L’historienne Adame Ba Konaré met Nicolas Sarkozy au défi et lance un appel aux historiens africains pour un recueil

 


 

L'épouse de l'ex-président malien met Nicolas Sarkozy au défi

 

Bamako, Reuters - Dimanche 23 septembre 2007

Adame Ba Konaré, historienne et épouse de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, a invité dimanche les historiens africains à participer à la rédaction d'un manuel d'histoire sur leur continent destiné à "mettre à niveau" les connaissances de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique.

 

 

L'invitation, rendue publique lors d'une conférence de presse à Bamako, fait suite aux propos tenus par le chef de l'Etat français en juillet dans l'enceinte de la prestigieuse université Cheick Anta Diop à Dakar.

 

L'orateur, dont c'était la première visite en Afrique sub-saharienne depuis son élection en juin, y avait affirmé que l'Afrique était à la marge de l'Histoire, qu'elle était immobile, stationnaire.

 

"Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Le paysan africain (...) ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles", avait affirmé le successeur de Jacques Chirac devant un parterre d'intellectuels sénégalais.

 

Pour Adame Ba, dont l'époux préside aujourd'hui la Commission de l'Union africaine, "ce sont des affirmations qui reposent sur des poncifs, sur les théories euclidiennes sur l'Afrique, sur l'imagerie coloniale, qui disaient que l'Afrique n'avait pas d'Histoire, qu'il fallait venir admirer l'enfance du monde en Afrique, que l'Africain était installé dans l'immobilisme et qu'il n' y avait pas de dynamisme dans les sociétés africaines...".

 

L'historienne a expliqué que sa démarche, qu'elle a qualifiée de scientifique, consistait précisément à produire des connaissances censées s'opposer à des affirmations qui, selon elle, ne reposaient que sur des "pseudo-théories".

 

"Donc, l'objectif c'est d'inviter mes collègues historiens à produire chacun un article dans son domaine de compétence académique avant fin 2007. Lorsque tous les textes seront rassemblés, nous en ferons un recueil à paraître courant 2008.

 

"Et nous prendrons les mesures adéquates pour acheminer un exemplaire de cet ouvrage collectif vers le président Sarkozy et les autorités françaises, afin de les mettre à niveau de connaissance avec l'Histoire de l'Afrique", a ajouté l'universitaire.

 

De nombreux intellectuels africains avaient été choqués par le discours de Dakar du nouveau chef de l'Etat français, dont les thèses avaient été jugées par certains comme condescendantes et dépassées.

 

 


 

L'historienne malienne Adame Ba Konaré, ex-première dame du Mali, défie Sarkozy suite à son discours de Dakar

Culturefemme, par Mwana le 23/09/2007

http://www.culturefemme.com/actualites/detail.php?id=10931

 

Elle demande aux historiens africains d'écrire un livre collectif pour mettre à jour les connaissances du président français sur l'Afrique.

 

"Si nous nous taisons, ce sera l’histoire qui nous jugera du haut de son tribunal. Si nous nous taisons, ce sera ne pas faire honneur à la mémoire de tous nos devanciers, parmi lesquels Joseph Ki-Zerbo et Cheikh Anta Diop, qui se sont lancés corps et âme dans la bataille de la réhabilitation de l’histoire africaine".

 

Ainsi s’exprimait le Pr Adame Ba Konare dans son appel aux historiens.

 

Adame Ba Konaré s'est fait connaître pas seulement comme l'épouse d'Alpha Oumar Konaré l'ex-président du Mali (et actuel président de la Commission de l'Union africaine), mais aussi par son brillant parcours socio-professionnel en tant qu'historienne, universitaire et écrivaine.

 

Fervente défenderesse d'une Afrique qui a droit à dire sa propre parole, Adame Ba Konaré, réagissant au très controversé discours de Sarkozy lors de son passage à Dakar, a invité dimanche les historiens africains à participer à la rédaction d'un manuel collectif d'histoire sur l'Afrique.

