La mort en son jardin (RFI)

La stupeur et la douleur avaient rendez-vous au stade de Gerland, hier soir à Lyon. Incrédulité lorsqu’à l’écart des autres joueurs, seul dans le rond central, le milieu de terrain du Cameroun, Marc-Vivien Foé s‘affaisse inanimé. Horreur, lorsque, environ quarante-cinq minutes plus tard, un responsable de la Fifa annonce la mort du joueur.

Il est 19h36. Il reste moins de vingt minutes à jouer dans la première demi-finale de la Coupe des confédérations. Le milieu de terrain colombien Jairo Patino fait de grands signes en direction de l’arbitre et de la touche. Un joueur vient de tomber en plein centre du terrain. Il est le seul à y avoir prêté attention, le jeu se déroule ailleurs. Yeux révulsés, mâchoires serrées, le grand Marc-Vivien Foé gît sur la pelouse de Gerland, frappé par on ne sait quel malaise brutal. La seule certitude: il n’y a pas eu choc avec un adversaire, le plus proche est à cinq mètres. Très vite on comprend que c’est grave, même si les médecins semblent tarder à réagir.Hector Fabio Cruz, le médecin de l’équipe colombienne, parmi les premiers à être venus sur le terrain, témoigne: «Il était inconscient mais il respirait; puis il a repris connaissance avant de la perdre à nouveau».


 

Sage avant l’âge

Les secouristes lui débloquent la mâchoire pour lui éviter d’avaler sa langue. Six bonnes minutes se sont écoulées. Les pompiers interviennent, l’évacuent dans la zone médicale du stade, pratiquent un massage cardiaque. En vain. A 20h30, Alfred Müller, le médecin Fifa confirme officiellement le décès de Marc-Vivien Foé. Une chape de plomb s’abat sur la Coupe des confédérations. Ses copains de l’équipe de France sont en larmes au moment des hymnes qui précèdent, à Saint-Denis le coup d’envoi de la deuxième demi-finale, tout comme le sélectionneur de l’équipe de France, Jacques Santini qui l’avait dirigé du temps où ils étaient tous deux à Lyon.

Sa mort est d’autant plus cruellement ressentie que derrière cette solide carcasse longiligne se cachait un homme très attachant. Affable, discret, modeste, n’élevant jamais la voix, introverti sans doute, pas du tout exubérant, disponible pour les médias, souriant mais jamais à gorge déployée, doux, sensible. On sentait sa présence et sa détermination, même lorsqu’il ne parlait pas. Ce qui explique peut-être qu’il n’ait jamais pris le brassard de capitaine, davantage fait pour son complice Rigobert Song. Une sorte de sage avant l’âge, il n’avait pas trente ans et déjà une solide expérience du football, des hommes et de la vie. C’est un grand vide –pas seulement en raison de sa taille– que Foé laisse dans la forêt des Lions. Il faisait l’unanimité en toutes circonstances, sur le terrain et en dehors du terrain. Il était là, il était indispensable. Son effacement apparent lui conférait son identité, forte, qui pesait son poids sur le comportement de l’équipe du Cameroun dont il était un des plus anciens éléments, y ayant effectué ses débuts il y a dix ans.

Marc-Vivien Foé est mort en son jardin, sur la pelouse d’un stade qu’il avait beaucoup fréquenté et qu’il allait peut-être retrouver la saison prochaine, étant toujours sous contrat avec l’Olympique Lyonnais. Un joueur exemplaire, un joueur référence s’en est allé. Lion indomptable peut-être, Lion inoubliable pour tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer.

Marc-Vivien Foé
Né le 01/05/1975 à Nkolo (Cameroun)
Clubs successifs : Canon de Yaoundé, Lens (1994-décembre 1999), West Ham (Angleterre, décembre 99-2000), Lyon (2000-2002), Manchester City (Angleterre, prêt depuis 2002)
Sélections : 65
Buts en sélection : 8
1ère sélection : 22/09/1993 contre le Mexique
Palmarès : 2 participations en Coupe du monde (1994, 2002) ; 2 titres de champion d’Afrique (2000, 2002). Deux titres de champion de France (1998, 2002). Une Coupe de la Ligue française (2001)

GÉRARD DREYFUS
27/06/2003

 

Coupe des confédérations: tout aurait été fait pour sauver Foé
[2003-06-27 14:18]
 

PARIS (Reuters) - Le président du comité d'organisation de la Coupe des confédérations, Chuck Blazer, a estimé vendredi qu'aucune erreur médicale n'avait été commise dans la disparition accidentelle du joueur Camerounais Marc-Vivien Foé.

"Je dois rendre hommage à tous ceux qui ont été impliqués dans cette tragédie. Ils ont eu une démarche médicale raisonnable," a déclaré Blazer dans une conférence de presse à Paris.

"Nous ne sommes pas dans le cas d'un manque d'attention médicale. Pour l'instant, nous pouvons seulement attendre les résultats de l'autopsie pour en savoir plus.

"Il y a eu une excellente organisation dans toutes les interventions et une excellente organisation du site lui-même qui a su faire face à cette urgence médicale.

"A ce stade, nous pouvons être certains que tout ce qui pouvait être fait l'a été effectivement.

"Mais je me refuse à associer cette tragédie avec les circonstances climatiques ou avec le calendrier de la compétition. Nous devons attendre les résultats de l'autopsie.

"Marc-Vivien Foé n'avait pas joué le troisième match du premier tour et il avait donc eu le temps de se reposer."

Sans raison apparente, le milieu de terrain camerounais s'est effondré sur le terrain à la 72e minute et a été évacué sur une civière jusqu'à l'antenne de premiers secours du stade.

