Miriam Makeba, « Mama Afrtica », « Voix d’Afrique », décède à 76 ans peu après s’être produite sur scène à Caserte, non loin de Naples (Italie)

 


Miriam Makeba, Mama Africa
(Miriam Makeba © Reuters)

 

Nelson Mandela et l'Afrique du Sud pleurent la chanteuse Miriam Makeba

JOHANNESBURG (AFP), 10 novembre 2008 - L'ancien président Nelson Mandela et de nombreuses personnalités sud-africaines ont rendu hommage lundi à "une des plus grandes artistes de la chanson", la chanteuse et militante anti-apartheid Miriam Makeba, décédée dans la nuit de dimanche à lundi à 76 ans en Italie.

"Elle était la première dame sud-africaine de la chanson et elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation", écrit Nelson Mandela dans un communiqué.

"Pendant plusieurs décennies, depuis les années où nous étions en prison, Mama Miriam était très présente dans nos vies et nous aimions ses représentations émouvantes quand elle était au pays", a poursuivi le premier président noir d'Afrique du Sud.

"Ses mélodies obsédantes ont fait résonner la douleur de l'exil et de la distance qu'elle a ressentie pendant 31 ans. En même temps, sa musique nous a tous donné un profond sentiment d'espoir", a-t-il rappelé.

Voix légendaire du continent africain, bannie par le régime d'apartheid en raison de son apparition dans un film dénonçant la ségrégation, la chanteuse a perdu la citoyenneté sud-africaine en 1960 quand elle voulut rentrer au pays pour les obsèques de sa mère. Elle passa notamment ses années d'exil aux Etats-Unis et en Guinée.

Pour la ministre des Affaires étrangères Nkosazana Dlamini Zuma, "une des plus grandes artistes de la chanson de notre époque Miriam Makeba s'est arrêtée de chanter".

Elle est "morte en faisant ce qu'elle savait le mieux - elle était douée d'une capacité à faire passer un message positif par le chant", a souligné la ministre dans un communiqué, qui a présenté ses condoléances au nom du président Kgalema Motlanthe.

"Toute sa vie, Mama Makeba à donné au monde, à travers son art, une image positive de la lutte du peuple d'Afrique du Sud et a proclamé la certitude de la victoire sur les forces sinistres de l'apartheid", écrit la ministre.

Le Congrès national africain (ANC), à la pointe de la lutte contre l'apartheid et au pouvoir depuis l'élection à la présidence de Nelson Mandela en 1994, a également loué la chanteuse.

"L'ANC va chérir à jamais la contribution faite par Miriam Makeba dans la lutte pour la liberté et la construction de notre démocratie", a indiqué le parti dans un communiqué.

Ses amis artistes et les journaux sud-africains ont également salué la mémoire de "Mama Africa", comme elle était surnommée. "Elle est une légende. Elle va beaucoup, beaucoup nous manquer", a déclaré à la radio SAFM la diva sud-africaine Yvonne Chaka Chaka.

Le quotidien The Star a publié une édition spéciale, intitulée "Mort de Mama Africa", la couronnant "impératrice de la chanson africaine" et le journal The Sowetan a porté cette "mère, amie et femme extraordinaire", au rang d'"icône". La chanteuse est décédée d'une crise cardiaque après un concert pour l'écrivain menacé de mort par la mafia Roberto Saviano, près de Naples (sud).

 


 

Miriam Makeba nous a quitté

Combattante jusqu'au bout

 

http://www.rfimusique.com- 10/11/2008 - 

 

Miriam Makeba a succombé le 9 novembre à une crise cardiaque à la suite d'un concert en Italie. Elle avait 76 ans. "Mama Africa", comme certains la surnommaient, avait été la première chanteuse africaine à rencontrer un succès international. Mais la grande dame fut aussi une combattante de tous les instants, se servant de sa notoriété pour défendre ses convictions sur la planète entière.

 

Miriam Makeba avait un double statut : première chanteuse africaine à avoir obtenu un succès international, applaudie sur les scènes du monde entier pendant près de quatre décennies, l’auteur de Pata Pata était aussi le symbole de la lutte contre l’apartheid. “Ma vie, ma carrière, chaque titre que je chante et chaque concert sont liés au destin de mon peuple”, expliquait-elle dans son autobiographie, Makeba My Story, publiée en 1988.

Chaque fois que l’opportunité s’est présentée, l’artiste sud-africaine s’est fait fort de prendre la parole pour dénoncer le système de ségrégation raciale appliqué dans son pays. Ce n’est pas seulement sa voix de "songbird" que l’on venait écouter, mais aussi les mots d’une combattante longtemps bannie de son pays, apôtre d’une Afrique libre et indépendante qu’elle appelait de ses vœux à l’unité.

