Incendie à Paris 13e: 17 africains périssent dont 14 enfants


14 enfants périssent dans les flammes

Le feu tue une nouvelle fois dans la capitale française

PARIS,
DH, 27/08/2005 - Il était minuit passé de 17 minutes, dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu'un violent incendie s'est déclenché dans un immeuble à Paris. Rapidement, les secours sont mobilisés. Pas moins de 200 pompiers sont dépêchés sur les lieux. Mission: sauver des vies. Le temps presse. A 2 h 02, l'incendie est officiellement maîtrisé. Mais des témoins ont constaté que de la fumée s'échappait encore de l'immeuble en fin de nuit, vers 4 h 30 du matin.

Le bilan est catastrophique. On recense au moins 17 victimes, dont probablement 14 enfants. Le quartier du XIIIe arrondissement est tétanisé en apprenant le drame. Paris est sous le choc. La France entière est en deuil.

Les pompiers ont pourtant fait le maximum. Sans l'apport de leur professionnalisme et de leur efficacité, nul doute que le bilan aurait encore été bien plus lourd. Tout au long de la nuit, des dizaines d'habitants ont été évacués par les échelles déployées par les hommes du feu.

L'immeuble du numéro 20 du boulevard Vincent Auriol, situé dans le XIIIe arrondissement, est principalement occupé par des familles provenant de l'Afrique. On sait également qu'il accueille des associations telles qu'Emmaüs. Environ une trentaine d'adultes et une centaine d'enfants occupaient l'immeuble qui compte six étages. On dénombre une trentaine de blessés, dont deux sont dans un état critique.

A priori, le feu s'est embrasé dans la cage d'escalier et s'est propagé à la vitesse de l'éclair, depuis le troisième étage jusqu'au sommet de l'immeuble. Avant même l'arrivée des secours, un homme s'était défenestré. «Notre première priorité a été le sauvetage d'un homme qui se tenait sur le rebord de sa fenêtre», a indiqué un sapeur-pompier de 24 ans.

Ensuite, les pompiers ont fait de macabres découvertes, plus horribles les unes que les autres. Dans une douche, une femme enceinte, inconsciente, qui s'y était retranchée pour se protéger. Plus loin, un enfant carbonisé. Dans un autre logement, 4 des 6 enfants ont péri.

Les pompiers n'ont pourtant pas économisé leurs forces. Un sapeur de 30 ans a évacué à lui seul quatre enfants et quatre adultes.

Ce drame rappelle l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra qui avait fait, en avril dernier, pas moins de 24 victimes. Face à ce nouveau fait tragique, c'est aussi et évidemment tout le débat sur la sécurité des logements sociaux qui remonte à la surface. Et pas seulement à Paris. Bruxelles n'est pas épargnée (lire plus loin).

La conformité des installations, les normes de sécurité et les plans d'évacuation sont autant de facteurs cruciaux à réglementer et à respecter pour éviter ce genre de drame.

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Le remake de l'hôtel Paris-Opéra

PARIS Le 15 avril dernier, un épouvantable incendie ravage l'hôtel Paris-Opéra, un établissement bon marché où dormaient principalement des familles en situation précaire. Là aussi, déjà, le bilan est lourd, très lourd.24 personnes perdent la vie dans le drame. A l'arrivée des pompiers, sept cadavres jonchent déjà le sol. Des adultes et des enfants avaient sauté, dans un geste de désespoir, pour échapper aux flammes brûlantes.75 personnes occupaient l'hôtel, d'une capacité initiale de 67 places. Des touristes se trouvaient au deuxième étage. Plus haut, des familles. En tout, 69 personnes de nationalités française, portugaise, ivoirienne, sénégalaise, tunisienne et ukrainienne dans les étages 3 à 6.

L'hôtel était situé dans le IXe arrondissement. Un quartier situé juste derrière le boulevard Haussmann et les grands magasins, dont les Galeries Lafayette où l'exiguïté des rues ne permet pas les déplacements rapides. Les pompiers, là aussi déployés en nombre (environ 250 et une soixantaine d'engins motorisés), avaient bataillé ferme pour venir à bout des flammes.

Rapidement, les enquêteurs avaient localisé l'origine de l'incendie. La compagne du veilleur de nuit avait été suspectée d'avoir renversé accidentellement des bougies disposées dans l'appartement.

