Testament et Inhumation de Bernardin Cardinal Gantin

Bernardin Cardinal Gantin, l’arbre de fer (de son nom : GAN, fer et TIN, arbre) a été conduit hier dans sa dernière demeure. Tout le peuple béninois, toute l’église universelle ont rendu un hommage historique à celui qui aurait pu être le premier Pape noir. 42 Evêques, 7 Cardinaux, autorités politico administratives, et autres ont témoigné à l’unanimité, de l’humilité et de l’humanité de l’illustre disparu. En rejoignant l’immortalité, le patriarche laisse ses racines à jamais incrustées dans sa terre africaine.

Mercredi 21 mai, le Bénin s’apprête à accueillir la dépouille mortelle de son illustre fils Bernardin Cardinal Gantin. Déjà à 17 heures, une foule immense formant en deux haies se remarque le long de la voie de l’aéroport. La sécurité s’est renforcée le long de cette voie et à l’intérieur de l’aéroport. Tout grouille. Des cardinaux, évêques, prêtres... venus du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Burkina-Faso, du Ghana, du Nigeria, du Cameroun, de la Rdc, du Gabon, du Niger, de la Tanzanie... font leur arrivée. Des groupes se forment et se déforment. C’est une occasion de retrouvailles pour certains. Ils s’embrassent sans oublier qu’ils doivent presser les pas par la suite. Les membres du gouvernement au grand complet arrivent et font leur entrée dans la salle d’honneur. 19 heures 06 minutes, l’avion de la compagnie Air France transportant la dépouille du Cardinal Bernardin Gantin foule le tarmac de l’aéroport international de Cotonou. 19 heures 20 minutes, le chef de l’Etat, Docteur Boni Yayi fait son entrée à l’aéroport. Après les formalités d’usage des frets aéroportuaires, le cercueil contenant la dépouille du cardinal, couvert des couleurs du Vatican, fait son apparition. Porté par des hommes en uniforme, le cercueil a emprunté le tapis rouge qui le conduit sur le lit mortuaire dressé pour la circonstance au salon d’honneur. Après avoir enlevé les couleurs du Vatican, le cercueil fut recouvert du drapeau national. L’hymne national fut entonné par la fanfare de la gendarmerie nationale pour saluer l’arrivée du grand missionnaire africain. En somme, une foule peu ordinaire pour des hommages dignes du nom au prélat aussi exceptionnel qu’est le Cardinal Bernardin Gantin. Les hommages ici, à l’aéroport international de Cotonou n’ont duré que le temps du recueillement du couple présidentiel et le cortège s’ébranle vers l’Eglise Notre Dame de Cotonou.

Hommage de Boni Yayi à l’illustre disparu

C’est accompagné de son épouse que le président de la République, le Dr Thomas Boni Yayi s’est rendu au salon d’honneur de l’aéroport international de Cotonou pour les premiers hommages à Bernardin Cardinal Gantin. Il y avait aussi pour la circonstance, les membres du gouvernement, des responsables d’institutions de la république et d’autres personnalités. Dans un premier temps, l’hymne national a été exécuté pour saluer la mémoire du prélat qui est avant tout un digne fils de la nation béninoise. Le couple présidentiel va ensuite se recueillir devant la dépouille mortelle avant le dépôt de gerbe. Antoine Ganyé, évêque du diocèse de Dassa-Zoumè sera le porte-parole du clergé béninois pour confier l’âme du patriarche à Dieu le père tout-puissant. « Délivre notre frère, notre père Bernardin Cardinal Gantin de tout ce qui peut le retenir loin de toi. Fais lui partager le bonheur de tes amis et du seigneur Jésus-Christ notre seigneur, notre Dieu, maintenant et pour les siècles des siècles » dira-t-il.

Les évêques béninois veillent et prient pour le cardinal

Tous les évêques ont tenu à rendre, chacun et à sa manière, un hommage mérité au cardinal. Ils ont organisé une veillée de prière dans la nuit du mercredi au jeudi matin à 7 heures 30. Ainsi, les Messeigneurs (Mgr) Nkoue, Feliho, Adjou, Agbanou, Ehouzou, Assogba, Agbatchi, Houdékon, Mensah, tous évêque béninois ont veillé en se recueillant, en priant et en chantant avec la chorale, autour de la dépouille du cardinal. Au cours de cette veillée, ils ont été accompagnés par les sœurs de Saint Augustin. Aux environs de 6 heures 30, à l’issue de la messe célébrée par les Mgr Agbatchi, Houdékon et Mensah, Mgr Agbatchi a procédé à la fermeture du cercueil. Le corps est alors recouvert du drapeau béninois pour rejoindre le stade de l’amitié pour un hommage national.

Ouidah accueille la dépouille du Cardinal

Après les hommages officiels rendus au stade de l’amitié de Kouhounou, le cap a été mis sur Ouidah où le Cardinal Bernardin Gantin sera inhumé. Cette ville historique a accueilli l’illustre disparu avec tous les honneurs qu’il mérite. Le long de la voie inter-Etat Cotonou Lomé, une foule immense formée en haie salue la dépouille du Cardinal. A l’apparition du cortège à Ouidah, « une pluie d’ovations » et des animations l’ont accompagné jusqu’à la Basilique immaculée conception où l’attendaient également presque toute la population de Ouidah. A l’intérieur, se trouvaient les représentants de toutes les confessions religieuses : des dignitaires traditionnels, des musulmans, des christianistes célestes... qui sont venus rendre un dernier hommage à cet homme qui a beaucoup œuvré pour le dialogue interreligieux. Après 30 minutes qu’a duré l’absoute dite par le Recteur de la Basilique André Kpadonou, Michael August Bloume, Adrien Sarre et le Nonce Apostolique Bénin/Togo, le cortège s’est ébranlé vers le grand séminaire Saint Gall où une messe a été également dite avant l’inhumation du Cardinal dans l’intimité des évêques dans la chapelle de ce séminaire. Cette inhumation au Bénin témoigne du sentiment d’amour que cet homme au parcours atypique a pour son pays. Car, un homme de son rang, de son niveau dans l’église catholique devrait avoir sa place au Vatican. Mais dans son Testament rendu public par Monseigneur Paul Vieyra, évêque de Djougou, il a demandé d’être inhumé au Bénin dans son Dahomey natal auquel il doit tout après Dieu. Car, il a voulu se reposer aux côtés de ses frères enterrés dans la chapelle du grand séminaire Saint Gall de Ouidah. Il restera alors dans l’histoire comme étant le premier Africain à rendre visible l’Afrique à travers sa mission dans l’église catholique.

