel je viens aujourd'hui solliciter votre confiance, a besoin de votre soutien actif, pour avoir quelque chance de réussir, dans l'intérêt supérieur de la Nation.

La Majorité présidentielle doit être plus unie que jamais, car le Gouvernement d'Action et de Combat que son Excellence, Monsieur le Président de la République a souhaité, nécessite que votre pression soit toujours forte dans la volonté de faire avancer les différents chantiers esquissés à travers mes propos.

L'Opposition doit jouer pleinement son rôle critique, car elle peut constituer un aiguillon fiable pour l'orientation de l'action gouvernementale, en soulignant ses incohérences et insuffisances. Ce rôle si constructif exige cependant que nous protégions les mêmes valeurs, dans le creuset des institutions républicaines. Il y a dans les rangs de notre Opposition, des hommes et des femmes de valeur, qui ont servi l'Etat à un très haut niveau. Je ne pense pas me tromper en affirmant que cela confère à cette Opposition républicaine, le privilège de la vigilance positive, dans la poursuite du bien commun.

Cette pression constructive, de l'ensemble des députés, est toujours utile en démocratie, sans quoi les défaillances individuelles des membres du Gouvernement conduiraient à un échec sans appel. Cette pression positive, s'appelle également SOLIDARITE, dès lors que nous partageons ensemble les mêmes objectifs.

J'entends rappeler ici que les ministres choisis pour conduire avec moi, l'action gouvernementale, ne devront avoir pour principale ambition, que l'intérêt général.

Ils auront réussi, si nous atteignons les objectifs arrêtés sur instructions de Son Excellence, Monsieur le Président de la République.

Ils auront échoué, si leur principale satisfaction, au terme de la mission confiée, se mesure en nombre de villas construites et de voitures achetées, de missions effectuées en Europe ou ailleurs dans le seul but d'élever leur standard de vie.

Pour cela, Honorables députés, je serai comptable devant vous de ces déviations de la noble mission de représenter et d'agir au nom de tout un peuple, un peuple qui compte parmi les plus pauvres au monde, malgré ses légendaires potentialités agricoles et minières.

Je n'hésiterai pas un seul instant, le cas échéant, de sanctionner les dérives de mes collaborateurs qui auront confondu la mission de Ministre ou de haut fonctionnaire de l'Etat, avec la poursuite d'intérêts égoïstes. Le Pays manque tellement d'entrepreneurs, que j'encourage fortement ceux qui seraient tentés par cette voie, de renoncer au sacerdoce de ministre, dans le contexte d'un pays enclavé, à l'économie moribonde, et à la population miséreuse.

Monsieur le PAN...

Comme toujours en pareille circonstance, on souhaiterait ne pas tenir en haleine inutilement, un auditoire aussi prestigieux. De bonne foi, on annonce qu'on s'efforcera d'être bref et concis. Toujours, on se rend compte qu'on a été plus bavard que souhaité. Aussi,vous-prie je de m'excuser de n'avoir pas complètement tenu ma promesse, même si l'étendue et la gravité des problèmes m'ont rendu prolixe!

Je requiers votre confiance pour la mise en oeuvre de ce programme d'actions; mais je requiers également de la confiance dans nos propres rapports quotidiens, dans l'examen des projets et propositions de lois, et le contrôle de l'action gouvernementale.

Si vous transcendez les divisions partisanes pour ne considérer que l'intérêt supérieur de la Nation, vous donnerez au Gouvernement, les ressources morales pour réussir. Car votre exemple sera le meilleur ferment de l'adhésion populaire aux institutions républicaines que nous devons tous ensembles, consolider.

En recréant et en vivant effectivement cette confiance, nous donnerons à la paix des ressorts plus résistants, pour lutter efficacement contre la mauvaise gouvernance, combattre la pauvreté et amorcer le décollage socio-économique de Notre beau et Cher Pays.

Telle est l'ambition que je souhaite partager avec Vous, et Notre peuple, dans la lourde et passionnante tâche que m'a confiée Son Excellence, Monsieur le Président de la République.

Je vous remercie.

(Source : Le Citoyen N°1105 du mardi 8 mai 2001, Kodro 2001)


Le Premier ministre ZIGUELE et le discours devant l'Assemblée nationale