EN ROUTE POUR LIBREVILLE
Il y a 10
ans…
Il y a dix ans, lorsque le cœur de votre pouvoir fut ébranlé entre
2001 et 2002, vous avez refusé le dialogue et appelé les bambins enflammés de
Bemba qui ont violé nos mères, nos sœurs, nos filles, nos grands-mères et nos
tantes.
Il y a dix ans, lorsque toute une ethnie (Yakoma et assimilés) était offerte en
sacrifice dans le cadre d’une vendetta républicaine où l’Armageddon s’abattit
sur eux, vous sautiez de joie, vous buviez vos hectolitres de « Cellier des dauphin» à en perdre raison et le nord
magnétique.
Il y a dix ans, lorsque les Karako, Kodo, Balawa et autres ; vos
escadrons de la mort, parcouraient les demeures ciblées dans Bangui de certaines
personnes car soupçonnées d’être de la famille ou de l’ethnie de celui qui a
tenté de renverser votre pouvoir le 28 mai 2001, rien n’ébranlait votre
arrogance et votre suffisance.
Il y a dix ans, vous avez montré du doigt une ethnie et une région
en disant que ce sont eux les causes des malheurs de
Il y a plus de dix ans, une fois élu, vous avez fait adopter une
nouvelle constitution, le 28 décembre 1994
et par un tour de magie vous avez obtenu la possibilité d'être candidat à
un 3ème mandat sur la base d'une lecture archaïque de la loi selon laquelle
votre élection de septembre 93 n'était pas prise en compte par votre
constitution sur mesure selon le décret du 14 janvier 1995...s'en est suivi
l'impérial hold-up electoral de 1999 précédé par la « koudoufarisation » de
1998.
Il y a dix ans, lorsque Bangui était passée à deux doigts de
tomber, vous avez demandé aux libyens de bombarder ceux que vous classiez dans
le camp de vos ennemis. Et le nord de la ville fut bombardé. Et ses femmes, ses
filles…voire ses hommes payèrent un lourd tribut.
Il y a dix ans, lorsque Damara, Sibut, Batangafo…furent reconquises
avec toutes les atrocités qui justifient aujourd’hui la présence de votre
complice Bemba à
Il y a dix ans, pour la première fois depuis l’existence de
Il y a plus de dix ans…..Bozizé faisait son Gbaloukouma….c’est vous
qui l’avez sorti de la poubelle et permis de gravir à nouveau tous les échelons
de la haute hiérarchie militaire parce que c’était votre beau-frère
parait-il.
Il y a dix ans, lorsque Bozizé s’est retrouvé à N’Djamena sans le
moindre sou, dépressif, paranoïaque avec des tendances suicidaire, il vous a
appelé pour une paix des braves, vous l’avez snobé, faisant confiance en vos
alliés Nyamamulengués, libyens, Kodo, Karakos,
Balawas….
Il y a environ un an, nous avons assisté admiratif au printemps
arabe. Nombreux d’entre nous ont nourri l’espoir de voir cela se produire sous
nos latitudes. Sur la foi de ce rêve, nombreux ont été ceux qui vous ont
sensibilisé pour vous ranger du bon côté de l’histoire en refusant d’accompagner
François Bozize Yangouvonda dans son génocide electoral. Vous avez refusé. Vous
pensiez avoir le momentum avec vous et croyez votre victoire certaine. L’ivresse
de vos croyances et votre soif de vengeance vous a empêché de vous associer à ceux qui voulaient en
découdre avec le KNK dans la rue sans armes mais avec une foi inébranlable en la
noblesse de la cause. Aujourd’hui vous vous rendez compte que votre complice
d’hier que vous considériez comme un géant n’en n’avait que l’apparence. Qu’il
n’avait même pas de pied en argile mais était en lévitation. Mais vous oubliez
que si en janvier 2011, vous vous étiez rangés du bon côté de l’histoire en
ayant le courage d’affronter les auteurs du génocide electoral dans la rue, nous
aurions permis à notre pays et à ses populations de faire l’économie de
l’actuelle crise que nous connaissons car nos concitoyens seraient devenus les
gardiens de notre démocratie.
...Dix ans plus tard….
Subitement, voracement…vous retrouvez la parole alors que la
majorité d’entre vous devraient être aux côtés de Bemba à
Subitement vous reconnaissez les vertus du dialogue.
Subitement vous savez où situer Libreville sur une carte alors
qu’il y a dix ans, vous refusiez que le dialogue puisse s’y tenir. C’était
Bangui ou rien : à prendre ou à laisser.
Subitement votre « sacro-sainte légitimité » ce pouvoir
obtenu des mains de votre grand-frère ou grand-oncle Jésus que personne ne
devrait remettre en cause, n’est plus qu’un souvenir. Votre préalable, c’est la
démission de Bozize. Il y a encore quelques semaines, vous courez derrière ce
dernier pour un dialogue ou un gouvernement d’union…mais il vous méprisait et
ignorait. Grâce aux hors la loi de Seleka, vous pensez votre heure venue. Vous
sortez du bois et c’est l’orgie des Fronts et Collectifs qui cachent à peine les
stupides guerres de positionnement pendant que nos populations tirent le diable
par queue.
Vous vous excitez, vous pensez votre Revenge proche. Vous pensez
faire la même chose que les rejetons de Bozize font subir aux Centrafricains
depuis dix ans. Vous vous répartissez les rôles, acquérez vos robes et costumes
pour le prochain bal des morts vivants que sont devenus les Centrafricains non
seulement par la faute de Bozize mais aussi par la vôtre et de tous ceux qui
vous ont précédé car l’actuelle
crise n’est pas qu’une crise de gouvernance politique et militaire. Elle est
aussi et d’abord la crise de
Ne nous faites pas croire que c’est Bozizé qui a inventé la roue.
Ce sont vos méthodes que ce dernier a perfectionné, Il a été meilleur que vous.
Cette crise, c’est aussi et d’abord la vôtre.
Allez à Libreville, prenez vos mallettes, distribuez-vous vos
strapontins…mais ce sera votre
dernière manifestation….car nous serons là en 2016 et avec le peuple nous vous
indiquerons votre véritable place : les
poubelles de l’histoire politique de
L'histoire se moque souvent de ceux qui la considèrent comme un
terrain vague sur lequel ils peuvent venir se soulager en toute impunité disait
Thomas Sankara. Si personne n'a le monopole de
2016 : le Rendez-vous de
Clément DE BOUTET-M’BAMBA
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PRESERVONS