L'Irak en invité surprise du sommet Afrique-France

PARIS (AFP), vendredi 21 février 2003, 15h10 - Après avoir lancé un avertissement direct aux chefs d'Etats africains sur la "fin de l'impunité", visant notamment la Côte d'Ivoire, Jacques Chirac est sorti vendredi fortifié du 22e sommet Afrique-France, grâce au soutien de 52 pays à la politique française sur l'Irak.

Officiellement consacré aux "nouveaux partenariats entre l'Afrique et la France", le sommet réuni au Palais des congrès de la porte Maillot à Paris, en présence du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a été dominé par la crise ivoirienne et l'Irak.

42 chefs d'états ou de gouvernement avaient fait le déplacement, dix autres étant représentés à moindre niveau, a indiqué le président Chirac qui s'est félicité de cette participation sans précédent.

L'Irak a longuement été évoqué lors des discussions à huis-clos entre chefs de délégations et a fait l'objet d'une "déclaration", fait exceptionnel lors des sommets Afrique-France.

Fidèles à la position adoptée quelques jours auparavant par l'Union Africaine, les chefs d'Etat africains ont exprimé leur soutien à une poursuite des inspections, suivant en cela la position de la France.

"Il y a une alternative à la guerre", indique la déclaration.

Lors de la conférence de presse finale, M. Chirac a réitéré son soutien à l'ONU, déclarant "on peut envisager une guerre sans les Nations unies, on ne peut envisager la paix sans les Nations unies".

Jacques Chirac a défini vendredi devant la presse le "nouveau partenariat" franco-africain, qui prévoit une approche plus régionale, globale et donc moins bilatérale que les anciennes relations qui unissaient Paris et ses anciennes colonies.

Ce partenariat doit prendre en compte de nombreux aspects: gestion des crises, développement, coopération ou environnement.

La "France veut accompagner et non pas dicter", elle "défend des principes et non des situations". La France "veut une "approche globale et pas de tête-à-tête", et elle "sera l'avocat inlassable de l'Afrique", a annoncé M. Chirac qui présidera la prochaine réunion du G8 à Evian.

Le président français avait lancé un avertissement direct jeudi sur "la fin de l'impunité". Il a également réaffirmé son souhait de voir s'appliquer "intégralement" les accords inter-ivoiriens de Marcoussis et souhaité la constitution "rapide" d'un gouvernement d'union nationale. Il a également mis en cause les escadrons de la mort qui sévissent en Côte d'Ivoire.

Si chacun y a vu une allusion directe à l'entourage présidentiel ivoirien -- déjà épinglé par les Nations unies -- d'autres chefs de délégation ont fait grise mine.

23 d'entre eux, dont le zimbabwéen Robert Mugabe, dont la venue a suscité plusieurs manifestations de protestation, ont notamment été mis en cause par l'organisation Reporters sans frontières. Certains, comme le centrafricain Ange Félix Patassé sont pointés du doigt par la Fédération internationale des droits de l'Homme. D'autres encore, Congolais, Libyen, Mauritanien, Ougandais, Rwandais... sont poursuivis par des tribunaux.

En marge des travaux et comme à l'accoutumée, de nombreux entretiens bilatéraux ont permis aux différents pays, plus nombreux qu'aux sommets de l'Union Africaine, de se rencontrer pour tenter de régler leurs différends.

Le prochain sommet se tiendra en Afrique, à Bamako (Mali), a annoncé Jacques Chirac. Le président malien Amadou Toumani Touré, un ancien général, est surnommé le "soldat de la démocratie" depuis qu'il a rendu le pouvoir aux civils, un an après avoir participé au renversement du régime dictatorial de Moussa Traoré.


Déclaration sur l'Iraq lors de la XXIIème Conférence des Chefs d'Etat d'Afrique et de France
Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et de la Francophonie - Spécial Irak

Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique et de France réunis pour leur XXIIème Conférence, se référant à la déclaration adoptée par l'Organe central du mécanisme de l'Union africaine pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, lors du Sommet d'Addis Abeba, le 3 février 2003 :

réaffirment que le désarmement de l'Iraq est l'objectif commun de la communauté internationale et que le seul cadre légitime pour en traiter est les Nations unies ; appellent les autorités iraquiennes à apporter une coopération immédiate, active et sans réserve à la COCOVINU et à l'AIEA ; expriment leur soutien à la poursuite des inspections et au renforcement substantiel de leurs capacités humaines et techniques, dans le cadre de la résolution 1441, dont toutes les possibilités n'ont pas encore été exploitées ; réitèrent toute leur confiance à MM. Blix et El Baradeï ; considèrent que l'usage de la force, qui comporte des risques graves de déstabilisation pour la région, pour l'Afrique et pour le monde, ne saurait constituer qu'un ultime recours.Il y a une alternative à la guerre. (Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et de la Francophonie - News Press)

(vendredi 21 février 2003, 14h41)


Sommet France-Afrique : XXII ème Conférence des Chefs d'État d'Afrique et de France (Paris, 19-21 février 2003)