La Haut-Commissaire centrafricaine aux droits de l'homme fait une déclaration
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT SUR LA
PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME
Commission des droits de l'homme
57ème session
19 avril 2001
Matin
La Commission des droits de l'homme a entendu, ce matin, une déclaration de la Haut_Commissaire aux droits de l'homme de la République centrafricaine, Mme Jeannette Dethoua, qui a attiré l'attention sur la situation carcérale dans son pays. Elle a notamment reconnu que, outre l'absence quasi-générale de prisons dans le pays, les détenus actuellement incarcérés dans des commissariats de police et des brigades de gendarmerie vivent dans des conditions précaires. La réhabilitation des centres de détention constitue donc une priorité des pouvoirs publics. À cette fin le pays sollicite le concours de la communauté internationale. Le respect des droits de l'homme étant devenu la condition sine qua non pour assurer un véritable développement humain durable, il convient dès à présent de renforcer cette assistance pour garantir une protection effective des droits de l'homme, a-t-elle souligné.
La Commission a en outre repris, ce matin, son débat sur le thème de la promotion et de la protection des droits de l'homme. Dans ce cadre, plusieurs orateurs ont mis l'accent sur l'importance de l'éducation aux droits de l'homme comme moyen de promouvoir et de protéger les droits de l'homme mais aussi la paix et la réconciliation. Ils ont également souligné le rôle des médias dans la diffusion des principes des droits de l'homme et pour faire connaître les activités des Nations Unies dans ce domaine.
Un grand nombre d'orateurs ont en outre insisté sur l'importance de la protection des défenseurs des droits de l'homme qui continuent de subir une forte répression dans plusieurs pays du monde. Citant de nombreux cas sur tous les continents, ils ont demandé que les États s'engagent à garantir les droits et la sécurité des défenseurs des droits de l'homme et qu'ils fournissent les moyens nécessaires à la Représentante spéciale sur les défenseurs des droits de l'homme afin qu'elle puisse s'acquitter de son mandat dans de bonnes conditions.
Plusieurs orateurs ont en outre dénoncé l'application de la peine de mort dans certains pays, en particulier aux États-Unis, et demandé un moratoire sur les exécutions. Certains intervenants ont par ailleurs demandé que la Commission accorde une plus grande attention aux questions d'environnement et à leur lien avec les droits de l'homme et qu'elle participe activement au processus de suivi du Sommet de Rio.
Les représentants du Costa-Rica, du Chili, du Koweït et du Nicaragua ont participé au débat, ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales); Organisation mondiale contre la torture (au nom de plusieurs organisations); Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples; Pax Romana (au nom également de la Fédération internationale des mouvements d'adultes ruraux catholiques); Association pour l'éducation d'un point de vue mondiale; Reporter sans frontière international; Amnesty International; Earthjustice Legal Defense; Fédération mondiale des associations des Nations Unies; Ligue internationale des droits de l'homme; Fédération latino_américaine des associations des familles des détenus disparus; International Educational Development; Commission colombienne de juristes; Soka Gakkai International; Parti radical transnational; Pax Christi; Fédération internationale des femmes pour la paix mondiale; Aliran Kesedaran Negara - National Consciousness Movement; Alliance réformée mondiale; et Agir ensemble pour les droits de l'homme.
La Commission entendra cet après-midi une déclaration de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme concernant la question des enlèvements d'enfants dans le nord de l'Ouganda, suivie d'une déclaration du pays intéressé. Elle poursuivra en outre son débat sur la promotion et la protection des droits de l'homme.