L’étape de Notre Dame de Cotonou

Aux environs de 19 heures, l’église Notre Dame de Cotonou est déjà presque pleine. Les populations avaient pris d’assaut ce lieu de prière. Personne ne voulait se faire conter cet événement inédit. Devant l’église, les jeunes s’adonnent à diverses activités génératrices de revenus. Ils vendent des objets pieux et surtout les images du cardinal. Dans l’attente de l’arrivée de la dépouille, la chorale inonde la cour de l’église de chants, pieux et accueille les autorités politiques et administratives. 20h30, les fanfares de la police nationale annoncent l’arrivée du cortège. Monseigneur Agboton, archevêque de Cotonou, est devant l’église pour accueillir la dépouille mortelle. A l’entrée du corbillard, accompagné par le père Jonas de la paroisse Saint Michel, certains fidèles se mirent à applaudir et à chanter avec comme slogan « Bienvenu cardinal », tandis que d’autres, comme un seul homme, se mirent à genoux pour saluer l’arrivée du cardinal. Rappelons que la paroisse Notre Dame de Cotonou est la première église du Bénin.

L’église Saint Michel de Cotonou à l’honneur

Après Notre Dame, la dépouille du cardinal Bernardin Gantin a été transportée à l’église Saint Michel pour la messe d’ouverture de la veillée. La paroisse Saint Michel de Cotonou qui est la plus grande du Bénin est devenue trop étroite pour contenir les fidèles venus de divers horizons pour accompagner le cardinal. Des écrans géants ont été implantés un peu partout dans la cour pour permettre, à ceux qui sont au dehors, de vivre la célébration. A 21h49, le corps arrive enfin dans l’église où il est accueilli par des ovations des fidèles ; des foulards blancs sont balancés pour saluer ce grand homme. Le cercueil est déposé au milieu de la paroisse sous les yeux protecteurs de la vierge Marie pour la célébration de la messe.

L’aéroport international de Cadjehoun devient « Aéroport international Bernardin Cardinal Gantin de Cadjehoun »

Le gouvernement du Bénin vient de prendre une décision salutaire pour immortaliser l’un des derniers cardinaux créés par Paul VI. Le président de la République, le Dr Boni Yayi baptise l’aéroport international de Cadjehoun « Aéroport international Bernardin Cardinal Gantin » pour témoigner sa compassion à la communauté catholique. Il a pris cette sage décision parce que non seulement l’illustre disparu a été le seul Cardinal béninois, le premier archevêque métropolitain africain en 1960 mais aussi et surtout, le tout premier Cardinal Africain à la tête d’un dicastère du Vatican en 1977. En effet, feu Bernardin Cardinal Gantin a été archevêque de Cotonou avant d’être appelé à la Curie romaine où il a dirigé notamment les conseils pontificaux Cor Unum et Justice et paix puis la congrégation pour les évêques et la commission pontificale pour l’Amérique Latine. Doyen du sacré collège jusqu’en 2002, ce prince de l’Eglise, un proche de Jean-Paul II, est un fidèle ami du chef de l’Etat qui se dit fier de son parcours atypique. Par cette décision, le Dr Boni Yayi vient de reconnaître tous les mérites de l’illustre disparu. Cinquante-six ans de sacerdoce, cinquante et un ans d’épiscopat et trente et un de cardinalat, ce prélat exceptionnel a beaucoup prié pour que règne la paix au Bénin, en Afrique et dans tout le monde entier. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’hommage mérité qui lui a été rendu.

