Les voyages d'Avril du président Patassé dans le Nord-Centrafrique et au Tchad : le chef de l'état en vainqueur devant les querelles de clocher des "opposants centrafricains"
- Tension Centrafrique-Tchad: le président Patassé mercredi 10 avril 2002 à N'Djamena (9, 10 avril 2002)
- FRUD (Front pour la Restauration de l'Unité nationale et de la Démoctatie) est né en France (4 avril 2002)
- Patassé et Déby enterrent la hache de guerre (11 avril 2002)
- Accord Tchad-Centrafrique sur leur frontière commune (11 avril 2002)
- À N'Djamena, Patassé s'embourbe davantage et rate une fois de plus le coche dans la résolution politique de la crise centrafricaine (N'Djamena - 11 avril 2002 - 15H00).
À N'Djamena, Patassé s'embourbe davantage et rate une fois de plus le coche dans la résolution politique de la crise centrafricaine (N'Djamena - 11 avril 2002 - 15H00).
Arrivé à la tête d'une forte délégation de près de 80 personnalités centrafricaines, politiques, parlementaires et militaires confondus, et cornaqué par les représentants du Secrétaire général de l'Onu à Bangui et du colonel Kadhafi, le dictateur centrafricain Ange-Félix Patassé a effectué un voyage éclair hier au Tchad.
Prévu au départ pour une journée, la visite n'a duré que cinq heures, chrono en mains; arrivée à N'Djamena à 12H00, la délégation en est répartie à 17H00.
Officiellement pour "dissiper les malentendus entre les deux pays ", cette visite éclair de travail n'a pas été une réussite centrafricaine, en dépit des déclarations officielles côtés tchadien et centrafricain.
Non seulement aucune déclaration commune finale n'est venue sceller les déclarations d'intentions officielles de MM. Déby et Patassé mais, pis encore, Ange-Félix Patassé n'a pas cru devoir saisir l'occasion solennelle ainsi offerte pour lancer des signes forts vers son opposition armée pour un règlement politique et pacifique de la crise centrafricaine.
L'improvisation de la délégation centrafricaine due sans doute à l'impréparation du voyage, l'inexistence de dossiers et le refus d'Ange-Félix Patassé, au dernier moment, de rencontrer, une fois de plus, le général François Bozizé ont finalement rejeté tout espoir de règlement pacifique de la crise centrafricaine.
La forte délégation centrafricaine n'a été d'aucune utilité. Elle était là pour le décor. Ni les parlementaires et encore moins les militaires n'ont pu rencontrer leurs homologues tchadiens alors qu'il fut officiellement question de "dissiper les malentendus ". Dès lors la réunion dans les 15 jours d'une "commission ministérielle, appuyée de parlementaires des deux pays " aura beaucoup de mal à définir un programme de travail et à négocier des objectifs crédibles pour effectivement "dissiper tous malentendus entre les deux pays ".
Dans les faits, comment une telle commission s'y prendrait-elle pour que les opposants armés aux deux régimes, de N'Djamena et de Bangui, soient éloignés de la frontière alors que, de son côté, le président tchadien ne tient absolument pas extrader le général Bozizé et ses hommes et qu'Abdoulaye Miskine, un rebelle tchadien, serait devenu aussi Centrafricain et qu'il bénéficie toujours du soutien financier du dictateur centrafricain qui s'en sert contre les positions avancées des partisans de Bozizé, dans le Nord/Ouest de la Centrafrique?
Le Tchad qui s'était engagé à ne pas extrader le général Bozizé n'aurait pas d'autres solutions, le moment venu, que d'exiger qu'il quitte librement le territoire tchadien, pour prendre au pied de la lettre les déclarations de M. Idriss Déby retranscrites par Afp-N'Djamena.
Dans cette hypothèse, fidèle à ses engagements et solidaires de ses hommes, le général centrafricain, François Bozizé, ne verrait donc plus aucun obstacle diplomatique se dresser contre son retour auprès de ses hommes qui l'attendent pour "rentrer au bercail ".