 

Pour Adame Ba Konaré qui a exposé son idée lors d'une conférence de presse à Bamako, ce manuel d'histoire aura pour principal but de mettre à niveau les connaissances de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique.

 

Pour rappel, même si la presse française s'en fait peu l'écho, en Afrique, le discours de Nicolas Sarkozy juillet dernier devant des étudiants de l'université Cheick Anta Diop à Dakar continue de susciter la polémique. En effet, pour beaucoup, le discours de Sarkozy, qui se voulait novateur, s'est au final borné à ressortir les mêmes poncifs sur le continent noir, vu comme un vaste pays incapable de se prendre en main.

 

Morceaux choisis : "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Le paysan africain ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles".

 

Pas difficile dès lors de comprendre que beaucoup, comme Adama Ba Konaré, compare ce discours à un langage reposant sur une "imagerie coloniale" qui a toujours voulu voir l'Afrique comme une terre sans histoire (NDRL : jusqu'à preuve du contraire, ce continent est le berceau de l'humanité, et a abrité des royaumes qui n'ont rien à envier aux plus puissants de ce monde. De même, il n'est un secret pour personne que la culture grecque, grande inspiratrice de la culture européenne, a largement puisé dans les savoirs de l'Egypte pharaonique noir. De même, seuls ceux qui voient l'Afrique sous le prisme des médias occidentaux peuvent penser que les habitants de ce continent vivent dans un attentisme de tous les jours).

 

Selon Adame Ba Konaré, chaque historien invité est appelé à sortir un article dans son domaine de compétence, et l'ensemble des articles paraîtra courant 2008 sous forme de recueil qui ne manquera pas d'être acheminé au président français, afin de l'aider à mettre à niveau ses connaissances sur l'Afrique.

 

On en pense quoi à Culturefemme.com?

Qu'on ne manquera pas de chroniquer ce recueil, une fois publié. Toutefois, même si l’idée en elle-même a le mérite d’exister, on ne peut s’empêcher de penser qu’on est une fois de plus dans un contexte de "réaction" à l'autre.

 

On s’explique : le futur livre est destiné à mettre à niveau les connaissances de Sarkozy, à prouver à "l’autre", qui nous a "blessé", qu’il a tort de penser ça de nous.

 

Ce futur livre d’après ce qui en ressort, s’adresse d’abord aux occidentaux, et non aux Africains. Or, s’il y a une chose que l’Afrique gagnerait à pratiquer aujourd’hui, c’est, sans minimiser le regard de l’autre, apprendre à s’en passer. Ce n’est pas l’autre qui doit nous définir, mais nous-mêmes. On doute fort qu’un recueil, si scientifique soit-il, vienne à bout de siècles de préjugés sur le continent noir. Or si les Africains apprenaient enfin à se détacher de ce regard jugé "passéiste" que l’autre pose sans cesse sur eux, ils seraient plus préoccupés à continuer de conscientiser les leurs, qu’à sortir des ouvrages pour essayer de montrer à un président européen que son discours est dépassé.

 

Bref, la sempiternelle histoire d’arriver à vivre selon son propre système de référence idéologique, quoiqu’en pense l’autre. Et puis, comme on dit crûment : "le chien aboie, la caravane passe". Au final, c’est la capacité à être maître de son devenir qui compte. L’Asie n’a pas attendu de rétorquer à tous les détracteurs de ses façons de faire, elle a patiemment mis en œuvre les moyens d’émerger économiquement, pour les résultats que l’on voit. © J.Z et Mwana - Culturefemme.com

 

 


 

Historienne et ex-première dame du Mali, Adame Ba Konaré défie Sarkozy

L'ex-première dame du Mali, Adame Ba Konaré a lancé un « appel aux historiens » pour répondre au discours du président français Nicolas Sarkozy, prononcé à Dakar le 26 juillet dernier lors d'une visite au Sénégal, a appris Ouestafnews de source informée.

