Crise irakienne: Tristesse et amertume aux Nations Unies, 18 mars 2003
Le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, lundi à New York © AFP Henry Ray Abrams |
NEW YORK (AFP) - mardi 18 mars 2003 - 1h44 - La tristesse et l'amertume se lisaient lundi sur les visages de nombreux diplomates aux Nations Unies, qui ne cachaient pas leur déception devant l'échec retentissant de l'institution internationale dans la crise irakienne.
"Presque tous les gouvernements et les peuples du monde avaient espéré que nous puissions parvenir à une solution pacifique", a déclaré la mine sombre le secrétaire général Kofi Annan à l'issue d'une réunion du Conseil au cours de laquelle il a annoncé le retrait d'Irak des représentants de l'Onu.
"Dans la mesure où nous n'y sommes pas parvenus, c'est évidemment une déception et un triste jour pour tout le monde (...) les membres du Conseil sont aujourd'hui déçus et frustrés", a ajouté M. Annan.
Dans les couloirs, la décision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne de ne pas mettre au vote leur résolution ouvrant la voie à une offensive et la perspective d'un déclenchement à très court terme des hostilités en Irak, en dehors de toute structure onusienne, sont commentées avec regrets et appréhension.
"C'est un jour très triste pour l'Onu. Les divisions au sein du Conseil sont profondes, irrémédiables, la centralité même de l'ONU est mise en cause", estime Stephan Tafrov, ambassadeur de Bulgarie, qui occupe actuellement une place de membre non-permanent au Conseil de sécurité.
"C'est un mauvais jour pour l'ONU. Il va falloir maintenant essayer de limiter les dégâts, dans la mesure du possible de ne pas se livrer à des récriminations réciproques au sein du Conseil. C'est sans précédent et cela va laisser des traces, c'est sûr", poursuit ce diplomate, autrefois en poste à Paris et à Londres.
Un peu à l'écart, alors que se succèdent les orateurs devant les caméras de télévision, le représentant du Chili, Gabriel Valdès, ne cache pas lui non plus sa déception. "C'est une situation lamentable pour le Conseil de sécurité. Pour tous les membres du Conseil, aujourd'hui est un jour fatidique. Il faut en finir avec les accusation réciproques qui ne peuvent qu'affaiblir le Conseil et l'Onu".
Dans un coin, alors que Kofi Annan assure que "la guerre est toujours une catastrophe" et que "beaucoup de gens vont être chassés de leurs maisons", une membre du Bureau des opérations de maintien de la paix, qui demande à rester anonyme, essuie ses yeux embués de larmes.
"Quel échec...", soupire-t-elle. "Combien de morts cela va-t-il faire ? Combien d'années de reconstruction, combien de souffrance ?"
Le président du Conseil de sécurité, le représentant de la Guinée Mamady Traoré, plaide, sans avoir l'air de trop y croire lui-même, pour le retour à "une attitude commune du Conseil". "Si nous continuons comme cela", ajoute-t-il, "cela causera de sérieux dommages non seulement au Conseil de sécurité mais à l'ensemble du système des Nations Unies".
Bush lance un ultimatum de 48 heures à Saddam Hussein
George W. Bush © AFP Luke Frazza |
WASHINGTON (AFP) - mardi 18 mars 2003 - 5h16 - Le président Bush a lancé lundi un ultimatum de 48 heures à Saddam Hussein pour qu'il parte en exil faute de quoi les Etats-Unis lanceront une guerre contre l'Irak.
"Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l'Irak dans les 48 heures. Leur refus de le faire conduira à un conflit militaire qui commencera à la date que nous choisirons", a déclaré le président américain lors d'un discours télévisé à la Nation depuis la Maison Blanche. Le chef de la diplomatie irakienne Naji Sabri avait auparavant rejeté à l'avance tout ultimatum lancé par les Etats-Unis à Saddam Hussein.