D'emblée, le président d'Emmaüs France, Martin Hirsch, a relevé que le drame d'avant-hier n'était pas comparable à celui de l'hôtel Paris-Opéra. Selon lui, l'immeuble en question n'était pas surpeuplé comme l'était l'hôtel. «C'est un immeuble capable d'accueillir 12 familles, à concurrence de 12 appartements. Il se fait que nous étions confrontés à des familles nombreuses.» Et c'est le moins que l'on puisse écrire puisqu'il y avait au total 120 personnes qui occupaient l'immeuble.

Philippe Boudart
© La Dernière Heure 2005


La pénurie de logements sociaux à la base de drames humains

A dix dans des deux-pièces

PARIS, DH Info, 27/08/2005 - Bertrand Delanoë, le maire de Paris, a tenu, comme bon nombre d'autres responsables politiques, à réconforter les rescapés. Et déclaré: «C'est un drame horrible qui interpelle tout le monde, tous ceux qui peuvent avoir une influence sur la politique du logement». En fin d'après-midi, le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, proposait un programme de création d'hôtels sociaux pour les personnes les plus précaires... Le maire du 13e arrondissement n'a pas manqué que l'immeuble détruit hier par les flammes était surpeuplé. Quant à Martin Hirsch, le président d'Emmaüs- France, il a rappelé qu'un appartement sur deux à Paris compte une pièce, deux au maximum. Et de poser la question: «Comment voulez-vous y loger des familles qui comptent huit à dix enfants, comme celles qui habitaient dans l'immeuble du boulevard Vincent-Auriol?»

Le drame d'hier met au grand jour, une nouvelle fois, le problème de l'immobilier dans les grandes villes. Et Paris n'y échappe pas.

La mairie, menée hier par Jean Tiberi, et depuis 2001 par Bertrand Delanoë, n'a pas trouvé la solution miracle: dans les années 1980-90, la capitale française s'est vidée d'une partie de ses habitants et des sociétés ont migré vers la banlieue où les charges sont moins lourdes.

A son arrivée aux commandes, Delanoë avait annoncé qu'il réquisitionnerait les immeubles de bureaux vides et les convertirait en logements sociaux.

Bobos et immigrés

A ce jour, la Mairie de Paris (qui avoue 102.500 demandes de logements sociaux avec des dossiers déposés voilà cinq, voire dix ans!) n'a pas réussi la mixité sociale et demeure scindée en trois zones: l'ouest et le centre pour les classes moyennes et aisées, le sud pour les classes intermédiaires, et enfin le nord et l'est pour la France d'en bas et les populations immigrées - avec, depuis une petite dizaine d'années à la frontière entre le centre et l'est, l'émergence d'un quartier pour les bobos (bohèmes bourgeois) à la Bastille.

Enfin, un rapport du Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations (GELD) a souligné «les discriminations raciales et ethniques dans l'accès au logement social».

Ce qui a déclenché le coup de gueule de Marie-George Buffet, ancienne ministre et patronne du Parti communiste: «Une fois encore, la discrimination au logement a tué... Et on peut déjà prévoir qu'il y aura une prochaine fois tant qu'on refusera des logements à des personnes sous prétexte qu'ils sont noirs ou arabes...»

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«Ça devait arriver un jour»

La piste criminelle n'est pas exclue

PARIS D'un côté, la Seine. De l'autre, les rails de la garde d'Austerlitz et les hauts murs de l'hôpital La Pitié Salpetrière. Là, un immeuble à la façade blanche dans ce 13e arrondissement parisien où cohabitent classes ouvrières et populations immigrées. Sur les trottoirs, le défilé des politiques venus faire part de leur commisération. On les avait vus en avril dernier lors de l'incendie à l'hôtel Paris-Opéra; entendus aussi leurs mots qu'on aurait pu résumer en une formule: «Plus jamais ça!» Pourtant, au coeur de la nuit de jeudi à vendredi, le feu a encore tué à Paris. «C'est honteux, pleure un homme qui a réussi à se sauver des flammes. C'est scandaleux...»

Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, vite arrivé sur les lieux du drame, a demandé un recensement des «immeubles en surpopulation» à Paris et a laissé tomber: «Ce peut être un incendie criminel. Le feu est parti du rez-de-chaussée...»