Par : Ouestafnews

Par son discours, le président français ? a « brutalement » démontré aux Africains que la France a de leur continent « une vision étonnamment statique, alors même que foisonnent depuis maintenant plusieurs décennies, moult écrits et moult débats sur elle et sur son sol », écrit Adame Ba Konaré, dans un texte publié à Bamako par le quotidien privé malien Les Echos.
Le président français avait prononcé devant des étudiants de l'université de Dakar ainsi que d'autres invitésun discours ? qui a suscité une vive polémique et de vives réprobations sur l'ensemble du continent. D'éminents intellectuels africains avaient ainsi immédiatement réagi à ce discours, le trouvant décalé et rétrograde pour les uns, paternaliste voire colonialiste pour certains et simplement raciste pour les autres.
Ecrivain et professeur d'histoire, Mme Ba Konaré s'insurge à son tour face à la description faite de l'Afrique par Sarkozy, qui selon elle interpelle les historiens africains qui ont « en premier lieu (…) la charge de gérer la mémoire de l'Afrique ».
« Intervenir dans ce débat est un devoir à la fois scientifique et militant. Si nous nous taisons, ce sera l'histoire qui nous jugera du haut de son tribunal », poursuit l'historienne qui demande à ses collègues de la rejoindre dans un Comité pour la Défense de la Mémoire de l'Afrique.
Mais auparavant l'épouse de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré (actuel président la Commission de l'Union africaine) souhaiterait que les historiens africains s'engagent dans la production d'un ouvrage scientifique portant sur des thèmes qu'elle juge cruciaux pour répondre au chef d'Etat français : parmi les thèmes qu'elle cite figurent entre autres - « L'Africain et la reproduction du temps mythique », « L'Africain et la corruption» ; « ce que la colonisation a apporté à l'Afrique» ; « L'Africain et la raison» ; « L'Africain et le règne de la nature. » ; « L'Africain et les droits de l'homme, la démocratie, la liberté et la justice. ».
Mme Adame Ba Konaré née en 1947 à Ségou (240 kms de Bamako) est déjà auteur de plus d'une demi-douzaine d'ouvrages dont une partie porte sur l'histoire de son pays.

Mercredi 19 Septembre 2007

Source : Ouestaf News  http://www.ouestaf.com
[http://www.ouestaf.com/Historienne-et-ex-premiere-dame-du-Mali,-Adame-Ba-Konare-defie-Sarkozy_a932.html]

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L'intégralité du texte de Mme Adame Ba Konaré, historienne et écrivain.
Origine : ouestaf.com -
http://www.ouestaf.com/L-integralite-du-texte-de-Mme-Adame-Ba-Konare-_a933.html
Mercredi 19 Septembre 2007


Ouestafnews vous offre ci dessous l'intégralité d'un texte de Mme Adame Ba Konaré répondant au discours du président français prononcé le 26 juillet à Dakar, et qui interpelle en même temps les historiens africains pour apporter une réponse "scientifique" au propos de Nicolas Sarkoy.

 