Son attentisme décrié par les Centrafricains, pressés de le voir reprendre pied en force à Bangui, se transformerait en conquête armée du pouvoir en Centrafrique par le déclenchement soutenu de véritables hostilités contre le régime de Patassé. Car aucune proposition sérieuse de règlement de la crise centrafricaine n'est venue satisfaire ses attentes à la fin annoncée de la prise en charge régionale de la "phase diplomatique " des négociations confirmées entre autres par la mise sur pied d'une commission ministérielle tchado-centrafricaine.
Le général François Bozizé, rappelle-t-on, exigea des autorités centrafricaines une amnistie générale, non seulement pour ses hommes mais qui doit aussi s'étendre aux présumés auteurs du coup d'Etat du 28 mai 2002, la tenue d'un dialogue nationale entre le pouvoir dictatorial de Bangui et ses opposants et le retrait des troupes étrangères en Centrafrique.
Mais, à ce jour, aucune de ses propositions n'a retenu l'attention des autorités centrafricaines qui s'évertuent à traquer ses opposants et à interdire toutes manifestations et réunions politiques en République centrafricaine.
À N'Djamena, très remarquée de part sa taille, la délégation centrafricaine l'a aussi par son improvisation dans la conduite des entretiens. De nombreux couacs ont été remarqués dont le plus important demeurera le refus au dernier moment exprimé par le dictateur centrafricain de rencontrer son ancien chef d'État-major, le général François Bozizé, qui s'était pourtant rendu à l'invitation pressante d'Ange-Félix Patassé à la Résidence de l'Ambassadeur libyen au Tchad.
Et pourtant, de sources proches du général François Bozizé, depuis la semaine dernière, à destination du général Bozizé, les demandes centrafricaines et offres se sont multipliées. Du porte-parole d'Ange-Félix Patassé aux ministres, en passant par la cohorte de conseillers à la présidence, elles délivraient presque toutes le même message ainsi résumé: "le président Patassé qui tient à vous rencontrer, lors de son prochain passage à N'Djamena, m'a chargé personnellement de vous transmettre cette invitation pour que des solutions définitives et durables soient enfin trouvées à l'affaire du 02 novembre 2002 ".
Mercredi, 10 avril 2002, après avoir consulté ses soutiens politiques et le conseil des officiers, le général y donna une suite favorable, en se rendant à la Résidence de l'ambassadeur libyen à N'Djamena, à l'invitation d'Ange-Félix Patassé.
Mais une fois reçu par le ministre Triki et le représentant spécial de Kofi Annan en Centrafrique, le général sénégalais Lamine Cissé, le général François Bozizé apprit que "contrairement à ce qui était prévu, le président Ange-Félix Patassé ne pourrait prendre part à l'entretien ".
Cet entretien qui n'avait plus de raison d'être dura néanmoins moins de 15 mn.
Arrivé à la résidence libyenne à 16H15 locales, François Bozizé en est reparti à 16H30mn, le temps d'échanger les "politesses diplomatiques ". Le général rebelle François Bozizé n'a pas rencontré le dictateur centrafricain Ange-Félix Patassé. Aucune autre raison ni excuse n'ont été présentées à l'officier rebelle centrafricain.
De sources non autorisées, proche des "officiers bozézistes ", le ministre libyen Abdelsalaam Triki et le général sénégalais Lamine Cissé souhaitèrent en savoir plus sur les "intentions " de l'officier centrafricain qui se contenta de leur rappeler l'objet de sa présence en la résidence de l'ambassadeur libyen : rencontrer Ange-Félix Patassé.
Ainsi par ce "choix définitif ", pour l'énième fois, le dictateur centrafricain, Ange-Félix Patassé, vient de rater le coche.
Des déclarations officielles d'intentions au couac diplomatique d'Ange-Félix Patassé, il se confirme que les autorités centrafricaines n'ont exprimé, de quelque manière que ce soit, aucune volonté politique pour un règlement pacifique de la crise centrafricaine, laissant la priorité de l'initiative à la Libye et accessoirement à l'Onu.
Un appel lancé de N'Djamena à son opposition politique armée et non armée pour la Réconciliation nationale et la reprise totale des initiatives par les acteurs centrafricains aurait sans doute permis à Patassé de relancer positivement le processus de règlement, ce qui éviterait à la République centrafricaine une aggravation de la crise.
