APPEL DE LA CONVENTION DES FORCES VIVES CENTRAFRICAINES POUR LA RECONCILIATION NATIONALE

 

Nous, citoyennes et citoyens centrafricains, réunis à Paris le 28 Juillet 2002 ;

-Considérant la situation de crise que connaît la RCA de manière récurrente sepuis plus de quatre décennies et exacerbée par la gestion clanique et patrimoniale de KOLINGBA et PATASSE caractérisée par la division, la haine, l'exclusion et l'impunité;

-Considérant les multiples scandales financiers et détournements des deniers publics orchestrés par les réseaux mafieux agissant au sein de l’Etat et impliquant des personnalités, des hauts fonctionnaires, proches de KOLINGBA et PATASSE, jetant un lourd discrédit sur l’image de la R.C.A. auprès des pays amis et des bailleurs de fonds ;

-Considérant l’incapacité de nos dirigeants actuels à relever le défi de sortie de crise en Centrafrique ;

-Considérant que notre pays est dans une situation de ni paix ni guerre mais qu’il pourrait basculer à tout moment de manière dramatique dans une crise sans précédent et que l’embrasement de notre pays constitue un risque certain de déstabilisation de toute l’Afrique Centrale ;

-Considérant que les conditions démocratiques ne sont pas réunies en Centrafrique pour l’organisation de toutes élections crédibles tant que :

· un véritable dialogue national n’aura pas donné au peuple l’opportunité de s’exprimer souverainement en vue d’une véritable réconciliation nationale ;

· Les armées d’occupation, notamment libyennes et soudanaises, sont stationnées sur le territoire national ;

· Les retours sécurisés des nombreux centrafricain en exil ne sont pas garantis ;

- Considérant que les résultats obtenus, malgré la bonne volonté de la communauté internationale et les impressionnants moyens politiques, financiers et militaires déployés en vue d’aider le peuple centrafricain, restent en deçà des espoirs suscités ;

-Convaincus que seul un véritable dialogue national franc et sincère impliquant toutes les forces vives centrafricaines peut :

· Extirper les racines structurelles du mal et sortir la R.C.A. de la crise ;

· définir et instaurer les conditions propices d’une véritable réconciliation nationale ;

· garantir l’ancrage durable du processus démocratique dans le pays ;

· redonner confiance au peuple centrafricain.

 

LANÇONS UN APPEL SOLENNEL

· A tous les centrafricains de l’intérieur et de l’extérieur pour qu’ensemble ils se mobilisent, s’organisent partout où ils se trouvent et mènent des actions concrètes et convergentes en faveur de la tenue d’un véritable dialogue national franc et sincère préalablement aux élections frauduleuses programmées en Centrafrique.

· Aux partis politiques d’opposition et à la société civile de ne pas cautionner par leur participation à un futur gouvernement, la gestion clanique et patrimoniale de PATASSE.

· Au Président Ange Félix Patassé de souscrire entièrement à l’initiative d’un tel dialogue prôné par ses pairs de la C.E.M.A.C., de l’Union Africaine et de l’O.N.U.

· A la communauté internationale de ne plus continuer à cautionner en Centrafrique les démocraties de façade derrières lesquelles nos dirigeants, sous prétexte d’être« démocratiquement élus » violent les droits humains dans l’impunité totale, confisquent nos libertés et pillent notre pays.

· Aux partenaires de développement et aux bailleurs de fonds de conditionner toute aide et coopération d’une part, à la tenue préalable d’un véritable dialogue national pouvant garantir la mise en place des conditions démocratiques d’un meilleur usage des efforts consentis en faveur du peuple centrafricain, et au démantèlement des réseaux mafieux d’autre part.

Lettre du comité de la Convention des Démocrates Centrafricains pour la Réconciliation Nationale au Président (6 août 2002)


Dossier Centrafrique en crise - Question de réconciliation nationale 2002