Déclaration
MME JEANNETTE DETHOUA, Haut-Commissaire aux droits de l'homme de la République centrafricaine, a rappelé que son pays a bénéficié de l'assistance de la communauté internationale qui a mis en place, en 1998, une Mission de maintien de la paix dénommée MINURCA, relayée plus tard - à partir de février 2000 - par un Bureau de consolidation de la paix en Centrafrique, le BONUCA. Le début du processus de démocratisation de la vie publique amorcé en 1990 s'est traduit par un souffle nouveau en République centrafricaine, notamment en ce qui concerne l'exercice et la jouissance des droits et libertés fondamentaux, a déclaré la Haut_Commissaire. La lutte contre l'impunité constitue de nos jours un réel défi en vue de restaurer l'autorité de l'État, a-t-elle précisé. Le pouvoir judiciaire, qui constitue le socle de tout État de droit, doit être consolidé, a-t-elle ajouté.
Mme Dethoua a déclaré que la situation des droits de l'homme en République centrafricaine, notamment en ce qui concerne la situation carcérale, mériterait d'être portée à l'attention de la Commission. "Outre l'absence quasi-générale de prisons dans le pays, les détenus actuellement incarcérés dans des commissariats de police et des brigades de gendarmerie vivent dans des conditions précaires", a affirmé la Haut-Commissaire. Elle a donc souligné que la réhabilitation des centres de détention constitue une priorité des pouvoirs publics pour laquelle le pays sollicite le concours de la communauté internationale. Mme Dethoua a rappelé que c'est après la Conférence de réconciliation qui a jeté les bases nouvelles de la politique nationale que le Ministère des droits de l'homme a été transformé en un Haut-Commissariat aux droits de l'homme dont la mission consiste notamment à proposer au gouvernement des mesures garantissant le respect, la protection et la promotion des droits de l'homme et à promouvoir la culture des droits de l'homme. Si les actions de cette institution sont devenues déterminantes en République centrafricaine, c'est sans aucun doute grâce aux contributions de certains des partenaires bilatéraux du pays, a rappelé la Haut-Commissaire. Elle a également mis l'accent sur le précieux concours apporté à son pays par les Nations Unies. Le respect des droits de l'homme étant devenu la condition sine qua non pour assurer un véritable développement humain durable, il convient dès à présent de renforcer cette assistance pour garantir une protection effective des droits de l'homme.
Débat sur la promotion et la protection des droits de l'homme
MME NORA RUIZ DE ANGULO (Costa Rica) a déclaré que l'éducation est un processus qui dure pendant toute la vie, et c'est le moyen le plus efficace de renforcer les droits de l'homme. C'est un instrument de prévention des conflits sociaux, vaccin contre la guerre, le racisme, la discrimination, la xénophobie, l'intolérance et l'injustice. La Décennie des Nations Unies pour l'éducation aux droits de l'homme est le signe de l'engagement de la communauté internationale qui doit s'exprimer avec des mesures concrètes qui devraient incorporer les activités du système des Nations Unies, des institutions financières, de la société civile, des médias, et du secteur privé. Mme Ruiz de Angulo s'est enfin félicitée de la coopération entre l'Université pour la paix, au Costa Rica, et le Haut_Commissariat aux droits de l'homme et a exprimé son souhait que cette coopération soit renforcée.
M. JUAN ENRIQUE VEGA (Chili) a mis l'accent sur le rôle de l'éducation et de l'information dans la promotion de la démocratie, de la paix et des droits de l'homme. Il a souligné qu'une société sans référence de valeurs ni d'éthique risque le chaos et la destruction. Le Chili est pour sa part conscient qu'il lui reste encore d'importants efforts à déployer pour généraliser l'éducation démocratique et le développement d'une culture de paix ainsi que pour perfectionner les instruments et mécanismes d'exercice et de protection de la démocratie, de la paix et des droits de l'homme. Le représentant chilien a souligné que ce sont les jeunes générations qui devront être porteuses d'une culture de respect et d'intégration, ce dont il faut tenir compte dans toute stratégie de lutte contre le racisme et la discrimination.