Avec le temps, elle était devenue "Mama Africa". Assumant pleinement ce rôle, elle fut distinguée de nombreuses fois pour son engagement constant : le prix Dag Hammarskjöld, le grand prix du Conseil international de l’Unesco… En 2002, elle avait reçu les insignes de commandeur de la Légion d’honneur des mains du président français Jacques Chirac.

A 73 ans, Miriam Makeba avait annoncé son intention se retirer de la scène, mais elle tenait d’abord à saluer son public dans tous les pays où elle s’était produite. Lancée en septembre 2005, sa longue tournée d’adieux dura quatorze mois. Un véritable périple, à l’image de son existence.

Début à Soweto

Née à Soweto le 4 mars 1932, elle commence véritablement à chanter à 22 ans au sein des Manhattan Brothers, un ensemble vocal très populaire. L’époque est au township jazz, mariage du swing et des mélodies traditionnelles. Avec le quartet féminin des Skylarks, avec la revue African Jazz & Variety, la jeune femme multiplie les expériences.

Sollicitée par le réalisateur américain Lionel Rogosin pour interpréter deux de ses chansons dans Come Back Africa (coécrit par le romancier essayiste Lewis Nkosi), elle parvient à se rendre en 1959 au festival de Venise où le documentaire est projeté, sans se douter des répercussions de sa participation à ce long-métrage qui fait découvrir les conditions de vie des Noirs en Afrique du Sud.

Quelques mois plus tard, alors que la chanteuse enchaine les contrats aux Etats-Unis, son ambassade lui confisque son passeport, l’empêchant de retourner dans son pays assister à l’enterrement de sa mère. L’avertissement est clair mais Miriam Makeba ne veut plus se taire. En 1963, devant le Comité Spécial pour la décolonisation des Nations Unies, elle exhorte la communauté internationale à agir contre l’apartheid et "ses

dirigeants fous" parle d’un Etat transformé "en vaste prison". En représailles, Pretoria la déchoit de sa nationalité, interdit la vente à la diffusion de sa musique.

Exil

L’exil donne à l’artiste une autre dimension, d’autant plus que sa carrière outre-Atlantique est bien lancée. Au premier album éponyme commercialisé en 1960 par la major RCA avec le soutien des musiciens d’Harry Belafonte, qui l’a prise sous sa protection, succède The Many Voices of Miriam Makeba. On lui demande de venir chanter à l’anniversaire du président Kennedy.

Puis vient The World of Miriam Makeba, produit par Hugo Peretti et Luigi Creatore, qui

avaient adapté le classique sud-africain Mbube pour en faire le hit The Lion Sleeps Tonight interprété par les Tokens. C’est dans ce créneau qu’on cherche à inscrire son répertoire qu’elle chante en zoulou, en xhosa, en anglais, en espagnol, en portugais… La recette fonctionne.

Sorti en 1965, An Evening With Belafonte/Makeba est récompensé par un Grammy Award dans la catégorie folk traditionnel. L’année suivante, Pata Pata devient un tube, à tel point qu’il occultera souvent le reste de son répertoire. La chanson sera reprise des centaines de fois, de Tito Puente à Manu Dibango, en passant par Sylvie Vartan (Tape tape, 1967).

Sa notoriété lui vaut d’être souvent l’hôte de nombreux chef d’Etats africains avec lesquels elle entretient des relations d’amitiés – ce qui lui sera parfois reproché – , de jouer lors de l’inauguration de l’Organisation de l’unité africaine à Addis-Abeba, lors des fêtes des indépendances. Invitée par le président Sékou Touré à venir vivre en Guinée, elle accepte sa proposition en 1969, fuyant les Etats-Unis où sa situation avait tout à coup changé.

Après avoir divorcé du saxophoniste sud-africain Hugh Masekela, elle a épousé Stokely Carmichael, activiste des Black Panthers. Le couple est surveillé par le FBI, les galas de Miriam Makeba sont étrangement annulés. Si elle continue à se produire souvent à travers le monde, comme à Kinshasa lors du mythique combat de boxe entre Mohammed Ali et George Foreman, son retour sur le sol africain marque le début d’une période moins prolifique sur le plan artistique.

Pour Sylliphone, le label national guinéen, elle enregistre une trentaine chansons et sort deux albums : en 1971, L’Appel à l’Afrique, en public au Palais du peuple de Conakry, puis en 1975 Miriam & Bongi, en duo avec sa fille, dans lequel elle reprend Jeux interdits et L’Enfant et La Gazelle, chanté auparavant par Nana Mouskouri. Avec la tournée Graceland de Paul Simon, elle réapparait au premier plan à la fin des années 80 et retourne en studio pour Sangoma, un disque de musique traditionnelle xhosa.

