L’ESCLAVAGE, LA FRANCE, LES ABOLITIONS, LES ENJEUX

L’ESCLAVAGE, LA FRANCE, LES ABOLITIONS, LES ENJEUX

 


Textes des intervenants au Grand Forum "L'esclavage, la France, les abolitions, les enjeux" qui se déroulera les 31 mars, 1er et 22 avril 2006. Centre Georges Pompidou, Paris (France)

 

LES FORUMS DE SOCIETE

 

VENDREDI 31 MARS 2006

SAMEDI 1er AVRIL 2006

SAMEDI 22 AVRIL 2006

 

Grande Salle,  Niveau –1

Entrée libre dans la mesure des places disponibles

 

CENTRE POMPIDOU

 

 

L’esclavage, la France, les abolitions, les enjeux

 

« Nul lieu du Monde ne peut s’accommoder du moindre oubli d’un crime, de la moindre ombre portée. Nous demandons que les non-dits de nos histoires soient conjurés pour que nous entrions tous ensemble et libérés dans le Tout-Monde. Ensemble encore, nommons la traite et l’esclavage perpétrés dans les Amériques crime contre l ’humanité »

Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Wole Soyinka

 

Et d’abord quelques dates auxquelles bien d’autres devraient s’ajouter pour conjurer l’oubli et offrir quelques points d’ancrage à une mémoire collective qui reste à édifier.

 

1685 : promulgation par Louis XIV du Code Noir qui réglemente  l’esclavage des Noirs dans les colonies françaises d’Amérique. Février 1794 : abolition générale de l’esclavage par la Convention à l’issue de révoltes et d’insurrections. Juillet 1802 :  rétablissement de l’esclavage par Bonaparte  et déclenchement d’une guerre dont le but était de rejeter dans les fers des femmes et des hommes qui étaient devenus de libres citoyens. 1er janvier 1804 : proclamation du premier Etat noir indépendant  qui prend le nom de Haïti, à la suite de la reddition des armées françaises . Avril 1848 : décret d’abolition de l’esclavage par le gouvernement de la  IIe République. Adoption par le parlement français de la loi du 21 mai 2001  (loi Taubira), « tendant à la reconnaissance, par la France, de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ».

 

Cette loi  revêt un caractère fondateur s’il est vrai que l’enjeu est bien de dégager un avenir commun à travers une histoire enfin partagée. Non qu’il fallût attendre cette date pour découvrir l’esclavage. Mais la société avait cru se protéger des effets d’une prise de conscience trop aiguë, en rejetant dans un passé vague et lointain une pratique qu’elle jugeait désormais barbare, et qui, de ce fait, devenait en quelque sorte  étrangère à elle-même et à sa propre histoire. C’est pourquoi il a paru indispensable de se focaliser sur la pratique française de l’esclavage même si évidemment notre pays n’en a pas eu la triste exclusivité. Car il s’agit justement d’éclairer la manière dont l’esclavage s’inscrit  dans l’ histoire française, comment les représentations raciales qui prétendaient le justifier ont perduré dans la colonisation et jusqu’à quel point leur persistance nourrit aujourd’hui encore les discriminations. Afin de mieux cerner ce que sont aujourd’hui les enjeux de mémoire.  

 

En 1848, la seconde abolition fut accompagnée d’un impératif appel à l’oubli du passé, comme prix d’une nécessaire  réconciliation. Ainsi, une lourde chape de silence fut-elle posée sur l’esclavage que l ’on venait de proscrire. C’est cette chape qu’aujourd’hui on soulève. Ces rencontres voudraient modestement y contribuer  Car, il n’y a pas lieu de craindre  ici le ressassement quand il s’agit  de mettre au jour ce qui a été si longtemps refoulé.

 

 

 

 

Programme

 

Vendredi 31 mars à 19h30

 

Christiane Taubira

« Les deux abolitions et leurs ambiguïtés. Quelles traces aujourd’hui dans les représentations et les inégalités »

 

Sandrine Lemaire 

« L’esclavage dans l’imaginaire colonial »

 

Edouard Glissant

« Nous sommes entrés dans une ère du monde où toute simplicité est un gage d’erreur et de fixation »

 

 

Samedi 1er avril à 15h

 

Pascal Blanchard

« Les "Noirs" en image : des abolitions aux zoos humains, des conquêtes coloniales aux indépendances »

 

Nelly Schmidt 

 "Abolitions de l'esclavage: entre mythes et réalités".

 

Oruno Denis Lara :

"Colonisation, esclavage et liberté"

 

19h30 : Projection de Passage du milieu, un film de Guy Deslauriers.

 (durée 1h20mn, Kréol productions , 1999)

 

 

 

Samedi  22 avril à 15h

 

Françoise Vergès

« Les troubles de mémoire. Des défis pour la République »

 

Caroline Oudin-Bastide

« Violence et esclavage »

 

Nicolas Rey

« En finir avec une histoire occultée : les Libérateurs de l ’Amérique latine étaient antillais ! »

 

Christiane Taubira est députée de Guyane, auteur et rapporteur de la loi qui porte son nom.

 

Sandrine Lemaire est agrégée en histoire. Elle a co-dirigé, entre autres ouvrages, Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines (La Découverte 2004) et La fracture coloniale (La Découverte 2005).

 

Edouard Glissant est poète, écrivain et essayiste. Dernier livre paru La cohée du Lamentin  (Editions Gallimard 2005)

 

Pascal Blanchard est  historien et chercheur au Cnrs. Il a co-dirigé notamment La république coloniale. Essai sur une utopie.(Albin Michel 2003) et La fracture coloniale (La Découverte 2005).

 

Nelly Schmidt  est directrice de recherche au CNRS. Derniers ouvrages parus : L’abolition de l’esclavage (Fayard 2005), Histoire du métissage (La Martinière 2003)

 

Oruno Denis Lara est directeur du centre de recherches Caraïbes- Amériques. Derniers ouvrages parus : La colonisation aussi est un crime (L’Harmattan 2OO5), Mortenol ou les infortunes de la servitude (L’Harmattan 2001).

 

Françoise Vergès est professeur au Centre for cultural studies du Goldsmiths college à Londres. Elle a publié notamment Abolir l’esclavage : une utopie coloniale (Albin Michel 2001) et Aimé Césaire. Nègre je suis, nègre je resterai. Entretiens. (Albin Michel 2005)

 

Caroline Oudin-Bastide est docteur en histoire et civilisations de L’Ehess et membre associé du Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe. Elle vient de publier Travail, capitalisme et société esclavagiste (La Découverte 2005)

 

Nicolas Rey est docteur en sociologie du développement. Il a publié Quand la révolution, aux Amériques, était « nègre »… (éditions Karthala 2005).

 

Sur une proposition et un programme de Jean-Claude Myrtil

En partenariat avec Conférences & Débats

31 mars et 1er avril diffusion en direct sur  ou tel 01 44 78 46 52

 

Histoire et société