Appel aux Historiens

Le discours du président de la République française , Monsieur Nicolas Sarkozy, lors de sa visite à Dakar le 26 juillet 2007 n'a pas manqué de soulever une vive réprobation dans une large partie de l'opinion africaine, par son ton, par ses références à des poncifs vieux de plus d'un siècle que l'Europe tenait sur l'Afrique avant la colonisation, une Afrique alors méconnue et fantasmatique.
Les poncifs les plus saillants du discours « sarkozien », directement hégéliens mais révolus depuis et qui heurtent le plus l'historien de l'Afrique, proclament, entre autres, ceci :
(…) « Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l'homme échappe à l'angoisse de l'histoire qui tenaille l'homme moderne mais reste immobile au milieu d'un ordre immuable où tout semble être écrit d'avance.
Jamais l'homme ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin.
Le problème de l'Afrique et permettez à un ami de l'Afrique de le dire, il est là. Le défi de l'Afrique, c'est d'entrer davantage dans l'histoire. C'est de puiser en elle l'énergie, la force, l'envie, la volonté d'écouter et d'épouser sa propre histoire.
Le problème de l'Afrique, c'est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l'éternel retour, c'est de prendre conscience que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter, ne viendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé.
Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance.
(…) La réalité de l'Afrique, c'est celle d'un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu'il n'arrive pas à se libérer de ses mythes (…) »
Le récent article de Monsieur Jean Marie Bockel, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères et Européennes, chargé de la Coopération et de la Francophonie, paru dans le journal « Le Figaro » du 4 septembre 2007, qui tente de recadrer le discours du Président français, en rajoute au malaise : « l'Afrique interroge, passionne, interpelle. Enfin !
Premier résultat et non des moindres : le continent africain est de nouveau à l'ordre du jour.
Depuis l'intervention du président de la République, l'Afrique est sortie du cénacle des technocrates des « bailleurs de fonds » pour s'inviter à la grande table du débat populaire.
En choisissant à dessein de parler librement, Nicolas Sarkozy a libéré la parole. (…) Prenons acte du retour de l'Afrique dans le débat d'idées. »
De telles déclarations sont révélatrices d'un fait : après plus de cent ans d'histoire partagée avec la France et près de soixante ans de collaboration après les indépendances, l'Afrique se rend compte brutalement que son principal partenaire a d'elle une vision étonnamment statique, alors même que foisonnent depuis maintenant plusieurs décennies, moult écrits et moult débats sur elle et sur son sol.
Face à une telle situation, nous sommes, nous historiens africains, interpellés en premier lieu car ce sont nous, fondamentalement, qui avons la charge de gérer la mémoire de l'Afrique.
Intervenir dans ce débat est un devoir à la fois scientifique et militant pour nous.
Si nous nous taisons, ce sera l'histoire qui nous jugera du haut de son tribunal.
Si nous nous taisons, ce sera ne pas faire honneur à la mémoire de tous nos devanciers, parmi lesquels Joseph Ki-Zerbo et Cheik Anta Diop, qui se sont lancés corps et âme dans la bataille de la réhabilitation de l'histoire africaine.
S'assumer et assumer notre part de responsabilité face à l'histoire, face aux générations montantes, face à la jeunesse, voilà ce que je vous propose, voilà ce que je nous propose.
Réfléchissons, échangeons, partageons sur la base du volontarisme, en adoptant une posture scientifique dépouillée de toute émotion, autour des thèmes suivants que nous retenons dans les débats en cours :
- « L'Africain et la reproduction du temps mythique. » ;
- « L'Africain et la corruption. » ;
- « Ce que la colonisation a apporté à l'Afrique. » ;
- « L'Africain et la raison. » ;
- « L'Africain et le règne de la nature. » ;
- « L'Africain et les droits de l'homme, la démocratie, la liberté et la justice. » ;
-« L'Africain et l'enfermement sur soi. ».
Je propose que chacun d'entre nous, dans son domaine de compétence académique, produise un article au plus tard pour fin décembre 2007, en introduisant, si nécessaire, des grilles de lecture comparative avec d'autres sociétés pour un raccordement juste et équitable à l'histoire universelle.
Cette liste n'est pas exhaustive. Vous voudrez l'enrichir par de nouvelles propositions.
Le recueil, validé par un comité scientifique, fera l'objet d'un ouvrage collectif à paraître courant 2008 et sera versé dans le dossier du partenariat France/Afrique.
Une fois le livre paru, les auteurs, pour ceux qui le désirent, se dissoudront avec moi dans un comité, le Comité de Défense de la Mémoire de l'Afrique (CMAD).
Ce comité, j'entends le lancer et en faire un instrument de veille et de vigilance pour la sauvegarde de la mémoire de l'Afrique.
Toute suggestion de votre part sera la bienvenue.

