Jacques Chirac défend une "nouvelle vision" des relations franco-africaines

PARIS (AP), vendredi 21 février 2003, 14h32 - La France entend "accompagner" le mouvement vers la démocratie en Afrique, pas "le dicter". Le président Jacques Chirac a défini ainsi vendredi sa "nouvelle vision" des relations franco-africaines, lors de la clôture du 22e sommet France-Afrique à Paris.

Pour l'occasion, pas moins de 42 chefs d'Etat ou de gouvernement africains étaient réunis pendant deux jours au Palais des Congrès. Objectif selon le chef de l'Etat: sonner la "mobilisation" pour une "renaissance africaine".

Reste que la présence à Paris de certains chefs d'Etat, tels que le président zimbabwéen Robert Mugabe, sous le coup de sanctions européennes pour violations des droits de l'Homme, a suscité quelques grincements de dents. Egalement soupçonné de cautionner des "escadrons de la mort" dans son pays, le président ivoirien Laurent Gbagbo avait préféré, lui, ne pas faire le déplacement.

"La France entend accompagner, encourager, renforcer (l)e mouvement" vers plus de démocratie en Afrique, "et non pas le dicter", a expliqué Jacques Chirac lors de la conférence de presse de clôture du sommet. "Il y a eu (...) une vraie modernisation des rapports entre l'Afrique et la France", a-t-il assuré, en défendant une "approche tout à fait nouvelle par rapport à ce que l'on a connu dans les années passées".

Définissant le nouveau "partenariat" franco-africain, il a souhaité que celui-ci permette de "sortir du système de l'assistance pour entrer dans le système du partenariat", à savoir "une relation d'égal à égal".

Jeudi, Jacques Chirac avait d'ailleurs mis en garde contre les exactions en Afrique, en sonnant vigoureusement la fin "de l'impunité" et du "temps où l'on justifiait la force".

"Certaines méthodes qui avaient pu dans le passé être sinon tolérées, du moins ignorées, aujourd'hui ne peuvent plus être acceptées", a répété vendredi le président français. D'ailleurs, "personne n'a contesté cette réalité" parmi les participants au sommet, a-t-il assuré.

"La démocratie, petit à petit, s'enracine en même temps que la bonne gouvernance dans le monde, et en particulier en Afrique", voulait croire vendredi le chef de l'Etat, en soulignant les "liens indissociables entre démocratie et développement".

Il s'est également montré optimiste sur un règlement de la crise en Côte d'Ivoire, estimant que la formation d'un gouvernement d'union nationale devrait intervenir "dans les plus brefs délais".

"Je souhaite pour ma part que ce processus (de Marcoussis, NDLR) aille à son terme, que le Premier ministre désigné et confirmé à l'issue de ce processus de réconciliation puisse, dans les plus brefs délais possibles, constituer son gouvernement et s'engager sur la voie de l'apaisement", a-t-il déclaré.

La délégation du principal mouvement rebelle de Côte d'Ivoire, le MPCI, est arrivée vendredi matin à Paris, où elle doit rencontrer le Premier ministre Seydou Diarra. Celui-ci doit ainsi poursuivre les négociations sur la formation du gouvernement de réconciliation nationale prévu par les accords de Marcoussis.

Au passage, Jacques Chirac s'est par ailleurs félicité de "l'unanimité" des dirigeants africains en faveur d'une poursuite des inspections en Irak. "Tout justifie que l'objectif soit atteint par des voies pacifiques, c'est-à-dire les voies de l'inspection et non pas par les voies militaires" et "ce point de vue a été affirmé à l'unanimité par les participants au sommet", a-t-il affirmé.

La France "entend être à côté des pays africains et avec eux, main dans la main", a affirmé vendredi Jacques Chirac. Mais Paris "ne veut pas s'enfermer dans un tête à tête avce l'Afrique" et entend plutôt jouer le "rôle de catalyseur au service (...) de l'élaboration d'un monde multipolaire".

C'est dans cette logique que le président français entend rester l'"avocat inlassable de l'Afrique dans toutes les enceintes internationales". Il a ainsi proposé vendredi d'imposer aux pays développés un moratoire sur les "aides aux exportations agricoles déstabilisantes" à destination de l'Afrique.

L'objectif de ce moratoire décidé en concertation avec les membres de l'Union européenne et du G8 serait de sauver l'agriculture africaine déstabilisée par les importations de denrées alimentaires à bas prix en provenance des pays développés.

Le prochain sommet franco-africain se tiendra dans deux ans à Bamako, au Mali.


 Sommet France-Afrique : XXII ème Conférence des Chefs d'État d'Afrique et de France (Paris, 19-21 février 2003)