Mais le déplacement tchadien de Patassé semble répondre à une tactique à très court terme : gagner un peu plus de temps et paraître le seul "maître à bord de la démocratie centrafricaine ". Destinée à se gagner les instances internationales, cette tactique n'apporte aucun début de résolution de la crise qui s'enlise davantage, contrairement à ce qui est affiché de part et d'autre, oppositions et autorités centrafricaines.
Pressé de trouver une issue positive au règlement de la crise centrafricaine, par ses pairs de la sous-région d'Afrique centrale, de la Libye et le Secrétaire général de l'Onu, tel le fourbe, Patassé pense piéger, d'une part, la communauté internationale, avec dans sa mire les instances financières internationales, qui verraient d'un très bon il les deux dernières "démonstrations heureuses " des autorités centrafricaines, et, d'autre part, le général François Bozizé afin de le discréditer.
Pour les autorités centrafricaines, la tournée dans le Nord/Ouest, en l'absence des autorités locales et traditionnelles de Batangafo et Kabo, et le déplacement éclair de N'Djamena suffiraient à eux seuls à faire croire à un début d'engagement des autorités centrafricaines dans le règlement pacifique de la crise centrafricaine. Elles donneraient ainsi des gages qui appuieraient les négociations actuelles que mène le gouvernement Ziguélé avec les autorités de Bretton Woods pour la signature d'un accord de réajustement structurel.
Un prolongement du temps de passage du général Bozizé à la résidence de l'ambassadeur libyen aurait suffit à démonter qu'une rencontre entre Patassé et Bozizé aurait effectivement eu lieu et que les deux hommes se seraient entendus sur ce qui les oppose depuis mai 2001.
Mais, aussi bien dans le Nord/Ouest qu'à N'Djamena, la forte délégation centrafricaine et les instances internationales ont été témoins du comportement instable d'Ange-Félix Patassé : des déclarations à l'emporte-pièce qui ne consacrent ni un début d'apaisement politique et encore moins la tenue d'un dialogue national en Centrafrique, laissant plus jamais la voie libre à toutes autres formes de solutions à la crise centrafricaine.
Contrairement à la "dissipation de tous malentendus " annoncée, le piège de Patassé n'en finit pas de se referme sur lui-même.
Si elle ne signe l'arrêt de mort des initiatives sous-régionale, Cemac, et régionale, Cen-Sad, la mise en place d'une commission ministérielle tchado-centrafricaine contribuera davantage à faire la démonstration qu'Ange-Félix Patassé enfonce de plus en plus la Centrafrique dans la guerre civile.
(c) KODRO-AFRIQUE CENTRALE
Accord Tchad-Centrafrique sur leur frontière commune
Le président tchadien Idriss Déby et son homologue Ange Félix Patassé, ainsi que l'émissaire spécial des Nations unis en Centrafrique et le ministre libyen des Affaires étrangères Ali Triki se sont entretenu pendant deux heures mercredi à N'Djamena pour mettre la dernière touche à l'accord qui a permis de réouvrir les 800km de frontière. bouclés en octobre dernier après que le général François Bozizé eut demandé asile dans le sud du Tchad, alors que Patassé l'accusait d'avoir tenté de le renverser. La Libye avait envoyé des troupes dans la capitale centrafricaine de Bangui pour protéger le président.
Le président Déby a été confronté à plusieurs rébellions dans le sud du Tchad depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat en décembre 1990 et certains des mouvements rebelles se sont réfugiés en Centrafrique jusqu'à ce que leurs dirigeants soient tués ou intégrés au gouvernement.
"Nous avons aussi quelques soi-disant opposants tchadiens à Bangui", a déclaré Idriss Déby à la presse, saluant "le courage de (son) frère Patassé". "Nous sommes tombés d'accord pour résoudre ce problème globalement en trouvant une solution négociée pour chaque groupe, de façon qu'ils retournent dans leurs pays respectifs". Il a ajouté que Bozizé pouvait rester au Tchad tant qu'il ne se mêlait pas de politique. AP
Patassé et Déby enterrent la hache de guerre
La RCA se montre sous son meilleur jour
DIDIER SAMSON