M. NAJEEB AL-BADER (Koweït) a indiqué que son pays garantit à sa population l'accès à l'information d'où qu'elle vienne. Concernant les défenseurs des droits de l'homme, il a exprimé son soutien à la Rapporteuse spéciale et a réitéré la détermination du Koweït à renforcer la protection des droits de l'homme. À cet égard, il a indiqué que la législation de son pays garanti les droits de l'homme et que toute victime de violations a droit à une indemnisation. En outre, plusieurs comités ont été créés afin de défendre les droits de l'homme. Un des principes fondamentaux de la politique de l'État est en outre la recherche de la paix. Par ailleurs, le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer la conscience des droits de l'homme et de diffuser les actions des Nations Unies à cet égard, par le biais notamment des médias.
M. LESTER MEJÍA SOLÍS (Nicaragua) a affirmé que son pays a fait des progrès irréversibles dans la protection des droits de l'homme, en renforçant le système démocratique, un système juridique centré sur la défense des droits de l'homme et fondé sur une loi organique et une procédure de règlement des contentieux qui prévoit la mise en examen de l'administration publique. Dans le domaine de la formation et de l'éducation, le gouvernement recherche par un programme de renforcement de la paix, le développement d'une nouvelle culture de la paix par le biais du dialogue et du respect de la responsabilité sociale. Le phénomène de la mondialisation crée, malgré les répercussions positives, des inégalités entre les pays et à l'intérieur des pays a poursuivi le représentant. Pour ce qui concerne les problèmes environnementaux, notamment liés aux changements climatiques, le Nicaragua, pays vulnérable à cet égard, souhaite assurer un développement durable. C'est pourquoi il exhorte les États qui ne l'ont pas encore fait de ratifier le Protocole de Kyoto.
M. ROBERT TROCMÉ (Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement - OIDEL - au nom de plusieurs organisations non gouvernementales) a estimé qu'il est temps que la communauté internationale s'engage plus fermement en faveur de la mise en oeuvre de programmes d'éducation aux droits de l'homme aux niveaux national, régional et international. Les démocraties occidentales estiment le plus souvent que la culture des droits de l'homme constitue pour elles un acquis, a-t-il fait observer. De leur côté, les pays dont les systèmes éducatifs sont moins performants estiment que l'éducation aux droits de l'homme, pour importante qu'elle puisse être en principe, ne saurait constituer une priorité dans un contexte où le système éducatif lui-même souffre d'un manque cruel de moyens et où parfois l'accès à l'enseignement primaire lui-même n'est pas garanti. Or, les droits de l'homme, s'ils figurent en bonne place dans certains curriculum spécialisés, n'ont pas dans les universités des pays développés la place qui devrait leur revenir. La lutte contre le racisme, la xénophobie et l'exclusion basée sur le sexe, par exemple, exige des pouvoirs publics qu'ils s'interrogent davantage sur l'origine économique et sociale de ces fléaux qui appellent la définition d'outils pédagogiques spécifiques et la mise en oeuvre de politiques scolaires adaptées.
M. CHRISTIAN MOUNZED (Organisation mondiale contre la torture, au nom de plusieurs organisations), s'est félicité de la nomination de la Représentante spéciale sur les défenseurs des droits de l'homme mais a souligné que malgré cette importante victoire, l'intensité de la répression dont sont victimes les défenseurs des droits de l'homme dans leurs vies et activités quotidiennes ne cesse de croître. À cet égard, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme a établi une typologie des violations de leurs droits et note que celles-ci se traduisent par un large éventail de méthodes répressives allant des exécutions sommaires à la restriction de mouvement, d'association ou à des campagnes de diffamation. Cette typologie montre que la liberté d'association, de mouvement et de communication des informations pourraient faire l'objet d'une attention particulière de la part de la Représentante spéciale. Le fait marquant consiste aujourd'hui dans l'utilisation conjuguée de ces méthodes de répression qui visent les défenseurs aussi bien dans leur vie privée que publique et sont utilisées par des agents liés directement ou indirectement à l'État ainsi que par des groupes d'opposition.
L'Observatoire a pu dégager une approche régionale qui pourrait constituer une base d'analyse utile pour la Représentante spéciale. Il a évoqué plusieurs exemple en Amérique du Sud où les défenseurs des droits de l'homme se trouvent dans un état d'insécurité permanente; au Maghreb et au Moyen Orient, en particulier en Tunisie où ils font l'objet de poursuites judiciaires arbitraires et de campagne de diffamations; en République démocratique du Congo où ils sont souvent considérés comme ennemis ou espions; en Europe où la situation en Turquie et au Kirghizistan est révélatrice de l'instrumentalisation de la justice aux fins de réprimer les défenseurs des droits de l'homme; en Asie où les syndicalistes demeurent la cible principale et où les défenseurs travaillant en zones de conflit, comme à Aceh, vivent sous la menace d'être tués, agressés ou torturés. M. Mounzed a également évoqué les cas de l'Inde et de l'Iran. Il a souligné la nécessité de faire en sorte que la Représentante spéciale dispose des moyens nécessaires à la fois en personnel et en fonds pour lui permettre d'accomplir son mandat, ce qui est loin d'être le cas, et que les États démontrent à présent que leur soutien à la nomination de la Représentante constitue l'expression d'une réelle volonté politique.
M. SEVERINO MAURUTTO (Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples) a lu une lettre ouverte au nom du Forum pour la vérité et la justice, section Sahara, empêchés de venir apporter leur témoignage sur la situation des défenseurs des droits de l'homme sahraouis. En effet, deux membres du bureau de l'association qui s'apprêtaient à prendre l'avion pour Genève pour participer aux travaux de la Commission des droits de l'homme ont été interceptés, samedi 24 mars 2001, à 13 h, par la police marocaine à l'aéroport Mohamed V à Casablanca, séquestrés pendant 9h dans un local de la brigade de la police de frontière, leurs documents contenant la liste des victimes des violations des droits de l'homme au Sahara destinés aux participants aux travaux de la Commission des droits de l'homme confisqués. M. Maurutto a par conséquent sollicité l'intervention de la Commission pour, tout d'abord, permettre à cette association de participer aux travaux de tous les congrès internationaux des droits de l'homme et pour obtenir la restitution des documents confisqués. M. Maurutto a demandé le respect de la Convention internationale relative à la protection des défenseurs des droits de l'homme et le respect des droits de l'homme au Sahara.
M. JOSEPH RAJKUMAR (Pax Romana, au nom également de la Fédération internationale des mouvements d'adultes ruraux catholiques - FIMARC) s'est réjoui de la prise de conscience croissante concernant le caractère inacceptable de l'impunité, tant en ce qui concerne les violations des droits économiques, sociaux et culturels qu'en ce qui concerne les violations des droits civils et politiques. Pourtant, l'impunité reste un important instrument de pouvoir politique et elle fait de l'ombre à toutes les démocraties, empêchant l'avènement d'une véritable culture fondée sur les droits de l'homme. Le représentant de Pax Romana a dit attendre la décision que prendra cette année la Commission concernant l'éventuelle nomination d'un expert indépendant sur la question de l'impunité. Le Président de la Commission devrait demander à la Sous_Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme de mener à bien sa tâche, encore inachevée, sur ces questions.
M. DAVID LITTMAN (Association pour l'éducation d'un point de vue mondiale) a déclaré que les organisations non gouvernementales ne devraient jamais être muselées ni attaquées personnellement dans une enceinte des Nations Unies. Il a fait référence à un incident datant du 12 avril dernier et demandé que les deux États se rétractent ou que justice soit faite conformément à l'article 16 des règles de procédures. M. Littman a par ailleurs évoqué la Convention internationale sur le génocide et rappelé que les États parties doivent automatiquement invoquer l'Article VIII de la Convention à chaque fois qu'il y a incitation publique à commettre un génocide. À cet égard, il a fait référence à la déclaration de Ali Khamenei qui, le 31 décembre 1999, a dit devant une foule "qu'il n'y a qu'une seule solution au problème du Moyen-Orient, la destruction de l'État sioniste". Il a appelé à la vigilance de la Commission.
