Canicule en France, à travers l'âge et responsabilités (revue)

- Canicule: François Hollande dénonce "le défaut d'anticipation" du gouvernement
- Départ du directeur général de la Santé, 5.000 morts, chiffre "plausible"
- Canicule: le gouvernement dit ne pas avoir été informé à temps
- Canicule: le chiffre de 5.000 morts est plausible, estime Mattei

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Canicule: François Hollande dénonce "le défaut d'anticipation" du gouvernement

PARIS (AP), lundi 18 aout 2003, 21h15 - Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a renouvelé lundi ses critiques à l'égard de la gestion de la canicule par le gouvernement qui a fait preuve d'un "défaut d'anticipation".

François Hollande a expliqué lors du journal de TF1 que "les services météorologiques annonçaient dès le 1er août que la canicule allait durer" mais le gouvernement a montré un "défaut de vigilance" face aux alertes". Une négligence qui a fait perdre un "temps précieux", selon lui.

Alors que les première alertes ont été "prononcées vers le 7 ou le 8 août" par les médecins urgentistes, et que lui-même est intervenu "le 11 août", ce n'est "que le jeudi 14 août" que le plan blanc a été déclenché par le Premier ministre, a rappelé le n°1 du PS.

Défendant l'application des 35 heures dans les hôpitaux, François Hollande a souligné que c'est le gouvernement actuel qui "a supprimé davantage de lits, réduit le plan qui était prévu par le précédent gouvernement pour moderniser les maisons de retraite". Le gouvernement Raffarin a également "rogné sur l'allocation personnalisée à l'autonomie pour les personnes qui étaient les plus dépendantes".

M. Hollande a répété qu'il avait demandé la création d'une commission d'enquête sur l'épidémie car "il n'est pas question que les Français restent dans l'ignorance de ce qui s'est produit". AP


Départ du directeur général de la Santé, 5.000 morts, chiffre "plausible"

PARIS (AFP), lundi 18 août 2003, 20h59 - La crise sanitaire provoquée par la canicule, qui pourrait entraîner jusqu'à 5.000 décès, a provoqué lundi le départ du directeur général de la Santé, Lucien Abenhaïm, dont les services avaient été mis en cause par le ministre Jean-François Mattei.

Lundi matin, M. Mattei a évoqué pour la première fois sur RTL une carence du système d'alerte et jugé "plausible" l'"hypothèse" de 5.000 décès avancée dimanche par la presse, alors que le ministre s'en tenait encore la veille à une fourchette située entre 1.600 et 3.000 morts.

"Nous n'avons pas eu les informations et les signaux d'alerte que nous aurions dû avoir", a-t-il affirmé.

"J'ai compris la gravité de la situation le lundi soir (11 août) quand d'un côté j'avais un message qui me disait - provenant de la Direction générale de la santé (DGS) - que la situation était maîtrisée, et que de l'autre j'avais des lignes directes aux urgences des hôpitaux et la directrice générale de l'Assistance Publique qui me disaient que la situation était vraiment intenable", a-t-il précisé.

Quelques heures après, M. Abenhaïm rendait publique sa lettre de démission, aussitôt acceptée par M. Mattei. "Devant les polémiques actuelles sur la gestion de l'épidémie associée à la canicule, je préfère pouvoir expliquer sereinement l'action des services", faisait-il valoir.

Interrogé peu après sur France Info, l'ex-directeur général de la Santé affirmait que, "pour l'instant, il n'a pas été démontré que des erreurs ont été commises".

En revanche, le directeur de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), Gilles Brucker, a reconnu "une part de responsabilité" dans le retard de ses services à donner l'alerte sanitaire face aux conséquences de la canicule, dans une interview au Monde daté de mardi. -

Pour les professionnels de la santé, cette démission qui vient ponctuer plusieurs jours de polémique sur l'anticipation et la gestion de la crise, ne doit pas masquer ses véritables causes.

Selon, Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (Amuhf), M. Mattei "a pris la bonne décision en acceptant cette démission mais il faut qu'elle serve à tirer toutes les leçons du drame humanitaire et à véritablement réorganiser la DGS", marquée par des "dysfonctionnements majeurs".

"Je crains que le gouvernement croie que le manque de personnel et de crédits sera réglé en donnant trois francs aux urgences, six sous aux maisons de retraites et en faisant démissionner le directeur général de la Santé", a assèné Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adhepa).

Pour François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH), les "statistiques" ne doivent pas servir à "banaliser la situation actuelle", comme s'il s'agissait "d'une canicule comme une autre". Une référence aux déclarations de M. Mattei rappelant "qu'il y a déjà eu deux canicules en France" qui ont fait 3.000 morts en 1976 et 3.244 en 1983, mais que "les choses ont été sues très longtemps après".

"Je ne connais pas de structure capable de mener à bien cette évaluation très spécifique (...) Il faudrait avoir un appareil d'évaluation qui n'existe pas à la date d'aujourd'hui, donc on voit mal comment il aurait existé en 1976 et en 1983", a-t-il déclaré à l'AFP.