Oraison funèbre de Boni Yayi

« Vous voici au terme du déroulement du destin commun aux hommes, c’est-à-dire naître, vivre et mourir. Certes, les hommes sont mortels, cependant il y a des mortels qui ne meurent pas. Eminence, vous devinez toute l’émotion menée de peine que j’éprouve ce jour, jeudi 22 mai 2008 en m’adressant à vous au nom de toute la nation et de toute l’Afrique pour vous rendre un hommage à la mesure de ce que vous avez été. Figure exceptionnelle, vous avez marqué pendant plus d’un demi siècle l’histoire de notre cher pays, le Bénin, l’histoire de l’Afrique et l’histoire de l’église universelle. Je me souviens en même temps que d’autres ici rassemblés de votre parcours exceptionnel sur cette terre. Normé professeur du séminaire au lendemain de votre ordination, vous avez été successivement durant votre riche et brillante carrière, évêque à 35 ans, premier archevêque de l’Afrique de l’Ouest francophone, responsable de dicastère, cardinal légal du Pape à mainte occasion, cardinal préfet de la congrégation des évêques, doyen du prestigieux collège des cardinaux. Ce parcours exceptionnel qui fait de vous un grand homme de foi et de l’église catholique allait de pair avec votre souci de demeurer constamment attacher à votre patrie, le Bénin, l’Afrique et au monde. En annonçant votre voyage ultime vers la maison du père à partie de l’étranger, vous avez certainement dire : « au revoir » à ce monde que vous avez servi en un jour, en un lieu, en un geste qui rassemble ; des témoignages les plus éloquents et les plus significatifs en un sorte de règne de trois unités dont vous avez assimilé et enseigné la belle architecture durant toute votre existence. En si grand homme de foi, vous avez été tout en restant proche du peuple et en particulier des humbles, des pauvres et des sans voix. En témoigne votre légendaire sollicitude en vers les tofins symbolisé ici à Cotonou par le centre d’accueil et d’action sociale Monseigneur Louis Parisot. Si aujourd’hui nous sommes fier du Sanctuaire marial de Dassa-Zoumé, la grotte d’Arigbo, nous devons vous remercier de toute l’attention que vous avez portée à l’édification, à l’équipement et au rayonnement de ce lieu de pèlerinage national et régional. En cela, vous étés demeurez conforme aux grands enseignement de l’évangile à savoir, l’esprit d’humilité, l’amour du prochain, la consolation de la veuve et de l’orphelin : l’attention aux plus démunis. Patriote convaincu, vous l’avez été aussi Eminence. Beaucoup parmi nous se souvient de l’attitude permanente de dialogue, de compréhension et de tolérance dont vous avez plusieurs fois faits montre même à l’occasion des moments les plus difficiles de l’histoire de notre chère patrie. Beaucoup se souviennent également de vos multiples interventions discrètes, efficaces et toujours en faveur de notre pays et qui traduise votre amour pour le Bénin et votre attachement au progrès de notre chère Nation. Avant et après mon élection au fonction du président de la République, vous m’avez accompagné Eminence, avec détermination et affection. Vous m’avez prévenu et entouré de vos conseils, de vos interventions et de votre prière constante, plaçant ainsi mon mandat sous la protection et la bénédiction de la divine providence. A cet égare, je me souviens et je me souviendrai toujours avec émotion et reconnaissance de la messe d’action de grâce du 8 avril 2006 célébrée à l’église Saint Jean de Cotonou et de la mémorable homélie que vous avez prononcé à cette occasion. Eminence, après avoir évoqué en guise de rappel ce que fut votre vie consacrée à la cause de votre foi et à la cause des hommes, le moment est venu de nous séparer. Mais, ce n’est qu’une séparation apparente car vous demeurez toujours parmi nous à travers vos œuvres qui resteront longtemps gravée dans nos mémoires et dans nos cœurs. Nous voulons maintenant participer ensemble à cette semence d’éternité en lien avec toutes les œuvres, nous voulons Eminence, que votre esprit nous habite et nous guide. Et puisque le très haut a voulu faire de vous son messager à travers le monde puisse-t-il vous récompenser à la mesure de la mission que vous avez si bien accomplie sur cette terre. Alors au nom du Bénin, au nom de cette Nation, je déclare solennellement en terminant presque cet hommage, la décision officiellement prise par le gouvernement de la République du Bénin en ce jour mémorable de 22 mai 2008, comme à Dakar au Sénégal, comme à New York aux Etats-Unis, comme à Rome en Italie, comme à Paris ou à Abidjan, l’aéroport international de Cadjèhoun portera désormais ce nom prestigieux. Il s’appellera, « Aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cadjèhoun ». Eminence et puisque notre pays, le Bénin tout entier en ses profondeurs veut vous honorer à travers son histoire et dans le destin qu’il veut forgé pour les générations à venir, je demande à toutes les villes et principales agglomérations de notre cher pays, de signaler à jamais votre nom à l’un des grands carrefours de la cité. J’ordonne que le gouvernement de la république initie sans délai les démarches nécessaires à la création d’un grand Prix international Bernardin Cardinal Gantin pouvant honorer une exception véritable, une personnalité ou une institution hautement et universellement apprécié dans le combat pour la Paix, la Solidarité, la Foi et le Développement. J’ordonne enfin que chaque année que le 13 mai la Nation sache se recueilli autour de votre illustre mémoire. Mes chers compatriotes, chers hôtes, je ne serais terminer cette oraison sans exprimer mes vives remerciements au nom de la Nation aux délégations étrangères qui ont accepté de rehausser de leur présence cette cérémonie ; en particulier le représentant de sa Sainteté, le Pape Benoît XVI, son Eminence Giovanni Batista Cardinal Ray. Ainsi que le premier ministre Edème Kodjo, représentant personnel de mon frère et ami le président Faure Gnassigbé, président de la République togolaise ; la présence parmi nous de la délégation togolaise témoigne de l’excellence des relations entre nos deux pays. Je remarque également et je salue la présence ici des anciens présidents de notre cher pays. Mes frères aînés Emile Derlin Zissou, Mathieu Kérékou et Nicéphore Dieudonné Soglo. Je voudrais saluer la présence des présidents et anciens présidents des institutions de la République, les présidents des partis politiques et toutes les forces vives de la Nation ici représenté. Mes chers compatriotes, c’est le moment de remercier toute l’église, toutes les confessions religieuses et tous ceux qui ont contribué à rehausser cette cérémonie. Merci à vous tous. Merci Eminence, merci Eminence merci beaucoup. Recevez la reconnaissance de la Nation toute entière qui vous dit A Dieu et que la terre vous soit légère ».