Sidibé A., locataire dans l'immeuble mangé par les flammes, raconte: «Vers minuit, des cris m'ont réveillé. C'étaient des enfants, ils disaient: Papa! Maman! Il y avait une odeur bizarre. Le feu... Et les sirènes des pompiers, très vite...» Encore sous le choc, lui qui logeait dans cet immeuble depuis 1992, il continue: «Dans notre immeuble, il n'y avait qu'un seul escalier. Et c'est là qu'il y avait le feu. Il a fallu partir par les fenêtres, les pompiers nous ont aidés... Ça devait arriver un jour, un tel drame. Ici, c'est vraiment insalubre. Il y avait des rats, des souris...» «Insalubre», dit-il... Un terme qui ne convient guère aux officiels - le maire d'arrondissement, le représentant d'Emmaüs-France qui a en charge la gestion et l'entretien de cet immeuble propriété de l'Etat.

Ainsi, le maire du 13e arrondissement affirme: «Oui, cet immeuble était vétuste. Mais on ne peut pas dire qu'il est insalubre. Ce n'était pas un squat, les locataires vivaient là avec leurs familles, en général pendant une année, le temps de trouver un appartement ou une maison plus confortable...» Chez Emmaüs-France, on explique que l'immeuble était inspecté et entretenu régulièrement: «Ce n'était pas un palace mais on pouvait y vivre à peu correctement en attendant des jours meilleurs...» De gros travaux étaient prévus mais pour les effectuer, il aurait fallu reloger ces cent trente personnes de l'immeuble dont l'essentiel était originaire du Mali et du Sénégal. Personne n'a voulu ou pu les reloger. Dix-sept d'entre d'eux sont morts...

Serge Bressan

© La Dernière Heure 2005

www.dhnet.be/


Incendie d'un immeuble du 13e arrondissement à Paris: 17 morts dont six enfants

PARIS (AP), vendredi 26 aout 2005, 10h15 - Quatre mois après l'incendie de l'hôtel "Paris-Opéra" qui a fait 24 morts en avril, le feu a ravagé dans la nuit de jeudi à vendredi un immeuble d'habitation du 13e arrondissement de Paris où vivaient de nombreuses familles d'origine africaine, faisant 17 morts dont six enfants et 30 blessés.

Selon les pompiers sur place, sur les 30 blessés, deux sont dans un état grave et 28 personnes dont un pompier sont blessés plus légèrement. Le président Jacques Chirac a fait part de son émotion face à cette "catastrophe épouvantable" qui "endeuille la France toute entière".

M. Chirac attend "des enquêtes en cours qu'elles fassent au plus tôt toute la lumière sur les circonstances exactes de ce drame et permettent d'en tirer toutes les conséquences", selon le communiqué publié par l'Elysée. "C'est un bilan extrêmement lourd", un "spectacle abominable", a de son côté déclaré le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui s'est rendu sur place.

Le feu, d'origine indéterminée pour le moment, a pris dans la cage d'escalier du 20, boulevard Vincent Auriol peu avant 00h30, et le Plan rouge a été déclenché à 1h15. L'incendie a été maîtrisé à 2h par les 210 pompiers présents sur place.

Les rescapés ont été évacués vers un gymnase proche du lieu du drame, et une cellule médico-psychologique a été établie sous une tente.

"Nous avons entendu des cris, des enfants et des adultes, il y avait de la fumée partout, et des personnes de bonne volonté (extérieures à l'immeuble) ont téléphoné aux pompiers, à la police", a déclaré Oumar Cissé, un témoin interrogé par l'Associated Press Television News (APTN).

Ce Malien de 71 ans vivait dans cet immeuble avec son épouse et ses 12 enfants. Il a précisé que l'immeuble était "totalement insalubre" et qu'il était infesté de rats et de souris. Le bilan est très lourd précisément parce que l'incendie a pris dans la cage d'escalier, bloquant les issues, a expliqué le capitaine des pompiers Jacques Dauvergne.

"Nous avons à faire à un violent feu qui a pris dans la cage d'escalier, et s'est développé dans un immeuble d'habitation de 6 étages. Le feu a embrasé la cage d'escalier, et surtout les 3e, 4e, 5e et 6e étages, puis s'est développé dans les différents appartements mitoyens de la cage d'escalier".

