Changer l’appellation République Centrafricaine - Du forum de projection et de dispute à la digression

 

Le débat sur l'appellation République centrafricaine est clos (provisoirement). Mais l'art et la manière qui ont produit l'exercice intellectuel à l'occasion font poser quelques questions. Pour tenter de comprendre le phénomène, certaines relations seront diffusées par sangonet.

Jean-Didier Gaïna résume ainsi ce qu'il perçoit à travers ce débat : Changer l’appellation République Centrafricaine. «...Chercher à introduire un débat autour du changement de l’appellation République Centrafricaine serait selon moi de la digression.  C’est une attaque pernicieuse contre l’éveil d’une conscience nationale lucide et engagée dans la lutte en faveur d’un modèle de société démocratique, dynamique et économiquement viable.  Le sujet n’est pas important pour l’heure et n’apporte rien de substantiel au peuple centrafricain qui a plus urgent à traiter.  Ce projet est la matérialisation d’une hallucination qui ne mérite même pas l’attention qui lui est portée sur Sangonet et par mes propos.»

Pour sangonet deux réflexions s'en dégagent : "Un nom pour remplacer l'appellation "République Centrafricaine" - une nécessité? ",  "Le mal centrafricain N°9 : Inutilité et dérision ou digression autour d'un sujet idéal "


Changer l’appellation République Centrafricaine.

 

Les communications avec la Centrafrique font état des problèmes d’insécurité à Bangui et dans les villes et villages de l’intérieur du pays.  Si l’administration n’est pas capable de se charger de sa mission de sûreté publique, est-ce qu’il reviendrait à la population de chaque village et de chaque quartier de s’armer pour assurer sa défense?  Si le pays en arrivait à ce point ce serait la guerre civile toute déclarée.  La revue des nouvelles de Centrafrique indique qu’il y a eu les arrêts répétitifs des classes dus aux grèves des enseignants.  L’éducation a besoin de nouvelles écoles, de lycées, de livres et de nouveaux enseignants pour répondre aux besoins légitimes de la jeunesse qui se voudrait compétente, intelligente et brillante à l’instar de ceux des pays dits évolués.  Les dispensaires et centres de santé manquent de personnel qualifié en nombre suffisant pour recevoir et assurer les soins des malades. Les prix des médicaments sont hors de la portée des bourses de la majorité des citoyens.  Ceci pour l’essentiel des maux que le pays endure depuis la fin du régime Bokassa. Tous ces problèmes et d’autres que j’ai volontairement omis n’ont toujours pas trouvé de solutions satisfaisantes.

 

J’ai été surpris de lire que parmi toutes les préoccupations quotidiennes du peuple centrafricain, un de ses fils a choisi de poser le problème de changement d’appellation République Centrafricaine.  Mais  d’où est-ce que celui-ci a donc sorti son sujet?  L’historique que ce citoyen révèle fait état d’une enquête qui avait été effectuée en 1999 auprès de 53 centrafricains sur les équivalences en sango du terme République Centrafricaine. La présentation des résultats et les sous-entendus indiquent l’amateurisme de l’auteur de ladite enquête.  Pourquoi donc ressasser cette divagation en 2003?  En ressortant les résultats de cette fameuse enquête, l’auteur de l’article paru sur le site de Sangonet  ne nous dit pas pourquoi son thème est réellement d’importance dans le contexte économique difficile que traverse la Centrafrique et la misère qu’endure le peuple.  Il doit certainement penser que les malédictions du pays viendraient du nom que celui-ci porte et qu’une certaine renaissance par une nouvelle appellation serait la voie de sortie!  En 1977, le pays avait pris le nom d’Empire Centrafricain en plein 20ième siècle; ce qui avait été la risée du monde entier.  Ce citoyen trouve qu’avoir fait le clown une fois ne suffit pas.

 

Quand Patassé, le MLPC et son gouvernement avait été incapables de relancer la machine de l’économie de la République Centrafricaine, le premier en particulier avait commencé à avoir des visions.  La plus grande  qui lui avait été révélée était d’utiliser les eaux de l’Oubangui pour alimenter le Lac Tchad qui tarissait.  Grand projet, n’est-ce pas!  Pendant ce temps, le peuple était à genoux et se mourrait.  Sous Kolingba, plusieurs préfectures avaient été rebaptisées.  Remarquez qu’il n’y avait rien de nouveau dans cette démarche.  C’était la même administration, Plusieurs commerces avaient fermé. Les investissements afin de réaliser des projets de développement étaient inexistants. Les infrastructures étaient et sont  toujours vieillissantes.  De création de petites et moyennes entreprises et d’emplois, il n’y en avait jamais eu dans ces régions.  S’il n’y avait pas eu les Boubanguérés, le chiffre du chômage en Centrafrique aurait été considéré comme une grande calamité.  Pensez-vous donc que les chefs d’état centrafricains se souciaient ou non de l’impact de ces  décisions sur l’économie du pays? Ils affirmaient que les intérêts du peuple étaient au centre de leurs préoccupations et de leurs actions.  Mais en réalité, ils n’en avaient cure et les succès que le pays a recueilli est ce que nous connaissons tous aujourd’hui.  Soulever le problème de changement d’appellation serait procéder de la même manière que ces chefs d’état qui avaient décidé de porter leurs combats sur  des cibles qui n’avaient pas lieu d’être, à la manière du Don Quichotte de Miguel de Servantes.

 

Selon des chiffres approximatifs, seuls 5 pays africains sur une cinquantaine à peu près avaient changé d’appellation depuis leur accession à l’indépendance.  Ceux ayant changé d’appellation ne représentent donc pas la majorité. Chercher à introduire un débat autour du changement de l’appellation République Centrafricaine serait selon moi de la digression.  C’est une attaque pernicieuse contre l’éveil d’une conscience nationale lucide et engagée dans la lutte en faveur d’un modèle de société démocratique, dynamique et économiquement viable.  Le sujet n’est pas important pour l’heure et n’apporte rien de substantiel au peuple centrafricain qui a plus urgent à traiter.  Ce projet est la matérialisation d’une hallucination qui ne mérite même pas l’attention qui lui est portée sur Sangonet et par mes propos.

 

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etats-Unis d’Amérique

(01 juin 2003)


Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains