CONSEIL SUPERIEUR DE LA DIASPORA CENTRAFRICAINE
6, ALLEE DES FOSSETTES, 93420 VILLEPINTE

APPEL

POUR UNE CONFERENCE ET POUR LA PAIX
EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

La République Centrafricaine fête ce 13 août 2002 le 42 ème anniversaire de son accession à l’indépendance et à la souveraineté internationale.

Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui, est que cette liberté acquise de haute lutte n’a pas donné les résultats escomptés : le développement économique et le progrès social. La domination coloniale a fait place à l’emprise d ‘une camarilla politico-bureaucratique, laquelle a plombé la renaissance centrafricaine tant chantée par Barthélémy BOGANDA.


Nous ne reviendrons pas sur le boursouflure épique de l’ère BOKASSA. L’éphémère empereur de Centrafrique s’en est allé avec ses frasques, après 14 ans de règne, de 1965 à 1979. Il a laissé derrière lui un pays meurtri par la mort de jeunes collégiens et dont l’image international est passablement écorné.


En ramassant le pouvoir en 1982, des mains d’un président David DACKO pusillanime et affaibli par les luttes des factions politiques, le général André KOLINGBA suscita quelques aspirations à la modernité. Las, il fallut rapidement déchanté : le général se referma rapidement sur lui-même et sur son village.Un microcosme politique vit le jour, vivant de rentes de situation administrative pendant qu’alentour, le pays réel, abandonné à la férule d’un proconsul et d’un corps expéditionnaire français, sombrait dans l’alcoolisme, la prostitution, la misère et la pandémie du sida.

Bien évidemment, les premières élections présidentielles transparentes, organisées en décembre 1993 sous la pression de l’opinion publique nationale et internationale, sonnèrent le glas du régime KOLINGBA.


Auteur d’un putsch manqué en 1982, avec la complicité du général BOZIZE, l’ancien premier ministre de l’ex empereur Jean-Bedel BOKASSA fût élu, contre toute attente.

Ange-Félix PATASSE est porté au pouvoir de manière triomphale , par un peuple fier et courageux, en attente d’un vrai leader politique. Contre toute attente, le nouveau « président démocratiquement élu » se lança dans une politique de chasse aux sorcières, de gabégie et de prévarication.

L’esprit de revanche et de haine tribale l’emporta sur l’intérêt national. PATASSE arma ses partisans. Ces derniers s’illustrèrent dans le brigandage, la traque, l’enlèvement et la bastonnade des leaders politiques et syndicaux, le banditisme de grands chemins, ainsi que dans l’assassinat ad nominem.

Deux mutineries militaires et une tentative de coup d’état ont tenté sans succès d’ébranler le pouvoir absolu de cet homme qui a réussi le tour de main sans précédent de mettre la R.C.A en faillite :

- les fonctionnaires et pensionnés de l’état ne sont plus payés, certains agents de la fonction publique totalisent 42 mois d’arriérés de salaires ;

- l’opposition politique, émiettée et affaiblie par la guerre des petits chefs, ne peut se faire entendre et ses leaders sont contraints à s’expatrier pour échapper à la mort ;

- à la suite de la tentative de coup de force du 28 mai 2001, l’armée Nationale, transformée en milice aux ordres, s’en est prise aux innocentes populations civiles, au prix de milliers d’exécutions sommaires et de80.000 citoyens centrafricains jetés sur les chemins de l’exil, victimes d’épuration ethnique ;

- à l’intérieur du pays la misère s’étend, il ne se passe pas un seul jour où la mort ne sème la désolation dans les familles, le système de santé étant totalement inopérant faute de moyens appropriésà tel point que l’espérance de vie a chut de 16 unités en l’espace de 35 ans, passant de 69 à 43 ans entre 1965 et aujourd’hui ;

- à l’extérieur, PATASSE lança ses milices dans des expéditions aussi inutiles que dangereuses : hier à la frontière du Cameroun, aujourd’hui contre le Tchad, n’hésitant pas à s’attacher les services de chefs rebelles comme Jean-Pierre BEMBA et Abdoulaye MISKINE ;

- la signature de l’état centrafricain n’est plus honorée, et la République Centrafricaine frappée de discrédit;

- pour sauvegarder coûte que coûte son pouvoir, PATASSE a choisi la fuite en avant, n’hésitant pasà placer la R.C.A sous la coupe du duo islamiste KHADAFFI-EL BECHIR.


Ainsi, au moment de fêter ce 42 ème anniversaire, la République Centrafricaine aura fait un bond en arrière d’un siècle et demi, s’enfermant dans l’obscurantisme et le despotisme.Le territoire centrafricain est de fait un protectorat libyen, voué à la disparition ou à l’éclatement.


Plus que jamais, le droit d’ingérence tant évoqué naguère doit s’exercer au profit d’un pays en voie de « libanisation » et d’une nation en voie de délitement.


Il appartient à la diaspora centrafricaine ,établie un peu partout dans le monde, de rétablir les fils cassés du dialogue et de réunir les conditions minimales de l’unité nationale.

Il est du devoir de la diaspora centrafricaine en Europe, et notamment en France, d’engager une initiative de paix et de solidarité en faveur de la R.C.A, en relations avec les autorités des pays amis.

Il s’agit en l’occurrence d’élaborer une plate-forme politique fixant les conditions et les modalités du retour à la paix civile, à la démocratie et à la renaissance centrafricaine.


Le Conseil Supérieur de la Diaspora Centrafricaine en France (C.S.D.C.A) est prêt en ce qui le concerne à s’impliquer dans une telle démarche. Il lance un appel vibrant à la classe politique et à la société civile centrafricaines, ainsi qu’à tous les hommes épris de paix ou de compassion pour ce pays, en particulier aux autorités françaises, et les invite à s’investir dans cette initiative dans l’intérêt du peuple centrafricain.

Paris, le 12 août 2002

Pour le CSDCA
Le Président


A relire :
Crise centrafricaine -   le R.P.R.C. et l' "Appel à la Nation centrafricaine" (22 juin 2002)
Lettre du comité de la Convention des Démocrates Centrafricains pour la Réconciliation Nationale au Président (6 août 2002)

Actualité Centrafrique - Dossier 10