Des fidèles catholiques et autorités prient pour le repos de son âme

Ils étaient des milliers de fidèles de l’église catholique du Bénin à braver le soleil pour rendre un dernier hommage au feu Cardinal Bernardin Gantin. Au cours de la messe d’inhumation dite sur la pelouse du stade de l’amitié de Cotonou, le père célébrant, le légat du Pape a dans son homélie retracé la vie exemplaire de l’illustre disparu. Il a invité la communauté catholique du monde entier de même que toutes les autres confessions religieuses à la prière afin que l’âme du Doyen du sacré collège à Rome repose désormais en paix. Le Chef de l’Etat, le docteur Boni Yayi accompagné de son épouse Chantal Yayi, les anciens présidents de la République Nicéphore Dieudonné Soglo, Emile Derlin Zinsou et le général Mathieu Kérékou qui ont eu à discuter avec Bernardin Gantin des questions d’intérêts supérieurs de la nation ont prié pour le repos de son âme. Les ministres du gouvernement, les membres du corps diplomatique et consulaire, les présidents et anciens présidents des institutions de la République, les présidents des formations politiques et des délégations étrangères ont également honoré de leur présence la cérémonie. Outre ces autorités politico administratives, on pouvait également noter la présence de plusieurs confessions religieuses, des têtes couronnées du Bénin, des séminaristes, des évêques et des cardinaux venus de la sous région.

Une bénédiction pour les Béninois ?

Si la mort de Jésus Christ a une signification à part entière, celle de Bernardin Cardinal Gantin est-elle une bénédiction pour le peuple béninois ? En tout cas, nombreux sont les individus membres de la communauté catholique qui pensent que la mort du premier cardinal africain est une bénédiction pour notre pays. Pour eux, feu Bernardin Cardinal Gantin n’a aucun défaut, même si l’être humain n’est jamais parfait. L’illustre disparu a tellement de qualités que les Béninois ne lui ont pas trouvé de défaut.

Une messe d’action de grâce dite en son nom

Le cardinal Bernardin Gantin a eu tous les hommages dignes de son rang de pasteur catholique. C’était mercredi dernier après l’accueil de la dépouille mortelle à l’aéroport de Cotonou. Une horde de fidèles chrétiens l’attendait à l’Eglise saint Michel où a été dite en son honneur, une messe d’action de grâce. Cette messe a connu la participation de nombreuses personnalités politico-religieuses. A leur tête, le premier magistrat de notre pays, le Dr Thomas Boni Yayi. Au cours de la célébration de l’eucharistie, le Cardinal Théodore Adrien Sarr n’a pas manqué de souligner les qualités de l’homme. « Pour l’Eglise toute entière, la mort du Cardinal Gantin est une grande perte et un grand deuil », dira-t-il. Premier évêque africain, devenu un étroit collaborateur du Pape dans le gouvernement de l’église universelle, le Cardinal Bernardin Gantin de son vivant, a accompli de nombreuses actions qui resteront à jamais gravées dans l’histoire et dans les mémoires de ses pairs. Ainsi, ils sont venus très nombreux, les fidèles catholiques du Cameroun, du Togo, d’Amérique, de Paris et de Rome assister à l’eucharistie qui a été dite en l’honneur du prélat ce mercredi à l’église Saint-Michel de Cotonou. Toutes choses qui témoignent de l’affection que lui portait la communauté catholique. Soulignons que pour ce qui concerne le Cardinal Bernardin Gantin, une messe de funérailles pour le repos de son âme sera dite ce vendredi 23 mai à la Basilique Saint-pierre de Rome. A cette cérémonie participera le saint père, le Pape Benoît XVI. La messe sera présidée par le Cardinal Engelo Sobano qui est actuellement le doyen du collège des cardinaux.

Cardinal Bernardin Gantin inoubliable à `’Tindji Assanli’’

Tindji Assanli, petit village de la commune de Zakpota dans le département du Zou. Tindji Assanli, comme la majorité des villages du Bénin, est une agglomération regroupant quelques centaines d’habitations faites en terre battue et couvertes de pailles. Seules quelques-unes d’entres elles sont construites en brique et portent des feuilles de tôles. C’est dans ce village entouré d’une forte végétation qui lui donne une fraîcheur qu’est originaire le premier cardinal d’Afrique Bernardin Gantin. Ses frères, amis, camarades de jeu d’antan se souviennent encore de l’homme et s’accordent à dire que son décès est une perte pour le village. Selon les explications des gens du village du Cardinal, le nom Gantin, dans son essence signifie « Gantin ma dji ya » « adô ma hou gantin » ce qui veut dire qu’un Gantin ne souffre pas, un Gantin n’a pas faim, un Gantin ne manque de rien.

Dans le village, tous ses amis s’accordent à dire que depuis son enfance, Bernardin avait un comportement exemplaire, il n’avait de problèmes avec personne. C’était un bon enfant. Pour son neveu et unique maçon du village, le Cardinal a laissé de nombreux souvenirs. Parmi ceux-ci, il se rappelle les temps forts de l’érection de l’unique chapelle du village. Une action qui a tenu à cœur le Cardinal et à laquelle il a activement participé. Pour d’autres cousins, neveux, petits-fils, ce sont les conseils et les dons du Cardinal qui ont contribué pour beaucoup à leur éducation qu’ils regrettent.

Pour l’histoire, le père du Cardinal, Henri Gantin était lui-même un homme respectable et avait été cheminot à l’Ocdn, actuel Ocbn à Bohicon. A la mort de celui-ci en 1936, Bernardin a été accueilli par son petit oncle Prosper Pliya, le père de l’écrivain Jean Pliya. Prosper était un agent comptable. Son rôle a été déterminant dans le développement des membres de la famille.

Bernardin entre au séminaire la même année où il perd son père et quatorze années plus tard, il est ordonné Prêtre. De temps en temps, il allait à Athiémé en vacances chez son oncle où dans sa maison paternelle à Tindji Assanli. Malgré ses nombreux voyages et occupations, il a gardé les habitudes culturelles de son village. Lors de ses descentes chez ses parents, il ne se gênait pas de partager ses repas avec ses parents et amis et ceux-ci se plaisent à le dire. Tellement, il avait du mérite.

