L'opposition centrafricaine pour l'ouverture d'un dialogue et le départ de la troupe libyenne
Les députés centrafricains veulent interpeller le gouvernement
AFP, Bangui, 14 nov 01 - 16h05
- Une cinquantaine de députés centrafricains, toutes tendances confondues, ont adopté à l'unanimité une résolution visant à interpeller le gouvernement sur les arrestations, la semaine dernière, de deux députés du parti présidentiel, a-t-on appris mercredi à Bangui de source parlementaire.Ces députés, réunis mardi à huis clos sous les auspices du président de l'Assemblée nationale, Luc-Apollinaire Dondon-Konamabaye, souhaitent obtenir des explications sur ces arrestations opérées sans levée préalable de l'immunité parlementaire de leurs deux collègues.
Une incertitude entoure cependant l'effectivité de cette interpellation, le quorum de 55 députés requis n'ayant pas été atteint lors de cette réunion en raison des absences de nombreux élus.
Le 1er vice-président de l'Assemblée nationale, Jean-Serge Wafio, membre du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir), et député de Bossangoa 2 (nord-ouest), a été arrêté le 6 novembre par la Commission mixte d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur le coup d'Etat du 28 mai dernier.
Il est soupçonné par la Commission d'avoir distribué des armes dans son quartier de Boy-Rabé (nord de Bangui) à des habitants proches de l'ancien chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, qui a lui-même résisté par les armes à son arrestation avant de se réfugier jeudi au Tchad.
Un autre député du MLPC, Barthélémy Boua, proche de M. Wafio, a également été arrêté, le 8 novembre, alors qu'il allait porter de la nourriture à ce dernier sur son lieu de détention.
Il accompagnait alors Marie Wafio, l'épouse du 1er vice-président, elle aussi député MLPC du 4ème arrondissement de Bangui, mais qui n'a pas été interpellée.
La loi centrafricaine permet l'interpellation d'un député sans levée préalable de l'immunité parlementaire dans les seuls cas de flagrant délit.
"S'il s'avère que nos collègues se sont rendus coupables des faits qui leurs sont reprochés, nous laisserons la justice travailler, mais s'il y a eu abus de pouvoir, le gouvernement en endossera la responsabilité", à déclaré à l'AFP le président du Forum Civique (opposition), le général Timothée Malendoma.
L'opposition centrafricaine réclame "le retrait des troupes libyennes"
AFP, Bangui, 14 nov 01 - 10h15
- Les partis politiques de l'opposition centrafricaine ont réclamé "le retrait immédiat du territoire national des troupes libyennes d'occupation", dans un déclaration commune remise mercredi à l'AFP à Bangui.Les 14 partis signataires estiment que "non seulement la présence de ces forces libyennes ne repose sur aucune base légale, mais encore qu'elles participent aux opérations de police et aux actions militaires aux conséquences les plus graves pour les populations".
L'opposition a également dénoncé "l'ingérence intolérable de la Libye dans les affaires intérieures de la République centrafricaine (RCA)".
Un premier contingent de soldats libyens, composé d'une centaine d'hommes lourdement armés et équipés de véhicules blindés, était venu soutenir le régime du président centrafricain Ange-Félix Patassé, lors du coup d'Etat avorté du 28 mai dernier à Bangui.
Ces hommes, qui assurent la protection du chef de l'Etat, ont été renforcés par environ 80 soldats la semaine dernière, lorsque l'ancien chef d'état-major des armées, le général centrafricain François Bozizé, a résisté par les armes à son arrestation, avant de fuir au Tchad avec ses partisans armés.
"Il n'y a pas lieu de s'offusquer de la présence libyenne", a pour sa part déclaré à l'AFP le porte-parole de la présidence centrafricaine, Prosper N'Douba.
"La RCA appartient comme 15 autres pays à la Communauté des Etats sahélo-sahariens (COMESSA) et il faut comprendre qu'il y a des clauses d'assistance entre ces pays", a-t-il dit.
L'opposition centrafricaine réclame par ailleurs dans sa déclaration "la dissolution" de la Commission mixte d'enquête judiciaire, chargée de faire la lumière sur le coup d'Etat manqué du 28 mai dernier, et "l'aministie en faveur du général Bozizé et de ses hommes".
"Cette commission, agissant comme une juridiction, ce qu'elle n'est pas, est devenue un facteur d'aggravation des tensions politiques et ethniques, donc de division", estime-t-elle.
L'opposition préconise "la saisine des instances judiciaires régulières pour instruire le dossier du coup d'Etat manqué" du 28 mai.
Elle estime enfin que "la gestion chaotique de l'après-coup d'Etat manqué a mis à nu l'incapacité du président Patassé à favoriser la réconciliation, la paix et l'unité nationale".
L'opposition centrafricaine pour l'ouverture d'un dialogue
(par Jules S. Guèye, envoyé spécial de la PANA (Bangui - 13 novembre 2001)Quatorze partis d'opposition centrafricains ont appelé mardi à l'ouverture d'un dialogue national pour discuter des problèmes du pays.
Selon une déclaration publiée à Bangui par ces partis, ce dialogue national, qui serait placé sous l'égide de l'OUA et des Nations Unies, regrouperait "toutes les forces vives de la Nation".
Les signataires critiquent, par ailleurs, sévèrement l'incapacité de la Commission d'enquête judiciaire mise sur pied après la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier et exigent le "départ immédiat des forces libyennes" qui participent à la protection du président Ange-Félix Patassé.
Pour les partis d'opposition, la Commission d'enquête est devenue "un facteur d'aggravation des tensions politiques et ethniques", alors que la présence des forces libyennes ne reposerait sur "aucune base légale".
On rappelle que la dernière crise en Centrafrique est survenue lorsque la Commission d'enquête a voulu entendre l'ancien chef d'Etat-major de l'Armée soupçonné d'être impliqué dans la tentative de coup d'Etat de mai dernier.
Pour leur part, les forces libyennes sont présentes en Centrafrique depuis cette période et auraient joué un rôle déterminant aux côtés des forces loyalistes dans le démantèlement mercredi dernier des barrages érigés par les hommes du général Bozizé.
Outre la dissolution de la Commission d'enquête et le départ des forces libyennes, les quatorze partis signataires de la déclaration demandent l'amnistie en faveur du général Bozizé et de ses hommes, le retour des réfugiés civils et militaires non impliqués dans la tentative de coup d'Etat du 28 mai et la saisine des instances judiciaires régulières pour instruire le dossier de ce putsch manqué.