Le président américain, lors d'une allocution solennelle d'environ 13 minutes, a également appelé les militaires irakiens à ne pas combattre pour défendre le dirigeant irakien. "Je presse chaque membre de l'armée et des services de renseignement irakiens, si la guerre éclate, de ne pas combattre pour un régime à l'agonie qui ne vaut pas votre vie", a indiqué le président Bush.
"Ne détruisez pas les puits de pétrole, une source de richesse qui appartient au peuple irakien. N'obéissez pas aux ordres d'utiliser des armes de destruction massive contre quiconque, y compris le peuple irakien. Les crimes de guerre seront poursuivis et il ne servira à rien de dire pour se défendre que l'on obéissait aux ordres", a lancé George W. Bush.
Signe qu'un conflit est désormais très proche, le président américain a demandé aux inspecteurs des Nations Unies et aux journalistes actuellement présents en Irak de quitter ce pays. Il a également annoncé que son gouvernement avait déjà expulsé des personnes liées aux services de renseignement irakiens.
L'allocution du président américain marque la fin des initiatives diplomatiques américaines et britanniques pour tenter de désarmer pacifiquement Saddam Hussein par le biais des Nations Unies. George W. Bush a réservé une pique à la France. "Certains membres permanents du Conseil de sécurité ont publiquement annoncé qu'ils opposeraient leur veto à toute résolution obligeant l'Irak à désarmer. Ces gouvernements partagent notre estimation des risques mais pas notre résolution à l'affronter", a dit le président américain.
Washington ne compte actuellement que la Grande-Bretagne et l'Australie comme alliés sur le terrain pour épauler ses quelque 255.000 soldats massés dans le Golfe et prêts à entrer en Irak. M. Bush a laissé transparaître une certaine amertume face à l'échec de ses initiatives aux Nations Unies en déclarant que "le Conseil de sécurité des Nations Unies n'a pas fait face à ses responsabilités, nous ferons donc face aux nôtres".
Le président américain s'est d'ores et déjà placé dans la perspective d'un départ en exil de Saddam Hussein et de ses proches, sinon d'un conflit pour les chasser, en indiquant à l'adresse du peuple irakien qu'"alors que notre coalition prendra leur pouvoir, nous apporterons la nourriture et les médicaments dont vous avez besoin". "Nous abattrons leur appareil de terreur et nous vous aiderons à construire un nouvel Irak prospère et libre", a-t-il promis aux irakiens en ajoutant: "Le tyran sera bientôt parti, votre libération est proche".
Concernant la légitimité d'une guerre sans le soutien des Nations Unies, le président américain a assuré que, selon les termes des précédentes résolutions des Nations Unies, y compris celles passées au début des années 90, "les Etats-Unis et nos alliés sont autorisés à utiliser la force pour priver l'Irak de ses armes de destruction massive". "Les Etats-Unis ont l'autorité souveraine d'utiliser la force et d'assurer leur propre sécurité nationale", a-t-il ajouté.
Au moment même où le président Bush parlait, le département de la Sécurité intérieure annonçait que le niveau d'alerte terroriste aux Etats-Unis passait du niveau jaune "élevé" au niveau orange "très élevé" en raison de risques d'attentats liés à une guerre en Irak.
L'ultimatum de
Bush contraire à la volonté de l'ONU, selon Paris
RFI,
Dossiers dactualité, mardi 18 mars 2003 05:24
L'ultimatum lancé par le président américain George W. Bush à l'Irak est "une décision unilatérale" qui est "contraire à la volonté du Conseil de sécurité des Nations unies", a affirmé mardi matin la présidence française de la République.
"Un ultimatum vient d'être adressé à l'Irak, sans consultations du Conseil de sécurité des Nations unies", déclare la présidence de la République dans un communiqué. "Cette décision unilatérale est contraire à la volonté du Conseil de sécurité et de la communauté internationale qui souhaitent poursuivre le désarmement de l'Irak conformément à la résolution 1441", ajoute le communiqué.