A Assanli, depuis la journée noire du 13 mai où le baobab est tombé, la tristesse s’est installée dans le village et les populations attristées se croisent, se saluent sans la chaleur des jours d’avant le 13 mai.

Alors que certains regrettent le cardinal pour ses bons conseils, son assistance, d’autres regrettent outre ses bienfaits, les produits et denrées alimentaires que le Cardinal ramène et offre gracieusement aux populations.

Le cardinal Gantin et le mois de Mai, mois de Marie

Le mois de mai, mois de Marie a été très significatif dans la vie du cardinal Bernardin Gantin. Né dans les bras de Marie, mère de l’église, un 08 mai, il a vécu dans le respect des normes de l’église. On se souvient encore, il y a 27 ans, un 13 mai, quand le pape Jean Paul II avait été victime d’un attentat meurtrier. Après cet attentat, le Pape a fait du cardinal Bernardin Gantin son légat. Durant toute sa vie, il a été dévoué à la cause de Marie par sa participation à la réalisation de la grotte mariale d’Arigbo de Dassa-Zoumé. Il est mort le 13 mai dernier dans le mois de Marie et est enterré le 22 de ce même mois.

La sécurité a été de mise

Les éléments du général Lègba Kokou Sèmègan, directeur général de la gendarmerie nationale, du contrôleur général de police, Eugène Boya, directeur général de la police nationale et du Chef d’état major général des armées, le général de division Mathieu Boni ont mis les petits plats dans les grands pour assurer la sécurité de nos hôtes. Ces prouesses des forces de l’ordre n’ont pas été sans la contribution des populations. De l’aéroport international de Cotonou jusqu’à la ville historique de Ouidah où la dépouille mortelle de feu Bernardin Cardinal Gantin repose en paix, les populations ont respecté leurs injonctions. On peut donc dire que l’armée béninoise dispose d’un savoir-faire ingénieux qui ne reste qu’à être accompagné de moyens.

Testament du Cardinal Bernardin Gantin lu par Mgr Paul Vieira, Evêque de Djougou

Mon testament ;

Écrit de ma main ce 22 juillet 1998 à Rome, cité du Vatican.

Un testament, c’est une chose importante. Plus qu’un devoir final, il est le message d’ouverture à la dernière messe, à la dernière célébration mystique de ses noces eucharistiques quand il s’agit d’un homme revêtu du sacerdoce.

Comme prêtre, je dois donc l’accomplir avec des sentiments de profondes actions de grâce, avec un coeur contrit et humilié.

Comme prêtre, qu’ai-je pu avoir en propre que je n’ai entièrement et gratuitement reçu.

C’est en effet par la grâce de Dieu uniquement que je suis ce que je suis. Toute ma vie présente, restante et éternelle, devra se passer à dire merci à Dieu trinité : Père, fils et saint-esprit.

Je dédie ces mots du coeur, de la foi et de la vie à Marie, mère de Jésus-Christ et notre mère dans le mois de qui je suis née, 08 mai 1922.

Tout mon amour chrétien se résume en ces simples mots : Dieu, Jésus-Christ, église, le Pape, la sainte vierge Marie, réalités suprêmes que Rome m’a fait redécouvrir, aimer et servir. Pour cela encore, comment jamais pouvoir remercier a suffisance le seigneur.

Mon cardinalat a été une fleur gratuite que Paul VI a mise sur ma vie en juin 1977. Lorsque la providence m’a associé, je ne sais pourquoi à des géants de la foi, de la culture et du service ecclésial. A part un seul survivant, en ce jour comme moi, tous les autres participants à ce consistoire, le dernier du Pape Montini ont déjà rejoint le Seigneur en son éternité.

Devenu le doyen du prestigieux collège des cardinaux en juin 1993 par l’élection de mes pairs dans l’ordre des évêques, je suis bien conscient de mon indignité en face d’un si grand honneur. A cause de cela, la Basilique Mariale de mon titre cardinaliste subirbiquaire de Palestrina serait normalement selon la tradition, lieu de ma sépulture. Mais, pour des raisons du coeur, bien compréhensibles, qui ne mettent nullement en cause mon profond attachement à Rome et au titre d’hostie, je souhaite de toute mon âme être enterré au Bénin, le Dahomey de ma naissance. C’est la terre maternelle et nourricière à laquelle je dois pratiquement tout après Dieu. Les évêques du Bénin savent maintenant que je me suis permis de désigner dans la chapelle du grand séminaire de Ouidah Saint-Gall, l’endroit précis de ma tombe non loin de Mgr Pariso au milieu des jeunes lévites du sacerdoce béninois.

Le Pape Jean-Paul II a été pour moi un vrai père attentif et encourageant. Il m’a comblé au delà de tout et de tout mérite. Les témoignages en sont infinis. Je le remercie très filialement. A lui, je demande pardon pour mes insuffisances dans les services qu’il m’a confiés.

Pardon également, je demande à qui j’aurais fait de la peine ou du tort.

Je demande, comme pauvre pécheur, l’aumône de la prière de tous.

Prière, prière, prière. C’est tout ce que je demande après ma mort. C’est ce dont on le plus besoin les chrétiens, vivants ou morts. Quand ils ne sont plus de ce monde visible, ils en ont encore plus besoin parce qu’ils ne peuvent plus rien pour eux-mêmes.

Je suis donc dès maintenant très reconnaissant envers ce qui me ferait la charité de leur souvenirs priants.

Je compte beaucoup sur la solidarité fraternelle qui est l’un des traits de notre église.

Église famille, église communion, église fraternité des saints et ceux qui sont appelés à ce grand idéal de la sainteté.

Prière, prière, prière avant tout et uniquement prière, prière, prière, seulement. Merci !

Dormir avec mes frères du Séminaire Saint-Gall de Ouidah est mon souhait ultime. La chapelle est une demande de faveur.