M. GEORGE GORDON-LENNOX (Reporter sans frontière international) a déclaré que dans des nombreux pays, les journalistes ont un rôle essentiel dans la protection des droits de l'homme. Nombre de journalistes sont toutefois victimes de toute sorte des violations, pouvant aller jusqu'au meurtre. Il a mentionné les meurtres de M. Nimalarajan, au Sri Lanka et de M. Antonio Russo en Géorgie; l'arrestation de M. Andreï Babitski, en Russie. Il a également attiré l'attention sur les cas de M. Ignacio Gómez, en Colombie et de M. Felipe Morris, en Espagne contraints à l'éxil et de M. Taufik Ben Brik, en Tunisie, victime de harcèlements incessants de la part des autorités. M. Gordon-Lennox a par ailleurs dénoncé les arrestations de M. Lucien Messan et M. Basile Agboh, au Togo; M. Oswald Iten, en Indonésie; M. Nizar Nayyouf, en Syrie; M. Aung Myint, en Birmanie; M. Akbar Ganji, en Iran. Reporter sans frontières demande solennellement à la Commission de condamner les pays qui privent de leurs droits les journalistes qui dénoncent les abus contre les droits de l'homme, notamment la Tunisie, la Colombie, l'Iran, la Birmanie, la Russie et le Togo.
MME MELINDA CHING (Amnesty International) a souligné que les personnes appartenant à des minorités sont souvent les premières victimes de la peine de mort comme en témoigne l'exemple des États-Unis où les Noirs sont les principales victimes de cette violation du droit à la vie perpétrée par l'État. Dans la résolution sur la peine capitale qu'elle a adoptée l'an dernier, la Commission a exhorté les États à ne pas imposer cette peine à des personnes souffrant de troubles mentaux. Pourtant, les États-Unis ont exécuté en 2000 au moins quatre personnes atteintes de tels troubles. Dans sa résolution, la Commission avait en outre exhorté les États à ne pas imposer la peine capitale pour des crimes commis par des personnes de moins de 18 ans au moment des faits. Pourtant, en 2000, la République démocratique du Congo, l'Iran et les États-Unis ont continué à exécuter des personnes qui n'étaient que des enfants au moment du crime. Depuis 1990, 26 personnes qui étaient mineures au moment des faits ont été exécutées dans sept autres pays, notamment le Nigéria, le Pakistan, l'Arabie saoudite et le Yémen. La Commission devrait donc adopter une résolution exhortant les États qui n'ont pas encore aboli la peine de mort à suspendre toute exécution et à décréter un moratoire sur les exécutions. La Commission devrait en outre confirmer que l'imposition de la peine capitale à des personnes qui étaient mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés est contraire au droit international coutumier.
M. YVES LADOR (Earthjustice Legal Defense) a rappelé que le lien entre l'environnement et les droits de l'homme a plusieurs dimensions et que son évolution rapide demande une attention plus soutenue de la part de la Commission. Il a souligné la nécessité pour la Commission de participer aussi tôt que possible à la Conférence d'examen, 10 ans après, du Sommet de Rio qui examinera les questions pertinentes et directement liées aux droits de l'homme et de contribuer aux résultats de la session spéciale qui se tiendra en Afrique du Sud à l'été 2002. Il a lancé un appel à la Commission pour qu'elle encourage la Haut_Commissaire aux droits de l'homme et le Programme des Nations Unies pour l'environnement ainsi que les autres institutions pertinentes à aider ce processus en joignant leurs efforts et leur expertise et en organisant un séminaire conjoint et, également, à examiner cette question à sa prochaine session.
