Incendie à Paris 13e, 17 africains décédés: réactions et enqêtes


L'enquête se poursuit après l'incendie meurtrier d'un immeuble à Paris

PARIS (AFP), 28/08/2005 10:47 - L'enquête pour déterminer les causes de l'incendie qui a tué 17 personnes, dont 14 enfants, vendredi dans un immeuble du XIIIe arrondissement de Paris, se concentre sur la cage d'escalier d'où le feu est parti, mais où "aucune trace d'hydrocarbures" n'a été relevée, a indiqué samedi une source policière.

Plusieurs organisations (Mrap, CNL, DAL, CGT, Droit devant !!, CAL) ont appelé à un rassemblement dimanche à 17H00 sur les lieux du sinistre. Six personnes, sur une trentaine de blessés, restaient hospitalisées samedi, dont un adulte et un enfant dont l'état avait été qualifié vendredi de "sérieux".

Dans ce bâtiment vétuste du début du XXe siècle, à l'angle de la rue Edmond Flamand et du boulevard Vincent Auriol (XIIIe arr.), vivaient environ 130 personnes originaires du Mali, du Sénégal, de Côte d'Ivoire et de Gambie, dont une centaine d'enfants.

 

Dès la fin de l'incendie, dans la nuit de jeudi à vendredi, les laboratoires spécialisés de la police judiciaire avaient commencé à effectuer toute sortes de prélèvements dans les pièces calcinées. Les recherches se centraient sur la cage d'escalier d'où le feu est parti, dans un bâtiment où il y avait beaucoup d'allers et venues, selon une source policière. Samedi, une source policière a simplement affirmé : "il n'y a aucune trace d'hydrocarbures". Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, avait indiqué vendredi à la presse:

"Le foyer initial de l'incendie se trouve au rez-de-chaussée sous la cage d'escalier", "un vasistas ouvert au dernier étage a créé un appel d'air qui a fait de la cage d'escalier une véritable cheminée". "Nous ne privilégions en l'état aucune hypothèse même si aucune cause n'apparaît logique dans le départ de l'incendie à cet endroit-là", avait ajouté le magistrat, avant de préciser: "L'endroit où le feu a pris est dépourvu de tout câblage électrique, ce qui exclut une prise de feu due à un court-circuit". Dans l'attente des divers résultats d'analyse, la brigade criminelle a continué ses auditions des survivants et des voisins de l'immeuble.

Le difficile processus d'identification des victimes s'est également poursuivi samedi après-midi. Sept corps devaient être présentés à des proches pour qu'ils les reconnaissent. Habitant au quatrième étage, ces sept victimes sont décédées des suites de l'inhalation des fumées, mais leurs corps ont été relativement épargnés par les flammes. Dans ce violent incendie survenu peu après minuit, une femme africaine a perdu quatre de ses six enfants. Une femme enceinte est morte, il y a un bébé parmi les 14 enfants morts.

Samedi matin, le ministre des Maliens de l'extérieur et de l'Intégration africaine, Hamadoun Dicko, dépêché à Paris par le président Amadou Toumani Touré, a rencontré le procureur-adjoint de Paris Philippe Maître pour s'entretenir avec lui des premiers éléments de l'enquête. M. Dicko devait également présenter les condoléances du Mali aux familles des victimes. Cet incendie est survenu quatre mois après celui de l'hôtel Paris-Opéra (IXe), qui avait fait 24 morts le 15 avril, également des Africains en attente de logements sociaux.

Samedi après-midi, dans un silence total, des rescapés ont manifesté avec des proches et des soutiens, depuis l'immeuble incendié jusqu'à la place d'Italie. La cinquantaine de manifestants, pour la plupart d'origine africaine, a cheminé sans pleurs ni cris ni slogans. Sur des cartons brandis, on pouvait lire: "24 morts de l'hôtel Paris-Opéra, 17 morts du bd Vincent Auriol: assez, plus jamais ça" ou "République, nous ne vous demandons qu'un toit, oui qu'un toit".