Ma prière ultime au Dieu Trinité par Marie c’est « Non confuda in éterno », ce qui signifie : « que je ne sois pas couvert de honte pour toujours ».

Cardinal Bernardin Gantin

Signé le 20/05/1996

Authentifié au mois de novembre 2007 en présence de Mgr Paul Vieira, Evêque de Djougou.

Discours de la famille Gantin

Nous voici famille Gantin de Zangnando et collectivité Migan Fagla de Tindji à Sali, privé, orphelin de notre frère Bernardin cardinal Gantin, notre oncle et bel oncle, notre cousin et beau cousin, bref notre patriarche que nous pleurons. Il a toujours été notre porte-parole avec son style, son verbe, sa délicatesse et sa finesse dont il avait le secret et le talent. Je demanderai votre indulgence pour ma prise de parole devant vous qui êtes habitué à ses brillantes interventions. Le jeudi 1er mai dernier à la suite du décès de Monseigneur Agboka, évêque émérite d’Abomey, le cardinal s’est rendu de Cotonou à Zangnando dans le village natal de notre père pour se reposer 48 heures avant les funérailles et se rapproché ainsi d’Abomey où les obsèques étaient prévus pour le samedi 03 mai. De tels déplacements, nous en avons fait au moins trois fois auparavant pour d’autres circonstances sans aucun problème. L’avant dernier le 03 février pour la consécration épiscopale du nouvel évêque d’Abomey. Mon frère tenait à accomplir ce devoir de confraternité envers le deuxième évêque de notre pays que lui-même avait consacré en 1963. En effet, pendant la maladie de Monseigneur Agboka, il lui avait rendu plusieurs fois visite à l’hôpital malgré ses difficultés de plus en plus grandes à marcher. Arrivé cette fois ci à Zangnando, les conditions de chaleur humide rencontré et aggravé par un long déficit de fourniture d’énergie électrique ont favorisé le déclenchement d’un syndrome de déshydratation aigue avec de troubles de transit intestinal chez le cardinal. Nos efforts sur place puis à Cotonou avec un collège de confrère de toute spécialités et enfin à l’hôpital Georges Pompidou à Paris pour juguler cette crise n’ont pu hélas être couronnés de succès.

Le 13 mai, en la fête de notre Dame de Fatima, notre frère était rentré dans sa Pâques éternelle soit 27 ans jour pour jour après l’attentat manqué sur la place Saint Pierre contre le Pape Jean Paul II que vénérait le Cardinal Gantin. Tout est grâce. Un des proches du Cardinal nous aide à lire en ces termes, le sens cet évènement. Ce n’est pas un hasard, dit-il si celui qui veut mourir chez lui meurt malgré tout à étranger et revient chez lui comme don de l’universel, que le don du seigneur soit béni. La famille Gantin vient de perdre le plus illustre des siens. Mais qui est-il le cardinal ? Né d’une famille modeste, il était le second d’une famille de six enfants. Ma soeur et moi en sommes aujourd’hui les derniers représentants. A 13 ans, alors qu’il fréquentait l’école publique d’Abomey, il décida d’entrer au séminaire. Pour l’annoncer à notre papa, chef de gare à Bohicon, il parcouru à pied rappelons que nous sommes en 1935, les neuf km qui séparent ces deux localités. Informé, notre papa lui demanda : Bernardin sais-tu que cette maison dans laquelle tu aspires à entrer n’a pas de chemin de retour ? Il répondit sans hésiter, oui Papa. Et poursuivant, notre papa lui demanda d’aller informer notre maman à la maison. Ce qu’il fît mais à sa manière. En effet arrivé à la maison, il prit son repas puis retourna à Abomey sans avoir rien annoncé à notre maman. Notre Papa à son retour de travail s’inquiète de voir notre maman toute calme, toute sereine. Intrigué, il posa la question as-tu vu Bernardin ? Oui, il est venu, il a mangé et il est reparti. C’est alors que notre papa fut obligé d’annoncer à notre mère, le motif de la visite de Bernardin. Celle-ci s’est naturellement fondue en larme. Certainement en raison du futur éloignement de son fils et des liens particuliers qui les unissaient. En effet, notre frère a été celui qui a donné dans son enfance le plus de souci de santé à notre maman. De cette anecdote, il ressort des traits de caractère marqué, de conviction, de détermination mais aussi le souci de ménager la sensibilité de sa mère. A 37 ans, il devient le premier archevêque africain et en 1971, il est appelé à Rome. Nous sommes très fier de lui, retenons de lui une grande leçon : « savoir s’oublier et se donner aux autres ». Visionnaire, il nous laisse un grand héritage spirituel que nous devrons nous efforcer de perpétuer. Il restait malgré la distance très rattaché à sa terre natale, à sa famille et aux Béninois. La joie de revoir sa mère, ses frères, confrères et amis lors de son passage à Cotonou était manifeste. Chacun avait beaucoup de prix à ses yeux. Il me demandait toujours de saluer de sa part ses anciens camarades de classe primaire dès que j’en avais l’opportunité. Mieux encore, après son retour au Bénin pour la retraite, j’ai eu à l’accompagner à sa demande dans divers quartiers de Cotonou, à Sémè, à Porto-Novo etc. Pour voir plusieurs de ses amis d’enfance. Sa grande ouverture d’esprit et sa qualité d’écoute indéniable lui ont permis de rencontrer des hommes et des femmes de tout horizon, de toutes confessions et de toutes conditions sociales qui sont devenus ses amis. C’est un homme rigoureux, à cheval sur la ponctualité. Il ne laissait rien au hasard. Il n’aimait pas improvisé. Il écriait toutes ses homélies, les retouchait jusqu’à la dernière minute. En 1971, à son départ pour Rome, ses amis regrettaient de ne plus le revoir mais en décembre 2002, il a été très heureux de pouvoir revenir définitivement chez lui au Bénin. Il disait que : « je reviens au pays pour vivre le reste de mon âge, pour prier, écouter et me reposer ». Prier beaucoup. C’était un homme de prière. Ecouter beaucoup en sa qualité de Pasteur et de confesseur, ce n’est pas étonnant. Il répondait à toutes les sollicitations d’ici et d’ailleurs, fidèle à lui-même et ses convictions de tout faire pour aider les autres. Je trouve bien son goût du travail bien fait. Se reposer pas vraiment et sur ce point, il n’était pas homme à se laisser dicter des consignes et puis la maladie arrive. Et en temps que médecin, j’ai été témoin de l’acceptation pas lui de l’épreuve. Le 13 mais 2008 à 86 ans, le Seigneur l’a rappelé. Aujourd’hui, il repose auprès de Dieu après avoir mené une vie tournée vers les autres avec pour mission de développer la foi chrétienne. Il a su poursuivre et amplifier de façon remarquable l’œuvre d’évangélisation initié dans notre pays par les missionnaires. Mon admiration est immense pour mon frère pour sa capacité à se donner avec une telle ferveur au service du Christ comme l’illustre sa devise d’Evêque « In to sanctus servicio ».