M. L. H. HORACE_PERERA (Fédération mondiale des associations des Nations Unies) a déclaré que toutes les activités mise en oeuvre pour disséminer l'information sur les droits de l'homme et les mécanismes des Nations Unies pour leur protection et promotion ne sont pas suffisantes pour promouvoir un engagement des populations en faveur de la promotion des droits de l'homme. Les droits de l'homme doivent faire partie du programme d'enseignement à tous les niveaux. C'est la raison pour laquelle la Fédération mondiale des associations des Nations Unies lance un appel au Canada et aux pays scandinaves pour qu'ils utilisent leurs bons offices en vue d'assurer que la composante "droits de l'homme" centrée sur le racisme soit intégrée dans les programmes de formation des enseignants qui se déroulent annuellement dans les pays du Sud. Il a regretté que la majorité des gouvernements n'ont pas donné la priorité à l'éducation des droits de l'homme. Il a enfin lancé un appel pour que les États prennent des mesures appropriées pour remplir leurs obligations dans les plus brefs délais.
M. LUNG-CHU CHEN (Ligue internationale des droits de l'homme) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des défenseurs des droits de l'homme dont certains, tels le Procureur d'Irlande du Nord Rosemary Nelson, ont payé de leur vie leurs activités en faveur des droits de l'homme. D'autres, à l'instar d'Elena Urlaeva, de la Société des droits de l'homme d'Ouzbékistan, ont été emprisonnés en raison de leurs activités militantes en faveur des droits de l'homme. Cette semaine, Saad Eddin Ibrahim et 27 autres défenseurs des droits de l'homme qui protestaient contre des fraudes lors des élections parlementaires sont jugés pour "fausses déclarations concernant la situation interne en Égypte" et risquent la prison à vie. D'autres, comme Aslan Ismailov, l'un des procureurs indépendants les plus en vue d'Azerbaïdjan, ont été exclus de barreaux contrôlés par l'État. Souvent, les défenseurs des droits de l'homme sont poursuivis en justice à cause de leur travail, comme cela est le cas du directeur d'un groupe libanais de droits de l'homme, M. Kamal el Batal. M. Lung-chu Chen s'est réjoui de la déclaration du Représentant spécial pour les défenseurs des droits de l'homme concernant la décision d'un juge de suspendre de ses fonctions la direction nouvellement élue de la Ligue tunisienne des droits de l'homme qui avait contesté les élections. Le Bélarus avait également réprimé des militants des droits de l'homme qui souhaitaient surveiller les élections présidentielles de cet automne.
MME MARTA O. VÁSQUEZ (Fédération latino-américaine des associations des familles des détenus disparus) a exprimé sa vive préoccupation face à la répression dont sont l'objet les défenseurs des droits de l'homme et, en particulier, les menaces, les violations et les disparitions forcés dont ils sont victimes notamment en Colombie et au Guatemala où règne une intimidation permanente. La Fédération demande à la Commission qu'elle exige de l'État colombien qu'il garantisse la vie et la sécurité des défenseurs. Au Guatemala également, des menaces et des persécutions visent les défenseurs des droits de l'homme et leurs bureaux, a-t-elle déclaré, citant plusieurs exemples qui n'ont en outre pas fait l'objet d'enquête. La Représentante spéciale, qui a envoyé un appel urgent au gouvernement à ce sujet, n'a toujours pas reçu de réponse, a-t-elle indiqué. Elle a demandé que la Commission mette tout en oeuvre afin que cessent les violations des droits des défenseurs et les menaces qui pèsent sur leur vie et sur leurs activités.
M. MICHAEL BAUMGARTNER (International Educational Development) a exprimé son appréciation de la réponse de l'Afrique du Sud pour ce qui concerne la lutte contre le sida ainsi que le rapport annoncé par le Ministre de la santé de l'Afrique du Sud. Les rapports les plus récents semblent indiquer que le VIH n'est pas la cause du sida. Il faut donc poursuivre des recherches scientifiques en commençant par isoler la cause du sida. M. Baumgartner a enfin exprimé le souhait que la Commission porte davantage son attention aux questions relatives à la science et les droits de l'homme, notamment parce que les questions des droits de l'homme doivent être prioritaires par rapport aux intérêts de corporation.