Retour au pays

Dans son pays, la victoire contre l’apartheid est proche. Quatre mois après la libération de Nelson Mandela, le leader de l’ANC, la chanteuse foule enfin sa terre natale, au terme d’un exil qui a duré plus de 30 ans. Honorée par ses compatriotes qui ne l’ont pas oubliée et devant lesquels elle peut enfin se produire en 1991, elle entend profiter de son retour, de sa famille, mais tient à défendre de son mieux cette nouvelle Afrique du Sud qu’elle a si longtemps espérée. L’année suivante, elle joue aux côté de Whoopi Goldberg dans Sarafina, un film basé sur les événements de Soweto qui se sont déroulés en 1976, lorsque les manifestations de la jeunesse noire furent violemment réprimées.

Régulièrement, elle revient dans l’actualité musicale. Pour les concerts suivant Homeland, son dernier album en date publié en 2000 sur lequel figurent deux compositions de Lokua Kanza, elle est accompagnée par un orchestre qu’elle appelle sa "petite OUA", avec des musiciens camerounais, malgache, mozambicain, sénégalais… Panafricaine dans l’âme, pionnière de la world music, Miriam Makeba est restée jusqu’à la fin de sa vie une artiste militante, ambassadrice de tout un continent.

 

 

 


 

La chanteuse Miriam Makeba est décédée

Reuters, Yahoo! Actualités, Lundi 10 novembre, 12h10

La chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, grande figure de la lutte contre l'apartheid, est morte dimanche en Italie à l'âge de 76 ans.

Celle qu'on surnommait "Mama Africa" fut la première musicienne noire sud-africaine à obtenir une reconnaissance internationale, dès la fin des années 1950 aux Etats-Unis. Ses plus grands succès, dont "Pata Pata", firent le tour du monde.

Elle passa 31 ans de sa vie en exil, entre 1959 et 1990, pour ses prises de position publiques contre le régime ségrégationniste blanc.

L'une de ses chansons réclamait la libération de Nelson Mandela, emprisonné pendant 27 ans pour son combat contre l'apartheid avant de devenir le premier président de la nation "arc en ciel".

Miriam Makeba est morte d'une crise cardiaque dans une clinique de Castel Volturno peu après s'être produite en concert à Baia Verde, près de Caserte dans la région de Naples.

Ce concert avait été organisé en soutien à l'écrivain Roberto Saviano, l'auteur de "Gomorra", livre sur le crime organisé dans le sud de l'Italie, qui a été porté à l'écran et a valu des menaces à l'écrivain.

"C'est une crise cardiaque, mais elle n'était pas bien depuis longtemps", a déclaré son agent, Mark Lechat, à Reuters, précisant qu'elle souffrait d'arthrite.

Les radios sud-africaines ont multiplié les hommages à l'annonce de son décès. De nombreux messages d'auditeurs ont été lus à l'antenne, témoignant de l'attachement du pays à l'une de ses plus grandes stars.

JAZZ ET TRADITION

Miriam Makeba était née le 4 mars 1932 dans un bidonville des environs de Johannesburg.

Fille d'une femme de ménage, elle avait débuté dans la chorale de l'école et appris son art en écoutant des enregistrements de chanteuses américaines comme Ella Fitzgerald.

Son style mélangeait le jazz avec des sons traditionnels africains. Sa manière d'inclure les "clics", des claquements de langue propres à la langue Xhosa, lui valut notamment la notoriété.

Elle commença à attirer l'attention d'un large public en devenant chanteuse d'un groupe célèbre dans son pays, les Manhattan Brothers, puis perça sur la scène internationale quand Harry Belafonte la fit venir à New York en 1959.

Elle ne regagna plus son pays avant 1990, ses prises de position contre le régime d'apartheid la condamnant à l'exil, de l'Europe aux Etats-Unis.

En 1969, elle se maria avec le militant américain des Black Panthers Stokely Carmichael et le couple s'installa dans la Guinée de Sékou Touré avant de se séparer cinq ans plus tard.

Miriam Makeba, qui racontait que son premier mari la frappait souvent, avait divorcé à quatre reprises.

Version française Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse

 


 

Miriam Makeba décède à l'âge de 76 ans

 

Lundi 10 novembre, 08h06, Reuters - La chanteuse sud-africaine Miriam Makeba est morte en Italie à l'âge de 76 ans, a déclaré lundi son agent à une radio sud-africaine.

Talk Radio 702 a indiqué que Makeba était morte d'une crise cardiaque peu après s'être produite en concert près de la ville de Caserte, non loin de Naples.