Le cardinal Gantin était très attaché aux droits et devoirs du citoyen, à la justice sociale ainsi qu’au respect des institutions de l’Etat. Les anciens parmi nous se souviennent sans doute de sa prise de position dans l’affaire Taïgla. De même, de son retour pour la retraite au pays, il a écrit un bel article sur ce que représente le drapeau national pour tout pays devant le spectacle désolant des drapeaux qu’on brûlent dans les pays en conflit.

Le cardinal Gantin aimait l’excellence. Il nous disait : « il ne s’agit pas pour nous de singulariser mais plutôt de nous distinguer ». Il a gardé de ses élèves de classe de 6è et de 5è au séminaire un attachement et une affection toute particulière. Il conservait avec amour dans ses tiroirs, la photo jaunie de leur promotion et gardait surtout le contact avec chacun d’eux. Le Père Alphonse Quenum, l’un des plus doué de cette promotion a témoigné en des termes émouvants de ses liens d’affection lors de la cérémonie d’hommage qui lui a été rendu à l’occasion de ses 30 ans de cardinalat en 2007. Malgré sa santé fragile, il ne reculait jamais devant le devoir que représentait pour lui l’amitié. Ses déplacements en Afrique pendant sa retraite ont été multiples : Aléjo, Cara, Aného au Togo, Libreville au Gabon, Abidjan en Côte d’Ivoire, Dakar au Sénégal etc. En Europe également, au Vatican et en France, j’en aurais beaucoup à raconter mais le temps presse. De ce parcours pastoral exemplaire riche d’action et de réflexion dont mon frère a honoré notre famille, notre pays, notre continent et au-delà, l’église universelle, que pourrions-nous retenir ? Tous, nous pouvons croire en l’avenir à condition de cultiver notre talent, d’oeuvrer pour le bien commun d’être déterminer, persévérant, ouvert, tolérant et de respecter l’amour du prochain. Autant de qualités nécessaires qui faisaient l’homme qu’il était et qui permettraient à chacun de nous et à notre pays de se distinguer dans le concert des nations. Il ne nous reste plus maintenant qu’à nous unir dans la prière afin que le Seigneur accueille son fidèle serviteur auprès de lui. Aujourd’hui comme l’a écrit une amie de notre famille, il nous précède comme il l’a toujours fait. Et c’est sûr, nous le reverrons. Et, il saura continuer à nous attirer toujours un peu plus vers Dieu dès cette terre ensemble vers notre avenir commun de joie et de paix en Dieu. Il avait le culte de la fidélité et de l’amitié. Parmi ses nombreux amis de toutes catégories et conditions sociales confondues, il y comptait bien des princes de l’église, des chefs d’Etat, des académiciens que de simple gens. Il répondait lui-même à ses nombreux courriers. Et tous ses amis, à l’annonce de sa mort se sont manifestés pour lui rendre un dernier hommage à Paris. Plusieurs de ses amis sont venus s’inclinés devant sa dépouille mortelle et présenter leur condoléances dont le président Chirac et sa femme Bernadette. Ici, à Cotonou, d’autres se sont rendus dans sa chapelle privée à Akpakpa pour prier. Merci à vous tous présents ici ou ailleurs qui le portez dans votre coeur et manifestez de mille manières votre douleur, votre peine et votre chagrin. Merci pour vos nombreux appels téléphoniques, courriers électroniques, télégrammes, visites et dons. Je tiens particulièrement à présenter toute la reconnaissance de la famille Gantin à vous le président Yayi Boni, pour votre implication personnel et votre soutien avant et pendant la maladie de mon frère et les présentes manifestations. Mes remerciements vont également à sa sainteté le Pape Benoît XVI pour les condoléances à notre famille et la forte présence du Saint siège pour la présente cérémonie. Merci également à toutes les délégations des pays amis représentées ici en particulier les amis de mon frère venus des Usa, de la France, d’Italie, de Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Congo, du Togo, du Gabon de la Tanzanie, du Burkina-Faso du Nigeria, de la Rdc, de la Guinée Conakry, du Niger et du Mali.