Cette déclaration a été publiée après que le président Bush eût donné dans la nuit de lundi à mardi 48 heures à Saddam Hussein pour quitter le pays, faute de quoi il donnerait l'ordre aux 250.000 soldats américains massés autour de l'Irak d'entrer en guerre.
Chirac et
Bush le 6 novembre 2001 © AFP/Archives Stephen Jaffe |
"Quel que soit l'objectif poursuivi, la France rappelle que seul le Conseil de sécurité est habilité à légitimer l'usage de la force", poursuit la présidence. "La France en appelle à la responsabilité de chacun pour que la légalité internationale soit respectée. S'affranchir de la légalité des Nations unies, privilégier la force sur le droit serait prendre une lourde responsabilité", ajoute l'Elysée.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s'apprêtent à lancer une guerre contre l'Irak sans avoir obtenu l'aval du Conseil de sécurité. Ces deux pays et l'Espagne ont dû retirer lundi un projet de résolution ouvrant la voie à la force faute de pouvoir recueillir une majorité de neuf voix au Conseil.
Mais dirigeants américains et britanniques ont rejeté la responsabilité de cet échec sur la France qui a menacé de mettre son veto contre ce projet de résolution en forme d'ultimatum. George W. Bush a toutefois estimé que les précédentes résolutions du Conseil de sécurité autorisaient les Etats-Unis à recourir à la force pour désarmer l'Irak.
La déclaration
de Jacques Chirac sur l'Irak
PARIS (AP), 18 mars 2003 11:49
Texte de la déclaration sur l'Irak enregistrée mardi matin à l'Elysée:
«Depuis le début de la crise irakienne, la France s'est attachée à rendre possible le nécessaire désarmement de l'Irak sous l'autorité des Nations unies. Ce désarmement est en cours, les inspecteurs en témoignent.
«La France a agi au nom de la primauté du droit et en vertu de sa conception des rapports entre les peuples et entre les nations.
«Fidèle à l'esprit de la Charte des Nations unies, qui est notre loi commune, la France considère que le recours à la force est le dernier recours, quand toutes les autres options ont été épuisées.
«La position de la France est partagée par la grande majorité de la communauté internationale. Les derniers débats ont clairement montré que le Conseil de sécurité n'était pas disposé, dans les circonstances présentes, à cautionner une marche précipitée à la guerre.
«Les Etats-Unis viennent d'adresser un ultimatum à l'Irak. Qu'il s'agisse, je le répète, du désarmement nécessaire de l'Irak ou du changement souhaitable de régime dans ce pays, il n'y a pas là de justification à une décision unilatérale de recours à la guerre.
«Quelle que soit l'évolution prochaine des événements, cet ultimatum met en cause l'idée que nous nous faisons des relations internationales. Il engage l'avenir d'un peuple, l'avenir d'une région, la stabilité du monde.
«C'est une décision grave, alors que le désarmement de l'Irak est en cours et que les inspections ont démontré qu'elles étaient une alternative crédible pour désarmer ce pays.
«C'est aussi une décision qui compromet pour l'avenir les méthodes de règlement pacifique des crises liées à la prolifération des armes de destruction massive.
«L'Irak ne représente pas aujourd'hui une menace immédiate telle qu'elle justifie une guerre immédiate. La France en appelle à la responsabilité de chacun pour que la légalité internationale soit respectée. Elle appelle à préserver l'unité du Conseil de sécurité en restant dans le cadre de la résolution 1441.
«S'affranchir de la légitimité des Nations unies, privilégier la force sur le droit, ce serait prendre une lourde responsabilité». AP, 18 mars 2003 11:49
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inspecteurs de l'Onu ont quitté l'Irak
par Samia Nakhoul
BAGDAD (Reuters), 2003-03-18 11:52 - Les inspecteurs en armements des Nations unies ont quitté l'Irak mardi matin à bord d'un avion à destination de Chypre, quelques heures après l'ultimatum de deux jours lancé par le président américain George W. Bush au président irakien Saddam Hussein.
