Accrochage meutrier frontalier Tchad-Centrafrique et début de ballet diplomatique
BANGUI, 7 août (AFP) - 20h53 - L'ambassadeur du Tchad à Bangui, Maitine Djoumbé, a été convoqué mercredi au ministère centrafricain des Affaires étrangères, au lendemain du nouvel incident frontalier entre la République centrafricaine (RCA) et le Tchad, a annoncé la radio nationale centrafricaine.
En annonçant cette convocation, les médias officiels ont pour la première fois fait état de cet accrochage meurtrier survenu mardi à la frontière entre les deux pays.
Le diplomate tchadien n'a pas fait de commentaires sur le contenu de son entretien. Il a cependant réitéré, concernant l'accrochage, les propos des autorités tchadiennes, selon lesquelles une position de l'armée tchadienne dans la ville frontalière de Sido (Tchad) a été attaquée mardi par des "mercenaires non identifiés" venus de Centrafrique.
"Nous avons parlé de mercenaires, a-t-il déclaré. Et quand on dit +mercenaires+, c'est un fourre-tout. Dans les jours à venir, et à partir des prisonniers qui ont été capturés parmi ces mercenaires, la lumière sera faite", a-t-il assuré.
Interrogé sur les raisons de ce nouvel incident, le diplomate a répondu: "les mercenaires diront pourquoi ils nous ont attaqués".
A propos d'une éventuelle visite à Bangui du président tchadien Idriss Déby, M. Djoumbé a indiqué: "je crois que cette visite est toujours en vue. Elle se fera le moment venu".
Les autorités tchadiennes ont fréquemment qualifié de "mercenaires" les anciens "codos", pour l'essentiel des combattants sudistes tchadiens ayant appartenu aux mouvements politico-militaires des chefs rebelles assassinés Moise Ketté Nodji et Laokin Bardé à la fin des années 90.
Ces "codos" ont été intégrés dans les forces armées centrafricainesou dans la "force spéciale" de l'ex-rebelle tchadien Abdoulaye Miskine, désormais au service des autorités de Bangui.
Selon N'Djamena, l'accrochage a fait 22 morts, dont deux militaires tchadiens.
Les autorités centrafricaines n'ont, elles toujours pas donné mercredi de bilan officiel de l'incident.
Toutefois, une source militaire centrafricaine ayant requis l'anonymat a fait état d'un "bilan très lourd" du côté centrafricain.
Bangui conteste la version tchadienne de l'incident et accuse l'armée tchadienne d'avoir attaqué mardi des positions des FACA, pénétrant jusqu'à une quinzaine de kilomètres en territoire centrafricain.
LIBREVILLE, 7 août (AFP) - 20h20 - L'ancien rebelle tchadien Abdoulaye Miskine et sa "force spéciale", dépendant directement de la présidence centrafricaine, constituent depuis des mois une source de tensions entre le Tchad et la RCA.
Ce sont apparemment ses hommes, qualifiés de "mercenaires" par les autorités tchadiennes, qui ont été impliqués mardi dans l'accrochage avec l'armée tchadienne qui a fait 22 morts dans la région frontalière de Sido.
Cet ancien lieutenant des rebelles sudistes tchadiens emmenés par Laokin Bardé, liquidé en 1998, est depuis passé en République centrafricaine (RCA) au service des autorités de Bangui.
Ces dernières l'affirment Centrafricain et lui ont même octroyé le grade de colonel au sein de l'armée régulière, bien qu'il ne dépende pas de l'état-major mais exclusivement de la présidence.
Tétanisé par ce qui lui est apparu comme des trahisons successives au sein de son proche entourage ces dernières années, le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, dont la sécurité est désormais assurée par des Libyens, n'a plus confiance en personne.
De par son passé, "Miskine ne peut pas trahir. C'est Patassé ou la mort", résume un observateur attentif de la scène centrafricaine.
Pour le président Patassé, les "trahisons" ont pris notamment le visage d'un de ses plus proches collaborateurs, l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth, en prison depuis l'été 2001 sous l'accusation de complicité lors de la tentative de coup d'Etat de mai 2001.
De même, l'ancien chef d'état-major des forces armées tchadiennes (FACA), le général François Bozizé, pourtant un allié de longue date, s'est réfugié au Tchad à la suite d'une épreuve de force avec le régime. Le président tchadien Idriss Deby a refusé de le remettre à Bangui comme le réclamait le président Patassé.
Les belles résolutions énoncées lors de la dernière rencontre Patassé-Deby, en avril dernier, sont restées lettre morte: "Les opposants (NDLR: allusion à Miskine et Bozizé) doivent être éloignés de la frontière (...) Nous ne pouvons accepter que des opposants restent et créent des problèmes entre les deux pays", avait alors affirmé le chef d'Etat tchadien.
Mais si le général Bozizé, qui ne semble déployer aucune activité militaire au Tchad où il vient de rentrer après un voyage de plusieurs semaines à l'étranger, est plus fréquemment à N'Djamena qu'à la frontière tchado-centrafricaine, il n'en est pas de même d'Abdoulaye Miskine à qui le président Patassé continue précisément de confier la tâche de "sécuriser" le nord de la RCA, frontalier du Tchad.