A vous tous qui adhérez à mon projet, et pour toute autre réaction de votre part, vous pouvez me joindre et envoyer vos articles et correspondances au contact suivant : memoireafrique@yahoo.fr
Confraternellement,
Professeur Adame Ba Konaré

 

 


 

Appel aux historiens africains : Adame Bâ  remonte les bretelles à Sarkozy !

Source : maliweb.net - http://www.maliweb.net/category.php?NID=22327

 

L’ancienne première dame du Mali et non moins historienne émérite a engagé un combat qu’on ne croyait plus d’actualité depuis le début du 20ème siècle : la réhabilitation de l’histoire africaine.

Elle l’a fait savoir au cours d’une rencontre avec les journalistes hier dimanche à la Maison de la presse, convaincue qu’elle est que ‘’la mission de défendre la mémoire du continent revient principalement aux historiens’’.

Choquée par le discours du président français, Nicolas Sarkozy sur l’Afrique à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar, en juillet dernier, Adam Bâ veut pour ce faire ‘’rappeler le président français à la raison’’ et, à travers lui, tout l’occident sur le mépris et la méconnaissance délibérée de l’histoire du continent qui a vu naître le premier homme.

A travers un Comité de défense de la mémoire africaine, qui serait mis sur pied, l’historienne compte associer tous ses collègues du continent et de la diaspora pour publier un ouvrage collectif qui servira de véritable rempart à la mémoire africaine. Selon Adam Bâ, l’appel comporte deux aspects. Un aspect scientifique et un aspect militant. Et le comité servira d’organe de veille de l’histoire africaine. Il combattra tous ceux qui se hasarderont à écorcher l’histoire de l’Afrique.

Tout est parti du discours du président français Nicolas Sarkozy prononcé à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar lors de sa tournée africaine. Rappelons que le nouveau président du pays de Louis XVI, de Molière, de Lamartine…a vanté les biens faits de la colonisation en Afrique. Il a aussi présenté son pays comme celui qui a la clé des maux de l’Afrique en ces termes : ‘’si vous le voulez bien, la France vous aidera à combattre vos maux…’’. Toute chose qui justifie la colère de Adam Bâ Konaré.

Pour elle, dès lors qu’il y a assujettissement, bâillonnement…on ne peut parler de bienfait. Les soi-disant écoles et dispensaires ont été construits au service de la colonisation. Ils n’ont pas contribué à développer l’Afrique, a expliqué Mme Konaré.

Pour elle, le discours de Sarkozy rappelle la théorie hégélienne de l’histoire, selon laquelle l’Afrique n’a pas d’histoire. ‘’Sarkozy a une vision statique qui date d’une autre époque…Je croyais que ces idées du 19ème siècle étaient révolues. Mais je me rends compte que des gens continuent de développer des pseudo théories’’ s’est indignée l’ancienne première dame.

Tout en reconnaissant que les historiens africains ont baissé la garde, l’épouse du président de la Commission de l’Union africaine a affirmé que la mission de défendre la mémoire du continent revient principalement aux historiens. Car, dit-elle, nous avons perdu  notre mémoire historique faute de l’avoir entretenue. Comment peut-on rester indifférent face à un courant qui dénie à l’Afrique le sens de l’équité de la justice, de la tolérance, de la charité…s’est interrogée l’historienne, qui a suggéré au passage de ‘’normativer’’ la pensée africaine.

En tous les cas, Adam Bâ Konaré compte aller jusqu’au bout de ce combat. Combat qu’elle considère noble car il concerne la dignité de notre continent constamment écornée par des théoriciens de mauvaise foi. D’ores et déjà, des historiens semblent avoir entendu l’appel d’Adame Bâ Konaré.

Alhassane H. Maiga

 

Le président Nicolas Sarkozy en Libye, au Sénégal et au Gabon pour sa première tournée en Afrique subsaharienne. Points de vue et réactions

Histoire et société - sangonet