"Je ne suis pas encore absolument certain des causes de son décès, mais elle souffrait d'arthrite, d'arthrite aiguë depuis un certain temps", a déclaré pour sa part son agent à la radio.

L'agence de presse italienne Ansa rapporte que la chanteuse a succombé à la clinique Pineta Grande où elle avait été admise à la suite d'un malaise, à l'issue d'un concert contre le racisme et contre le crime organisé, qui avait eu lieu à Castel Volturno près de Caserte.

Ce concert avait été organisé en soutien à l'écrivain Roberto Saviano, l'auteur de "Gomorra", livre sur le crime organisé dans le sud de l'Italie, qui a été porté à l'écran et a valu des menaces à l'écrivain.

Makeba était née le 4 mars 1932 dans un bidonville des environs de Johannesburg. Elle a été le premier chanteur sud-africain noir à accéder à la notoriété internationale. Surnommée "Mama Africa", elle fut contrainte à l'exil en 1959 pour son engagement contre l'apartheid. Elle a passé ensuite trois décennies en exil, avant de revenir dans son pays au début des années 1990, à la suite de la fin de l'apartheid.

Serena Chaudhry, version française Eric Faye

 


 

Voix de l'Afrique, Miriam Makeba décède d'une crise cardiaque à l'issue d'un concert en Italie

ROME (AFP), 10 nov. 08 h 20 - Miriam Makeba, voix légendaire du continent africain et mondialement connue comme "Mama Africa", est décédée en Italie à 76 ans en sortant de scène, juste après avoir chanté sur les terres de la mafia napolitaine pour l'écrivain menacé de mort par la Camorra Roberto Saviano.

Devenue un des symboles de la lutte apartheid, Miriam Makeba, chanteuse sud-africaine née à Johannesburg le 4 mars 1932 et dont le titre phare "Pata, Pata" a fait le tour de la planète, n'aura de cesse de plaider dans ses chansons pour l'amour, la paix et la tolérance.

C'est presque sur scène qu'elle est décédée dans la nuit de dimanche à lundi, après avoir chanté en compagnie d'autres artistes lors d'un concert antimafia dédié au jeune écrivain du bestseller "Gomorra", Robero Saviano, à Castel Volturno près de Naples (sud).

"Elle avait été la dernière à monter sur scène, après les passages des autres chanteurs. Il y a eu un rappel et à ce moment-là quelqu'un a demandé au micro s'il y a avait un médecin dans l'assistance. Miriam Makeba s'était évanouie et gisait sur le sol", selon un photographe de l'AFP.

Rapidement transportée à la clinique Pineta Grande de Castel Volturno, la chanteuse est décédée peu après des suites d'une crise cardiaque, selon Ansa.

Environ un millier de personnes avaient assisté à ce concert donné sur une commune considérée comme un des fiefs de la mafia napolitaine, la Camorra, et où six immigrés africains et un Italien ont été abattus dans des conditions encore obscures en septembre dernier.

Dans "Gomorra", Roberto Saviano plonge le lecteur dans l'empire de la Camorra avec ses trafics, ses chefs, nommément cités, et ses clans. Le livre, traduit en une quarantaine de langues, a été adapté au cinéma et a obtenu le prix du jury au dernier festival de Cannes avant d'être choisi pour représenter l'Italie aux Oscars.

Miriam Makeba avait accepté de participer à ce concert dédié au combat de Roberto Saviano, en compagnie de sept de ses musiciens.

De son vrai prénom "Zenzi" (diminutif de Uzenzile), Miriam Makeba avait vu le destin de son pays basculer en 1947 avec l'arrivée au pouvoir des nationalistes afrikaners. A vingt-sept ans, elle quitte l'Afrique du sud pour les besoins de sa carrière, sans savoir qu'elle va être bannie de son pays pour ses prises de position anti-apartheid.

Un exil qui durera 31 ans et qui la fera vivre un peu partout, de l'Europe aux Etats-Unis. La chanteuse sonnait un véritable succès, même si son mariage en 1969 avec le leader des Black Panthers Stokely Carmichael - dont elle se séparera en 1973 - n'est pas du goût des autorités américaines et la pousse à émigrer en Guinée.

Après la mort de sa fille unique en 1985, elle retourne vivre en Europe. En 1990, Nelson Mandela avait réussi à la convaincre de revenir en Afrique du sud.

Miriam Makeba était devenue Commandeur des Arts et des Lettres en 1985 et avait obtenu la nationalité française en 1990.


Miriam Makeba, « Mama Africa », militante antiapartheid, combattante de liberté, nous quitte depuis une scène napolitaine en Italie à l’âge de 76 ans (1932-2008). Toute l’Afrique et le monde épris de paix la pleurent 


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