Canicule: le gouvernement dit ne pas avoir été informé à temps

PARIS (Reuters), lundi 18 aout 2003, 10h23 - Le gouvernement s'est de nouveau défendu de tout retard dans sa gestion des conséquences sanitaires de la canicule, mettant en cause les dispositifs d'alerte sanitaire qui n'auraient pas bien fonctionné.

"J'ai désormais l'intime conviction que (...) nous n'avons pas eu les informations et les signaux d'alerte que nous aurions dû avoir", a déclaré Jean-François Mattei sur RTL.

"Je joue la transparence la plus totale. J'ai le sentiment que dès que nous avons été alertés, nous avons fait ce que nous avions à faire mais je ne suis pas certain que nous ayons été alertés en temps voulu", a insisté le ministre, sur la sellette depuis une dizaine de jours.

"On aurait pu probablement alerter davantage mais je ne suis pas absolument certain que les choses en auraient été profondément différentes sur le plan de la conduite des soins".

"Il n'y a jamais eu de défaut de soin (...) Nos services hospitaliers ont été remarquables", a-t-il insisté.

Interrogé sur Europe 1, le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé a adopté la même ligne de défense.

"Je le répète, dès que le gouvernement a été alerté, il a pris les mesures immédiates qui s'imposaient", a-t-il dit. "Au coeur de cette polémique, se trouvent les responsables politiques de gauche dont c'est le métier en ce moment de mettre en cause de manière polémique le gouvernement".

 

EVALUATION DES SYSTEMES D'ALERTE
"Notre souci aujourd'hui est (...) d'évaluer la manière dont les dispositifs d'alerte ont fonctionné, leur fiabilité. C'est à ça que le Premier ministre et le ministre de la Santé s'emploient aujourd'hui", a fait valoir le porte-parole du gouvernement.

Les systèmes d'alerte ont bien fonctionné en d'autres circonstances, notamment face aux risques d'épidémie de pneumonie atypique, a rappelé Jean-François Copé, et "il faut mesurer ce qu'il en est pour celles-ci".

En l'occurrence, le déclenchement, en Ile-de-France, du "plan blanc" le mercredi 13 août au soir "correspond aux informations que le gouvernement reçoit en la matière", selon le secrétaire d'Etat.

"J'ai compris la gravité de la situation le lundi soir (11 août)", a renchéri le ministre de la Santé.

Jean-François Mattei dit avoir noté alors une "sorte de contradiction" entre les informations de la Direction générale de la Santé (DGS) selon qui la situation est "maîtrisée" et celle des urgences et de l'Assistance publique pour qui elle est "vraiment intenable".

Mais les hôpitaux ont pris des initiatives eux-mêmes, a rappelé le ministre. "Dès le vendredi 8 août, nous avions à l'Assistance publique un véritable 'plan blanc' qui n'en portait pas le nom, qui a été conforté le lundi et le 'plan blanc' a été décidé mercredi".

"Les hôpitaux, les urgences et le Samu ont parfaitement fonctionné", a-t-il insisté.


Canicule: le chiffre de 5.000 morts est plausible, estime Mattei

PARIS (Reuters), lundi 18 aout 2003, 9h01 - Le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a estimé lundi que le bilan de 5.000 morts liées à la canicule était une "hypothèse plausible".

"On a évoqué (dimanche) le chiffre de 5.000 (morts). C'est une hypothèse, c'est plausible mais ça n'est qu'une hypothèse", a-t-il déclaré sur RTL.

"Nous avons besoin de préciser tout cela commune par commune, pour savoir vraiment ce qui c'est passé mais naturellement les chiffres seront très importants", a souligné le ministre.

Dimanche, Jean-François Mattei avait démenti cette estimation officieuse de 5.000 morts, attribuée à ses services par le Journal du Dimanche.

"Nous n'aurons pas les chiffres définitifs et indiscutables avant plusieurs semaines parce que tous les chiffres qui ont été avancés aujourd'hui procèdent d'estimations", a-t-il ajouté lundi matin.

"Mes services m'ont donné une estimation, une fourchette haute de 3.000 pour la période du 6 au 12 août", mais ce chiffre est une "extrapolation qui reste malgré tout à préciser", selon Jean-François Mattei.

L'institut de veille sanitaire procède actuellement à l'analyse d'environ un millier de fiches concernant les décès par hyperthermie sur l'ensemble du territoire. Les premiers résultats devraient être connus en début de semaine.

Par ailleurs, l'alerte sanitaire ne sera pas levée en France "tant que la température ne sera pas définitivement à la baisse car on n'exclut pas un rebond dans les jours prochains", a confirmé le ministre.

"Nous sommes encore sur le pied de guerre", a insisté Jean-François Mattei, sur la sellette pour sa gestion des conséquences sanitaires de la vague de chaleur.

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