Une enquête a été confiée à la Brigade criminelle de la police, l'origine du sinistre étant indéterminée.

Le 20, boulevard Vincent Auriol est un immeuble de sept étages sont six sont habités et dans lequel des associations caritatives, notamment Emmaüs, logent des familles africaines. Une trentaine d'adultes et une centaine d'enfants y habitaient.

Selon Oumar Cissé, des familles originaires du Mali, du Sénégal, de Gambie et Tunisie vivaient là.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, le préfet de police Pierre Mutz, le procureur de la République, le maire de Paris Bertrand Delanöe et le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo se sont rendus sur place. Avant de quitter les lieux vers 3h15, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il allait demander le recensement de tous les immeubles qui peuvent présenter "une situation de dangerosité en termes d'incendie et de sur-occupation".

Le 15 avril dernier, 24 personnes sont mortes dans l'incendie de l'hôtel "Paris-Opéra", un établissement bon marché où dormaient des familles en situation précaire dont des immigrés africains, relogées par les services sociaux. Les enquêteurs avaient déclaré que la petite amie d'un veilleur de nuit avait pu causer l'incendie par accident, en renversant accidentellement des bougies disposées dans l'appartement.

Parmi les premières réactions à l'incendie du Boulevard Vincent Auriol, la maire socialiste de Lille Martine Aubry a parlé d'un "drame épouvantable" révélateur de "la crise du logement" en France.

"Nous sommes tous responsables", a estimé Martine Aubry. "On a une crise dans notre pays qui fait qu'aucun gouvernement ne s'y est attaqué véritablement. Je crois que c'est une des priorités actuelles", a-t-elle déclaré. AP


Dernière:

Incendie à Paris dans le IIIe arr : quatre enfants parmi les sept morts AFP 30.08.05 | 09h39

Quatre enfants figurent au nombre des sept personnes qui ont péri dans l'incendie survenu lundi soir dans un immeuble squatté par des Africains dans le IIIe arrondissement de Paris, a-t-on appris mardi de source policière.

Outre les sept morts, il y a trois blessés graves alors que onze autres personnes souffrent de blessures plus légères.

La direction de l'Assitance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué que "deux urgences graves et six urgences relatives" ont été admises dans les hôpitaux dépendant de l'AP-HP, selon un point communiqué à l'AFP peu avant 09h00.

L'un des enfants est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital. Les corps des six autres personnes décédées ont été retrouvés dans l'immeuble vétuste, selon les pompiers.

La 1ère division de police judiciaire (DPJ) a été saisie de l'enquête pour déterminer les causes de l'incendie, selon la même source.

 

Marche et soutien ce jour 30 août 2005:

AFRICAINS, ANTILLAIS,
PEUPLE NOIR DANS TOUTES SES COMPOSANTES,
AMIS

Dans la nuit du 25 au 26 août dernier, dans un immeuble, au 20 boulevard Vincent Auriol, Paris 13ème, un incendie, dont l’origine est inconnue mais extrêmement suspecte a fait 17 morts, dont 14 ENFANTS, âgés de 3 mois à 10 ans, 30 blessés, dont 2 dans un état très grave. Les victimes sont toutes africaines.

C’est le deuxième incendie qui touche la communauté Africaine Noire de France en moins de 5 mois. Le précédent incendie, à l’hôtel Paris Opéra, datant du 15 avril 2005, avait fait 24 morts, dont 11 enfants (incendie en pleine nuit aussi).

Nous rappelons que ces familles touchées par ce nouveau drame étaient immigrées régularisées, payant un loyer important pour les 10 mètres carrés qu’ils louaient, dans un immeuble des plus insalubre.

Dans un premier temps, nous vous invitons à une marche digne en hommage à TOUS nos frères et sœurs disparus, brûlés vifs dans Paris.


MARDI 30 AOUT 2005
A partir de 17H30
Départ : QUAI DE LA GARE
(métro Quai de la Gare, ligne 6)
Arrivée : Place d’Italie

Incendie à Paris 13e, 17 africains décédés: réactions et enqêtes (30 août 2005)

Après l'incendie du 3e arrondissement à Paris, la préfecture va évacuer les immeubles dangereux (31 août 2005)

Actualité internationale et africaine de sangonet