Bangui autorisée à fêter le nouvel an 2002 sans couvre-feu - et les petits mots de fin 2001

Une année s'achève. Les centrafricains croient encore au changement et à l'amélioration de leurs conditions de vie. Malgré la recrudescence de la délinquance et du banditisme qui tend à devenir ordinaire à Bangui, tout le monde veut assister au passage du témoin 2001-2002, aux couleurs du défunt franc français et désormais de l'euro (€). Après les révélations du premier ministre Martin Ziguélé, les critiques du président de l'Assemblée nationale Luc Apollinaire Dondon Konamabaye, c'est le président de la République Ange-Félix Patassé qui décrète et qui précise ses préoccupations pour le nouvel an 2002.

Patassé : appel, affaire Bozizé et un réveillon au rythme des balles perdues à Bangui

Le président Patassé promet la paix et le bonheur aux centrafricains
Dans son intervention traditionnelle de fin d'année, le chef de l'état tenait à rassurer et prévenir. Le président Patassé souhaite que revienne la paix, condition nécessaire pour la mise en application de sa politique de développement; rappelle-t-il que des projets permettant de sortir de la crise existent. Il prône l'unité du pays, appelle à la réconciliation et souligne que l'année 2002 est pleine d'espoir.

Malgré l'appel lancé, les centrafricains ont la peur au ventre : à qui le tour demain ? L'unité ne peut se réaliser contre un pan entier de la population avec des propos incendiaires ou d'exclusion. Le chef de l'état demeure l'élu et le garant. C'est lui seul qui aura à rendre compte du mandat qui lui a été confié par le peuple.

Bangui en réjouissances. Bangui sous des détonations d'armes à feu. Un mélange de joie et de crainte : les armes en grand nombre dans les quartiers continuent à circuler et font peur. Malgré l'interdiction du chef de l'état, peu avant minuit, des tirs nourris ont été entendus - sans doute des coups de feu tirés en l'air en signe de joie, mais les balles perdues peuvent causer d'énormes dégâts. A suivre.
(31 déc. 2001)


Levée du couvre-feu en Centrafrique pour le réveillon du Nouvel an (AFP, Bangui, 31 dé. 2001 - 12h07)
Le couvre-feu en vigueur en Centrafrique depuis le putsch manqué du 28 mai a été levé exceptionnellement par décret présidentiel pour le réveillon du Nouvel an, afin de permettre aux Centrafricains de fêter le passage à l'an 2OO2, a-t-on appris lundi de source officielle à Bangui.

Le couvre-feu avait été imposé dans un premier temps de 18H00 à O6h00 du matin, puis allégé, d'abord de 21H00 à O5H00 puis de 24H00 à O5H00.

Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a décrété qu'il serait suspendu dans la nuit du 31 décembre au 1er Janvier.


Le président du parlement à Bangui critique les malversations (PANA, Bangui, 31 déc. 2001)

Le président de l'Assemblée nationale centrafricaine, Luc Apollinaire Dondon Konamabaye, a sévèrement critiqué ce week-end "la gestion chaotique" des finances publiques de la République centrafricaine.

M. Konamabaye qui clôturait la session budgétaire du parlement a déclaré que "des caisses parallèles sont ouvertes pour alimenter des comptes personnels au détriment du Trésor public", ajoutant que "le paiement de nombreux titres fictifs prend le pas sur le règlement des engagements de l' Etat".

La déclaration du président du parlement fait suite à la non présentation par le gouvernement de la loi de règlement destinée à constater les résultats financiers de l'exercice 2001 par les députés.

Récusant les justifications avancées par les responsables du Trésor, notamment le manque de cadres compétents, M. Konamabaye s'est dit persuadé "que le refus de présenter la loi de règlement a pour cause essentielle la gestion chaotique des deniers de

l'Etat et l'impossibilité dans laquelle le Trésor public se trouve de justifier la moralité des dépenses qu'il effectue".

"Le Gouvernement doit s'atteler à réprimer sans faiblesse ces comportements et faire en sorte que la vertu soit récompensée et le vice sévèrement puni", a déclaré le président de l'Assemblée nationale.

Tout en regrettant les troubles politico-militaires qui ont émaillé l'année 2001 en Centrafrique et ont bousculé le calendrier des institutions, M. Konamabaye a noté "avec amertume que le projet de loi de finances pour l'exercice 2002 ne sera pas adopté avant la fin l'année pour cause de dépôt tardif" par le Gouvernement.

Les députés sont obligés de tenir, dès le 2 janvier 2002, une 3è session extraordinaire en l'espace de 7 mois, indique-t-on.

La première avait eu lieu en juin 2001 pour examiner les conséquences de la tentative de coup d'Etat du 28 mai de la même année et une seconde en septembre dernier pour revoir à la baisse les prévisions du budget 2001.