MME NATALIA LÓPEZ ORTIZ (Commission colombienne de juristes) a rappelé qu'en avril 2000, le Président de la Commission avait fait adopter une déclaration sur la situation en Colombie dans lequel il condamnait fermement les attaques continues contre les défenseurs des droits de l'homme et les syndicalistes et demandait aux autorités colombiennes de prendre des mesures en recourant au programme de protection du Ministère de l'intérieur. Or, le Gouvernement colombien n'a pas donné suite à cette Déclaration du Président. En décembre 2000, le dirigeant syndical Wilson Boria, fut gravement blessé dans un attentat auquel participèrent des militaires et des policiers en service et à la retraite. Un autre défenseur colombien des droits de l'homme, l'avocat Alirio Uribe, est aujourd'hui gravement menacé. La Commission devrait exhorter le Gouvernement colombien à inviter la Représentante spéciale pour les défenseurs des droits de l'homme, Mme Jilani, à se rendre dans le pays.
M. KAZUNARI FUJII (Soka Gakkai International) a souligné que la créativité est un élément essentiel dans le domaine de l'éducation aux droits de l'homme. À cet égard, il a insisté sur la nécessité d'une collaboration entre les écoles et les organisations non gouvernementales. En outre, les stratégies nationales doivent prévoir des résultats concrets à l'application des lois en matière de promotion et de protection des droits de l'homme. La réalité des problèmes de droits de l'homme ne doit pas être oubliée dans les mesures actuelles en faveur de l'éducation aux droits de l'homme, a-t-il ajouté. Il a demandé l'adoption par consensus de la résolution sur l'éducation aux droits de l'homme.
M. OLIVIERO TOSCANI (Parti radical transnational) a dit qu'il est difficile d'accepter l'existence de la peine de mort. C'est n'est pas seulement un problème des pays qui la pratiquent et qui croient ainsi faire justice, mais c'est un problème aussi pour ceux qui appartiennent à la race humaine, qui ne veulent pas appartenir à la race des bourreaux mais qui veulent appartenir au monde civilisé. La peine de mort n'a aucune raison d'être, n'a rien à faire que dans un système fondé sur la vengeance. Si l'on appartient à la race humaine, on ne peut pas être complice d'un tel crime. Les pays qui pratiquent la peine de mort doivent avoir le courage de le faire en public et arrêter de cacher leur violence.
JULIA STUCKEY (Pax Christi) a attiré l'attention de la Commission sur la situation en Colombie où la population civile est de plus en plus fréquemment victime de la violence des groupes militaires, paramilitaires et de guérilleros. Les défenseurs des droits de l'homme sont souvent menacés et, comme le gouvernement est incapable d'assurer leur protection, c'est l'Église qui comble le vide, notamment en mettant en place des "communautés de paix" regroupant les personnes déplacées désireuses de se réinstaller dans des zones sûres. Malheureusement, les guérilleros et les forces paramilitaires violent fréquemment l'intégrité de ces communautés. Les États-Unis, en ce qui les concerne, feraient mieux de canaliser leur aide vers des initiatives de paix que de fournir une aide purement militaire.
MME CAROLYN HANDSCHIN (Fédération internationale des femmes pour la paix mondiale) a déploré que les accords de paix ne soient pas suivis d'une culture de la paix et même que trop souvent la détérioration des situations engendre une autre forme d'absence de paix comme on peut le voir au Rwanda, au Kosovo ou en Tchétchénie. Les femmes ont souvent par nature et par expérience, un rôle catalyseur de cet aspect de la construction et du maintien de la paix. Un moyen pour encourager la réconciliation doit être intégré dans tous les plans pour l'éducation à la paix. Sachant que la meilleure chose à faire pour créer une culture de la paix n'est pas toujours de réparer les dommages d'une éducation pour la guerre, il faut réfléchir à une réponse en se demandant comment on peut empêcher cette aberration de se développer, a-t-elle souligné. Éduquer les jeunes à devenir des citoyens du monde doit aujourd'hui plus que jamais déboucher sur la réalisation que des valeurs morales saines sont la clé du succès et du bonheur et non certaines fausses valeurs véhiculées par les médias et l'industrie du divertissement. À cet égard, la famille doit plus que jamais être soutenue dans son rôle primordial d'éducateur.