A la tête d'une "force spéciale", de 200 à 300 hommes, pour la plupart d'anciens rebelles tchadiens, ce chef de guerre est censé pallier, dans la région nord où sévissent en particulier des "coupeurs de route", aux carences de l'armée centrafricaine, déstabilisée par des crises successives accompagnées d'hémorragie de ses effectifs, et dépourvue de moyens.
Pour ce faire, et assuré de son impunité, Miskine n'hésite pas à procéder à des exécutions sommaires ou à s'accaparer ce qui l'intéresse comme l'attestent de récents témoignages.
Mais il lui arrive aussi d'assurer des tâches plus officielles, comme la protection de missions diplomatiques, notamment des Nations Unies, en visite dans la région.
En fait, cet homme d'une cinquantaine d'années, de taille moyenne, plutôt mince, le plus souvent vêtu d'un treillis et d'un turban à la tchadienne comme ses hommes, toujours entouré lors de ses passages à Bangui d'une imposante garde rapprochée, apparaît comme un seigneur de guerre.
Selon un témoin, "il ne se sépare jamais de son pistolet automatique qu'il tient à la main gauche tandis qu'il vous sert la main avec la droite".
BANGUI, 7 août (AFP) - 14h27 - L'accrochage qui s'est produit mardi à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique s'est soldé par un "lourd bilan" du côté centrafricain, a-t-on appris mercredi de source militaire centrafricaine ayant requis l'anonymat.
Ce "lourd bilan", qui n'a pu encore être chiffré avec précision, selon cette source, confirme les informations données par les autorités militaires tchadiennes, selon lesquelles 22 hommes, dont deux militaires tchadiens, ont été tués dans ces combats.
"L'accrochage meurtrier est survenu à l'issue d'une attaque des forces tchadiennes en représailles aux actes des éléments de la force spéciale d'Abdoulaye Miskine contre des éleveurs tchadiens taxés de coupeurs de route", a-t-on précisé de même source.
Abdoulaye Miskine est considéré par N'Djamena comme un ancien lieutenant du défunt rebelle tchadien, Laokin Bardé. En revanche, il est considéré comme Centrafricain par les autorités de Bangui et a le grade de colonel dans l'armée centrafricaine.
A la tête d'une "force spéciale" de quelques dizaines d'hommes, agissant en marge de l'armée régulière, il a été chargé par la présidence centrafricaine de "sécuriser la frontière nord" du pays.
"Suite à ces incidents (entre Tchadiens et hommes de Miskine), a-t-on indiqué de source militaire centrafricaine, certains éleveurs ont regagné le Tchad, d'où ils sont revenus accompagnés d'éléments de l'armée régulière tchadienne dans la région de Sido (Tchad), pénétrant jusqu'à près de 25 km à l'intérieur du territoire centrafricain pour pourchasser les éléments d'Abdoulaye Miskine".
De source gouvernementale centrafricaine, on reconnait ce nouvel incident frontalier "entre l'armée centrafricaine et l'armée tchadienne", mais il n'y a toujours pas de déclaration officielle, ni de bilan précis. Les médias officiels n'avaient toujours pas, mercredi midi, fait état de l'accrochage.
Selon N'Djamena, une position de l'armée tchadienne à Sido a été attaquée mardi par des "mercenaires non identifiés" venus de Centrafrique.
Depuis la fuite au Tchad en novembre dernier de François Bozizé, ancien chef d'état-major de l'armée centrafricaine, les incidents frontaliers ainsi que les accusations mutuelles se multiplient entre la RCA et le Tchad.
Cette situation a amené le président Idriss Déby à annuler une visite qu'il devrait effectuer au mois de juin dernier à Bangui. N'Djaména souhaite l'éloignement d'Abdoulaye Miskine de la région frontalière mais Bangui estime que ce dernier combat les coupeurs de route dans la région nord au nom de l'armée centrafricaine.
De source proche du BONUCA (Bureau des Nations unies pour la Centrafrique), on indique mecredi que "le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, le général Lamine Cissé s'efforce de dissiper rapidement ce malentendu, et d'amener les deux pays à discuter des problèmes de sécurité communs à leurs frontières" dans le cadre d'un sommet Tchad-RCA-Soudan prévu en août à Khartoum à une date qui n'a toujours pas été précisée.
Ce sommet tripartite sur les questions de sécurité entre les trois pays avait été ajourné une première fois en juin.
Cest peut-être de NDjaména
que viendront des informations permettant de mieux comprendre le déroulement des
événements. En effet, les Tchadiens affirment avoir fait 13 prisonniers lors des
affrontements. Et ces prisonniers devraient être conduits ce mercredi à NDjaména
où les autorités envisagent de les présenter à la presse. |
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Nouvelles attaques meutrières, ce mardi 6 août 2002, à la frontières tchado-centrafricaine