On rappelle que ce budget a finalement été ramené de 119.568.400.000 F CFA (environ 161 millions de dollars US) à 94.465.272.000 F CFA (environ 127 millions de dollars US) pour les recettes et de 135.071.868.000 F CFA (environ 182 millions de dollars US) à 109.988.403.000 F CFA (environ 148 millions de dollars US) pour les dépenses.

La convocation par le président de la République d'une nouvelle session extraordinaire intervient sur fond de querelle entre le Gouvernement et l'Assemblée nationale qui se rejette la responsabilité du retard accusé dans l'examen du projet de loi de finances pour l'exercice 2002.

La réunion des présidents de groupe parlementaire, à la suite d'âpres négociations, a donné son accord le jeudi 27 décembre, pour la convocation d'une session extraordinaire en début janvier.

Evoquant l'actualité politique, M. Konamabaye a, au nom de ses collègues, exprimé sa "satisfaction" après la mesure gouvernementale mettant un terme aux poursuites engagées contre les auteurs des événements du 2 novembre 2001 et la libération le mardi 25 décembre 2001 du député Jean Serge Wafio, premier vice-président de l'Assemblée nationale.

M. Wafio avait été arrêté le 6 novembre 2001 pour son implication présumée dans la rébellion armée déclenchée le 2 novembre par l'ex-chef d'état-major des Forces armées centrafricaine, François Bozizé, aujourd'hui réfugié au Tchad.

Il a été remis en liberté après que le Procureur général près la Cour d'Appel de Bangui eût jugé "inopportune" la procédure engagée dans l'affaire Bozizé.


Les militaires invités à ne pas tirer en l'air pour la Saint-Sylvestre (AFP, Bangui, 3O déc. 2001 - 18h53)
Les militaires centrafricains ont été invités dimanche par leur hiérarchie à ne pas troubler la quiétude des citoyens en procédant à des tirs intempestifs pendant le réveillon du Nouvel an, lundi soir à Bangui, comme ils le font les années précédentes.

Le magazine des armées, une émission radio-diffusée, a demandé aux soldats de mieux se comporter le jour du réveillon pour ne pas créer "un traumatisme psychique chez les enfants", ou "provoquer la mort des personnes âgées qui souffrent de maladies cardiaques".

Par ces tirs intempestifs, "vous aurez ainsi tué une ou deux personnes et troublé la fête de quelqu'un qui voulait réveillonner jusqu'au matin", a déploré le présentateur.

Ce dernier a rappelé que les armes et munitions étaient des biens publics. "Si vous êtes 4OO à vider quatre chargeurs chacun, l'Etat aura dépensé 24,8 millions de francs CFA (37.800 EUR) en une nuit sans tuer un seul ennemi", a-t-il déclaré.

Depuis les trois mutineries militaires de 1996-97, des tirs nourris d'armes automatiques occasionnent à Bangui des blessures et des décès accidentels dans les bars lors des réveillons de fin d'année.


Le président de l'Assemblée nationale : la Commission d'enquête sur le putsch doit céder sa place (AFP, Bangui, 3O déc. 2001 - 18h47)

Le président de l'Assemblée nationale centrafricaine, Luc Appolinaire Dondon Konamabaye, a estimé dimanche à Bangui que la Commission mixte d'enquête judiciaire sur le putsch manqué du 28 mai devait céder sa place aux juridictions compétentes.

"Je voudrais prier le gouvernement de rappeler au président de la Commission mixte d'enquête judiciaire que le mandat qui lui est accordé pour enquêter sur les événements du 28 mai 2OO1 est arrivé à expiration", a déclaré M. Dondon à la clôture des travaux de la deuxième session ordinaire de l'Assemblée nationale.

"Il doit déposer son rapport et s'abstenir de toute déclaration afin de permettre aux institutions judiciaires compétentes d'instruire l'affaire et de tirer les conclusions qui s'imposent", a ajouté M. Dondon.

Instaurée le 8 juin pour une durée initiale de trois mois, et prorogée pour trois mois supplémentaires le 13 septembre, la Commission d'enquête a procédé à des dizaines d'arrestations depuis le putsch manqué attribué par Bangui à l'ancien président André Kolingba.

Le mandat de cette Commission d'enquête controversée est normalement arrivé à expiration le 13 décembre. Mais la fin de sa mission n'a donné lieu à aucune annonce officielle et la Commission a apparemment poursuivi sa mission depuis cette date.

Le président de l'Assemblée nationale a salué la décision des autorités de mettre un terme aux poursuites judiciaires contre l'ancien chef d'état-major François Bozizé et ses partisans armés, tout en déplorant l'annonce de cette mesure par le président de la Commission d'enquête, le procureur général Joseph Bindoumi.

"Cette déclaration suivie de commentaires contradictoires a semé le doute dans les esprits (...) créant un climat malsain quant au règlement de cette affaire", a-t-il estimé, avant de réclamer "des actions concrètes" pour "régler définitivement cette situation".


Actualité Centrafrique - Dossier 8