Le maire de Paris Bertrand Delanoë a plaidé samedi pour "une solution exceptionnelle de relogement durable" pour les rescapés et pour des "propositions concrètes dans les tout prochains jours". "Le respect du droit au logement est aujourd'hui le seul moyen de sauver des vies qui, à deux reprises au moins cette année ont été sacrifiées à l'impuissance politique", a notamment réagi la Ligue des droits de l'Homme, en estimant qu'"il y a en France 800.000 SDF, des milliers de demandeurs d'asile à la rue et 3 millions de mal logés".


Les réactions politiques après un nouvel incendie meurtrier à Paris

 

PARIS (AFP), 26/08/2005 13:09 - Le député Claude Goasguen, président du groupe UMP au Conseil de Paris et Philippe Goujon, président de la fédérarion UMP Paris, ont demandé vendredi, que "la solidarité de la région Ile-de-France se prouve dans le domaine du logement des exclus" après l'incendie d'un immeuble à Paris (XIIIe) qui a tué au moins 17 personnes.

"Nous tenons à marquer notre émotion profonde et notre solidarité à l'égard des familles et de tous ceux qui sont frappés par cette catastrophe", écrivent les deux conseillers UMP de Paris dans un communiqué.

"Nous voudrions souligner aussi que la solidarité de la région Ile-de-France doit se prouver dans ce domaine du logement des exclus et de ceux qui sont en difficulté", poursuivent-ils. Selon eux, "il ne s'agit pas de se dérober devant les responsabilités mais de solidariser les départements, et de ne pas faire de Paris le refuge de toute une région". "La situation, en effet, ne peut que s'aggraver s'il n'y a pas un effort de solidarité des départements autour de Paris", concluent-ils.

Le maire PS de Lille Martine Aubry a qualifié vendredi de "drame épouvantable" l'incendie de l'immeuble. "Après le drame d'avril (un incendie qui avait fait 24 morts dans un hôtel du 9e arrondissement de Paris - NDLR), combien en faudra t-il pour qu'on se rende compte que le problème du logement est aujourd'hui un problème majeur dans notre pays", a déclaré Mme Aubry sur France 2. "Non seulement pour les hommes et les femmes qui vivent dans ces logements insalubres, indécents mais aussi tous ceux qui attendent d'être logés", a-t-elle ajouté.

Estimant "qu'aucun des gouvernements ne s'est attaqué véritablement" à cette crise, la responsable PS a affirmé qu'il s'agit d'une "priorité pour la France" et qu'il faut "d'abord dans l'urgence éviter ces drames et puis acheter du foncier partout, construire des logements sociaux".

De son côté, le PCF de Paris a fait part vendredi de sa "solidarité" mais aussi de sa "colère", soulignant que "des dizaines de familles payent à nouveau un lourd tribut à la pauvreté et au mal-logement". "Avec la crise du logement, il y a encore à Paris et en Ile-de-France, des milliers de mal-logés, vivant en situation précaire", a-t-il affirmé dans un communiqué. Selon le PCF "il est nécessaire d'engager une grande mobilisation pour assurer le droit de chaque personne à un logement de qualité", ce qui "exige de construire massivement des logements sociaux".

Les Verts ont demandé que soient prises "d'urgence" des mesures en faveur du logement social. Dans un communiqué publié lors de leurs Journées d'été à Grenoble, les Verts remarquent que cet incendie "a de nouveau frappé, comme cela avait été le cas il y a quelques mois dans l'hôtel Paris-Opéra, des personnes parmi les plus fragiles", dont la majorité "attendait de véritables logements depuis de nombreuses années".

"Cela illustre d'une façon tragique le manque cruel de logements sociaux à Paris et dans beaucoup de grandes villes françaises", soulignent les Verts, pointant "la politique spéculative largement encouragée par les gouvernements de droite" et le budget de l'Etat en faveur du logement "dramatiquement réduit depuis des années".

Ils regrettent aussi "que la demande des élus verts parisiens d'accélérer le processus de résorption de l'habitat insalubre à Paris n'ait pas rencontré un accord de leurs partenaires", avec en outre "l'opposition constante des groupes UMP et UDF à ces opérations". Les Verts souhaitent que "tout ou partie" des sommes prévues pour l'accueil des Jeux olympiques de 2012 soient affectées à la politique du logement social.

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