Un Boeing 727 des Nations unies avec 80 des 134 inspecteurs et membres du personnel de l'Onu à son bord est arrivé vers 11h00 locales (09h00 GMT) à l'aéroport de Larnaca, où se trouve la base des experts depuis la reprise des inspections en novembre 2002.
D'autres inspecteurs sont attendus à Chypre à bord d'un autre vol et les Nations unies s'apprêtent à évacuer également une centaine d'employés humanitaires.
"C'est malheureux mais nous devons partir. C'est une décision prise en haut lieu", a déclaré Hiro Ueki, porte-parole de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Unmovic), avant l'embarquement.
"Il y a un sentiment de tristesse lié au fait que le travail pour lequel nous étions venus n'a pas été achevé", a-t-il dit à Reuters. "C'est une décision qui ne nous appartient pas."
Un convoi de minibus est venu mardi matin chercher les experts de l'Onu à leur quartier général situé en périphérie de Bagdad après l'ordre d'évacuation donné la veille par le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan à l'ensemble du personnel de l'Onu.
Dans une allocution prononcée lundi soir à Washington, Bush a donné 48 heures à Saddam Hussein et à ses fils pour quitter l'Irak, qui, d'après le président américain, ne s'est pas conformé aux exigences des Nations unies concernant son désarmement.
CERTAINS INSPECTEURS REGRETTENT DE PARTIR
Bush a précisé que le conflit serait déclenché à "l'heure de notre choix".
Après le précédent départ des inspecteurs d'Irak en 1998, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient lancé dans les 12 heures suivantes une campagne de bombardements aériens de quatre jours.
Ueki a précisé que 134 membres de l'Unmovic, dont 56 inspecteurs ainsi que du personnel logistique, seraient évacués vers Chypre.
Pendant leur attente à l'aéroport, plusieurs inspecteurs ont exprimé leurs regrets de partir si brusquement.
"Nous sommes tristes de partir. Nous savons que nous aurions pu rester plus longtemps pour terminer notre travail", a dit l'un d'eux.
"Nous avons fait de notre mieux. Nous avons accompli notre part de travail. C'est tout ce que nous pouvons dire", a déclaré à Reuters le porte-parole des inspecteurs.
Interrogé sur ce qu'il pensait du niveau de coopération des autorités irakiennes avec les inspecteurs, Ueki a répondu: "Nous avons l'impression d'avoir bénéficié d'un bon niveau de coopération de la part des Irakiens."
"Ils ont facilité les activités des inspecteurs. Ils ont élargi leur coopération aux activités d'inspection. Il y a eu davantage de signes de coopération récemment mais la décision de notre évacuation a été prise en très haut lieu", a poursuivi Ueki.
Blix va une
ultime fois rendre compte du travail des inspecteurs
par Evelyn Leopold
NATIONS UNIES (Reuters), 19 mars 2003 09:17 - Déçu de la fin des inspections en Irak, le chef des experts en armements de l'Onu, Hans Blix, présentera mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies ce qui sera vraisemblablement son dernier rapport sur les mesures exigées du régime irakien en matière de désarmement.
Au lendemain du départ d'Irak des 134 inspecteurs qui y travaillaient depuis novembre, la France, la Russie, et l'Allemagne ont insisté sur la tenue à New York d'une nouvelle séance du Conseil de sécurité, malgré l'expiration dans la nuit de mercredi à jeudi de l'ultimatum lancé par les Etats-Unis à Saddam Hussein.
Blix doit présenter à cette occasion une série d'exigences vis-à-vis de Bagdad contenues dans une résolution de 1999 et tentera également de réfléchir au rôle que pourrait jouer l'Onu une fois un conflit déclenché.