MME DEBORAH CHRISTINE STOTHARD (Aliran Kesedaran Negara - National Consciousness Movement) a affirmé que la situation des défenseurs des droits de l'homme est très préoccupante en Malaisie. Elle a exprimé son inquiétude après la détention de certains d'entre eux la semaine dernière, en raison de la "tradition" de différentes formes de torture contre les défenseurs des droits de l'homme détenus dans ce pays. Il semble, a-t-elle affirmé, que depuis sa nomination en tant que membre de la Commission, le Gouvernement de Malaisie ait augmenté ses violations des droits de l'homme. Il a demandé à la Commission de faire pression sur la Malaisie pour qu'elle libère les défenseurs des droits de l'homme détenus. Pour ce qui concerne le régime de Myanmar, il semble dans la voie de réduire les défenseurs des droits de l'homme et les éducateurs à une espèce en voie de disparition. Elle a enfin déclaré que, malgré ses engagements, le Gouvernement de Thaïlande n'apparaît pas résolu à faire en sorte qu'ils soient appliqués avec cohérence sur le terrain.
MME MELODEE SMITH (Alliance réformée mondiale) a indiqué que le Gouvernement des États-Unis mettra fin dans un mois à la vie de Timothy McVeigh. Elle a rappelé que la Commission, ainsi que l'Union européenne, ont mené d'importants efforts afin de mettre en oeuvre des politiques interdisant les violations des droits de l'homme et le meurtre par l'État de jeunes, d'attardés mentaux, de ressortissants étrangers, de femmes enceintes. Il faut d'urgence qu'un moratoire soit déclaré sur la peine de mort. Une meilleure analyse et une meilleure compréhension sur la façon dont la peine de mort est appliquée est nécessaire, a-t-elle estimé. Un moratoire sur la peine de mort et le développement d'une justice efficace contribuera certainement au bien_être des communautés et à la restauration des droits de l'homme.
MME CÉLINE AMAR (Agir ensemble pour les droits de l'homme) a déclaré que pour beaucoup d'hommes et des femmes en quête de protection, notamment pour nombre de réfugiés algériens, l'asile conventionnel, en France, apparaît comme un droit inatteignable, ce qui explique le "succès" de l'asile territorial, dont la procédure relève d'un bout à l'autre de l'arbitraire. En 1951, a-t-elle rappelé, la France a ratifié avec d'autres une Convention internationale soucieuse d'apporter une protection efficace et digne à tous ceux qui "craignent avec raison" d'être persécutés. Il nous appartient de veiller à ce que, cinquante ans plus tard, l'entrée dans le XXI siècle ne marque pas la fin du droit d'asile mais la réaffirmation d'un droit fort et non restrictif, a-t-elle conclu.
Droit de réponse
La République démocratique du Congo a répondu à une organisation non gouvernementale qui a fait état de l'arrestation d'une militante des droits de l'homme, Mme Janine Mokaninwa, en indiquant que cette personne a été arrêtée pour complicité dans l'abandon de poste et tentative de fuite vers l'étranger de son jeune frère militaire. En outre, les bureaux de l'ASADHO (organisation dont cette personne est membre) en République démocratique du Congo ne sont plus fermés et sont opérationnels et accessibles à tous. Il convient de rappeler que le Chef de l'État a pris la ferme décision de restructurer la justice. Les défenseurs des droits de l'homme qui exercent normalement leurs activités dans le pays ne sont pas inquiétés et se préparent en fait actuellement à la Conférence nationale sur les droits de l'homme qui se tiendra à Kinshasa du 2 au 12 mai 2001.
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