Vous me permettrez au cours de mes remerciements de mettre un accent particulier sur le soutien que j’ai reçu de la part de l’Evêque de Pontoise et grand ami de cardinal pour sa grande disponibilité et énergie déployée dans l’organisation des obsèques à Paris. Les petites sœurs des pauvres à Paris qui n’ont pas été du reste au cours de ses 48 heures de chapelle en leur domicile, du personnel soignant de l’hôpital Georges Pompidou. Merci de tout coeur à la conférence des évêques de Cotonou, aux différentes congrégations du Bénin. Permettez moi de mentionner ici les amis de mon frères, ceux que j’ai toujours rencontré en sa compagnie au cours de sa retraite, je veux nommer, le président Emile Derlin Zinsou, son ami de vielle date, monsieur Emile Paraïso, le Président Tévoèdjré Albert et parmi ses amis d’Akpakpa, le ministre Stanislas Pognon et son épouse qui ont veillé à la salubrité et à l’embellissement de sa maison etc... La liste de mon frère est particulièrement longue et je vous prie de ne pas les mentionner tous, faute de temps.

Certains peuvent regretter que ce grand homme ne nous a pas laissé de publication pour favoriser une grande diffusion de son héritage comme le font remarquer nombreux de ceux qui sont ici et à travers le monde qui se sont appropriés des leçons de sa vie. Il laisse une matière abondante qui ne demande qu’à être éditée. Si nous mettons bout à bout toutes les correspondances qu’il a écrites à beaucoup et de ses manuscrits, l’héritage spirituel est là. Si nous mettons de bout en bout toutes ses homélies, toutes ses paroles adressées à chacun et à tous dans d’innombrables circonstances, l’héritage spirituel est toujours là. L’enseignement est riche et abondant. Qu’une telle richesse d’écriture n’ait jamais été l’objet de publication est encore le signe de celui qui n’a jamais été habité par le soucis de laisser un homme. La seule chose qu’il ait demandée au Seigneur, la seule chose qu’il ait cherché, c’est la volonté du Seigneur qui l’a choisie pour aller enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du père, du fils et du Saint esprit.

Emile Derlin Zinsou/ ancien président du Bénin

« C’est un homme très proche de moi et un ancien ami. Pour moi, en dehors du deuil national, tous les Béninois se sentent un peu atteints par ce deuil. C’est un deuil personnel. On peut tout retenir de cet homme. Il est un grand homme dans tous les domaines, spirituel, culturel... Il a pratiqué la charité chrétienne de façon merveilleuse. J’ai appris son décès par téléphone depuis Paris puisque je suivais sa santé de près. Je l’ai accompagné jusqu’à l’aéroport quand on l’évacuait ».

Eric Houndété/ député à l’Assemblée nationale

« Je l’ai vu à l’oeuvre. Je l’ai vu en tant qu’homme d’église. Je l’ai vu pratiquement en tant qu’ambassadeur du Bénin parce que bon nombres de mes situations m’ont amené à solliciter ses services quand il était à Rome. C’est une grosse perte d’abord pour l’église, et aussi pour le Bénin tout entier. Je suis un peu dans la douleur ».

Guillaume Attigbé/ syndicaliste

« Je ne sais pas ce qui arrive à notre pays. Nous sommes encore en train de pleurer la mort de Mgr Lucien Agboka, il y a deux semaines quand maintenant, c’est le cardinal Gantin qui nous quitte. Il est un grand homme. Des hommes comme lui sont de plus en plus rares dans notre pays. Il sait quand il faut intervenir, comment parler aux gens, comment considérer les positions, les approcher. Quand il intervient dans une situation, on met toujours de l’eau dans son vin et on repart parce que c’est un grand responsable moral. Que la terre lui soit légère ».

Nicéphore D. Soglo/ maire de Cotonou

« C’est un sentiment de profonde tristesse pour quelqu’un de cette dimension exceptionnelle et historique, qui vient de nous quitter. Le cardinal Gantin aurait pu être le premier Pape noir. Pour le pays, il était le symbole de notre dignité pour toute l’Afrique. J’ai eu la chance de l’avoir dans les moments de joie et également de souffrance. C’est un confident, un ami, un bon conseiller. Dans les moments exceptionnels de la vie de cette nation, il était toujours là. C’est une perte d’un parent, d’un frère. Nous sommes croyants et de là où il est, il va continuer à nous guider. C’est le sentiment de tout le peuple africain, notamment du Bénin ».

Robert Dossou/ avocat à la cour

« Le cardinal Gantin est pour moi un rêve inachevé. Ensuite, c’est une gigantesque et inépuisable source d’humilité. A travers lui, j’ai rêvé de voir le premier pape africain de l’époque moderne ».

Abraham Zinzindohoué

« Le premier souvenir date de 1945 à la consécration de Mgr Lucien Agboka. Il y avait une marche impériale depuis le calvaire jusqu’à la mission catholique d’Abomey. Nous avons beaucoup voyagé ensemble. Vers la fin de son séjour à Rome, je lui ai fait avec ma famille une visite. Nous allons le voir dans son domicile et il en était très heureux. C’est un grand prélat, grand patriote, grand homme. Pour ma désignation à Ouagadougou, il m’a dit qu’il a un double sentiment : un sentiment de joie quand il y a promotion mais aussi de regret parce que toute séparation amène un sentiment de regret. J’ai aujourd’hui pour lui un double sentiment en tant que chrétien ».

Roger Gbêgnonvi/ ministre alphabétisation

« J’aurais préféré que cela se passe chez nous. Mais nous avons le droit et le devoir d’entretenir jusqu’au bout l’espoir de le conserver vivant à 90 ou 95 ans. Nous ne l’avons pas pu puisqu’il est parti. Je ne vois pas aujourd’hui ni en politique ni dans le clergé quelqu’un qui puisse prendre sa succession parce qu’il ne s’agit ni de l’église ni du clergé. Le Bénin a besoin constamment de quelqu’un qui l’amène à voir plus loin, à monter plus haut. Nous avons besoin d’une telle étoile pour la direction vers le haut ».

 

La Rédaction, 23 mai 2008

Fraternite-info.com
http://www.fraternite-info.com/article.php3?id_article=1192
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