Les ministres des Affaires étrangères de cinq pays membres du Conseil de sécurité - la France, la Russie, l'Allemagne, la Syrie et la Guinée, qui le préside actuellement - doivent prendre la parole au cours de cette réunion qui devrait être l'occasion d'une dénonciation de la décision américaine d'effectuer une intervention militaire unilatérale préventive contre l'Irak.
Lundi, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne ont abandonné leurs efforts diplomatiques à l'Onu, retiré leur projet de résolution autorisant un recours à la force contre l'Irak et imputé à la France leur échec à réunir les neuf voix nécessaires à l'adoption du texte par le Conseil de sécurité.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell ne participera pas à la réunion de mercredi, qu'un responsable américain a qualifiée de "réunion inhabituelle détachée à nos yeux de la réalité".
Mais l'ambassadeur de l'Allemagne à l'Onu, Günter Pleuger, a souligné que le système des inspections existait toujours et qu'il "pourrait à nouveau être utilisé, après ce qui adviendra dans les prochains jours".
Blix s'est cependant montré moins optimiste à ce sujet, déclarant mardi lors d'une conférence de presse qu'il n'avait eu aucun signe en ce sens de la part des Etats-Unis ou de leurs alliés.
DECEPTION DES INSPECTEURS
Il s'est d'autre part dit déçu par l'interruption du processus des inspections.
"Je ne pense pas qu'il soit raisonnable de fermer la porte aux inspections au bout de trois mois et demi", a-t-il dit, en doutant que la résolution 1441, adoptée le 8 novembre, ait prévu une période d'inspections aussi brève.
Il a expliqué que, lors de l'adoption de cette résolution donnant une dernière chance à l'Irak de désarmer, il pensait que les membres du Conseil de sécurité voulaient réellement donner une chance au processus d'inspections.
"Mais certains ont perdu patience plus tôt que les autres, et je le regrette", a déploré le diplomate suédois.
Selon lui, il est peu probable que l'Irak ait recours à des armes chimiques ou biologiques contre les forces américano-britanniques, même en dernier recours.
Blix a souligné par ailleurs qu'un "degré certain" de scepticisme entourait dans le monde entier l'initiative d'une intervention armée contre Bagdad.
"Ce scepticisme pourrait changer immédiatement si des armes chimiques ou biologiques étaient utilisées (par les Irakiens)", a-t-il continué, avant de conclure : "A mon avis, ils ne le feront pas."
Le nouveau rapport de Blix est une version abrégée d'un document plus détaillé distribué la semaine dernière au Conseil de sécurité et portant sur 12 tâches que doit accomplir l'Irak pour être en règle avec l'Onu.
Selon Blix, les Irakiens ont fait preuve d'une coopération accrue avec les inspecteurs mais les documents qu'ils leur ont remis ne représentent toutefois pas une "avancée".
Le chef des inspecteurs a par ailleurs remis en question l'affirmation de Bagdad selon laquelle il aurait détruit 21.000 litres d'agents biologiques militaires, et notamment de bacille du charbon, il y a 12 ans. "Il s'agit peut-être de la partie de la déclaration irakienne concernant laquelle nous sommes les plus sceptiques", a-t-il dit.
Au lendemain du départ des inspecteurs de
l'Onu d'Irak
dans la perspective d'un probable
déclenchement des hostilités,
leur chef, Hans Blix, déçu, va présenter
au Conseil de sécurité des
Nations unies ce qui sera vraisemblablement
son dernier rapport
sur les mesures exigées du régime irakien
en matière de désarmement.
Photo prise le 18 mars 2003 /REUTERS Chip
East
George W. Bush entre en guerre contre l'Irak
WASHINGTON (AFP), jeudi 20 mars 2003, 5h57 - Le président américain George W. Bush a annoncé mercredi soir, lors d'une allocution télévisée, le début de la guerre contre l'Irak une heure et demie après l'expiration de son ultimatum à Saddam Hussein pour qu'il quitte le pays.