Il est décédé 45 minutes plus tard dans cette antenne sans avoir repris conscience, malgré des tentatives de réanimation.

Cette mort accidentelle a provoqué de vives réactions dans le monde du football et certaines voix se sont élevées pour faire part de leur étonnement.

CEREMONIES ANNULEES

"On m'a dit qu'il (Foé) avait été malade avant de jouer. Si c'est vrai et s'il ne voulait vraiment pas jouer, quelqu'un l'a aidé à se retrouver bien," a déclaré l'ancien gardien de but Joseph-Antoine Bell cité par l'Equipe.

"Si c'est cela, quelqu'un est responsable. On se doit de savoir," a ajouté l'ex-joueur camerounais.

Blazer a confirmé que la finale entre la France et le Cameroun aura lieu comme prévu mais que toutes les cérémonies d'avant-match sont annulées.

"Nous avons décidé de modifier le programme initial et d'annuler tout ce qui n'avait pas quelque chose à voir avec le football lors de la cérémonie de clôture," a-t-il dit.

Interrogé pour savoir comment une rencontre sportive pouvait se disputer dans ces conditions et si la finale ne risquait pas d'être un "non-match", Blazer a déclaré:

"Ce ne sera pas un simple exercice de football. Les équipes vont jouer pour l'objectif qui les a conduites ici. Ce match sera aussi compétitif qu'il pourra l'être suivant les circonstances."

L'équipe de Cameroun a de son côté exprimé sa volonté que le nom de Foé soit associé à cette dernière rencontre du tournoi.

"Pour l'instant, nous n'avons pas déterminé la manière de rendre cela possible.

"Le Cameroun a souhaité participer à la finale en hommage et en mémoire de leur camarade. Nous acceptons cette participation et nous apprécions ce que cela veut dire pour eux," a conclu Blazer. /PSE/CBE

 

Marc-Vivien Foé souffrait de diarrhée deux jours avant le match, selon la FIFA

PARIS (AP), 27 JUIN  2003 14:06 - Le joueur camerounais Marc-Vivien Foé, décédé subitement jeudi à Lyon lors du match entre son équipe et la Colombie, en demi-fianle de la Coupe des confédérations, souffrait de diarrhée deux jours avant le match, a fait savoir vendredi la FIFA.

«A Saint-Etienne, un diagnostic a été fait à l'hôpital après un test sanguin et les résultats étaient normaux», a précisé la Fédération internationale de football dans un communiqué.

«Il a été confirmé qu'il n'y avait aucune infection. Le traitement était constitué d'une perfusion de NaCl (chlorure de sodium) et d'Immodium. Le soir du 25 juin, le joueur se sentait bien», a souligné la fédération, affirmant que ces informations ont été fournies par le médecin de l'équipe camerounaise au Dr Alfred Muller, de la FIFA.

La fédération internationale ajoute que «des détails supplémentaires concernant la cause exacte du décès seront fournis dans les prochains jours à l'issue de l'autopsie»

Le joueur, qui s'est effondré sans raison apparente à la 72e minute de jeu, a été transporté dans la salle de soins du stade Gerland, cinq minutes plus tard, où il a été placé sous perfusion et sous oxygène.

«A ce moment, le coeur s'arrête de battre et un traitement de réanimation est immédiatement commencé», indique encore la FIFA. «La réanimation a continué pendant environ 45 minutes, jusqu'à 20h20. Heure officielle du décès: 20h20.» AP

Jean-Pierre Raffarin exprime ses «sincères condoléances» après le décès de Marc-Vivien Foé

PARIS (AP), 27 juin 2003 14:03 - Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a exprimé vendredi ses «sincères condoléances» après le décès jeudi du milieu de terrain camerounais Marc-Vivien Foé en demi-finale de la Coupe des Confédérations contre la Colombie.

Marc-Vivien Foé «était un joueur très apprécié de tous ses partenaires, tant dans le championnat de France qu'en équipe nationale. Sa disparition donnera à la finale Cameroun-France une dimension de recueillement particulière, à sa mémoire», ajoute M. Raffarin dans un communiqué.

«A sa famille, à ses partenaires et à la communauté camerounaise, le Premier ministre exprime ses plus vifs regrets», conclut le texte. AP

 

 Coupe Confédérations - Milla: "Le Cameroun jouera pour la mémoire de Foé"

SAINT-ETIENNE, 27 juin (AFP), vendredi 27 juin 2003, 9h57 - Roger Milla, joueur emblématique du Cameroun, a confirmé vendredi à l'AFP que le Cameroun disputera bien dimanche à Paris la finale de la Coupe des Confédérations de football "pour la mémoire de Marc-Vivien Foé".

"Nous avons eu jeudi soir une réunion entre tous les joueurs et les dirigeants. Nous avons décidé de jouer à sa mémoire. Nous sommes tous très mal. C'était notre petit frère. Pour nous c'est très dur. Il nous manque énormément", a déclaré Roger Milla qui se trouve au centre d'entraînement de l'Etrat dans la banlieue de Saint-Etienne.

La délégation camerounaise devait prendre vendredi un TGV à Saint-Etienne à 10h37 à destination de Paris, mais le départ a été retardé dans l'attente de l'arrivée du président de la Fédération internationale (FIFA), Joseph Blatter, accompagné par le président de la Fédération du Cameroun, Mohamed Iya.

Le départ pour le centre de Linas-Marcoussis (Essonne), lieu de retraite habituel de l'équipe de France de rugby, devait avoir lieu en début d'après-midi.

Le président Blatter devait se rendre ensuite à Lyon pour y rencontrer la veuve de Marc-Vivien Foé, dont le corps a été transporté à la morgue de Lyon dans l'attente d'une autopsie pour déterminer les causes du décès.

 

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