"En ce moment, les forces américaines et de la coalition sont dans les premières étapes d'opérations militaires pour désarmer l'Irak", a déclaré M. Bush lors d'une allocution de quatre minutes de la Maison Blanche vers 22h15 locales (03h15 GMT). Bagdad était alors la cible depuis quarante minutes d'attaques aériennes que la DCA irakienne essayait de contrer.
Ces premières frappes étaient de nature limitée en prélude à des opérations militaires plus intenses, a indiqué le Pentagone. L'annonce de la guerre est intervenue une heure et demie après l'expiration à 20h00 heures de Washington (01h00 GMT jeudi) de son ultimatum à Saddam Hussein et ses deux fils pour qu'ils quittent l'Irak et évitent un conflit.
Le sort du dirigeant irakien ne faisait l'objet d'aucune information après ces premiers bombardements qui, d'après la chaîne de télévision américaine CNN, visaient la direction irakienne. "Sur mes ordres, les forces de la coalition ont commencé à frapper des cibles militaires sélectionnées" pour limiter la capacité de combattre de Saddam Hussein, a indiqué le président des Etats-Unis, le ton grave. Il a déployé dans la région quelque 300.000 militaires américains et britanniques.
Selon lui, "Saddam Hussein a placé des troupes et des équipements irakiens dans des zones civiles, tentant d'utiliser des innocents, hommes, femmes et enfants comme boucliers humains pour son armée, une dernière atrocité contre son peuple". Mais il a promis aux "Américains et au reste du monde" que "les forces de la coalition feront tout leur possible pour épargner les civils". "Dans cette guerre, l'Amérique fait face à un ennemi qui ne respecte par les conventions de la guerre ou la moralité", a-t-il lancé.
George W. Bush a assuré que la campagne militaire serait "large et concertée", avec les autres troupes de la coalition réunies par Washington, essentiellement des Britanniques et des Australiens. "Chaque pays dans cette coalition a choisi de remplir son devoir et de partager l'honneur d'agir pour notre défense commune", a déclaré le président Bush.
Il a échoué dans ses efforts diplomatiques pour obtenir un large soutien international pour cette opération, s'aliénant particulièrement la France, la Russie et l'Allemagne hostiles à une intervention militaire rapide et qui préféraient donner plus de temps aux inspections des Nations Unies pour désarmer l'Irak.
Il s'agit de la deuxième guerre menée par les Etats-Unis contre Saddam Hussein après la Guerre du Golfe de 1991 menée à la tête d'une importante coalition internationale pour chasser les troupes irakiennes du Koweït voisin, envahi par l'armée irakienne en 1990. Le président des Etats-Unis était à l'époque George Bush, le père de l'actuel président. Son fils a placé mercredi beaucoup plus haut le but du conflit.
"Je dis à tous les hommes et les femmes des forces armées américaines se trouvant actuellement au Moyen-Orient: la paix d'un monde troublé et les espoirs d'un peuple opprimé dépendent maintenant de vous", a-t-il dit. "Nous venons en Irak avec respect pour ses citoyens, leur grande civilisation et les religions qu'ils pratiquent. Nous n'avons pas d'autre ambition en Irak que d'écarter une menace et remettre le contrôle de ce pays entre les mains de son propre peuple", a ajouté le président des Etats-Unis.
"Notre nation s'engage dans ce conflit à contre-coeur mais nous sommes sûrs de nos objectifs", a-t-il encore affirmé. L'administration américaine a annoncé des plans pour une administration provisoire de l'Irak, lorsque Saddam Hussein sera renversé, avant l'installation d'un nouveau gouvernement irakien. Elle a souligné sa volonté de protéger l'intégralité territoriale de l'Irak et de protéger ses réserves en pétrole.
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